Nous avons passé 5 belles journées sur cette magnifique île, du 6 au 11 Août.
Ce matin, grand soleil, vent faible mais du Nord, on devrait se rendre très rapidement sur la côte Est de Belle-Île, qui n’est distante que de 6 miles nautiques environ. Après notre course contre la montre en Juillet, nous sommes bien contents de faire des petites distances qui nous permettent de passer plus de temps à terre à découvrir les îles. En partant, Daphné fait ses premiers essais de pêche, histoire de commencer à tester le matériel. Comme nous sommes complètement novices en la matière, on ne s’attend pas à grand-chose. Peu de temps après être partis de Houat, le vent nous abandonne complètement et c’est au moteur que nous rejoignons le mouillage de Port An-Dro, à l’extrémité Est de Belle-Île. Initialement, on comptait aller à Locmaria, mais on s’est trompés de mouillage (!!). C’est magnifique. On mouille à proximité d’une belle plage de sable blanc, au pied de belles falaises. L’eau est très claire. On découvrira dans les prochains jours que cette île mérite peut être son nom de l’eau qui l’entoure. Elle est cristalline sur tous les côtés de l’île. Après le lunch, nous partons vers une petite plage au pied de la falaise. J’ai une furieusement envie de me dégourdir les jambes après toutes ces semaines de travail dans des positions inconfortables. Je m’en vais donc courir sur le chemin côtier vers Locmaria, afin de découvrir le mouillage où nous souhaitions originalement aller. Le sentier est magnifique avec une belle vue sur les autres îles ou le large mais pas mal sportif : Il y a beaucoup de dénivelé dans la roche et les éboulis. Ça monte en haut de la falaise et redescend au niveau de la mer à chaque crique. La beauté de la vue me fait oublier un peu que les entraînements sur le Mont-Royal avec mon copain Robert sont loin….Après 7 kilomètres de montagne russe, je découvre Port Maria. Le mouillage qui assèche à marée basse que je m’étais fait conseillé n’aurait pas fonctionné en plein été: Port Maria est une étroite calanque, découvrant une belle plage à marée basse où sont installées des dizaines de personnes en cette belle journée ! Ça ne l’aurait pas fait de venir nous planter là avant que la marée descende. Le village, situé à peine à un kilomètre est très mignon mais un peu mort. Il est jumelé à Marie-Galante, un peu comme dans la chanson de Laurent Voulzy. Le retour, sans avoir pu boire, sous le soleil de l’après-midi est pas mal fatigant. À l’arrivée, je peux enfin apprécier la fraîcheur de l’eau pour m’y tremper (rapidement quand même) avec les filles. Le soir venu, comme nous manquons de quelques vivres, nous décidons de nous rendre à Locmaria à nouveau, mais en annexe cette fois. Quelle expédition pour aller chercher du pain et quelques légumes! 25 minutes d’annexe dans la houle (légère mais en annexe, ça prend pas grand-chose), puis un bon 3 kilomètres de marche sur le sentier côtier et un dernier kilomètre sur route. Moins facile que de prendre la voiture pour aller au supermarché, mais nous n’avons jamais eu un chemin vers l’épicerie aussi beau que celui-là! Heureusement que les petites filles (Éléa en particulier) sont courageuses pour marcher. Ici, les mûres sont un peu plus mures et égayent la marche du retour. En rentrant vers le bateau, on se rend compte que la houle a quelque peu tourné et que le mouillage est devenu très rouleur, même si il n’y a toujours pas un brin de vent. Par rouleur, j’entends que nous devons tout tenir dans la cuisine pour préparer à manger et ne surtout pas lâcher notre verre pendant le souper! C’est intenable et comme plusieurs de nos voisins qui décampent les uns après les autres, nous décidons de changer de côté de l’île. On a un peu été écœurés par le mouillage rouleur de la grande plage de Houat cette semaine et on aspire au calme. À la tombée de la nuit, on met le moteur et on se rend sur la côte Nord, abritée de la houle du large pour mouiller derrière une petite pointe – le haut-fond de la truie! On y passe une très bonne nuit, au calme.
La matinée du 7 Août se passera tranquillement au mouillage: Toujours un peu pareil, cahier de vacances et jeux pour les filles, bricolage pour moi. Aujourd’hui, je m’occupe de la pompe à eau de mer: C’est une pompe manuelle, actionné par le pied, située au pied de l’évier. Elle fournit de l’eau de mer à un deuxième robinet. C’est essentiel pour économiser notre réserve d’eau douce. En effet, on fait quasiment toute la vaisselle à l’eau de mer et seul le deuxième rinçage se fait à l’eau douce. La pompe est ancienne et fuit un peu. Quant au robinet, lui aussi fuit un peu. Après un examen plus sérieux, la corrosion est telle qu’il me reste dans les mains! Je démonte la pompe au complet, le bras est tout oxydé et les membranes pleins d’algues et autres résidus. On apprend par la même occasion que cette pompe se nettoie régulièrement. Bon à savoir! Comme j’en ai une deuxième en pièce de rechange, je réinstalle la nouvelle et garde la vieille en backup….Il faut avouer que j’ai eu beaucoup de mal à la remonter et elle fuit (plus qu’avant!). Il ne nous restera plus qu’à trouver un nouveau robinet. Pour le moment, on fait tout à l’eau douce. Tiens, des nouvelles de Genesis! François et Véro sont arrivés à Belle-Île hier mais étaient de l’autre côté de l’île vis-à-vis de nous. Aujourd’hui ils viennent à Sauzon pour y faire des courses. On lève l’ancre pour aller retrouver nos amis. La navigation est courte mais superbe, on file à 7.5 ou 8 nœuds, au bon plein par une mer parfaitement plate et sous le gros soleil. De la voile comme on aime! Daphné refait une tentative de pêche à la traîne…qui se solde par la perte du beau rapala tout neuf: Un photographe sur un semi-rigide est venu nous aborder pour nous proposer ses services. En repartant, il a coupé notre sillage juste derrière sans aucune raison…et par la même occasion notre ligne. Elle est bien en colère et je la comprends! Nous mouillons devant le port de Sauzon, à côté de Genesis qui est arrivé moins d’une heure avant nous. Eux sont déjà à terre. Nous y allons aussi. Sauzon est un village super mignon, très pittoresque aux maisons de toutes les couleurs. Un petit village de pêche comme sur les puzzles naïfs. Sur le port, il y a de nombreuses terrasses et restaurants dont les odeurs qui s’en échappent nous titillent les papilles. Belle-Île est aussi connue pour ses très bonnes tables. Ce que nous voyons ici semble confirmer cette réputation. En ce qui nous concerne, c’est hors budget (et pas forcément des endroits où l’on dîne avec les enfants). Nous nous contenterons de ramener de notre ballade une bonne petite compote de pommes au caramel au beurre salé, joliment appelée «Cœur de Breizh» et deux bonnes bouteilles de bière brassée sur l’île. Les 2 produits s’avèreront excellents! Au cours de la ballade, nous rencontrons nos amis qui nous invitent à passer la soirée à bord le lendemain soir. Ils nous conseillent d’aller se promener jusqu’à la fameuse pointe des Poulains par le chemin côtier.
Anecdote rigolote: Le soir venu, je rêve d’aller prendre une douche au port. J’y vais un peu avant 23 heures avec ma belle annexe encore une fois bien dégonflée. À peine arrivé au quai des annexes, je suis abordé par une petite famille, affolée: Ils sont venus en bateau à moteur, amarrés dans le port sur une bouée comme tous les visiteurs et c’est un employé du port qui les a emmenés à terre. Sortis du restaurant, ils ont réalisé que la capitainerie était fermée et qu’ils n’avaient plus de moyen de revenir à bord! Bien sûr, j’accepte de les ramener. Ils sont complètement apeurés de l’état du dinghy et me demande si on va couler… Leur disant que nous étions ancrés devant le port pour économiser une nuit de port, ils me donnent un pourboire de 5 euros! Très comique et peu usuel. Il faut dire que le bateau était flambant neuf et ils m’avaient avoué n’avoir aucune expérience de bateau.
Aujourd’hui, le 8 Août, grande randonnée en famille: Il fait beau et nous décidons donc de faire la ballade suggérée par nos amis: Nous irons donc jusqu’à la pointe des Poulains par le chemin de la côte, continueront jusqu’à Ster Vraz, une sorte de calanque située peu après et rentreront par la route vers Sauzon. Cela représente un bon 10 kilomètres de marche à pied avec du dénivelé. Il va falloir motiver les filles ! Le chemin de côte est magnifique, on surplombe du haut de la falaise les innombrables criques à l’eau turquoise, transparente. Elle donne tellement envie de se baigner, surtout par la chaleur qui règne aujourd’hui! Les petites filles rechignent un peu (puis beaucoup), mais on arrive finalement pour l’heure du lunch à la pointe. On est loin d’être seuls et on peine à se trouver un coin à l’ombre pour pique-niquer. Une fois nos sandwiches avalés sur une petite plage à l’ombre de la falaise, nous allons vers le phare. Cette pointe que nous connaissons grâce à une fameuse photographie de Philip Plisson qui a trôné longtemps au-dessus de notre lit (puis au pied, après nous être tombé dessus en pleine nuit!). La photo est prise en pleine tempête d’Ouest et bien que les falaises soient très hautes (une cinquantaine de mètres au minimum), les embruns des vagues la dépassent. Aujourd’hui, on a un parfait temps d’été et la mer est calme. Cependant, quand on voit les bouillons dans les récifs au pied des falaises et le fracas de la houle par temps calme, on ne veut vraiment pas être là quand ça brasse. Le tour de la pointe des Poulains nous mène à la demeure d’été de Sarah Bernhardt. Un ancien fort carré, similaire à celui de l’île Dumet, réaménagé en résidence d’été. Amoureuse de l’endroit, elle y passa au moins une trentaine d’étés et fit même construire juste à côté 2 villas pour y accueillir des amis tout en conservant son intimité. Un énorme rocher s’avance dans la mer juste à côté. Elle l’avait acquis auprès de l’État français pour y faire son ultime demeure. Elle n’eut finalement pas le droit de l’utiliser comme sépulture et fut enterrée au cimetière du Père Lachaise. Le reste de la promenade nous emmène sur la rive sud de l’île, la côte sauvage. La végétation est plus rase, telle que je me l’imagine en Écosse. La côte est haute, découpée, déchirée par les assauts des vagues et cernée de récifs. Le spectacle est de toute beauté. On longe le golf de Belle-Île où le parcours passe parfois au-dessus de la mer pour atteindre un green situé tout au bout d’une falaise. Je n’ose pas imaginer combien de balles sont dans le fond de l’eau, vu l’étroitesse de la falaise et le vent, même faible, qui règne en permanence ici. Après le golf, nous arrivons sur la grande calanque de Ster Vraz, mouillage que François m’avait conseillé. Si le temps continue à être clément, nous y prolongerons certainement notre séjour sur l’île. On longe celle-ci jusqu’au fond ou se trouve une plage assez ordinaire. On s’y repose quelques minutes avant de repartir, par la route, vers Sauzon. Cette partie est loin d’être la plus agréable car, même si le trafic n’est pas énorme, il n’est jamais très agréable de marcher le long d’une route de campagne avec des voitures qui déboulent à pleine vitesse. Nous arrivons à Sauzon par les hauteurs et descendons vers le port en empruntant de petites venelles et escaliers très jolis. Récompense pour les marcheurs, surtout les petits qui avaient besoin d’une bonne motivation les dernières heures, nous allons boire un verre en terrasse sur le port. Je profite de la connexion internet pour acheter sur eBay un nouveau pilote automatique: Nous avions déjà acheté sur eBay il y a 2 semaines l’écran de contrôle et je cherchais désormais un pilote compatible avec notre électronique d’ancienne génération et les produits actuels, au cas où un appareil ferait défaut. C’est fait! Je fais livrer le tout chez mon ami Pat, aux USA et nous déciderons plus tard d’une adresse d’expédition. Le soir, nous passons une excellente soirée à bord de Genesis. Phoebé nous avouera que c’était le plus gros apéro qu’elle n’ait jamais vu! Pire que chez petite mamie! Cette belle soirée, bien arrosée, se termine abruptement lorsque nous entendons un bruit de chaîne le long de la coque et des éclats de voix à l’extérieur. On sort précipitamment, en particulier moi, qui me pète méchamment la figure sur le banc du cockpit. J’aurai mal à la mâchoire pendant un bon 10 jours…. Le vent s’est quelque peu levé et des retardataires n’ont pas trouvé de place au port en ce weekend end d’Août et veulent mouiller devant, comme nous l’avons fait. Ils ont du mal s’y prendre, tout comme un autre bateau car ils manquent tous 2 de frapper plusieurs bateaux, à quelques mètres ou centimètres près, avant de repartir trouver plus loin un abri. Ayant oublié de mettre notre feu de mouillage, on se dépêche de retourner à bord le mettre avant que d’autres olibrius nous foncent dessus.
Le 9 août, ce sont à nouveau des adieux (y croit-on encore?) avec nos amis de Genesis: Ils s’en vont vers la Trinité chercher des amis qui viennent à bord pour 2 semaines. Nous, on a encore à découvrir sur l’île. En particulier, la mini-calanque de Ster Ouen, perpendiculaire à la grande de Ster Vraz ou l’on devrait être beaucoup plus confortable que devant le port de Sauzon ou nous nous sommes, encore, fait pas mal brassé la nuit lorsque le vent change de sens et nous oriente travers à la houle. Nous partons vers le midi, au moteur vu le faible vent, de face de surcroît. Arrivé sur place, il n’y a que quelques bateaux dans l’étroit passage ou on peut tout juste se croiser. Le principe est le suivant: Il faut jeter l’ancre dans l’axe de la calanque et aller porter des amarres à terre, sur la falaise pour garder le bateau perpendiculaire à l’axe de la calanque. On est assez désorganisés et heureusement notre voisin, sur un OVNI lui aussi, vient en annexe nous prêter main forte. Il part avec l’extrémité de notre amarre-sangle et nous amarre à un rocher. Le reste de la manœuvre, c’est à dire bien installer 2 amarres arrière sur la falaise avec amarres et chaînes me prendra facilement une heure et demie! Ouf, on y est! On passe le reste de la journée, relax, à ne rien faire dans ce splendide endroit. L’eau est calme comme un lac, on est entouré de belles collines, aucune construction en vue. Le soir, je vais sur le versant opposé prendre quelques photos, non sans escalader les roches et la colline au milieu des ronces et orties. C’est un endroit tellement beau et calme qu’on décide d’y rester une journée de plus.
Le 10 Août, un imprévu, beaucoup moins bucolique et poétique que le paysage qui nous entoure décide de nous occuper quasiment toute la journée: Le socle des toilettes arrière, pourtant changé en Mai, vient de fendre à nouveau et fuit. Je vous passe les détails sordides du démontage de l’ensemble…. Le fautif: Le tuyau d’évacuation, calcifié sur presque un centimètre et dont le diamètre est extrêmement réduit. Pendant que je m’emploie à le sortir des cales du bateau, puis gratter la vanne du passe-coque au petit tournevis et à l’explorateur dentaire (merci Bert!), Daphné remonte l’ensemble toilette sur avec une nouvelle pompe, initialement prévue pour les toilettes avant. Il ne nous restera plus qu’à trouver une nouvelle embase à la Trinité pour finir le tout. Grosse job de patience, un peu dégueu. Au moins, le soir venu, nous avons résolu un bon problème….et en tête, un nouveau projet, celui de refaire les toilettes de l’autre salle de bains car ça doit être dans le même état. Le soir, je fais un peu plus connaissance de notre voisin, Jean-François, qui nous avaient si gentiment aidés à nous amarrer. Il a beaucoup d’expérience, dont une traversée de l’Atlantique en solitaire, des Antilles vers la Bretagne. Il me partage des expériences et conseils, avec modestie, comme c’est toujours le cas ici en Bretagne. La nuit est magnifique, étoilée. Une nuit comme on en aura tant d’autres en étant loin des villes et de leur pollution lumineuse.
Le 11 Août au matin, nous nous levons plus tôt que d’habitude avec la ferme intention de décoller tôt: en effet, la marée et les courants étant rois dans la région, nous voulons avoir le courant de la marée montante avec nous dans le chenal de la Teignouse, à la pointe de Quiberon, pour se rendre à La Trinité. Un petit détail vient contrarier nos plans: La marée est donc encore très basse ce matin et un gros rocher est dans le chemin de notre gouvernail lorsque nous larguerons nos amarres fixées sur la falaise. Alors, finalement, on attend, on prend notre temps. Point positif, Jean-François, le voisin, nous propose de larguer nos amarres à terre, on peut donc remonter le dinghy. Pour passer le temps, j’entame la discussion avec le propriétaire d’un superbe bateau en alu (un Garcia de 42 pieds) qui est dans notre chemin pour quitter le mouillage: Nous devrons aller nous mettre à couple d’eux une fois les amarres larguées et ensuite remonter notre ancre. Tant et si bien que lorsqu’on peut enfin commencer les manœuvres, nous prenons le temps, une fois à couple avec eux, de visiter leur bateau, puis le nôtre et de papoter. C’est intéressant de voir comment 2 bateaux de longueur et vocation similaires sont aménagés complètement différemment, avec leurs avantages et inconvénients respectifs. Quand vient l’heure de s’activer (il doit être rendu midi…), on n’arrive pas à décrocher notre ancre. Et pour cause, une chaîne traversière au mouillage s’est accrochée dans notre ancre. Avec l’aide de nos 2 voisins, nous essayons plusieurs manœuvres en bateau, en annexe. Il n’y a rien à faire, il faut plonger. Il y a environ 4 mètres d’eau (mais pas plus que 17 degrés au thermomètre) et Daphné nous règle l’affaire très vite de quelques coups de palme: Le hasard avait fait que seul le petit bout de l’ancre était pris dans un maillon de la chaîne. Mettons qu’elle a impressionné pas mal tout le monde. Pratique d’avoir une sirène à bord! Cette fois-ci, c’est parti, en route vers La Trinité.
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