Lien vers quelques photos prises pendant le chantier
- De quoi s’agit il ?
J’espère, avec cet article, pouvoir répondre aux interrogations que plusieurs avaient : Mais qu’est-ce que vous avez donc fait pendant 3 mois à travailler sur le bateau ? Je pensais que le bateau était en bon état ! Effectivement, on peut se poser la question si on pense qu’un voilier est principalement une coque, un mat et des voiles. Oui, mais voilà, sur un bateau de voyage, il y a une foule d’équipements qui font du bateau une maison autonome et qui doit être suffisamment robuste pour résister au milieu hostile de la mer, à la fois salin et très remuant !
Voici un petit diagramme qui résume l’ensemble des domaines à aborder dans la préparation du bateau :
Telecharger la liste complete des travaux
Pour chacun d’entre eux, le travail se décompose en 3 volets distincts :
- Ajout d’équipement : Au préalable, nous avons dû définir ce dont nous avions besoin, l’acquérir, planifier l’installation et finalement installer et tester.
- Réviser, puis éventuellement réparer ou remplacer des équipements existants : C’est évidemment la partie la moins prévisible. L’expérience a montré qu’il faut passer à travers absolument tout, sinon les ennuis arrivent (vite)…..
- Les piéces de rechange : Les pièces, les outils ou le matériel à avoir à bord pour parer au maximum d’éventualités, en sachant qu’il manquera toujours quelque chose et que le budget de pièces de rechange peut vite devenir astronomique.
- Les grandes étapes
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Juillet 2014 : Prise en main et état des lieux : Lorsque nous avons pris en main le bateau en Juillet 2014, nous avons établi au mieux de nos connaissances à ce moment les grandes lignes du projet : En gros, combler l’écart entre l’équipement actuel du bateau et notre cahier des charges et réviser les éléments essentiels. La plus grosse amélioration que nous souhaitions apporter était d’augmenter significativement notre autonomie en énergie et en eau potable. En effet, en allant plus loin que l’Atlantique et les Caraïbes, l’autonomie en eau est essentielle. Quant à l’énergie, on souhaitait éviter le plus possible d’Avoir recours au moteur pour produire de l’électricité. En outre, par raison de sécurité et grâce aux apprentissages du cours d’électricité marine suivi par Olivier avec la Société de Sauvetage du Québec (excellent cours donné par Remy Prat, marin d’expérience et ancien électricien de la marine marchande – www.solairedesign.com), on voulait revoir au complet et fiabiliser le réseau électrique. L’installation du dessalinisateur et la refonte du réseau de puissance seraient donc les priorités de la première phase de la préparation prévue en Novembre 2014.
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Automne 2014 : Planification de la première phase : D’ici Novembre, j’ai établi les plans du réseau électrique et procéder à l’achat des composantes. L’électricité à bord fera l’objet d’un article spécifique ou seront détaillés les choix et les schémas d’installation. Il fallait aussi choisir un dessalinisateur et en préparer l’installation. Un dessalinisateur est un appareil très coûteux à l’achat (environ 8000 à 9000 euros en France) et très énergivore à l’utilisation (qui requiert donc d’utiliser le moteur soit pour l’entraîner, soit pour produire l’électricité dont il a besoin). Mon choix s’est porté sur un appareil québécois, conçu et fabriqué par Atwater Solutions. Les avantages étaient les suivants :
- Le prix, bien inférieur à cause de la devise et du fait que le système était vendu en kit, à monter soi-même.
- L’efficacité et donc la capacité de production (environ 120 litres/heure)
- Le fait que le système soit en kit nous permettait de répartir les différentes composantes dans le bateau et donc de ne pas condamner le dessous d’une cabine au complet, comme l’imposait les autres systèmes « all-In-One ».
L’appareil fut donc commander et expédier directement en France. Seul bémol, certaines composantes n’étaient pas prêtes à temps et devront être installées au printemps 2015.
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Novembre 2014, première phase de travaux : Chantier éclair de 10 jours mené tambour battant par Olivier et Claude dans le froid humide de Morlaix au mois de Novembre. L’objectif prévu a été rempli à 90% et les surprises furent nombreuses, normal quand on découvre le bateau. Par exemple, nous avons passé une demi-journée à essayer d’identifier des fils électriques mystérieux qui se promenaient en arrière de la cuisine…..
- Hiver 2014-2015, achats et planification : L’hiver fut consacré à acheter tout ce qui était prévu, planifier les travaux du printemps et pour Claude, construire tout ce qui pouvait être réalisé à l’atelier. Les achats se firent aussi bien aux USA, Canada qu’en France, en cherchant les meilleurs rapports qualité-prix pendant des heures sur Internet. Claude fabriqua le support de panneaux solaires, le support du moteur du dessalinisateur devant être fixé sur le moteur du bateau et le support du radar. Daphné fabriqua les draps pour les 3 cabines ainsi que les moustiquaires pour toutes les ouvertures. En outre, nous avons rassemblé en format électronique toutes les notices et autres documents utiles des équipements du bateau, détaillé dans Excel la liste de toutes les activités à réaliser (déformation professionnelle oblige…) et inventorier la liste des pièces détachées à acheter.
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Mai 2015, travaux à flots : Claude et Olivier ont tout d’abord travaillé plusieurs semaines à Morlaix en attendant l’arrivée à bord des filles et le convoyage du bateau vers le port de Saint Brieuc – Le Légué ou les travaux à sec et le démâtage devaient être effectués. Principalement, les travaux d’électricité ont été complétés, ainsi que l’installation du panneau solaire et de la nouvelle éolienne. Ces 2 derniers éléments ont nécessité de réorganiser au complet tout l’arceau arrière du bateau ou étaient installés toutes les antennes (GPS, AIS, Iridium, NAVTEX, radar) qui ont dû être relocalisées. Claude a aussi finalisé l’installation du dessalinisateur avec la mise en place du support sur le moteur. Pour l’occasion, il avait transformé le ponton en atelier de soudure, sous le regard ébahi et incrédule des autres plaisanciers ou promeneurs. La fin du mois de Mai a été consacrée à la révision du moteur (électrique et mécanique) avec l’aide d’un mécanicien local (Le Guen Marine Diesel, super compétent) et à l’emménagement de la famille avec l’arrivée de Daphné, Phoebé et Éléa. Ca n’est pas rien de s’installer dans sa nouvelle maison quand on passe d’une grande maison à un bateau situé à 6000 km de chez soi ! Après un grand nettoyage, nous avons mis les voiles pour Saint-Brieuc, en donnant par la même occasion une bonne pause bien méritée après un mois de travail acharné du matin au soir.
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Juin-Mi-Juillet 2015 : Travaux à sec : Les objectifs principaux du chantier à sec étaient de refaire entièrement la peinture des œuvres vives (partie immergée de la coque) et de réviser entièrement le gréement. Pour cela, le bateau a été démâté et l’ensemble des câbles (habans, pataras, étai) soutenant le mât remplacés par les services de la société Armor Gréement, dont le propriétaire, Étienne Durand est aussi compétant que gentil. Il nous a aussi aidés pour le remplacement des rails de grand-voile, le dimensionnement des fixations du support de radar et la révision générale du mât. Pour les travaux de peinture, nous avons tout fait nous-même, en suivant les conseils de Goulvenn le représentant des peintures International pour la Bretagne et la côte Atlantique. Ses conseils ont été précieux pour bien préparer l’application des peintures. En effet, il s’agit de produits complexes et très couteux, alors mieux vaut savoir ce que l’on fait. S’en sont suivis des semaines de grattage, ponçage et application de peinture, principalement effectués par Daphné. Le « Tant qu’à y être » s’en est mêlé et nous avons, dans la foulée, refait tous les endroits abimés du cockpit, pont, plateforme de bain et arceau arrière, ainsi que toutes les cales accessibles.
A cela se sont greffés une foule d’autres travaux comme la révision d’autres organes du moteur pour lesquels le temps avait manqué à Morlaix, révision de l’hélice, des presse-étoupes de l’arbre d’hélice, le remplacement du vérin hydraulique du gouvernail (celui-ci se replie hydrauliquement pour s’échouer sur les OVNIs), le changement de plusieurs antennes (AIS, Iridium), l’installation du nouveau feu de mât, le remplacement du parc de batteries, l’installation d’une nouvelle pompe de cale à gros débit, etc. etc. Bref, la liste est longue et pour les intéressés, la liste complète des travaux est disponible en annexe dans un fichier Excel.
Au final, nous sommes restés un peu plus longtemps que prévu et sommes partis …car nous en avions ras-le-bol d’être en travaux. Nous avons donc quitté avec sur les bras un radar neuf qui ne fonctionnait pas malgré plusieurs nuits blanches et une petite voie d’eau sur une vanne.
Malgré tous les imprévus, nous étions très satisfaits de notre chantier à Saint-Brieuc. En effet, nous avons eu un support exceptionnel de la part de l’équipe du port (Jérôme, Nico et David) tous aussi passionnés de bateau, sympathiques et pleins de conseils ou de bonnes adresses. Le port du Légué est définitivement un environnement parfait pour préparer ou rénover un bateau : Beaucoup de professionnels sur le port (dont notamment un Shipchandler Accastillage Diffusion très bien achalandé et un excellent motoriste – AML), de nombreux coureurs (figaristes principalement) pleins de conseils et les nombreuses entreprises de l’agglomération de Saint-Brieuc nous ont permis de trouver pleins de solutions à nos problèmes. Sans compter l’aide que nous avons reçue des autres plaisanciers locaux pour des conseils, des outils, prêt de véhicule, etc. Ces 6 semaines ont été riches en rencontre, avant même d’avoir commencé à voyager.
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Juillet 2015 : Le rodage…et rebelote, un (mini) chantier à sec ! Les problèmes connus au départ de Saint-Brieuc ont tour à tour trouvé des solutions mais, comme il fallait s’en douter, la liste des nouveaux problèmes s’est vite allongée. En gros, tout ce qui n’avait pas été révisé a rapidement fait défaut : Le moteur de l’annexe, le pilote automatique, la colonne de barre, l’électronique, pour nommer les principaux. Nous avons réussi à régler la majorité de ces soucis par nous-mêmes, mais les coinçages et grincements du gouvernail ainsi que le jeu énorme dans la dérive nous inquiétaient beaucoup. Nous avons pris conseil auprès du chantier Arzal Nautique (situé en Bretagne Sud sur la Vilaine) : Il s’agit du plus grand spécialiste des OVNIs en France. Nous avons dû nous résoudre à l’ide de nous rendre là-bas pour ressortir le bateau de l’eau. Le chantier fermant au mois d’Août comme beaucoup d’entreprises françaises, nous avons dû sérieusement accélérer la cadence, à contrecœur et malgré la mauvaise météo. Ainsi, nous avons dû continuer à avancer malgré un coup de vent pendant 3 jours au cours duquel nous avons pu tester le bateau dans des conditions de mer et de vent sérieuses.
Arrivés à Arzal, le chantier Arzal Nautique nous a pris en main avec une rapidité stupéfiante : En moins d’une heure après notre arrivée, le bateau était à sec et l’analyse des problèmes commençait. En 3 jours, en partageant le travail entre le chantier et nous-mêmes, le gouvernail a été entièrement révisé, ainsi que le secteur de barre, les roulements de la barre à roue changés et le jeu de la dérive complètement éliminé avec des pièces usagées. Ce dernier mini-chantier nous a réellement permis de compléter la préparation en bénéficiant des 30 ans d’expérience sur les OVNIs de Gildas, le chef de chantier. Nous en sommes repartis sereins….prêts à enfin profiter le Bretagne
- Et maintenant ? Nous pouvons maintenant consacrer du temps à peaufiner certains aspects grâce à nos quelques semaines d’expérience sur le bateau, réviser ou réparer des choses moins importantes. Nous avons seulement découvert un dernier problème qui a été vite résolu : Nous avions une fuite de courant très importante sur la coque. C’est le gros point faible des bateaux en aluminium : L’électrolyse (= dégradation rapide du métal de la coque) engendrée par la circulation d’un courant électrique dans de l’aluminium en milieu salin. Heureusement que nous sommes 2 ingénieurs assez cartésiens car ce genre de problème est toujours complexe à résoudre : En réalité, seule l’antenne AIS engendrait une fuite de courant mais celle-ci se propageait via l’ordinateur au GPS, VHF, Radar et tout autre instrument connecté à l’ordi. Méchant casse-tête.
- En conclusion
- Le guindeau (treuil électrique très puissant utilisé pour remonter l’ancre) qui s’est avéré complètement corrodé et impossible à remettre en état. Nous avons dû en acheter un neuf.
- Nous n’avions pas prévu d’avoir un pilote automatique de secours. Nous venons d’en acquérir un, usagé, sur la base des conseils de plusieurs navigateurs et en se rendant compte du poids que représentait un pilote en panne pour un équipage de seulement 2 personnes.
- L’absence d’expertise, de notre part ou en Bretagne Nord, sur les OVNIs et leur spécificité qui nous a contraint à une autre manutention moins d’un mois après le chantier de préparation.
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Avoir planifié et fait le maximum d’achats pendant l’hiver : Une fois en mode « travaux », sans véhicule et rarement une connexion internet, on ne fait plus de bonnes affaires. On achète ou on peut et dans l’urgence. Les économies réalisées sur le matériel acheté pendant l’hiver ont compensé pour les multiples dépenses non prévues du mois de Juin.
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Il faut tout revoir ! Chaque élément que nous n’avions pas révisé et semblait fonctionner (guindeau, électronique, pilote, système de gouvernail, etc.) a fini par faire défaut après quelques temps d’usage.
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Préparer le plus possible soi-même son bateau est essentiel pour le connaître est être en mesure de se débrouiller quand les problèmes surviendront. Si la préparation n’est pas un gage de tranquillité complète, elle nous assure au moins de bien connaître le bateau. En outre, nous nous sommes vite rendus compte que, si on n’est pas prêt à dépenser aveuglément, l’aide extérieure est limitée (en particulier dans l’électronique ou la réponse immédiate est celle du remplacement !).
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Le corollaire de tout ça est qu’une gestion rigoureuse du budget (Merci Daphné!) est essentielle pour ne pas exploser le budget et le chantier de préparation est excellent test de motivation pour le projet que nous entreprenons !
La liste est toujours plus longue que prévue, comme dans tout projet me diront certains, mais au final, nous avons réussi à faire une préparation très complète malgré le planning agressif que nous avions (au total une douzaine de semaines de travail sur le bateau). Le budget a été presque respecté : Nous avons dépassé de 10%, ce qui est acceptable vu le nombre d’inconnues que nous avions.
Les grosses surprises et les oublis :
Les bons coups et les enseignements :
Wow, serious AMPS! Gage 4 ou 6 tes cables. DC to AC converter ca prend des gros cables. Entendre tout ce que vous avez fait, he me demande si un bateau Neuf aurait pas coute moins cher. Mais rien ne bats faire le boulot pour connaitre son bateau.
Felicitation, bientot le temps de profiter de vos efforts.
A bientot
Rob
Merci Rob pour tes bons commentaires !
En effet, le bas voltage ca prend des gros cables. Toute une job a sertir. Par contre, un bateau neuf identique aurait couté beaucoup plus cher (le double en fait !) et ne serait pas depourvu de problemes pour autant. Effecivement, on commence a connaître le bateau de fond en combles avec tout ca. Les petits travaux continuent mais en moindre mesure avec la priorité sur la ballade maintenant. J’ai pensé a toi a Belle-Ile quand je suis allé courir sur le sentier cotier qui est aussi escarpé (voir plus !) que les marches du Mont-Royal, avec vue sur la mer turquoise en prime.
Have fun
Olivier