Concarneau – Lorient (26 Juillet 2015) :
Comme les prévisions météo l’avaient annoncé, le beau temps n’a pas duré avec l’arrivée d’une nouvelle dépression, c’est-à-dire du vent de secteur Ouest fort et de la pluie. De toute façon, on doit avancer et on ne peut pas dire que le port de Concarneau soit très protégé. On largue donc les amarres tôt le matin pour rejoindre Lorient. Le hic, c’est que justement on ne largue pas vraiment les amarres : l’amarre arrière reste coincée sur le quai et retient le bateau, poussé par 25 nœuds de vent de côté. C’est incompréhensible comment une simple boucle arrive à retenir une telle force. On manque de s’écraser sur l’arrière des bateaux stationnés sur le quai juste à notre droite. C’est au bout de 2 ou 3 longues minutes, moteur à fond et barre à quai que j’ai réussi à contrer le vent et replacer le bateau à quai. En l’espace de quelques secondes, Daphné saute à terre, frappe une garde pour retenir le bateau, défait l’amarre rebelle et à juste le temps de remonter avant qu’une rafale nous repousse. Pour les non-initiés, il faut savoir qu’un bateau de cette taille se manœuvre très mal au moteur dès que le vent est travers à la direction du bateau : En effet, l’hélice pousse l’arrière du bateau, mais rien ne dirige réellement l’avant du bateau qui se fait pousser très facilement par le vent. Il faut donc souvent recourir à des techniques particulières avec des amarres pour accoster ou repartir par vent de travers. Lorsqu’on est que 2 à effectuer les manœuvres, ça complique encore plus les choses et il manque souvent au moins une paire de bras. Une fois ce premier stress passé, nous sortons du port pour nous retrouver dans une mer bien formée dans la baie de Concarneau : Un bon 2 mètres de vagues et 30 nœuds de vent de face nous attendent. Nous galérons quelque peu à établir la bonne voilure car nous connaissons encore peu le bateau. C’est finalement avec 2 ris dans la grand-voile et la trinquette que nous faisons route. La trinquette est une voile d’avant plus petite que le génois et installée sur un étai plus bas qui permet de remonter au vent dans le vent fort. Elle est beaucoup plus efficace qu’un génois à moitié enroulé et sollicite beaucoup moins le gréement. Le comportement du bateau ainsi gréé est excellent. Une fois sortis de la baie de Concarneau, nous choquons progressivement les écoutes et c’est au travers puis au grand largue sous un ciel de plus en plus bleu que nous faisons route vers Lorient dans une belle grosse houle. Après 3 jours de vent, nous avons une houle qui atteint facilement la hauteur de notre panneau solaire, que Korrigan dévale avec plaisir, dérive relevée. La forme du bateau est faite pour naviguer avec une mer arrière et ça paraît. Le bateau est très doux et accélère franchement à chaque vague. Au moins, à Lorient, ça ne manque pas de places de port. Avec au moins 3 ports qui peuvent accueillir des visiteurs, la rade de Lorient est une escale sans problème. Le port de Kernevel est immense et pas mal luxueux. Nous sommes installés pour passer la nuit sur un ponton immense ou aucun bateau ne fait moins que 40-45 pieds. On aperçoit juste de l’autre côté du chenal les mâts des bateaux de course amarrés à l’ancienne base de sous-marin, où sont désormais installés de nombreuses entreprises nautiques. Malheureusement, comme nous devons partir dès le lendemain matin, nous n’aurons pas la chance d’aller les voir, ni de visiter la cité de la voile. De surcroît, comme il se doit, la pluie recommence lorsque nous partons nous promener. Nous n’irons pas plus loin que la luxueuse capitainerie et ses belles douches. Au passage, nous en profitons pour espionner 2 autres OVNIs 43 amarrés sur le même quai que nous afin d’y prendre quelques idées, avant de rentrer au bateau prendre, comme le veut la coutume, prendre un apéro en jouant aux cartes tous les 4. On est bien sur notre bateau, malgré toutes nos tracasseries…
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Lorient – Arzal (27 Juillet 2015) :
Nous commençons la journée en essayant d’élucider un mystère : D’où vient l’eau qui s’accumule dans nos cales ? Aucune vanne ne semble fuir pourtant. Au goût, il n’est pas clair non plus si c’est de l’eau douce ou salée…. En remplissant les réservoirs, on se rend compte que ceux-ci débordent dans la cale plutôt que par le trop-plein extérieur. Ça n’explique quand même pas la présence d’eau de l’autre côté du bateau. Je mets donc en place mon SADF : Système Avancé de Détection des Fuites, qui consiste à placer des morceaux de papier toilette à tout endroit suspicieux de laisser passer de l’eau et de contrôler son état quelques heures plus tard. Affaire à suivre…. Avec tout ça, on ne part pas très tôt mais un vent d’Ouest assez soutenu étant prévu pour aujourd’hui, nous devrions avancer assez vite pour couvrir les 55 miles qui nous séparent d’Arzal. Le trajet se décompose en 4 sections bien différentes : Tout d’abord, du vent travers entre la presqu’île de Quiberon et l’île de Groix, ensuite le passage de la pointe de Quiberon, jalonné de haut-fond qu’il faut franchir via le chenal de la Teignouse, ensuite la traversée de la Baie de Quiberon jusqu’à l’embouchure de la Vilaine et finalement, remonter la Vilaine jusqu’à Arzal.
La première portion du trajet est terriblement inconfortable : La houle, encore un peu plus forte qu’hier nous arrive complètement de travers et rend le cap très difficile à tenir. Ne parlons pas du confort sur le bateau qui roule solidement d’un bord sur l’autre à chaque vague. Le pilote automatique n’est pas vraiment à la hauteur, par contre Daphné fait une super belle job à maintenir le bateau sur sa route. C’est assez physique et demande de la concentration, alors nous nous relayons. Je pense que nous avons encore à apprendre pour rendre le bateau plus facile à manier dans ce genre de conditions. Nous empannons pour nous mettre dans l’axe du chenal de la Teignouse pour passer la presqu’île de Quiberon. Dès celle-ci passée, les conditions changent radicalement. La mer est beaucoup moins forte et nous pousse. Si on ajoute à cela la belle couleur verte de l’eau due aux faibles profondeurs et aux fonds sableux de la baie de Quiberon, on se croirait presque dans le Sud. C’est donc sous grand-voile à 2 ris seule (il y a toujours 25 nœuds de vent) et sous pilote automatique que nous glissons toute l’après-midi sous le soleil vers l’embouchure de la Vilaine. Ces belles conditions permettent à chacun de vaquer à ses occupations. Aujourd’hui, nous avons donné à Phoebé un médicament pour le mal de mer. La réputation de ce dernier (bien que non vendu pour cet usage) est vérifiée. Malgré les conditions difficiles de ce matin, Phoebé ne sera pas malade aujourd’hui. Hourra !
Nous arrivons à mi marée à l’embouchure de la rivière. Il est grand temps de planifier un peu la suite car l’entrée de la rivière est très ensablé, encombré de parcs à huîtres. Je découvre aussi que notre carte électronique sur l’ordinateur ne couvre pas vraiment la rivière (heureusement, on a l’application Navionics sur l’IPAD pour ce genre de situation). Je réalise aussi que nous avons une écluse à passer avant d’arriver au port d’Arzal. On n’est pas rendus ! On range les voiles et nous entrons tranquillement au moteur dans la rivière. La transition entre le paysage marin et la campagne est magnifique. Les perspectives de parcs à huîtres et de champs succèdent à celles des chalutiers au mouillage devant les petits villages et les boisés. C’est très agréable de changer de type de paysage après plusieurs semaines de paysages 100% maritimes. La rivière zigzague sur plus de 6 miles nautiques (10 km) avant d’arriver à l’écluse d’Arzal. Il faut bien respecter le chenal est les alignements de bouées car à quelques mètres près, on a de l’eau…ou les mouettes ont pied ! À notre grande surprise, après cette distance, le vent est encore très fort. Au point qu’il nous plaquera sur le quai d’attente de l’écluse et nous serons incapables d’en repartir. Après maints efforts pour replacer le bateau et trouver une stratégie pour repartir, une pancarte sous nos yeux nous indique que nous pouvons rester ici gratuitement pour une durée maximale de 12 heures. C’est suffisant pour nous convaincre à clore cette journée de navigation…et déclarer que l’apéro est ouvert ! Nous passerons l’écluse demain matin à la première heure pour être au chantier d’Arzal Nautique à son ouverture. Évidemment, plus on se rapprochait de notre destination, moins le gouvernail était dur et faisait de bruit. C’est toujours pareil….les problèmes se font discret à l’expert approche….
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Arzal et la Vilaine (28-31 Juillet 2015) :
Nous avons eu raison de passer la nuit ici. Ce matin, le vent est tombé et le passage d’écluse se fera sans encombre. C’est toujours un petit peu stressant de se présenter entre ces 2 grands murs de béton, sans avoir eu au préalable d’autres instructions que celle donnée par la VHF de se présenter devant l’écluse. Nous avons encore en mémoire le passage de l’immense écluse d’Albany aux USA lorsque nous ramenions Kaya sur le Lac Champlain. Nous nous étions retrouvé dans une écluse immense, sans possibilité de s’amarrer ni assistance. Nous avions galéré pendant de longues minutes à maîtriser le bateau bringuebalé au milieu des énormes remous de l’écluse lors de son remplissage. Ici, il n’en est rien, un charmant éclusier nous aide tout du long et nous fait la conversation. Le port d’Arzal étant juste de l’autre côté de l’écluse, nous y sommes amarrés à 9h30, parfait pour se rendre au chantier dès son ouverture. Dominique, le patron d’Aral m’accueille, à moitié surpris de me voir. Dans les minutes qui suivent, Gildas, le contremaître du chantier est sur le bateau pour vérifier le gouvernail avant de décider si l’on sort le bateau de l’eau ou non. J’ai confiance dans la suite des choses avec quelqu’un qui répare et prépare des OVNIs depuis 30 ans. En tout cas, ils sont d’une efficacité exemplaire : En moins d’une heure après m’être présenté au chantier, le bateau est dans la cour, avec Gildas qui commence à démonter le gouvernail. Wouah. Au final, le problème du grincement ne sera jamais élucidé, résolu par une bonne dose de graisse. Par contre, Gildas me conseille de démonter et réviser mon axe de safran et son entretoise car ceux-ci s’oxydent. Je m’y mets aussitôt pendant qu’il s’occupe du secteur de barre et de la rotule de vérin du pilote automatique qui se desserre sans cesse. La journée se poursuit sous la pluie alors que j’entreprends de démonter complètement la barre à roue pour changer les roulements. C’est a priori eux qui faisaient que la barre bloquait. En tout cas, on est mieux de faire ça maintenant car la conception douteuse de la barre nécessite de dessouder et ressouder certaines pièces. Une merveille d’ingénierie…..Je fais aussi connaissance de Daniel qui vient de faire l’acquisition ici-même d’un OVNI 435. Nous ne serons donc pas seul à passer la nuit sur ce petit chantier. En plus, il a une fille de 6 ans, Camille, qui sera ravie de jouer avec les filles demain. Le lendemain, mercredi, les réparations continuent, sous le soleil cette fois, pendant que les 3 filles s’amusent ensemble comme des folles. C’est vraiment chouette car Phoebé était désespérée à l’idée de retourner sur une zone technique. Nous déplaçons le bateau au-dessus d’une profonde fosse qui nous permet de descendre la dérive du bateau et d’en vérifier le jeu. Le précédent propriétaire avait vraiment exagéré sur le rabotage des guides de dérive. Celle-ci bat d’une 10aine de centimètres. Heureusement, Gildas a gardé dans le grenier du hangar tous les guides de dérive qu’il a changé sur d’autres OVNIs. On adapte donc 4 d’entre eux et c’est ainsi qu’avec des pièces d’occasion que nous ne payerons pas que notre dérive retrouve un jeu minimal et complétement normal. En échange, je donne mes vieux guides qui, j’en suis sûr, dépannerons quelqu’un d’autre. Le soir, nous invitons Daniel et sa famille à prendre l’apéro sur le bateau et passons une super belle soirée. Les filles n’arrivent pas à se quitter, bien qu’ayant fait les folles ensemble depuis le matin. Jeudi matin, nous retournons à l’eau pendant que les 3 filles sont déjà en train de jouer ensemble au parc pour enfants du port. Sous un soleil de plomb, nous en profitons avec Daphné pour faire des petits bricolages sur le bateau que nos plus gros soucis ne nous avaient pas permis de faire jusqu’à présent. On voit enfin la lumière au bout du tunnel des pépins techniques. Ce soir, nous retrouvons nos amis Olivier et Valérie. Olivier était mon meilleur ami d’école d’ingénieur, un voileux confirmé qui m’a appris à naviguer sur des bateaux habitables. Eux vivant à Singapour et nous à Montréal, nous ne nous sommes pas vus depuis plus de 10 ans, et c’est sur notre bateau que nous nous retrouvons. C’est génial. Nous passons une très belle soirée de retrouvailles avant, le vendredi, de quitter Arzal à la mi-journée pour remonter un peu la Vilaine. Tout le monde nous vante les beaux paysages en amont d’ici.
C’est dans une ambiance super relax que nous remontons le vendredi après-midi la Vilaine au moteur évidemment, en contrôlant le pilote automatique avec la télécommande depuis le hamac installé à l’avant du bateau. La belle vie de bateau fluvial ! En effet, la rivière est très belle avec de petites criques cachées dans les méandres. Nous remonterons un peu plus loin que la Roche-Bernard ou nous passerons la nuit, ancré à 2 mètres du bord, avec à nos côtés muriers sauvages et saule pleureur et face à nous un petit château. C’est champêtre. Bucolique et très reposant comme ambiance. Nous projetons de repartir vers la mer demain afin de profiter, enfin, des beaux paysages de la Bretagne Sud, en visitant les îles de la baie de Quiberon – Houat, Hoëdic, Belle-Île. Ça ressemble à un nouveau départ, plus serein.
bonjour a tous, en visitant votre site sur lequel je m étais pas encore exprimé je viens de voir mon voilier que vous aviez photographié au passage sur la Villaine apres La roche BERNARD ou vous aviez passé la nuit… Deriveur lesté coque jaune, Kismayo 43 constrution amateur acier.Je suis bluffé et heureux. Je suis admiratif de votre blog et de vos profils…Dommage que nous nous soyons pas rencontrés. Je vous admire et vous envie.Bonne suite , prenez soin de vous.