Sintra (28 Septembre 2015)
Tel que convenu, nous partons donc tôt ce matin pour Sintra. Le centre commercial situé en arrière de la plage abrite le terminal d’autobus. Nous prenons toutes les précautions nécessaires pour amarrer notre dinghy au quai du port sans risquer que celui-ci ne se fasse écraser à la marée haute : En effet, la veille, nos voisins se sont fait coincer leur annexe sous le quai à la marée montante. Un peu plus et il coulait, le moteur avec. Le bus qui se rend à Sintra est un bus urbain, classique, alors que Sintra est un village assez distant situé en pleine campagne, dans les montagnes. Le paysage est très beau, avec de la belle forêt, entrecoupée de petits villages. À l’approche de Sintra, nous nous retrouvons enveloppés d’un épais brouillard, a priori, assez caractéristiques de la région. Heureusement, il se dissipera assez rapidement dans la matinée. Nous arrivons dans le cœur de Sintra, à la gare. Cette ville, depuis longtemps réputée par ses nombreux châteaux est reliée à Lisbonne par une ligne de chemin de fer depuis la moitié du XIXème siècle. Pour mieux situer le contexte de notre visite à Sintra, voilà un bref aperçu de l’histoire de cette ville. Les montagnes de Sintra sont peuplées depuis la nuit des temps: Les fouilles archéologiques ont montré des vestiges du paléolithique et de périodes préhistoriques plus récentes, mais ce sont surtout les Maures qui lui donnèrent une importance stratégique: Ils y construisirent le premier château fort, sur le sommet de la montagne surplombant la vieille ville actuelle de Sintra. Après de nombreux épisodes guerriers au cours desquels la ville passa des Maures aux chrétiens, ce n’est qu’en Octobre 1147 qu’Alfonso Henriques la reprit définitivement. Il fit alors bâtir la belle chapelle de Sao Pedro de Canaferrim, adossée aux murailles du fort mauresque. Les vestiges de cette chapelle, que nous avons visitée, abrite un petit musée relatant les diverses découvertes archéologiques faites en ces lieux. Ensuite, un monastère y fut établi sur la colline avoisinante. Ce sont sur ses ruines que fût construit bien plus tard (au XIXème siècle), le clinquant château de Pena que nous avons visité. Entre temps, la proximité de Lisbonne augmenta l’attrait de cette ville où fut érigé au XVème siècle le palais de Sintra qui, transformé au fil des siècles demeura la résidence de la famille royale jusqu’au XIXème siècle. Sans plus s’étendre sur le sujet, Wikipédia est là pour cela, cette présence couronnée pendant de nombreux siècles ne fit que développer le patrimoine architecturale de la région qui compte désormais de nombreux châteaux et palais répartis dans le parc naturel de Sintra-Cascais, classé Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.
N’étant à Sintra que pour la journée, nous devons faire des choix. Parmi nous tous, personne n’apprécie guère la ville et la foule, nous faisons l’impasse sur le palais royal et la vieille ville, bondée de touristes. Nous la traversons juste pour trouver un petit chemin qui monte dans la forêt vers le château de Mouros (littéralement, le château des Maures). À la sortie de la ville, nous observons une fontaine très particulière. Il s’agit d’un beau monument construit à flanc de montagne d’où sort une source d’eau naturelle. Des habitants de Sintra s’y affairent en remplissant des bidons d’eau, comme on doit le faire ici depuis des siècles. Une curieuse grille de fer forgé barre une entrée de tunnel qui s’enfonce dans la montagne. Vers quel château va-t-il? Vu la tumultueuse histoire de ces lieux, il doit y avoir de nombreux passages secrets! La montée vers le château mauresque est très agréable, dans la forêt. De temps à autres, nous apercevons en contrebas une belle demeure d’un autre siècle. Certaines sont très bien entretenues, complètement rénovées, d’autres à l’abandon, comme nous avons pu observer à Porto. Les filles s’occupent en chemin en ramassant de belles châtaignes, qu’elles épluchent patiemment et mangent crues. Elles sont délicieuses, mais il ne faut pas en abuser crues. Notre marche nous mène à la chapelle que je mentionnais plus haut et aux fortifications du château. Nous ne les visiterons pas car les tarifs d’accès sont prohibitifs, ne serait-ce que pour accéder aux murailles. Nous nous trouvons plutôt un endroit tranquille le long du chemin pour pique-niquer, au grand bonheur des petites filles qui commencent à fatiguer de la marche à pied, surtout Béatrice, la plus petite. Une fois rassasiée, toute la petite troupe reprend la marche vers le fabuleux château de Pena et son parc. Ce dernier, encore libre d’accès il y a quelques années est maintenant payant. Nous décidons donc de ne payer que pour visiter le parc et admirer le château de l’extérieur. Le château de Pena et son parc sont les témoignages les plus éloquents de la période romantique du XIXème siècle au Portugal. Le parc, qui s’étend sur des hectares, comprend entre autres, une vallée de lacs, un jardin de fougères, un jardin de théier, etc. Le tout est très structuré, tout en laissant libre court à la nature. C’est étonnant comment tout semble naturel alors que complètement façonné par la main de l’homme. Nous commençons tout d’abord notre visite par celle du château. Il ressemble à un château de contes de fées, avec ses couleurs vives et sa juxtaposition de nombreux style architecturaux : Oriental, gothique, baroque, etc. Bref, le tout ressemble à un grand délire architectural que l’on ne penserait voir que dans un parc d’attraction Disney. Les photos qui suivent parlent d’elles-mêmes. Alors que nous visitons les alentours du château, l’expresso va à nouveau s’avérer un fort bon investissement: Pour surmonter l’envie de sieste du début d’après-midi, je me dirige vers le restaurant et café du château situé sur une des terrasses. De là, surprise, on peut accéder aux terrasses et visiter le château (sauf les pièces intérieures). Le reste de la troupe me rejoint et nous pouvons ainsi visiter les terrasses et le chemin de ronde qui surplombe toute la vallée, le parc et le château de Mouros. Chaque perspective sur le château est différente et nous en profitons pleinement, appareil photo à la main. Une fois cette visite terminée, nous repartons discrètement par le même chemin, celui de la terrasse du café pour rejoindre le parc. La visite de celui-ci pourrait facilement justifier une excursion d’une journée. Nous commençons par aller explorer une étonnante caverne et son réseau de tunnel souterrain, creusés dans la roche. Il semble y en avoir plusieurs dans le parc. Nous poursuivons ensuite vers un petit lac et traversons ensuite la Fougeraie de la reine. Cet endroit est magnifique, avec des fougères immenses, dont certaines coiffent d’immenses rochers d’une drôle de chevelure. Nous finissons la visite par la vallée des Lacs où l’on trouve de nombreux canards et d’étonnants cygnes noirs. De là, fourbus, nous reprendrons un bus qui nous redescend en ville. Le retour vers Cascais fut moins confortable que l’aller, l’autobus étant plein à craquer: Nous passerons les 45 minutes du trajet debout, alors que les 3 petites filles se tassent dans un coin, plus ou moins assises.
Les Photos
Lisbonne (29 Septembre 2015)
Le lendemain, mardi 29, nous repartons dès le matin vers Lisbonne. Notre principale motivation pour refaire aussi rapidement une sortie, est de se rendre à l’ambassade du Cap-Vert pour y obtenir nos visas. Celle-ci est accessible par le train, moyen de transport le plus aisé pour rejoindre Lisbonne depuis Cascais, moyennant une marche d’une 20aine de minutes. Nous devons tout d’abord aller faire des photos de passeport au centre commercial avant de prendre le train pour Lisbonne. Notre départ un peu précipité augure mal pour la visite de la ville: Nous n’avons ni plan ni guide touristique de la capitale. La gare de train de Cascais est elle aussi située juste à côté de notre mouillage. Après une brève attente, nous embarquons dans le train de banlieue qui rejoint Lisbonne après avoir traversé l’autre station balnéaire, Estoril. Nous marchons vers l’ambassade sur ces typiques trottoirs en petites pierres blanches, comme nous en avons vu partout au Portugal jusqu’à présent. Je trouve que ces petites pierres font une grosse différence dans le paysage urbain. Forcément moins lisses que du bitume, les trottoirs adoptent des courbes et des vallons au gré des racines d’arbres et des travaux divers qui, chez nous, donnent lieu à de nombreux patchs, pas toujours élégants. Que dire de ceux qui font ces réparations? Les pauvres bougres, chez nous, respirent à longueur de journée des vapeurs cancérigènes de bitume alors que l’homme que j’observe en train de réparer un trottoir après un raccordement d’eau ou de gaz ressemble à un artiste mosaïste : Armé d’un petit marteau à bout pointu, il retaille d’un coup sec les cubes de pierre pour assembler au mieux les morceaux de pierre. Ceux-ci, posés sur du sable sont ensuite joints d’un mortier. Toute réparation est faite avec les mêmes pierres et est non polluante. Nous devrions en prendre de la graine. Nous arrivons rapidement à l’ambassade. Après environ trois quarts d’heure d’attente, nous voilà face à la fonctionnaire qui va s’occuper de nos visas. Surprise, il faut s’acquitter de plus de 45 euros par visa! Payable en liquide uniquement. Évidemment, nous n’avons pas cette somme avec nous. Je cours donc vers la banque la plus proche, environ 10 minutes pour un bon coureur. Là, désarroi: Ma carte bancaire ne me laisse pas retirer d’argent. J’essaye en vain plusieurs montants. Nous avons dû dépasser notre maximum de retrait en Europe. Vive les banques et leur contrôle. Dépité, je retourne à l’ambassade et nous reprenons nos passeports en convenant de revenir demain. Cela pousse la date d’obtention des visas à dans une semaine, ce qui ne nous ravit pas. Dépités, nous ne nous rendons même pas compte que nous sommes juste à côté de la belle Tour de Belem, qui, les pieds dans l’eau du Tage, est un des beaux monuments de Lisbonne. Nous reprenons un bus et traversons un beau quartier touristique du même nom. Deuxième erreur (après l’absence de guide touristique), n’ayant pas pris de passe illimitée pour les transports en commun, nous continuons vers ce qui nous semble être le centre-ville de Lisbonne. Mauvais choix : Il n’y a en fait pas de réel centre-ville historique mais plusieurs quartiers ayant une certaine valeur touristique. Malheureusement, ceux-ci sont tous très éloignés les uns des autres et passer de l’un à l’autre ne se fait sans traverser des quartiers horribles où le trafic est intense et les immeubles en bêton affreux. Nous arriverons finalement, un peu par hasard, à la basilique d’Estrela que nous visitons ainsi que le parc qui la jouxte et porte le même nom. Étant dans un quartier plus historique, les trottoirs sont désormais ornés de frises et motifs, tous originaux. Le parc est à la hauteur des autres parcs portugais que nous avons visités à ce jour. Riches en essences et structurés tout en laissant place à la nature de s’exprimer. J’y aborde des touristes françaises qui, elles, ont un guide touristique à la main. Je photographie les plans les plus importants avec mon téléphone afin d’essayer de trouver les quartiers attrayants de la ville.
Forts de ces précieuses informations, nous repartons en direction du Bairro Alto, beau quartier historique (et touristique), tout en dénivelé où l’on peut trouver un ascenseur urbain du XIXème siècle ou encore un tramway à crémaillère. Nous faisons une petite halte dans une excellente pastelleria ou nous testons d’autres bonnes pâtisseries portugaises. Ce commerce semble très ancien et tous ses murs sont ornés de belles céramiques peintes. Nous visions aussi rapidement une église, l’igreja de Sao Roque, le temps de constater à nouveau à quel point les églises portugaises sont chargées en dorures. Celle-ci excelle en la matière, en particulier ses encensoirs ornés d’une multitude angelots dorés. Par contre, celle église présente une particularité intéressante, son magnifique plafond de bois peint. Nous descendons ensuite vers le fleuve, en empruntant des ruelles en escalier et pavé gris comme il semble y en avoir tant dans Lisbonne. Les rayons du soleil de fin d’après-midi donnent à ces pavés un éclat magnifique avec lequel je m’amuse beaucoup à travers mon objectif. Nous atteignons ainsi la fameuse Rua Augusta, immense artère piétonne se terminant par un immense arc de triomphe avant de déboucher sur le fleuve. L’arc de triomphe est bordé de beaux bâtiments aux arches impressionnantes, hautes de plusieurs étages. De cette esplanade, nous avons une vue imprenable sur le pont suspendu de Lisbonne qui ressemble à s’y méprendre au Golden Gate Bridge de San Francisco. Malheureusement, il est déjà tard et nous devons penser à reprendre le chemin de Cascais. En chemin vers la gare, nous découvrons un charmant magasin de sardines, exposant toutes les grandes marques portugaises. Les prix sont très touristiques mais toutes ces boîtes colorées sont très photogéniques. Évidemment, cette ville aurait mérité que nous nous y attardions plus, mais notre léger manque d’organisation et le fait de voyager avec des enfants rend difficile la visite des villes. Pour ma part, j’aurai la « chance » d’y revenir la semaine prochaine pour venir chercher nos visas, expédition que je conterai dans l’article suivant du blog.
Moi qui vous croyait aux Canaries…! Cela aurait bien été dommage de rater tout ça.
Superbes photos !
Pour tout dire, nous sommes physiquement aux Canaries, mais nous en sommes encore au Portugal pour le journal de bord !