Terre de Haut
Nous partons de Marie-Galante sous un vent très faible, au vent arrière. Heureusement, nous avons notre spi qui nous poussera vers Terre de Haut à une bonne vitesse, sinon nous aurions dû faire le trajet au moteur. Malheureusement, nous n’attraperons aucun poisson pendant cette petite navigation de 17 miles nautiques. Nous arrivons vers la fin de l’après-midi dans la grande et fameuse rade des Saintes, si grande qu’elle pouvait accueillir la flotte de guerre française au complet à l’époque des grands affrontements avec l’Angleterre. Les immenses voiliers de croisière ou les vieux gréments qui viennent mouiller dans la rade ainsi que les forts construits stratégiquement sur les mornes (collines) qui surplombent la baie rappellent encore cette époque. La réputation des Saintes de nos jours tient surtout à sa géographie particulière. Sur seulement 15 km2, on compte d’innombrables mornes, vallées, criques découpées et plages. Parmi les particularités les plus connues de l’île, on trouve la maison « Avant de Bateau » (traditionnellement habité par le médecin de l’île et construite sur un gros réservoir d’eau), les forts Napoléon et Joséphine qui surplombent la baie, où les soldats ont été remplacés par les iguanes et les cabris (petites chèvres des Antilles) et le pain de sucre, gros morne de basalte qui surplombe la baie au bout d’une péninsule. La population locale est aussi très différente du reste des Antilles françaises. En effet, le peu de terre arables de l’île ne justifièrent jamais d’y importer des esclaves africains. Par conséquent, bien que burinés par le soleil, les Saintois gardent des traits très européens. La pèche a toujours été l’activité principale de l’île à bord des longues et rapides Saintoises et on peut encore constater que cette activité est très dynamique sur l’île malgré l’énorme affluence de touristes que les navettes venant de Guadeloupe déversent chaque matin, avant de les ramener en fin de journée. On comprendra alors que la vie aux Saintes est très différente après le départ de la derni1ere navette. Cette grande affluence touristique se note aussi sur l’eau. Le nombre de bateaux au mouillage est impressionnant. Pour réguler tout cela, les autorités locales ont implanté un champ de mouillages, payant évidemment. Par conséquent, nous devrons mouiller un peu à l’écart du bourg par environ douze mètres de fond. Nous devrons donc mettre quasiment toute notre chaîne pour assurer la bonne tenue de l’ancre.
Lundi matin, nous accueillons la famille à l’arrivée du bateau qui vient de Trois-Rivières. Catherine, Bertrand, Océane et Maïa sont accompagnés d’Alizé et de Laureline, sa sœur venue avec son mari Olivier de France pour passer quelques vacances dans sa Guadeloupe natale. Eux deux logent à l’hôtel alors que le reste de la troupe a loué une charmante petite maison qui surplombe la baie. Celle-ci étant située à la sortie du bourg, nous sommes mouillés assez proche. Une fois les bagages défaits, nous partons pour la plage de Pompière, situé sur la côte Est de l’île. Cette plage est située au fond d’une profonde anse, quasiment complètement fermée à la mer et est réputée être un beau spot de snorkelling. De manière générale, les eaux des Saintes sont réputées pour leur clarté. La plage est une cocoteraie sous laquelle ont été installés des petits carbets (abris) idéaux pour le pique-nique. Nous sommes rapidement assaillis par les cabris qui occupent les lieux et sont tellement habitués à venir quêter à manger que nous avons du mal à les mettre en fuite. Éléa est terrorisé et mange debout sur la table ! La plage est assez encombrée de sargasses, ces algues qui viennent de l’Atlantique et atterrissent sur les plages des Antilles. Lorsque de grosses quantités de ces algues arrivent sur les plages, celles-ci doivent être nettoyées quasiment quotidiennement. L’an passé la Guadeloupe a subi une invasion de sargasses qui rendaient de nombreuses plages inaccessibles et leur décomposition rendait l’air irrespirable. Les fonds sous-marins sont beaux avec de nombreux coraux. L’anse étant désormais protégée et interdite au mouillage, les coraux sont en bonne santé. Le soir venu, nous irons souper dans un excellent restaurant dans le bourg. Avec le développement touristique que les Saintes ont connu, il y a beaucoup de restaurants, mais nombreux sont ceux qui pratiquent des prix exagérés.
Pour profiter de la belle plage du Pain de Sucre, nous emmenons toute la bande sur Korrigan le lendemain. Cela évite à tous une longue marche sous le soleil qui passe par un morne assez haut. En bateau, nous atteignons le mouillage en une vingtaine de minutes. Avant de rejoindre la plage, nous passerons un bon moment à plonger du bateau, jouer dans l’eau, déguster nos petits rhums maison…C’est la première fois que nous pouvons faire profiter à tout le monde du bateau. L’après-midi, nous allons à la plage, soit à la nage, en dinghy ou en paddle board. À la plage, Éléa épate tout le monde avec ses habiletés à pagayer seule et diriger le paddle board, malgré la pagaie qui fait une fois et demie sa taille ! Nous allons aussi faire du snorkelling le long du pain de sucre. Cette belle journée se termine par une mésaventure : En rangeant l’ancre, je glisse et tombe à l’eau !!! Malheureusement, j’avais mes lunettes de vue sur le nez que j’ai évidemment perdues dans la chute. Bref, c’est typiquement le genre de mésaventures qui arrivent lorsque l’on change ses habitudes avec la visite à bord. L’eau étant très claire malgré les12 mètres de fond, nous notons la position à laquelle je suis tombé et nous essayerons de revenir demain pour les rechercher.
Mercredi matin, nous partons donc en annexe avec le GPS à main et le matériel de plongée pour parcourir l’endroit où les lunettes sont tombées. Malgré les efforts de Daphné qui parcourt scrupuleusement la zone, elle ne les trouve pas. Elle revient par contre avec un beau masque de plongée. Vue la bonne visibilité, Daphné a espoir de les retrouver. Nous décidons donc de revenir le lendemain, après avoir fait remplir notre bouteille au club de plongée locale. Nous passons le reste de la journée à la plage avec la famille car Catherine, Bertrand, Océane et Maïa repartent ce soir en Guadeloupe. Pour les filles, c’est la fin des vacances et le retour sur le bateau ce soir après plus d’un mois à terre. Après une belle après-midi sur la plage, c’est le temps des aux-revoirs, toujours émouvants. Nous répétons la même scène qu’à Bréhat, il y a 7 mois ou Catherine et Bertrand nous avaient quittés en reprenant le bateau pour rejoindre le continent. Après leur départ – et celui des touristes venus passer la journée sur l’île, nous profitons de la fin de journée pour se promener dans le bourg, maintenant calme. Le nombre de véhicules à moteur a explosé sur cette petite île, en particulier les scooters de location et rendent le bourg assez invivable en journée. Après cette belle promenade sous la lumière chaude de la fin de journée qui fait si bien ressortir les couleurs vives des maisons et des saintoises amarrées le long de la plage, nous rentrons à bord tous les 4, pour la première fois depuis longtemps.
Jeudi, nous reprenons notre rythme familial, avec un peu d’école le matin après avoir déplacé le bateau à la plage du pain de sucre. Nous réitérons ensuite nos recherches de lunettes, en vain. Daphné trouvera seulement le cadenas de notre annexe que nous avions perdu la veille sans s’en rendre compte ! Le reste de la journée se passe tranquillement entre baignades autour du bateau et snorkelling autour du pain de sucre. Éléa continue de faire des progrès sur le paddle board.
Les Photos
Terre de Bas
Vendredi, après l’école, nous partons pour Terre-de-Bas, la seconde île habitée de l’archipel des Saintes. Celle-ci étant beaucoup moins touristique et moins facile d’accès, ni Daphné ni moi n’y est déjà allé. Distante juste de 6 miles nautiques, nous nous rendons rapidement à l’unique mouillage de l’île pour y passer une journée ou deux. Dès notre arrivée sur le mouillage, nous réalisons que nous n’y resterons pas très longtemps, la houle y rentre copieusement et le mouillage est très rouleur. Par contre, la bonne surprise est d’y retrouver Henri et Géraldine, nos amis du bateau Calico Jack, rencontrés au Cap-Vert. Nous passons quelques temps à leur bord pour prendre de leurs nouvelles et se conter nos traversées respectives de l’Atlantique. Ne comptant pas passer la nuit ici vu l’inconfort du mouillage, nous allons à bord dans le milieu de l’après-midi pour visiter un peu l’île. Il y a deux petits bourgs sur l’île et notre mouillage est situé à environ 2 kilomètres du plus proche. L’ambiance est complètement différente de celle rencontrée sur Terre-de-Haut, si touristique. Ici, le monde semble vivre tranquillement, hors du temps car très peu d’étrangers y viennent. En cela, ça ressemble un peu à Marie-Galante, en plus escarpé. En traversant le bourg, nous trouvons sur notre chemin des pancartes indiquant des chemins de randonnée dans la forêt. Malgré l’heure un peu tardive, nous décidons de faire une courte randonnée qui devrait nous donner un beau point de vue sur l’archipel. Une fois de plus, nous ne sommes pas chaussés pour marcher dans un chemin rocailleux dans la forêt, mais nous y sommes habitués et les filles avancent sans problème, sans (trop) rechigner bien que le chemin soit très escarpé. Nous atteignons le sommet du morne que nous avons monté lorsque le jour commence à décliner et redescendons par une petite route guère entretenue. Peu après, Terre-de-Haut se dévoile et nous avons une vue magnifique sur l’île, telle celle que l’on voit souvent en photo dans les guides. Avec le soleil couchant, la vue est magnifique. Les filles ramassent sur le chemin de belles graines de flamboyant dans le but de faire des colliers avec et nous rejoignons le bourg d’où nous sommes partis. Les filles y avaient repéré un parc pour enfants où nous nous arrêtons un moment pour leur laisser le temps de se défouler. Nous rejoignons ensuite la minuscule plage où nous avons laissé notre annexe pour rejoindre rapidement Korrigan. La nuit vient de tomber lorsque nous levons l’ancre pour retourner au mouillage du Pain de Sucre à Terre-de-Haut pour y passer la nuit. Nous n’aurions guère dormi sur un mouillage aussi inconfortable. Le lendemain, nous quittons les Saintes et commençons la remontée de la côte sous le vent de la Guadeloupe avant de nous diriger vers Antigua. En effet, le temps passe et nous devons continuer à avancer si nous voulons visiter l’Arc antillais dans les 6 prochains mois.
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