Après ces 4 folles semaines passées en Guadeloupe, nous avions besoin d’aller relaxer un peu dans un coin tranquille, loin du monde pour renouer un peu avec notre vie nomade à bord de Korrigan. Pour un tel dessein, rien de mieux que Marie-Galante, sur la route des Saintes où nous rejoindrons Catherine, Bertrand, Océane et les filles dans quelques jours. En effet, cette île de la Guadeloupe est restée hors des sentiers battus. Peut-être est-ce sa situation géographique ou la ferveur de ses habitants à défendre leur territoire contre les promoteurs immobiliers avides d’y construire des complexes hôteliers qui auraient défiguré ses côtes sans profiter tant que cela à la population locale. Marie-Galante, depuis sa découverte par Christophe Colomb est une île agricole qui a longtemps été dédiée entièrement à la culture de la canne à sucre. En témoignent les quelques 70 moulins encore debout, jadis utilisés pour écraser la canne. De nos jours, il subsiste encore 3 rhumeries, réputées pour la force de leur rhum (55 degrés !). Le tourisme fait aussi partie de l’activité économique de l’île mais à petite échelle.
Après avoir quitté Sainte-Anne 2 jours auparavant, nous avons fait une petite halte à Pointe-à-Pitre, où nous avons mouillé 1a proximité de l’îlet aux Cochons situé dans le petit cul de sac marin, face à la marina. En effet, nous avions vu une petite annonce pour une annexe qui semblait intéressante pour remplacer la nôtre qui fuit et dont le fond se dégonfle au bout de 20 minutes. L’annexe en question s’est révélée être en bien mauvais état pour le prix demandé mais nous en avons profité pour faire le tour des annexes amarrées près de la capitainerie pour affiner notre choix. Nous partons ensuite pour Marie-Galante avec un cap un peu moins favorable que si nous étions partis directement de Sainte-Anne : nous devons avancer au près, qui n’est pas l’allure que Korrigan préfère. Fort heureusement, le vent nous accompagne et tourne en notre faveur tout le long de la descente de la Basse-Terre. Nous sommes particulièrement vigilants lorsque nous quittons le petit cul de sac marin car les bouées présentes sur l’eau ne correspondent aucunement à celles indiquées sur notre carte et le coin est encombré de hauts fonds. Il semble que le chenal d’accès à Pointe-à-Pitre ait été déplacé récemment. À mi-distance, nous attrapons une belle dorade coryphène, notre poisson préféré ! Après un virement de bord qui nous approche de Marie-Galante, nous voyons 3 bateaux au mouillage juste au Sud de Saint-Louis. L’endroit nous tente car longe une belle plage interminable et déserte et sera certainement pus abrité que les mouillages plus au Nord de l’île comme l’anse Canot car la houle de Nord-Est s’est levée ces derniers jours. Nous mouillons dans environ 2 mètres d’eau, à proximité d’un monocoque et de 2 gros catamarans de charter. De cette plage, nous avons une vue magnifique sur les Saintes, derrière lesquelles le soleil se couche ainsi que sur la Dominique, située seulement à une vingtaine de miles de Marie-Galante.
Le lendemain matin, les 2 gros catamarans sont partis et ne reste plus que nous et notre voisin. En les rencontrant, nous apprenant qu’ils vivent quasiment en permanence sur leur bateau le long de cette plage. Ils se sont aménagé un petit salon sur la plage en défrichant entre les cocotiers. Bref, ils vivent une vie de Robinson à Marie-Galante. Il faut dire que cette belle et immense plage déserte s’y prête bien. Pas de vagues, de vent, l’eau est claire et la baignade y est agréable. Nous resterons ici pendant 2 jours, jusqu’au samedi après-midi. Daphné en profite pour se remettre d’une infection qu’elle a elle aussi contracté pendant notre séjour à Sainte-Anne. Avec du repos et des antibiotiques, elle se remet tranquillement sur pied. Ces 2 jours s’occupent tranquillement avec des petits travaux sur le bateau, de la natation et du sport sur la plage, promenades sur la plage au soleil couchant. Comme nous avons déjà visité l’île il y a quelques années, nous voulons juste profiter de son calme. À proximité, se trouve une sorte de port de commerce, projet pharaonique financé par des fonds de la communauté européenne, dont seule une fraction du projet initial est sortie de terre. Dans ce décor industriel, dont la moitié est désaffectée et l’autre inachevée, nous trouvons de bonnes cocos que nous ramenons au bateau. Après en avoir dégusté la chair, nous commençons à les polir pour fabriquer des objets en bois de coco.
Samedi en fin d’après-midi, nous bougeons de quelques miles pour nous rendre devant Saint-Louis. En effet, nos voisins nous ont parlé d’un petit bar le long de la plage (« Chez Henri ») où le samedi soir, il y aurait du jazz live. Nous rejoignons le mouillage qui est très fréquenté. C’est étonnant car nous ne sommes qu’à 3 ou 4 kilomètres à vol d’oiseau du mouillage désert que nous venons de quitter ! Finalement, nous n’irons même pas à terre car nous entendons la musique du bateau et en guise de jazz, on nous sert toutes les variétés françaises de notre enfance. Certes, pour un musicien seul, le répertoire est impressionnant, mais ça n’est pas trop notre style (ou notre âge ?). Au lieu de cela, nous passons une belle soirée à bord en profitant de l’interminable coucher de soleil sur les Saintes en dégustant notre rhum arrangé maison au maracuja et coco. Demain, dimanche, nous partons pour les Saintes dans la journée car le reste de la famille y arrive lundi matin par le premier bateau qui part de Trois-Rivières.
Nous espérons que Daphné s’est bien remise de son infection grâce aux antibiotiques ( je pense que le rhum arrangé faisait parti du traitement ).C’est surprenant de voir une station de chargement de bateaux à pointe folle anse ! Bon vent et Grosses bises.