Corrubedo
En quittant Muros ce dimanche après-midi, nous n’avions pas une idée très claire de notre destination, à part qu’elle serait dans la ria suivante, la Ria de Arosa. En effet, ayant déjà passé quelques jours ici, nous voulions passer à la suivante, au moins pour nous donner l’impression d’avancer. En partant, j’avais en mémoire les belles plages de Louro et San Francisco située à l’entrée de la ria de Muros. Nous n’avons pas pris le temps de nous y arrêter en venant, pressés de toucher terre après notre traversée. En outre, le vent étant très fort, ces plages, bien exposées directement sur l’océan n’auraient pas offert un abri bien sûr à Korrigan. J’avais donc toujours vraiment envie d’aller profiter de ces immenses étendues de sable. Nous repérons sur le guide deux plages situées entre la Ria de Muros et celle d’Arosa. Comme c’est sur notre chemin, nous verrons bien l’état de la mer là-bas et si elle le permet, nous y ferons un stop pour l’après-midi. En partant de Muros, nous avons une bonne brise qui nous emmène assez facilement jusqu’à son entrée. Ça devait être une brise thermique due à la différence de température entre la mer et la terre dans la ria car le vent est vite tombé en sortant. La mer étant plate, on met le moteur et on s’en va vers Corrubedo et son immense Playa de Ferreira. Bien qu’existante depuis l’époque Phénicienne, le petit port de Corrubedo présente a priori peu d’intérêt. Par contre, les filles ont sacrément envie de plage. Nous mouillons donc l’ancre au plus près de la plage et y débarquons. On passe l’après-midi sur cette immense étendue de sable. Même si il y a pas mal de monde qui vient s’y promener, ça ne paraît pas sur les 5 kilomètres de plage. On est loin de la plage des Sables d’Olonne !! Certes l’eau n’est pas chaude, mais les filles se baignent quand même avec plaisir vu la température caniculaire. On jubile, ça y est, on est en Espagne, on va enfin avoir vraiment chaud ! Le soir venu, la plage se vide et nous sommes seuls à l’ancre devant cette belle plage à profiter du coucher de soleil sur l’océan. Nous avons vite abandonné nos plans de ne venir ici juste pour l’après-midi ! Le lendemain, lundi matin, seuls les pècheurs qui viennent jeter leurs filets tout proche viennent dissiper la parfaite attention des élèves de l’école primaire des Korrigans. Tout se passe à la perfection ce matin et nous enchaînons avec le cours de sport sur la plage. Daphné nous fait un beau programme inspiré du Monkey Bar Gym de Pointe-Claire que nous suivons, en suant à grosses gouttes, sous le regard surpris de quelques promeneurs. On se jette à l’eau pour se rafraîchir et on rentre luncher au bateau. Cet après-midi, nous partons vers la petite île de Salvora, située dans l’entrée de la Ria d’Arosa.
Isla Salvora
Le vent est léger, mais il nous suffira pour se rendre sur cette petite île située seulement à 9 miles nautiques d’ici. Nous en profitons pour laisser le four solaire en fonction, pour une fois que le vent ne nous empêche pas de l’utiliser : En effet, le four fonctionne avec 4 grands réflecteurs en aluminium qui viennent concentrer la chaleur en son centre. Je profite de ce petit trajet majoritairement en vent arrière pour améliorer notre setup de voiles en ciseaux. Avec le tangon qui coulisse le long du mât, ça se fait très bien tout seul. C’est important car c’est une allure que nous aurons souvent sur les longs trajets dans les alizés. Comme la navigation est calme et agréable, nous faisons le tour complet de l’île pour s’y rendre : Le chemin le plus court passe par des chenaux tous aussi encombrés de roches les uns que les autres. Comme nos cartes électroniques du coin ne sont pas hyper précises, on privilégie le grand tour, qui nous permet en plus de rester à la voile plus longtemps. L’île de Salvora était une île militaire jusqu’à une quinzaine d’années et fait maintenant partie du parc naturel des îles atlantiques, géré par le gouvernement galicien. Dans un cas comme dans l’autre, l’accès y est interdit à part sur une des rares plages qui longent sa côte intérieure. Après avoir passé une longue barrière de roches granitiques, nous mouillons devant la petite Playa de Bois. On est encore tous seuls et heureusement car ça n’est vraiment pas grand quand on tient compte des roches qui affleurent la surface de part et d’autre. Je débarque avec les filles qui rêvent d’aller ramasser des coquillages sur la plage. Celle-ci pourrait être paradisiaque avec son beau sable blanc très fin, ses barrières de roches rouges mais rapidement, les détritus qui la jonchent choquent l’œil. En effet, cette île barre la sortie de la ria de Arosa qui assez peuplée et où la pèche est très intensive. Un gros seau de plastique faisant partie de ces affreux objets de plastique, je commence à le remplir. Rapidement, les filles se joignent à moi. Elles iront même jusqu’à utiliser leurs jeux de plage pour déterrer un pneu échouer ici. Je suis très content de voir leur énergie à la tâche. Trouvant cette plage très belle, elles mesurent d’autant plus l’impact de la pollution humaine. Notre tâche accomplie, nous allons entasser notre récolte sur un tas existant, déjà ensaché, probablement par les garde-parcs. Nous rentrons ensuite au bateau profiter de cette belle fin de journée aux milieux des roches rougies par le soleil couchant. Nous sommes vraiment seuls au monde sur nos mouillages depuis 2 jours, sous un grand ciel bleu. C’est génial.
Ribeira
Mardi matin, changement de décor : Il fait gris et nous nous réveillons entourés de dizaines de petites barques de pèche qui, selon nous, viennent récolter des coquillages au fond de la mer. Rapidement, le temps d’un cours de français ou de maths, la grisaille se transforme en un épais brouillard et le beau temps sec des derniers jours est remplacé par un air froid et humide. Sur l’eau ça veut dire que tout colle sur le bateau : Le sol, les coussins…et nous-mêmes ! Comme le brouillard semble se dégager à la mi-journée, on décide de partir après avoir avalé une bonne soupe de poissons pour nous réchauffer (l’été et la chaleur auront duré deux jours !!). Le temps de remonter l’ancre et nous sommes à nouveau plongés dans un épais brouillard. Partir dans ces conditions est exactement ce que je voulais éviter vu le nombre incalculable de roches et de barques de pèche dans le coin. Maintenant, nous n’avons plus le choix. Nous nous séparons la navigation en 3 : Daphné à la barre et qui regarde en arrière, Phoebé à l’avant qui scrute l’horizon en chantant une chanson demandant au brouillard de disparaître (en 3 langues, ne connaissant pas celle des nuages), et moi à l’ordinateur en utilisant l’AIS et le radar. Ça a bien fonctionné et nous éviterons tous les obstacles de notre route. En même temps, nous avons pu bien tester pour la première fois notre radar qui fonctionne à la perfection. Comme l’écho du radar est en surimpression de la carte sur l’ordinateur (en rouge sur la photo ci-contre), c’est très efficace et pratique. Plus nous avançons vers le fond de la ria, plus le temps se dégage. Heureusement, car le nombre de viveros, ces énormes parcs à huîtres et moules est impressionnant. Nous nous rendons ainsi au moteur jusqu’à Ribeira, qui n’a aucun intérêt à part d’offrir a priori des commerces à proximité du port de plaisance. Nous mouillons l’ancre juste à côté du port, devant une longue plage et nous rendons aussitôt en ville. Dès que nous arrivons, il est clair que la mer est la ressource qui fait vivre cette ville : Le port de pêche est énorme ainsi que la zone d’entrepôts frigorifiques et de petites usines de transformation des produits de la mer. Quant à la ville elle-même, comment dire, c’est impossible de faire pire : Il reste quelques ruines des vieilles maisons qui devaient la constituer jusqu’aux années 70 probablement, le reste n’est que immeubles de bêton laids, souvent peu entretenus. Si on rajoute par-dessus le temps gris d’aujourd’hui et le fait que nous débarquons en début d’après-midi heure à laquelle tout est fermé en Espagne, on a juste envie de fuir ! Cette ville a dû connaître un certain essor dans les années 70 avec aucune forme d’urbanisme. Depuis, l’économie a certainement fortement ralenti ou l’argent généré par l’exploitation de la mer ne doit pas rester ici… En ce qui nous concerne, nous trouvons heureusement notre bonheur côté ravitaillement et rentrons donc chargés comme des mules. En fin de journée le temps se dégage et au coucher du soleil, contrairement à toute attente, nous voyons plein de dauphins juste à l’entrée du port de pêche. C’est assez étonnant d’en trouver ici, dans ce profond bras de mer assez industrialisé. C’est un peu comme voir son premier orignal au Québec sur le bord de la grand-route après avoir passé des heures dans le bois à essayer en vain d’en apercevoir.
Isla de Arosa
Mercredi matin, retour en ville : J’ai beaucoup d’internet à faire, en particulier pour alimenter le blog et nous avons repéré un supermarché…juste à côté d’où nous sommes. Daphné et les filles en profite pour refaire un stock de provisions pendant que je travaille sur l’ordinateur dans ce petite bar-restaurant. Elles m’y rejoignent et on y passera un bon bout de temps : J’ai commencé avec des cafés, puis bières, puis tapas et repas complet. Comme quoi, une connexion wifi à haut-débit, ça aide le commerce ! En Espagne, nous trouvons très facilement des cafés ou restaurants avec connexion wifi. C’est très pratique : Ça nous permet de convertir le prix d’une place de port contre un bon repas de tapas. Pas mal plus malin comme solution ! Nous retournons au bateau en début d’après-midi, sacs à dos et panses pleines à craquer pour la séance d’école quotidienne. À l’école primaire des Korrigans, on ne sait jamais quand les cours vont avoir lieu dans la journée. C’est le lieu, la météo ou la mer qui décident. Ça ne peut pas être pire qu’un bureaucrate du ministère de l’éducation de toute façon. Une fois l’école terminée, nous levons l’ancre et traversons le fond la ria pour aller vers la petite île d’Arosa, qui est en fait une presqu’île. Cette mini-navigation de 3 miles nautiques qui, au moteur, aurait dû nous prendre environ 40 minutes nous en prendra le triple : En effet, nous voulons tout d’abord aller mouiller devant le petit village de San Xulian de Arosa : Ce n’est pas compliqué : Tout droit et puis à droite au 34ième
vivero. Malheureusement, ce qui semblait une petite baie calme dans notre guide de 1999 ressemble maintenant à un parking géant pour bateaux de pêche. Ni beau, ni propre. On fait demi-tour et on se dirige vers la belle plage située à l’extrémité de l’île, la Playa Arena de la Seca, (42ième
vivero à gauche). En chemin, nous nous faisons aborder par les douanes espagnoles. Leur bateau, un speed boat bleu marine, est très impressionnant mais les officiers qui viennent à bord faire un contrôle de routine sont charmants. Ils passent en fait 90% du temps à recopier des informations de nos passeports et documents d’immatriculation du bateau. Nous mouillons entre la plage et les viveros. Encore une fois, nous sommes seuls en cette fin de saison estivale. L’endroit est très joli. Une belle promenade semble faire le tour de l’île en passant dans une petite forêt. Nous irons nous y promener demain pour nous rendre au village. Aujourd’hui encore, la grisaille et l’humidité présentes pendant toute la journée délaissent peu à peu le ciel dans l’après-midi et nous offrent une belle soirée, avec une belle vue sur les montagnes, encore asphyxiées par de gros nuages gris.
Jeudi matin, après l’école, nous partons faire la promenade qui fait le tour de l’île pour se rendre au petit village. C’est une belle promenade, bien aménagée avec un sentier en planche de bois qui longe la plage puis un beau sentier côtier. On sent que la Galice essaye d’attirer le tourisme, local ou extérieur car on voit un peu partout des aménagements du littoral assez récents. Pourtant, cette petite île (qui est en fait une presqu’ile car reliée à la terre par un pont) ne vit que de l’exploitation des viveros, comme nous l’explique le propriétaire d’un petite magasin d’équipement de bateau. C’est le premier espagnol que nous rencontrons qui parle un peu Anglais. Le village est très calme, d’apparence assez pauvre. Il n’y a ni marché, ni fruteria. Sous les conseils du gars du magasin de bateau, on s’achète quand même des petites boîtes de conserves de moules locales. Celles-ci font l’objet d’une appellation contrôlée et sont exportées vers toute l’Europe. Elles sont préparées avec une sauce à la tomate, légèrement épicée, qui est délicieuse en tapas sur des petits morceaux de pain. D’ailleurs, de retour au bateau, nous nous faisons un traditionnel lunch à l’espagnol, incluant des petites tranches de chorizo grillées dont les petites filles sont folles. Le temps se dégage encore une fois l’après-midi et le vent se lève progressivement. Ça devrait être parfait pour nous emmener vers l’île d’Ons et sa petite sœur l’île d’Onza, situées à environ 13 miles nautiques d’ici. Cette île étant située à l’entrée de la ria suivante, la ria de Pontevedra, constituera une étape parfaite pour continuer notre visite des rias Galiciennes.
Les petites changes.
Et tes photos sont superbes. C’est comme moi en speedo jaune sur un socle – couleur judicieusement choisit pour mettre en valeur le relief de mes testicules -, avec une épée tranchante et une bouée autour de la taille. Tu regardes un tel panorama de félicité sereine, et tu ne peux que verser des larmes de joie devant tant de perfection, en te vautrant dans du jello…. Commentaire inapproprié parce que nul et anachronique, juste pour ajouter à l’effet spectaculaire du commentaire.
Et que les vagues rudoient les orques nom de dieu!
C’est moi le plus Coquillage de tous! »
Voilà un ingrédient qui manquait ai blog: des commentaires brunotiques !
Bravo pour la démarche écologiste . C’est vraiment super votre aventure et votre blog remarquable . Je suis du voyage par la pensée avec vous ;
Bon vent et grosses bises .
Christian.
Merci!
On est content de savoir que vous suivez nos aventures!
Christian,
J’ai oublié de te mentionner un fait intéressant: Korrigan est fait d’Aluminium « Pechiney »! Oui, Oui!
J’ai trouvé une inscription sur un beam dans la cale!
Bises,
Daphné