Lanzarote dont ¾ de la superficie est recouverte par de la lave, crachée par plus de 300 cratères appartenant à une centaine de volcans présente de nombreuses particularités géologiques. Les éruptions majeures sont assez récentes car elles se sont produites pendant 6 ans de 1730 à 1736 : Ce sont semble-t-il, parmi les éruptions les plus importantes de l’histoire du volcanisme en terme de quantité de lave produite. Mes connaissances en la matière sont extrêmement limitées, mais je peux assurer que nous n’avons quasiment vu que de la lave à Lanzarote. Lorsque l’on s’approche du Parc de Timanfaya et l’on y pénètre, la route se perd dans une mer de lave noire qui recouvre de ses 8 millions de mètres cubes les terres jadis les plus fertiles de l’île. Aujourd’hui, seules quelques touffes de verdure, fougères ou buissons épineux, qui ont puisé leurs ressources plusieurs mètres en-dessous de la lave montrent qu’une certaine forme de vie est possible ici.
Comme il n’y a qu’une seule route qui serpente sur 14 km au milieu des cratères, la circulation automobile y est interdite et la visite du parc se fait obligatoirement en autocar. Quand on voit la quantité de voitures de location et autocars qui affluent vers le parc, on se dit que c’est plutôt une bonne chose. Malheureusement, la visite se fait intégralement en autocar, avec impossibilité de débarquer et profiter plus sereinement du paysage grandiose qui nous entoure. Il faut dire que l’ambiance dans l’autocar est loin d’être sereine : Les haut-parleurs fatigués crachent à tue-tête tantôt de la musique expérimentale particulièrement glauque, tantôt des explications en allemand, espagnol ou anglais. Insupportable. Pendant ce temps, tout le monde photographie avec son téléphone à travers les vitres. Bref, le tourisme comme on l’aime. Cependant, on ne peut qu’être subjugué par le paysage lunaire qui nous entoure. Parfois de la lave figée dans des figures grotesques, parfois des versants couverts de cendres noires ou rouges s’étalent sous nos yeux. La visite se termine par quelques illustrations de l’activité volcanique encore très présentes effectuées par les employés du parc. Quelques branches d’arbustes épineux jetées dans un trou d’environ 2 mètres s’enflamment quasi instantanément sous l’effet de la chaleur ou de l’eau versée dans un tuyau enfoncé dans la terre qui produit un geyser de vapeur. Il faut dire qu’à cet endroit, la croûte terrestre ne fait que 2 mètres et la température en-dessous approche les 700 degrés. Cette source d’énergie permet au restaurant panoramique El Diablo de servir du poulet volcanique : Un immense grill situé sur une cheminée volcanique cuit la nourriture servie dans le restaurant. Nous repartirons avec une impression très mitigée, celle d’avoir approché un endroit fascinant, quasi unique, mais de l’avoir juste effleuré, comme un Japonais effleure Paris à travers le viseur de son caméscope Panasonic derrière les vitres d’un autocar.
Fort heureusement, Lanzarote recèle d’autres paysages qui valent le détour à proximité. Notre visite de l’île continue avec les marais salants de Janubia, situés au Sud-Ouest de l’île. L’exploitation du sel a longtemps été une activité importante de l’île, qui s’est tarie en même temps que la pêche. En effet, le sel était exporté tel quel mais servait aussi énormément à la conservation du poisson avant que celui-ci soit expédié vers l’Europe. Cependant, certains marais salants sont toujours là et quadrillent le paysage avec leurs couleurs pastel qui contrastent avec les montagnes de laves et de cendres qui les entourent. Après un bref arrêt pour le plaisir des yeux, nous continuons notre route le long de cette côte sauvage, déchiquetée par les assauts de la houle d’Ouest qui la balaye. Nous irons visiter et déjeuner à El Golfo. Ce petit village situé sur la côte, toujours dans le Parc Naturel de Timanfaya abrite une plage très particulière, connue pour son lagon vert (El Charco Verde ou Lago de los Clicos). Cette petite lagune d’environ 150 mètres doit son intense couleur verte aux nombreux organismes végétaux qui s’y trouvent en suspension et son extrême salinité qui dépasse celle de la Mer Morte. La lagune n’est pas le seul attrait de l’endroit. En effet, elle est située entre une plage de sable noir et des falaises noires, rouges et jaunes d’un volcan dont la moitié s’est effondrée dans l’océan. Le vent de l’océan a découpé des formes très particulières dans la roche friable de ces parois. En particulier, un côté est fait de states ocres et noires que l’érosion a transformée en mille-feuilles géant.
Nous poursuivons ensuite notre route à travers la grande vallée de La Geria et ses cultures si caractéristiques en arc de cercle. Tel que mentionné plus haut, ces terres sont les plus fertiles de l’île. Pour en retrouver la jouissance après les séismes, les cultivateurs et viticulteurs ont construits ces milliers de murets de pierres volcaniques pour y abriter un pied de vigne ou autre planté dans la terre fertile après avoir creusé 1 mètre ou 2 de cendres volcaniques. La dépression dans laquelle la plante se retrouve ainsi que le muret de roches volcaniques la protège du vent qui souffle quasi continuellement sur les Canaries. Les cendres volcaniques qui recouvrent le pied conservent l’humidité de la terre, si précieuse sur ces terres arides où il pleut rarement. Le succès de cette technique imposée par les conditions naturelles a poussé les cultivateurs canariens à reproduire ces mêmes conditions de manière artificielle dans d’autres régions de l’île en étendant de la cendre sur les parcelles cultivées. Ces demi-cercles s’étendent à perte de vue. Au moins ici, on ne peut pas parler d’agriculture intensive avec un pied de vigne tous les 20 mètres carrés ! Nous aurons l’occasion plus tard de goûter le vin produit ici et il s’est avéré très bon. Après la visite de cette vallée, nous continuons sur une petite route qui serpente à flanc de volcan jusqu’à l’immense plage de Famara. Cette belle plage noire est réputée par le surf et fait face à la Graciosa. J’aurai beaucoup aimé m’y arrêter quelques temps pour profiter des belles longues vagues qui y déroulent, mais mouillage tranquille rime rarement avec plage de surf….
magnifique!! ça ne ressemble pas du tout à la Soufrière chez nous…mais ici aussi le volcan est vivant, en témoignent toutes les sorties de gaz au sommet. A faire quand vous passerez par la Guadeloupe!