Bréhat – Port Blanc (14 Juillet 2015):
Contrairement à notre premier passage à Bréhat, sous la pluie, nous avons pu profiter pleinement de ces magnifiques îles, au charme unique pendant les 2 jours que nous y sommes restés. Cependant, les soucis techniques prirent rapidement le dessus sur l’aspect touristique : Nos premières navigations confirmèrent le mauvais fonctionnement du pilote automatique, incapable de garder un cap, les pannes intermittentes de l’interface entre le GPS et le logiciel de navigation, sans compter le circuit de refroidissement du moteur de l’annexe qui était bouché ou le gouvernail du bateau qui commençait a se coincer. Ce dernier problème me valut un petit tour dans l’eau, glaciale, le matin de notre départ. Sans être particulièrement inquiets, ces problèmes nous indiquaient que nous ne devions pas trop traîner dans le coin pour se diriger vers des ports, tels Brest ou plus tard Lorient par exemple ou nous pourrions trouver éventuellement des professionnels capables de nous aider.
Nous mirent donc les voiles le matin du 14 Juillet en direction de Port Blanc, abri naturel proche de Perros Guirrec. Profitant de la marée haute à notre départ, nous sommes passés par le trou de la souris, un passage entre les ilots qui bordent l’Est de l’île de Bréhat, praticable uniquement à marée haute. On raccourcit ainsi théoriquement notre route en évitant de contourner par le Sud et l’Ouest tout l’archipel. Dès notre sortie, nous fûmes surpris par les conditions de mer : Courant fort descendant (s’en allant donc vers le large) contre une bonne brise levait une mer assez sérieuse. En coupant un peu à travers des plateaux rocheux moins profonds, nous avons fait 2 passages assez impressionnants dans des marmites : C’est à dire des endroits où la mer devient complètement chaotique avec des vagues qui déferlent dans tous les sens. Nous n’étions pas très fiers! Le reste de la navigation s’est déroulé sans encombre sous une météo maussade et….toujours le vent dans le nez, comme depuis notre départ de Saint Brieuc.
Port Blanc étant un abri naturel, sans ville autour. Nous ne sommes donc même pas débarqués, la température n’invitant pas à la baignade! (L’eau est aux environs de 13-14 degrés et l’air pas beaucoup plus!). De surcroît, ces premières navigations nous fatiguent pas mal. On appelle ça s’amariner. Nous ne verrons pas non de feu d’artifice du 14 Juillet cette année, contrairement à l’an passé ou nous étions aux premières loges du feu d’artifice de l’île de Batz lors de notre première navigation avec Korrigan.
Port Blanc – île de Batz (15 & 16 Juillet) :
Le matin du 15 Juillet, avant de partir vers l’île de Batz, nous profitons des eaux calmes de Port Blanc pour calibrer le compas du pilote automatique. C’est à dire essayer de faire des cercles le plus parfaits et lentement possible avec le bateau. Malheureusement, dès le pilote continuait à perdre le Nord. Le mystère reste complet. La navigation vers l’île de Batz fut très tranquille, vent léger, toujours de face, et majoritairement dans le brouillard. C’est toujours étonnant de voir souffler une bonne petite brise dans le brouillard complet. Celle-ci nous abandonna peu de temps avant notre arrivée. C’est donc au moteur que nous avons abordé l’île de Batz et son dédale de cailloux qu’il faut parcourir en respectant scrupuleusement les bouées dans un courant très fort. Arrivants trop tard vis à vis de la marée pour rentrer dans le port naturel de l’île, nous décidons donc de passer la nuit au mouillage, dans le chenal entre Roscoff et l’île. Au passage, nous avons quand même réussi à heurter la descente à bateau avec la dérive et le safran. Pas fort. Heureusement, il y a un système de fusible qui permet de ne rien casser. On est quand même un peu vexés….On passera la fin de la journée sur la plage au grand bonheur des filles, jusqu’à ce que la pluie nous chasse. S’installe alors une humidité débile, tout poisse et colle dans le bateau, on ne voit pas le bateau voisin. Vive la Bretagne au mois de Juillet! Heureusement, le lendemain matin, nous nous réveillons sous un beau soleil. Ça sera une belle journée pour aller se balader sur l’île. Le soleil et l’envie de relaxer nous fait traîner. Un peu trop d’ailleurs car la marée est déjà pas mal descendue lorsque nous décidons de rentrer dans le port pour nous y échouer. Rebelote, on tape un petit tas de roches et nous ancrons in extremis entre plusieurs tas de roches. Ce coup-ci, non seulement le moral (et l’égo….) en prennent un coup, mais aussi notre gouvernail : À nouveau bloqué ou très dur, ne bougeant que dans des grincements lugubres qui ne nous rassurent pas. Une fois la marée basse, inspection rapide, tout semble normal : rien n’est tordu, ça bouge à la main mais c’est dur….La perspective d’une nouvelle sortie de l’eau du bateau se dessine peu à peu…..Pour le moment, l’heure est à la visite. On prend un pique-nique et partons nous promener sur l’île.
Nous attraperons nos premiers coups de soleil (si, si c’est possible ici….) en se baladant sur cette île à moitié sauvage et à moitié agricole qui accueille un peu de touristes pendant l’été (à la journée via la navette venant de Roscoff ou dans un camp de vacances et des maisons de location). L’île est très tranquille. L’architecture du bourg est moins séduisante que celle de Bréhat mais ne manque pas de charmes. Il y a quelques voitures mais surtout des tracteurs. La culture maraîchère et les pommes de terre de l’île de Batz sont réputées. Dans la lande qui borde la plage paissent des chevaux en semi-liberté devant un décor de roches et de belle eau turquoise. À part la promenade et la voile légère, le seul autre attrait touristique de l’île est le jardin originalement construit par le Shah d’Iran qui y possédait une propriété, appartenant désormais à l’État. Notre passage sur l’île se termina par une visite chez un pêcheur qui vendait directement chez lui. Nous en sommes repartis avec des énormes pinces de crabe (« des ongles de crabe » selon Éléa!!) et un gros morceau de lotte pour une modique somme. Gros festin le soir sur le bateau ! Il faut dire que nous avons quand même quelque chose à fêter : Le radar fonctionne!!! Hourra! C’est à rien n’y comprendre : Après avoir passé des nuits blanches sur l’ordi à Saint Brieuc, nous avions (temporairement) abandonné face à un problème purement informatique (c’est ironique d’ailleurs!). Cependant, nous avions en poche un CD d’installation de Windows XP car il semblait que ça fonctionnait sans problème sur cette version de Windows. En moins de 2 heures, installation du système d’exploitation incluse, ça fonctionnait sur cet ordinateur de test. Bizarrement, sans rien changer sur l’ordinateur de navigation, ça s’est alors mis à fonctionner….Tant mieux, un problème de moins !
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Île de Batz – Aber Wrac’h (17 & 18 Juillet) :
Le matin du 17 Juillet, nous partons vers l’Aber Wrac’h, un des derniers abris avant le passage du Four, c’est à dire la pointe Nord de la Bretagne. En Bretagne, les Abers sont des estuaires de rivières que l’on peut remonter en bateau assez loin et qui constituent des abris de qualité, en particulier lors des tempêtes d’hiver. Encore une fois, nous avançons contre le vent, dans une belle brise légère. Nous sommes contents de constater que nous faisons un cap et une vitesse similaire à d’autres voiliers de croisières dotés d’une quille et normalement plus performant. Par contre, c’est pénible de barrer en continu. Il faut arriver à résoudre ce problème de pilote. Sans compter que nos grognements de barre à chaque ajustement nous tapent sur les nerfs. Au fur et à mesure que nous avançons, le vent nous abandonne et la houle gonfle. Proche de l’arrivée, nous tentons en vain un autre étalonnage du pilote, voué à l’échec de toute façon avec la forte houle et le courant qui règnent dans le coin. La côte est impressionnante par son inhospitalité, dominées par de nombreux phares qui rappellent que la mer et le vent ne sont pas tous les jours tout doux comme aujourd’hui! Les récifs s’avancent assez loin dans la mer et il faut respecter scrupuleusement le balisage avec un courant traversier très fort. On finit par aller s’amarrer à un corps-mort (bouée) mise à disposition par le port de l’Aber Wrac’h. En débarquant à terre, nous découvrons un petit bourg sympathique, avec quelques restaurants, bars, tous situés autour de la base de voile locale. Il y a vraiment une base de voile dans chaque village ici. Pas étonnant que la culture nautique reste aussi forte. La soirée fut passée à réparer les problèmes de connectivité entre le GPS et l’ordinateur. Le problème fut réglé en reconnectant simplement les fils de communication entre le GPS, l’ordinateur et la centrale de navigation tel que stipulé par les notices techniques. Ouf! Un problème de moins, ça fait du bien! Le lendemain, après une matinée relax (depuis que nous sommes en France, avec les journées longues d’été nous sommes plus du soir que du matin….), une corvée de lessive et une bonne galette bretonne arrosée de cidre au resto du coin, nous partons en promenade le long du sentier côtier. Malheureusement, après quelques kilomètres, la pluie s’invita une fois de plus. Comme on n’apprend pas très vite dans la famille, nous sommes partis sans coupe-vent. C’est donc en marche forcée que nous rentrons au bateau, trempés et gelés. Au passage, nous avons eu un beau spectacle en assistant à l’arrivée d’une bonne centaine de randonneurs en Stand-up Paddle (ou SUP, sorte de grande planche de surf sur laquelle on pagaye debout). Gelée, fatiguée, la pauvre petite Éléa passa la soirée au lit, un peu mal en point. Demain, départ pour Brest ou nous souhaitons arriver à résoudre nos problèmes de pilote automatique.
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Aber Wrac’h – Brest (19 au 21 Juillet) :
Peu de vent est annoncé pour aujourd’hui et, vu le vent faible des derniers jours, la houle n’est pas très forte non plus, ce sont les conditions idéales pour passer le redoutable chenal du Four, tout au moins pour des marins d’eau douce comme nous. Il s’agit en fait d’un passage balisé entre la pointe Nord de la Bretagne et les multiples îles, récifs et écueils qui la bordent. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls, nombreux sont les bateaux qui partent au moteur ce matin en direction du chenal du Four. Parmi eux, un autre OVNI 43 que nous avons aperçu hier au port, avec une belle peinture rouge toute neuve. C’est beau mais voyant. A ce propos, on apprécie beaucoup le nouveau look de Korrigan : De proche et sous le soleil, les bandes bleues et oranges sont du plus bel effet, mais, étonnamment, sous un ciel morose ou de loin, le bateau paraît complètement gris alu. C’est parfait pour être un peu plus « low profile » dans des contrées lointaines. C’est donc sous un ciel maussade, justement, que nous partons. Rapidement, ça devient de la bruine (étonnant…) et du brouillard à l’entrée du passage! Ça donne un ton encore plus dramatique à l’endroit. Heureusement, avec la navigation électronique, ça n’est pas très gênant : Nous voyons notre trace en direct sur l’ordinateur, les obstacles et les autres bateaux qui sont muni d’un AIS. Une fois le chenal passé, à l’approche de la pointe de Saint Mathieu (pointe au Nord de la rade de Brest), le vent se lève et nous pouvons mettre les voiles. Certes, il pleut un peu, mais la navigation est très agréable : Je bois un café dehors à la barre en regardant les filles jouer dans le carré et Daphné coudre à côté. C’est quand même sympa de voyager avec sa maison ! La pluie cesse progressivement et le vent monte au fur et à mesure. C’est donc au travers à plus de 8 nœuds que nous traversons la rade de Brest pour aller s’ancrer devant le port du Moulin Blanc (le grand port de Plaisance de Brest) pour y passer la nuit. En réalité, nous y passerons juste la soirée: en effet, la zone où nous nous sommes ancrés est pauvrement cartographiée et selon nos calculs et observation, il n’est pas clair quelle quantité d’eau restera à cet endroit-là à marée basse cette nuit. Avec un vent forcissant (et donc les vagues aussi), ca ne semble pas une idée géniale. On ne va pas se créer de problèmes supplémentaires….nous décidons alors de rentrer au port. La pluie par contre a repris et il fait environ 200% d’humidité dans le bateau (et maximum 12 ou 13 degrés….).
Le lendemain, pareil mais en pire : On ne voit pas à 200 mètres, il pleut des cordes et il fait froid. Débile pour un mois de Juillet. C’est sous cette météo que nous accueillons nos amis François, Véro et Hoëdic (leur beau toutou) que nous avions rencontré à Morlaix puis revu à Saint Brieuc. Ils viennent pour démâter. Avec Daphné, nous avons poursuivi nos investigations de problème de pilote automatique : J’ai trouvé le fameux compas électronique sous la penderie d’Éléa (non sans suivi la gaine sous les 2 cabines arrière, ce qui implique de sortir la moitié de nos affaires qui y sont rangées!). On peut ainsi procéder à des tests de calibration en tournant tout simplement le compas sur la table du carré plutôt que de faire des ronds dans l’eau avec le bateau. Pas mal plus pratique. Le verdict est clair, ça n’est pas le compas, il fonctionne très bien lorsque connecté à un écran d’affichage du cap. Par déduction, ça serait donc le calculateur du pilote qui serait mort. Un bidule, neuf, à 3000 euros. Aïe. Sachant que le bidule en question ne serait plus compatible avec nos instruments actuels. Re-Aïe. Le site de Raymarine (le fabricant de notre pilote et centrale de navigation) m’indique qu’un spécialiste / réparateur est juste à côté. Super ! J’y vais et me fais accueillir assez froidement par le patron. En gros, il me dit que selon lui, le pilote est mort, qu’il faut le changer et si je trouve que 3000 euros pour un pilote c’est cher, je suis vraiment radin, pauvre et que je n’aurai jamais dû acheter de bateau! OK…..J’investigues d’autres pistes dont celle d’acheter d’occasion un appareil d’une génération intermédiaire entre celle du bateau (environ 15 ans) et la gamme actuelle. J’appelle aussi un électronicien / électricien dont j’avais fait la connaissance à Morlaix. Un gars compétent, qui prépare des bateaux de course et de grand croisière et qui répare, plutôt que vendre. Ça tombe bien, il vient le lendemain à Brest et passera me voir. L’espoir renaît de voir une solution à mon problème. Sur ce, nous allons passer l’après-midi en famille à Océanopolis, l’aquarium géant de Brest ou sont reconstitués 3 environnement marins : Tempéré, polaire et tropical. Il y a un monde fou (pas étonnant avec cette météo) mais c’est très bien fait. Tout le monde adore, grands comme petits. Le soir, avec Daphné, nous décidons de faire un schéma de câblage de toute l’électronique du bord pour bien comprendre comment tout cela est connecté. C’est ainsi que nous découvrons que notre pilote n’inique plus un cap erroné dès que nous débranchons un des appareils (un simple afficheur du cap suivi et de notre écart vis à vis de la route). Hourra, Notre pilote fonctionne ! On se passera juste de cet afficheur. On vient d’économiser une belle somme. Cependant, forts de cette expérience et des conseils de plusieurs navigateurs, nous décidons de nous mettre en quête d’un autre pilote automatique, d’une génération plus récente et de garder celui-ci en pilote de secours. En effet, en étant que 2 à faire des quarts, une panne de pilote peut s’avérer très compliquée à gérer au milieu de l’océan. Le lendemain matin, je profite donc de la venue de mon électronicien de Morlaix pour lui demander quel modèle serait adéquat pour mon bateau. Je n’ai plus qu’à me mettre à la recherche sur eBay….
Aujourd’hui, le beau temps est revenu. Grand ciel bleu, chaud (pour Brest tout au moins), ca fait doublement du bien au moral. Les filles vont se promener à Brest pendant que je reste à bricoler sur le bateau et aider mon ami François à préparer son bateau au démâtage. Il est un peu à la bourre dans ses préparatifs et on finira par être à 3 dans le mât pour finir tant bien que mal à démonter l’électronique qui y est logée. En effet, quand on démâte avec les services d’une grue mobile, celle-ci facture à l’heure…. Le soir, nous passerons une agréable soirée tous ensemble sur notre bateau, en guise d’au revoir car nous repartons dès le lendemain pour se rapprocher d’Arzal ou nous souhaiterions régler nos problèmes de gouvernail et vérifier la dérive qui bat comme une folle dans son puits dès qu’il y a de la houle. Seulement, il faut y aller rapidement car le chantier ferme les 3 premières semaines d’Août. Surprenant mais pas tant que ça quand on connaît la France. Malheureusement, cela signifie que nous devrons faire l’impasse sur de nombreuses belles escales bretonnes. En même temps, on aspire à descendre et trouver un temps plus chaud….
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