Ria de Aldan
Les prévisions de vent pour aujourd’hui, dimanche, étaient grossièrement surestimées : On passe d’une possibilité d’un bon 25 nœuds à une douzaine de nœuds, sous un ciel bien gris et un air très humide. Malheureusement, nous ne pouvons profiter de cette brise pour se rendre à notre prochain mouillage car nous avons le vent exactement dans le nez. Les bateaux de voyage, et en particulier les dériveurs comme les OVNIs, sont très mauvais à cet exercice. On a souvent tendance à « tirer des bords carrés » comme on dit dans le jargon de la voile, c’est-à-dire faire des zigzags face au vent très inefficaces (genre, 120 degrés d’un bord sur l’autre). La distance étant courte, on y va au moteur. Nous n’avons que 12 miles nautiques à faire, soit environ 2 heures. Lorsque nous approchons la sortie de la ria, la houle commence à rentrer très fort et nous ne tournerons dans la ria de Aldan qu’au dernier moment, lorsque nous serons protégés par la pointe qui se situe à son entrée. En effet, lorsque la houle est forte, la dernière chose que l’on souhaite est d’être travers à la houle : Dans ces conditions, nous sommes facilement malades et tout vole dans le bateau. Nous choisissons une crique comportant 3 ou 4 petites plages, bien protégées par une pointe rocheuse car la houle a la fâcheuse tendance à contourner les caps et venir vous embêter au mouillage là où l’on penserait être tranquille. L’approche se fait avec extrême précaution car, une fois les rangées de viveros traversés, l’endroit est très rocheux et je suis confiant que toutes les roches ne sont pas cartographiées. Heureusement, nous sommes à mi-marée (marée basse aurait été préférable), ce qui nous permet d’apercevoir des roches sournoises ou de les détecter avec les remous en surface. L’endroit est très calme, nous sommes évidemment seuls. Par contre, le temps maussade et humide nous engage peu à aller sur la plage. Nous remettons cela à demain et sortons les jeux de cartes (…et l’apéro!).
Comme c’est souvent le cas, lundi rime avec retour du beau temps après un week-end moche. Malheureusement, l’école ne se passe très bien ce matin et les cours déborderont largement sur l’après-midi, ponctués par cris et pleurs. Ambiance. Daphné fait de son mieux pour rattraper le tir de cette journée mal commencée avec un pique-nique à la plage. Ça sera très agréable et l’endroit est superbe. Malheureusement, pas de photos car ma carte mémoire d’appareil photo a définitivement rendu l’âme aujourd’hui. Dommage. J’espère en trouver une autre rapidement car je n’avais pas anticipé qu’elle pourrait faire défaut et je n’en ai pas d’autre. Après notre après-midi sur la plage et la bonne humeur revenue, nous nous préparons déjà à partir pour Baiona. En effet, le coup de vent prévu pour demain et après-demain semble très sérieux et nous voulons avoir un abri sûr. Baiona est à une quinzaine de miles nautiques d’ici vers le Sud. Nous devrons ensuite revenir sur nos pas pour aller aux îles de Cies mais la baie de Baiona qui est très fermée nous offre le meilleur abri pour les prochains jours.
Les Photos
Baiona
C’est encore au moteur que nous nous rendons à Baiona. Comme la veille, nous avons le vent exactement dans le nez. La houle a encore un peu grossi et nous chahutera copieusement jusqu’à ce que nous soyons à l’abri des îles de Cies. À partir de ce moment, elle ne cesse pas mais nous vient de face et non plus de travers. Nous longeons les îles de Cies d’un côté et la ria de Vigo de l’autre. En sortent de nombreux gros bateaux : Cargos, bateaux de croisière, etc. Il nous faut ensuite contourner de gros récifs avant de piquer vers la baie de Baiona. Ces récifs, situés en avant de la pointe qui gardent la ria de Vigo prennent la houle Atlantique de plein fouet et il s’y lève des vagues énormes qui brisent en une mer d’écume de plusieurs kilomètres. Très impressionnant. J’aimerai voir ce que ça va donner demain lorsque le coup de vent passera….En arrivant dans la baie de Baiona, la vue de 2 autres voiliers au mouillage nous encourage à nous mettre à l’ancre plutôt que de rentrer à la marina. Il faut dire que les 2 marinas de Baiona (marina municipale et le prestigieux Royal Yacht Club) sont réputées pour leurs tarifs prohibitifs et leur accueil d’oursin. Comme il s’agit d’un fond de sable et vase, nous sommes confiants que nous resterons solidement ancrés quand le vent soufflera. Celui-ci ne tarde pas à se manifester : Dès le soir, le vent monte et Korrigan commence à tirer solidement sur son mouillage à chaque rafale qui descend de la colline en face de nous. Le vent s’établit à un bon 30 nœuds dans la nuit et nous sommes tirés de notre sommeil au petit matin par des bruits de chaîne suspects. J’hésite à aller voir car j’ai pleine confiance dans notre nouvelle main de fer, mise en place à Audierne après la perte de l’ancienne. Je m’habille et y va malgré tout pour rassurer Daphné qui trouve cela bizarre. Il pleut des cordes, le bateau tire sauvagement sur son ancre dont la chaîne est bien tendue malgré les 30 mètres que j’ai déroulés dans seulement 6 mètres d’eau (plus on met de chaîne, mieux ça tient). Je ne vois rien d’anormal et retourne me coucher. En remettant mes boules quies, je dis à Daphné qu’il n’y a rien à craindre et qu’on peut dormir sur nos deux oreilles. Je termine à peine ma phrase que nous entendons le bruit de la chaîne qui se déroule en grand. Voilà que ça recommence! Croyez-moi, dans ce genre de situation, on s’habille et sort aussi vite que lorsque l’on sent une odeur de brûlé dans la maison en pleine nuit! Je resserre le guindeau pour arrêter l’hémorragie de chaîne à l’eau et j’essaye de comprendre ce qui s’est passé. En fait c’est simple: La main de fer était seulement attachée au cordage solidaire du bateau par une surliure. Celle-ci s’est défaite sous les à-coups. La main de fer est certainement toujours sur la chaîne, mais au fond de l’eau. Daphné démarre donc le moteur et nous avançons péniblement vers notre ancre pour retrouver les quelques 10 ou 15 mètres qui viennent de se dérouler. Dans du vent qui souffle à plus de 35 nœuds, c’est laborieux et il faut faire pas mal ronfler le moteur…. C’est d’ailleurs lui qui réveille Phoebé qui, en bon petit matelot, s’habille de la tête au pied et vient nous retrouver dehors, en pleine nuit: Elle pensait que nous allions au port et qu’on avait besoin de son aide pour l’amarrage ! On est bien impressionnés, mais pas surpris: On a toujours pu compter sur elle! Pendant que Phoebé retourne se coucher, nous retrouvons notre main de fer sur la chaîne, la refixons sur le cordage avec un solide nœud de chaise et retournons au lit. La journée du mardi sera beaucoup moins riche…et beaucoup plus statique: Pendant toute la journée, il pleut des cordes et le vent ne descend jamais sous les 30 nœuds. Je serai le seul à mettre le nez dehors 2 ou 3 fois pour vérifier que tout va bien à l’extérieur. Juste assez pour apercevoir mon voisin anglais avec qui on échange des gestes de désespoir en direction du ciel. Il semble y avoir un petit enfant sur ce bateau. Intéressant…. Après l’école, les filles joueront toute la journée aux Legos et aux Barbies. Daphné passe toute la journée à fabriquer de jolis petits habits de Barbie en crochet. Les filles sont ravies! Le soir, c’est séance cinéma avec James Bond. Lorsque nous nous couchons, le vent n’a toujours pas faibli, ni la pluie.
Mercredi matin, le vent est plus faible, mais il pleut toujours. Après l’école, je profite d’une accalmie pour aller vider le dinghy qui s’est alourdi de plusieurs kilos d’eau depuis 36 heures. Alleluia! En fin de matinée, j’aperçois un coin de ciel bleu qui, le temps du lunch, gagne rapidement du terrain. Cette fois-ci, ce sont des signes de victoire que j’échange avec mon voisin anglais. Lorsque nous partons à terre, le ciel est presque complètement dégagé. Au passage, nous passons faire connaissance de nos voisins anglais. Nous faisons connaissance de Peter, Anglais, de sa femme Lucia, Italienne, et de leur petite fille Béatrice qui a 4 ans. C’est agréable de socialiser un peu, surtout après avoir été cloîtré pendant une journée et demie. De plus, nous n’avons pas fait de nouvelles connaissances depuis notre départ de France lorsque nous nous sommes séparés de nos amis de Genesis. À Baiona, nous commençons par accomplir les tâches utilitaires – poubelle, recyclage, courses, recherche de laverie – avant de revenir pour s’y promener. Par chance, je trouve une carte Compact Flash pour mon appareil photo dans un petit magasin de photo. Par contre, pas de laverie, nous devrons encore attendre un peu et économiser le linge. Après avoir déposé nos victuailles au bateau, nous retournons à terre visiter le fort qui est situé sur la pointe qui garde l’entrée de la baie. Baiona est une ville historique célèbre en Espagne car c’est ici que Christophe Colomb est revenu après avoir découvert l’Amérique. Nous entamons le tour de la presqu’île fortifiée. La promenade est très bien aménagée et la vue sur la mer, encore déchaînée après ces 2 journées de vent fort, est superbe. Les grosses vagues du large viennent se briser au pied des fortifications. La lumière d’après tempête éclaire magnifiquement la pierre des murailles et les beaux jardins qui ont été aménagés tout autour. Autant la ville est fade avec ses immeubles de bêton et ses airs de nouveau riche, autant cet endroit est apaisant et plein de charme. Autre bonne surprise, à la fin de la promenade, nous découvrons de l’autre côté du fort un immense parc pour enfants…et adultes. Il y a en tout 4 parcs : Un où l’on trouve des machines de musculation pour le maintien de la forme des adultes et 3 parcs pour enfants dont un parcours de santé. Cet espace de loisirs ne serait parfait sans….. »La Tyrolienne infernale !! ». La voici en image avec Éléa et Phoebé :
En retournant au bateau, nous nous arrêtons sur le bateau anglais – Sula, pour les inviter à l’apéro. Mmmm… un peu tard, ils ont fini de souper et la petite est prête à aller se coucher. Il faut vraiment qu’on se recale…. On passera une bonne heure à bord à discuter, échanger des conseils sur les mouillages de la région et plus au Sud : Peter et Lucia ont déjà voyagé pendant 4 ans sur un autre voilier et sont pleins de conseils sur les mouillages qui nous attendent plus au Sud. Ils nous conseillent d’ailleurs de ne pas aller à l’onéreuse marina de Porto mais plutôt d’aller ancrer dans le port de commerce de Leixoes, situé dans la banlieue Nord de Porto. Très bon conseil qui nous économisera 60 euros par nuit ! Peut-être nous nous retrouverons là-bas.
Jeudi matin, réveil en fanfare sous les décorations qui ont envahies le carré de Korrigan : Nous sommes le 17 Septembre et Phoebé a 9 ans ! Elle a négocié de ne pas avoir école le jour de son anniversaire, alors nous décampons rapidement pour nous rendre vers les tant attendues îles de Cies.
Les Photos
Isla de Cies
C’est le calme plat après la tempête ! C’est donc encore au moteur que nous couvrirons les 8 miles nautiques qui nous séparent de la magnifique plage de l’isla de Carabelos. Le choix du mouillage est vite fait car l’autre île est une réserve naturelle où l’accès est théoriquement interdit. Si le vent est absent, la houle est encore tellement grosse que nous ne pourrons nous rendre vers notre destination en ligne droite : Une fois encore, la ligne droite nous aurait positionnés parallèlement aux énormes vagues. Situation inconfortable, vomitive sinon dangereuse. Nous tirons donc un grand bord vers le large afin de revenir vers les îles aves les vagues sur notre ¾ arrière. Nous arrivons pour l’heure du lunch. Pour le moment, nous sommes absolument seuls devant cette magnifique plage de sable blanc. C’est splendide. Avant d’aller à terre : Préparation du repas d’anniversaire solaire : Ça sera poisson aux épices en papillote solaire, accompagné de pommes de terre et poivrons solaires, suivis d’un brownie aux épices solaires que nous préparerons à notre retour de randonnée. Une fois le repas installé dans le four solaire sur le pont, nous partons pour le sommet de l’île sur lequel trône un phare et une belle esplanade. La promenade vers le sommet situé à plus de 200 mètres au-dessus du niveau de la mer est très agréable. On longe d’abord une lagune qui constitue une sorte d’aquarium naturel puis une bonne partie de la marche s’effectue dans la forêt, très variée en espèce : On y retrouve aussi bien des arbres d’Europe du Nord (marronniers, chênes, etc.) que des essences plus sudistes, tels les eucalyptus. Plus loin, le chemin nous emmène vers des roches transformées en gruyère par le vent salin. On y apprend au passage que l’île est peuplée depuis la préhistoire. La fin du parcours est un chemin escarpé en épingles à cheveux qui nous emmène au phare. Je ne peux m’empêcher de faire la montée vers le phare en courant! La descente est assez rapide et de retour au bateau, nous ne sommes plus les seuls: Plus d’une douzaine de bateaux, toujours principalement des Européens du Nord mais aussi un curieux petit catamaran canadien nous on rejoint. Après la préparation du gâteau solaire, place à la danse sur le pont avant puis à une belle soirée en famille autour de la table du carré. Phoebé est ravie de sa boîte de Légo qui l’avait tant faite rêver à l’île d’Yeu (et avait mystérieusement disparu du magasin…). Nous espérons lui avoir offert une belle journée d’anniversaire, malgré l’absence de ses amies d’école qui lui manquent toujours beaucoup. Seuls les douaniers qui, à la nuit tombante sont arrivés de Vigo pour contrôler les bateaux au mouillage auraient pu troubler cette belle soirée, mais ils ne viendront pas nous rendre visite.
Vendredi matin, après l’école, je pars refaire la promenade de la veille en courant. J’ai tellement pris goût à la course en côte sur le Mont-Royal à Montréal que je ne peux pas manquer cette occasion. Les citadins venus de Vigo qui suent dans leurs jeans à marcher vers le sommet me dévisagent avec incrédulité. Tant pis, moi je jubile. L’après-midi se passe tranquillement sur la plage malgré la fraîcheur qui s’est installée. Le vent du nord qui doit nous pousser vers Porto est en train de bien s’établir et il ne fait vraiment pas chaud malgré le soleil. Partants ce soir, nous ne pourrons nous joindre aux autres voyageurs à la voile qui se regroupent sur la plage autour d’un barbecue. Il y a surtout des Suédois, mais aussi des Allemands et des Hollandais. Pour la première fois, nous sommes au milieu de bateaux qui voyagent, et non pas des bateaux en croisière estivale. C’est chouette, ça donne le ton aux futures escales entre familles de voyageurs. Quant à nous, nous soupons tôt et nous affairons à ranger le bateau car nous partons dès ce soir pour Porto : Environ 70 miles nous séparent de Porto : Trop pour une journée si on ne veut pas arriver de nuit. En outre, voyager de nuit sera indolore pour les filles qui s’ennuient souvent pendant les longues navigations (surtout Éléa qui ne sait pas encore lire) et cela nous permettra de profiter de la journée du samedi, moyennant une petite sieste. En effet, nous sommes sérieusement en retard sur notre planning initial et nous essayons d’optimiser le temps tout en profitant de nos escales. Par-dessus cela, il faut avouer que nous avons apprécié les navigations de nuit qui, malgré la fatigue qu’elles génèrent, offrent de merveilleux moments de solitude et de méditation.
Un régal ce rapport autour des 9 ans de la Souris… Lu au réveil ce 3/10 à La Buse…je partage tout..
Cris et pleurs à l’école ?!?
Si quelque chose ne va pas il faut mettre vos mini poupées sous l’oreiller comme je l’avais expliqué, elles seules ont le pouvoir de relativiser le stress…
A La Buse : feu de foyer et test du chauffage, comme sur Korrigan on s’assure de bien appréhender la meteo. Michel parti en loup solitaire et en quad sur les collines. Fatigué, il remet au week end de l’Action de Grâces les travaux dans le boisé et la prépa des modifications du plan de travail à La Buse à Sucre. Faire et défaire… À Cœur Vaillant et Idées Nouvelles, rien n’est vraiment définitif. Soleil, vent, 10C.
Ce four solaire a l’air de très bien fonctionner, à installer sur Jet Bleu ?
Vous êtes bien beaux tous les 4 presqu’autant que les photos du Maestro. On voudrait voir les Barbies relookées Crochet.. Est-ce qu’Éléa dort avec ses colliers ??
Bons becs, vais dans mon boisé mettre un peu d’ordre dans la Nature.. Č.
C’est un régal de lire votre aventure, et bravo pour ce challenge!
Bises, la lointaine cousine marseillaise…