Isla de Lobos (20-21 Octobre)
La matinée de mardi est une longue matinée d’attente. En effet, le responsable technique du port doit nous aller remplir plusieurs bonbonnes de gaz de plaisanciers et nous la ramener afin que nous puissions quitter Arrecife. Nous ayant promis d’y aller dès 8 heures du matin, il ne part finalement qu’à 11 heures et nous la ramène peu avant 14 heures. Forcément, ça compromet un peu le programme de navigation de la journée, le soleil se couchant à 19 heures. Comme nous sommes sur le pied de guerre, pressés de partir, nous décollons dès que nous avons les précieuses bouteilles à bord. Aujourd’hui, le vent est toujours du Sud, comme c’est le cas depuis 6 jours maintenant. Le vent est léger mais suffisant pour que nous remontions au près vers le Nord de l’île de Fuerteventura où se situe la petite « île aux loups », Isla de Lobos en espagnol. Elle doit son nom à la présence de loups de mer dans ses eaux, malheureusement disparus depuis. Plus nous avançons vers le détroit entre les îles de Lanzarote et de Fuerteventura, plus le vent nous est favorable, nous rapprochant sans cesse de notre but. Nous poursuivons ainsi ce bord interminable pendant la majeure partie de l’après-midi. La ligne de pèche est l’eau mais nous n’attraperons encore rien aujourd’hui. Vers la fin de la journée, le vent tombe et nous finissons au moteur pour faire les derniers miles. En effet, nous préférons ne pas arriver de nuit dans ce mouillage qui semble quelque peu délicat. La portion où nous pouvons ancrer est très limitée : La zone de mouillage est réputée être pleine de corps-mort pour les bateaux de promenade, plus proche de l’île, c’est de la roche dans laquelle l’ancre n’accrocherai pas vraiment, à droite et à gauche déferlent 2 grosses vagues sur des récifs. C’est d’ailleurs un spot de surf réputé. C’est tout dire ! Nous arrivons à la nuit tombante. Seule compagnie pour la soirée, un gros voilier en aluminium franco-maltais, faisant probablement du charter dans les îles. Heureusement, la houle n’est pas trop forte aujourd’hui car nous n’en sommes absolument pas protégés. Nous secouons gentiment, mais c’est supportable.
Nous passons quasiment toute la journée du mercredi dans l’eau, à se baigner, aller voir les poissons dans les récifs ou se promener en SUP. Il faut dire qu’après 5 jours dans un port, la baignade nous manque beaucoup. Nous n’avons pas le courage d’aller à terre, même si il y a quelques attraits comme un petit port au milieu des roches et une grande plage quasiment fermée à marée basse par une barrière de récifs. Les filles sont fascinées par les poissons qu’elles découvrent le long du récif. Phoebé pousse de grands cris à chaque poisson (!!) et Éléa se débrouille super bien à nager avec son masque. En regardant sous l’eau, elle a une position parfaitement allongée et nage très bien. Pour ma part, je fais une tentative de pêche à la traîne en SUP avec une des petites cannes à pêche que nous avons à bord. En 5 minutes, j’ai une touche et sors un petit poisson. C’est le seul qui se fera prendre au piège. Dommage, car grillé à la poêle, il était délicieux ! Je change donc d’activité et je vais tester mes habiletés en surf sur la vague voisine avec le SUP. Pas évident car il enfourne très rapidement (et je ne suis pas très doué !). Pendant la journée, les navettes se succèdent sans cesse pour déposer des touristes sur l’île, ainsi que les catamarans chargés de 50 personnes qui viennent faire des sorties d’une demi-journée sur l’île. Après une rapide baignade et un repas à bord, ils jettent tous les restes de bouffe par-dessus bord pour attirer les poissons. Très agréable pour nous…
Las Playitas – Gran Tarajal (22-24 Octobre)
Jeudi matin, nous décidons de quitter le mouillage qui est agité depuis la veille au soir. Nous faisons l’école et quittons pour Fuerteventura en fin de matinée. Le vent est toujours au Sud. Même si aucun vent fort n’est prévu, il y a peu de mouillages abrités avec cette orientation de vent. Nous hésitons à aller à Corralejo, au Nord de Fuerteventura, juste en face de Isla de Lobos : Le village a l’air sympa et à proximité d’un spot de kitesurf réputé. Finalement, notre choix se porte sur une petite baie de sable noir située plus au Sud de l’île, nommée Las Playitas. Comme la veille, le vent est léger et nous sommes au près. Cela fonctionne pendant un moment, mais rapidement le vent nous abandonne et nous devons continuer au moteur. C’est assez ennuyeux, surtout que le paysage manque cruellement de diversité : Tout comme Lanzarote, Fuerteventura est une île volcanique extrêmement aride, pelée, sur laquelle rien ne pousse. Les côtes sont assez abruptes et peu attirantes. Par moment, seuls de vastes complexes hôteliers viennent casser la monotonie du paysage. Pas pour le mieux. En effet, autant le développement immobilier de Lanzarote a été très contrôlé, Fuerteventura a vite cédé aux tentations du tourisme de masse, et ça paraît. En fin d’après-midi, je reprends les prévisions météo sur l’iridium. Rien de terrible mais on nous annonce 18 nœuds de vent pendant 3 heures environ en début de nuit. Certes nous serons exposés au vent dans le mouillage que nous convoitons, mais ça ne semble pas très inquiétant car assez bref. La prévision se confirme en fin de journée avec le retour du vent et le ciel qui se charge rapidement l’est. Ce sont de gros nuages d’orage, très sombres qui foncent sur nous. Avant que la pluie d’orage tombe, nous avons tout juste le temps de mouiller l’ancre dans cette charmante petite baie, située juste au pied d’une immense falaise sur laquelle se trouvent un phare et un sémaphore. L’orage est assez intense en pluie et vent, suivi d’un bel arc en ciel. À ce moment, nous pensons que la période de vent prévue pour la soirée était celle liée à l’orage. Grosse erreur : Pendant toute la soirée, la vague augmente dans la baie et le vent reste dans les 15 nœuds. Vers 21 heures, plutôt que de se calmer, le vent force…et la vague avec. Comme nous sommes mouillés dans très peu de fond, 5 mètres environ, ça commence à brasser sérieusement. Les filles sont couchées dans la cabine d’Éléa et nous passons le début de soirée à attendre, allongés, dans celle de Phoebé. Vers 22h30, nous commençons à penser à un plan B car la vague commence à déferler et malmène le bateau alors que le vent accroche maintenant les 25 nœuds. Dans ces moments, on a vraiment l’impression de s’être pris tout seul au piège. En effet, rester ici semble peu concevable et partir semble pas mal risqué car relever l’ancre dans ces conditions relève de l’acrobatie pour le barreur et celui qui manipule le guindeau. Les évènements décideront pour nous quelques minutes plus tard lorsque nous entendons la chaîne du guindeau se dévider en grand (encore !). Branle-bas de combat : Daphné démarre le moteur pour soulager le mouillage alors que je me précipite à l’avant pour la bloquer : Le cordage qui joue rôle d’amortisseur et reprend la tension de la chaîne s’est encore rompu en raguant violemment sur l’étrave. Avec les vagues qui déferlent sur le nez du bateau, il est très difficile de le garder face au nez et remonter la chaîne est extrêmement laborieux car le guindeau débraye lorsque la tension devient trop forte. Nous nous battrons pendant presque une heure pour arriver à remonter l’ancre et éviter l’échouage sur la plage, imminent avec les 60 mètres de chaîne à l’eau et l’ancre qui glisse. Dans le combat, nous couperons notre orin avec l’hélice (l’orin est un cordage fixé sur l’ancre qui permet de la décoincer si celle-ci est prise dans des roches) et perdrons la manivelle du guindeau. Maintenant, il faut arriver à partir d’ici : Moteur à fond, Daphné peine à garder le bateau face à la vague, de plus en plus grosse et notre vitesse sur l’eau est ridicule. Dans la nuit noire, nous devons aussi éviter un espace de cultures ostréicoles et nous éloigner un peu avant de pouvoir mettre les voiles. Pendant ce temps, j’organise le bateau et vérifie qu’aucun cordage n’est à l’eau : Une drôle de vibration provenant de l’arrière m’inquiète. Une fois encore, les évènements précipitent les choses : Moteur à fond, nous voyons la vitesse tomber à… 0 nœud. Encore un gros stress. À ce moment, je nous vois déjà dans la rubrique « Ça m’est arrivé » de Voiles et Voiliers ou voilà comment notre tour du monde s’est achevé aux Canaries ! Heureusement, en remettant au point mort et en embrayant à nouveau, notre vitesse reprend. Je monte vite la grand-voile à 2 ris, établi un peu de génois et nous entreprenons de remonter laborieusement au près pour éviter le grand cap de roches situé à l’entrée de la baie. Après une quinzaine de minutes, nous pouvons nous passer du moteur et être sur un cap qui nous permet de nous éloigner vers le large. À ce moment, nous voyons sur l’ordinateur un bateau qui se dirige à plus de 15 nœuds sur nous. Encore un peu de stress. Nous pensons qu’il s’agit des garde-côtes qui trouvent notre présence suspecte. Cette supposition semble se confirmer lorsqu’ils arrivent sur notre arrière en braquant un gros projecteur sur nous. Il s’agit en fait d’un bateau de sauvetage en mer qui a dû être alerté par le sémaphore. Celui-ci tiendra une veille radio avec nous pendant la prochaine heure pour s’assurer que nous sommes en maîtrise de la situation. Nous sommes impressionnés par leur professionnalisme. Après que nous nous soyons suffisamment éloignés des côtes, nous laissons le bateau à la cape et dérivons lentement pendant une partie de la nuit pour nous reposer un peu. Vers 5 heures du matin, je remets le bateau en route pour me diriger vers le port de Gran Tarajal que nous atteindrons au petit jour. Nous avons eu bien fait d’attendre le lever du jour pour entrer au port car la houle qui s’y engouffre est vraiment grosse et l’entrée est très étroite avec une seconde digue à passer avec la houle de côté. Après un déjeuner, je retourne me coucher et dormirai toute la matinée. Je me relève juste pour me doucher et prendre un petit lunch…avant de me recoucher à nouveau. Le stress de la nuit dernière m’a littéralement vidé. En fin de journée, nous partons découvrir la ville. Les guides la décrivent sans intérêt…et c’est ça qui la rend intéressante car peu envahies de touristes. C’est une petite ville tranquille qui longe une grande plage de sable noir le long de laquelle des enfants font des prouesses en bodyboard, profitant des grosses vagues qui se sont levées pendant la nuit. Nous trouvons en ville tous les commerces : Plusieurs bonnes boulangeries, un supermarché et un bazar où nous trouverons à prix modique tout ce dont nous avons besoin pour des petits travaux manuels des filles ou pour le bateau.
Samedi matin, je suis à nouveau d’attaque et plonge pour vérifier l’état de l’hélice et de son arbre. Par chance, tout est correct. Après quelques menus travaux et nettoyage du bateau, nous repartons vers la ville. Sur le chemin, nous rencontrons un couple de jeunes français qui navigue sur un bateau qui m’intrigue. Après vérifications, c’est encore un bateau que j’ai vus dans la revue Loisirs Nautiques. Sequoia est beau bateau en contreplaqué (strip planking) au design classique mais aux lignes résolument modernes qui le rendent très performant. Eux comme d’autres personnes sur le port nous confirment que le coup de vent de la veille n’était absolument pas prévu et avait pris tout le monde de cours : Dans le port aussi, la houle est entrée et a malmené les bateaux (pas autant que nous quand même…). Ensuite, nous nous arrêtons dans le restaurant de l’association des pêcheurs. Nous y mangerons un assortiment de poissons grillés absolument délicieux, accompagnés des fameuses petites sauces épicées canariennes. Après cet excellent repas, nous continuons notre chemin jusqu’à la ville où les filles retournent faire quelques courses pendant que je vais dans profiter d’une connexion wifi dans un bar le long de la plage pour mettre à jour le blog. Le soir, nous étrennons notre barbecue en faisant griller du poulet. Le seul inconvénient du barbecue au port, c’est que le bateau n’est pas orienté dans le sens du vent et la fumée s’engouffre dans le bateau. En tout cas, les filles sont ravies (et moi aussi !).
Sotavento (25-28 Octobre)
Dimanche matin, nous partons avec nos nouveaux amis de Sequoia vers la Costa Calma, longue côte de sable au Sud de Fuerteventura le long de laquelle on trouve le fameux spot de windsurf et de kitesurf de Sotavento : Une étape de la coupe du monde de planche à voile s’y déroule chaque année depuis 35 ans. Le vent est quasi nul aujourd’hui. Nous partons sous génois puis le vent tourne un peu et avançons un peu sous spi, motivé par nos comparses, bien plus rapides, qui arrivent quand même à glisser dans cette légère brise. Nous irons même jusqu’à nous baigner en mer derrière le bateau avec les filles tellement nous nous trainons. Finalement, nous abandonnons et continuons au moteur : Nous voulons profiter de la plage aujourd’hui car nous savons bien que les périodes de navigation ne sont pas ce que préfèrent les petites filles. L’arrivée sur la Costa Calma est immanquable avec des hôtels à perte de vue jusqu’aux grandes dunes qui longent la lagune de Sotavento. Comme le temps est très calme, nous mouillons devant la plage de Sotavento. Enfin, des belles grandes plages de sable fin, de l’eau turquoise. Malgré le vent hyper léger, je ne peux m’empêcher d’essayer mon nouveau kite. Évidemment, le vent me permet de partir, mais pas de remonter au près. Heureusement, nous avons l’annexe pour la sécurité. Pendant ce temps, les filles se baignent et jouent dans les petites vagues qui déroulent sur la mince bande de sable qui sépare la mer de la lagune. Le soir, nous irons prendre l’apéro sur Sequoia qui nous a finalement rejoints.
Pendant les 2 jours suivants, nous alternons plage et kite dans du vent léger. La lagune se vidant quasiment complètement à marée basse, ça complexifie un peu les choses car le vent à tendance à monter…quand la marée baisse. Comme le vent souffle de terre, c’est beaucoup plus sécurisant de rester dans la lagune pour ne pas dériver au large. Lorsque le vent est assez fort, j’en profiter pour aller sur la mer et m’amuser dans les petites vagues. Pendant ce temps, les filles s’amusent sans se lasser entre les vagues côté mer et l’eau hyper chaude côté lagune. Par contre, Daphné peine pas mal à retrouver ses marques en kite dans les conditions de vent très léger. Heureusement, le mercredi, le vent se renforce pour souffler dans les 15-20 nœuds et la marée s’est décalée assez pour profiter de la lagune une bonne partie de la journée. Idéal pour le kite, moins pour le bateau : Nous voilà encore très exposés aux vagues et le bateau se fait pas mal secoué. Nous partons à terre en annexe. Pendant que Daphné peut enfin s’amuser en kite dans la lagune, les filles et moi devons nous battre avec l’annexe : En effet, avec les vagues et un coefficient de marée un peu plus important, il n’y a plus de plage et les vagues entrent dans la lagune. J’improvise une ancre avec un bidon de lessive trouvé sur la plage que nous remplissons de sable. Par contre, le temps se voile, la pluie arrive et les filles commencent sérieusement à se geler, jusqu’à grelotter, les lèvres bleues. Pas évident de repartir vu la taille des vagues qui cassent sur la plage. Je prends quand même le risque et arrivons à embarquer sans se retourner. L’arrivée en annexe au bateau est aussi très sportive vu comment le bateau danse dans les vagues. Une fois à bord, les filles se douchent et vont se réchauffer sous les couvertures dans la cabine de Phoebé avec un bon goûter. Je guette Daphné aux jumelles pour aller la récupérer en annexe. Je suis un peu inquiet de laisser les filles seules sur le bateau au milieu des vagues, surtout vu notre passé récent dans ces conditions ! Après avoir vérifié le mouillage pour une énième fois, je pars chercher Daphné en vitesse. Elle est très heureuse de son après-midi sur sa planche car a pu retrouver ses sensations après 2 ans sans pratiquer. Cela a effacé les doutes et frustrations des jours précédents passés à galérer dans le vent faible. Nous ne pouvons évidemment pas passer la nuit ici et préparons donc le bateau pour partir vers Morro Jable situé à environ 18 miles d’ici. Pour une fois, nous tirerons l’annexe car il est complètement impossible de le remonter aujourd’hui.
Morro Jable (28-31 Octobre)
La navigation vers Morro Jable sera très rapide avec le vent qui nous pousse. La côte, toujours aussi aride est hérissée d’affreux et gigantesques complexes hôteliers. Le pire étant encore ceux que la crise économique a laissés inachevés. Une fois encore, nous essayons d’arriver avant la nuit tombante car ce port ne semble pas des plus accueillants : Rafales à plus de 50 nœuds à cause d’un effet d’accélération dû aux immenses falaises qui le borde, des pontons flottants sans catways et peu de fond. Tout un programme. Ceci se confirme lorsque nous entrons dans le port, certes, pas de rafales à 50 nœuds, mais le vent est maintenant établi au-dessus de 20 nœuds. Le port de plaisance consiste en 2 malheureux pontons dans le fond d’un bassin où l’on se dirige poussé par le vent : S’engager dans l’étroit passage entre les pontons avec 20 nœuds de vent dans le dos peut être risqué car on n’est pas sûr de pouvoir reculer. Difficile de voir aussi s’il y a de la place et personne sur les quais pour nous aider. Pendant que nous examinons la situation, nous nous faisons légèrement poussés et nous nous plantons dans la vase. Heureusement que nous avons une dérive. Une fois celle-ci relevée, nous sommes à nouveau libres. Finalement, je choisis d’aller vers le seul ponton d’où je suis sûr de pouvoir repartir si nous ne pouvons y stationner. La manœuvre se passe sans trop de problème et nous nous appuyons sur le bateau voisin car nous sommes maintenant travers au vent. Malheureusement, il n’y a plus de pendilles de ce côté du ponton (les pendilles sont des ancres au fond du port que nous accédons grâce à des cordages ramenés sur les pontons). Comme il fait maintenant nuit, hors de question de recommencer la manœuvre en allant de l’autre côté où il semble y avoir des pendilles. Je vais donc en annexe mouiller une ancre arrière dans le milieu du port. Après 2 manœuvres, celle-ci accroche et nous pouvons enfin décoller Korrigan de notre voisin. Nous bougerons demain matin tôt avant que le vent ne se lève. Encore une grosse journée au bureau, remplie d’émotions !
Jeudi matin, nous commençons la journée comme prévu en déplaçant le bateau afin de l’amarrer correctement. Le vent étant quasi-nul et connaissant maintenant les lieux, la manœuvre se fait sans souci. Nous partons ensuite en ville. Quelle expédition : Rien que faire le tour du port prend environ 20 minutes. Ces pontons sont installés dans un no man’s land, sans eau, électricité et sanitaire. C’est un abri, c’est tout. Nous nous arrêtons dans un petit magasin de pêche où Daphné refait le plein d’appâts car nous sommes très bons à les perdre….Nous arrivons enfin en ville après une demi-heure. En chemin, nous avons décidé de louer une voiture pour les 2 prochains jours afin de visiter l’île ou retourner faire du kite et pouvoir faire de solides courses avant de partir pour le Cap-Vert. Notre vœu est exaucé car nous trouvons facilement un petit loueur de voitures à un prix très abordable. Par la même occasion nous trouvons un énorme supermarché. Après un rapide lunch au bateau, nous passerons l’après-midi à nous promener en voiture sur la pointe Sud de l’île de Fuerteventura, la Punta de Jandia. Évidemment, ça n’est que de la piste de terre, seule restriction à notre contrat de location. À voir le nombre de voitures de location que nous croisons, nous ne sommes pas les seuls à enfreindre cette interdiction ! Le paysage, entre l’océan et les montagnes arides est saisissant. Difficile de concevoir toute forme de vie ici, pourtant nous voyons pas mal de petites chèvres sauvages qui paissent quelques herbes sèches ou buissons épineux. Il semble que quelques écureuils vivent aussi dans cette immensité aride. Nous arrivons ainsi au petit village nommé Puertito de la Cruz, situé à l’extrême pointe de l’île de chaque côté de laquelle déroulent d’immenses vagues, la côte état complètement exposée à la houle océanique. Ambiance de bout (ou fin ?) du monde dans ce minuscule village alimenté en eau et électricité par 2 grosse éoliennes. Il y a autant de caravanes devenues maisons au fil des « agrandissements » que de maisons légitimes. Nous nous prêtons au jeu que nombre de touristes ont fait avant nous : Écrire ou dessiner avec les pierres volcaniques de couleurs différentes. Nous faisons une belle étoile avant de continuer notre route. Nous montons alors dans les montagnes pour avoir un beau point de vue sur la côte est de l’île. Arrivés à un promontoire d’où nous surplombons toute la côte au vent de l’île, je décide de faire demi-tour car la piste devient très rocheuse et le réservoir d’essence est presque vide. Il y a des limites à enfreindre les interdictions !
Vendredi midi, après l’école, nous nous dirigeons vers le supermarché de Morro Jable que nous dévaliserons, sachant que c’est le dernier magasin de standard européen que nous rencontrerons. Notre petite voiture est pleine à craquer ! Après avoir tout soigneusement rangé dans les coffres et cales de Korrigan, nous chargeons la voiture de notre matériel de kite et des jeux de plage pour retourner vers Sotavento. En effet, il semble y avoir du vent aujourd’hui. Arrivés là-bas, le vent n’est pas au rendez-vous. Nous troquons donc notre journée de sport par une journée de farniente sur la plage à l’autre extrémité de la lagune. Je passe pour la première fois depuis notre départ beaucoup de temps à jouer avec les filles dans l’eau et sur la plage. Notre plus grand jeu : Les jeter dans l’eau. Phoebé adore cela depuis longtemps (je jetais régulièrement des enfants à l’eau à la piscine du village de Pointe-Claire) et progressivement, Éléa prend confiance et apprécie les vols planés au-dessus de l’eau turquoise. Après cette belle journée à la plage, nous nous arrêtons dans un surf shop en arrivant à Morro Jable où je trouve une planche de surf usagée qui me correspond beaucoup mieux que la planche pour expert que je traîne à bord depuis la Bretagne. Comme l’endroit est sympa et dispose d’un accès wifi, nous décidons d’y revenir car nous avons de nombreuses photos et vidéo à mettre en ligne. C’est définitivement la pire des connexions internet que nous avons eu depuis notre départ : Nous devrons y rester jusqu’à 23 heures pour tout mettre en ligne. Heureusement que les filles s’étaient amené des occupations….Pour passer le temps, nous y mangerons des hamburgers médiocres et dévaliserons le glacier voisin. C’est une grosse journée pour une veille de départ de traversée !
Notre séjour aux Canaries nous laissera une impression en demi-teinte. Demi-teinte comme la météo que nous avons eue et qui a quelque peu entravé nos plans. En demi-teinte aussi car nous n’avons vu qu’un seul aspect de cet archipel, celui des îles désertiques. Nous aurions beaucoup aimé visiter les îles du sud telles Tenerife ou encore la Gomera qui disposent de plus de mouillages protégés, sont plus verdoyantes et offre de belles randonnées avec leur sommet à plus de 2000 mètres, souvent enneigé. Notre planning trop serré et l’envie de profiter des îles du Cap-Vert, certainement beaucoup plus authentiques, nous aurons limité dans notre découverte. Heureusement, les beaux débuts à la Graciosa et les belles journées dans le sud de Fuerteventura auront rassasié nos envies de plages et de baignade ou sport en eau chaude ! Les Canaries sont en fait une sorte de transition vers le Sud, dans laquelle nous continuons à apprendre beaucoup sur les contraintes et aléas de notre nouveau mode de vie. Lentement, nous nous ajustons et prenons de plus en plus un rythme qui nous convient.
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