Barbuda en bref
Tout comme ses voisines, Barbuda fut découverte en 1493 par Christophe Colomb. Elle devint anglaise au XVIIème siècle. La famille Codrington, famille de colons anglais influents à Antigua en obtint la concession complète. En effet, cette petite île de sable de seulement 160 km2 ne présentait que peu d’intérêt pour l’Angleterre : A l’ écart des routes marchandes car trop au vent des îles importantes de l’archipel antillais, elle était isolée. En outre, son sol sableux infertile n; avait guère d’attrait agricole. La famille Codrington pratiquait sur l’île un peu d’élevage et d’agriculture et surtout y parquait des esclaves qui étaient ensuite revendus dans les autres colonies anglaises. Cependant, la famille avait réputation de bien traiter ses travailleurs qui lui étaient alors très loyaux. Les esclaves de Barbuida étaient réputés pour leur solide constitution. Aujourd’hui encore, on peut constater que les Barbudiens tiennent en estime la famille anglaise qui régna jadis sur leur île. Bien qu’étant un état indépendant rattaché à Antigua, Barbuda ne partage que très peu de choses avec sa grande sœur Antigua. On note même une certaine animosité envers Antigua. La population de Barbuda compte quelques milliers d’habitants qui possèdent tous une portion de l’île qui est administrée comme une collectivité. Ses eaux sont très poissonneuses, car non surpêchées comme le reste des Antilles du fait de sa position isolée. Ses langoustes sont très réputées et sont celles que l’on peut déguster dans les îles avoisinantes comme Antigua ou la Guadeloupe. Le tourisme y occupe une faible place, pour la même raison, l’isolement. On compte 4 complexes hôteliers sur l’île, dont 3 désaffectés. Depuis notre passage en 2008, 2 ont fermé. Par contre, le seul qui est toujours en opération, celui de Cocoa Point a pris beaucoup d’expansion. L’île dispose de 2 minuscules aérodrome : Un situé à Codrington et l’autre situé à Cocoa Point, à l’usage privé du complexe hôtelier voisin.
Le village de Codrington où est regroupée la quasi-totalité de la population est peu accessible car situé au centre de l’île, derrière une vaste lagune, non navigable. Cette lagune est très propre, bordée d’une épaisse mangrove qui abrite, au Nord, une réserve ornithologique de frégates, gérée par la collectivité de l’île.
14 Février : Trajet Antigua-Barbuda
Nous quittons Deep Bay vers 8h30 du matin pour rejoindre Barbuda, située à une trentaine de miles nautiques, au Nord. La météo nous est favorable car les alizés sont bien établis de l’Est, et non pas du Nord-Est, qui nous obligerait à naviguer au près. Peu après notre départ, les grains commencent à se succéder. Le premier est peu violent et nous permet de garder grand-voile haute et notre génois. Le second nous forcera à réduire significativement notre voilure car le vent restera établi dans les 30-35 nœuds pendant un bon moment avant de faiblir dans les 25 nœuds. Nous portons alors la grand-voile à un ris (on aurait pu en prendre 2…) et avons remplacé notre génois par la trinquette. Certes, notre vitesse est légèrement en deçà de note vitesse habituelle, mais le comportement du bateau sous trinquette est très agréable dans la houle traversière qui se lève entre les îles. Barbuda est débordée au Sud par une longue barrière de corail qui nous protège alors de la houle océanique. Le vent et la mer ayant alors faibli, nous finissons sous grand-voile haute et génois sur une eau bleue turquoise magnifique. L’approche est assez facile car les bancs de coraux peu nombreux et facilement visible avec la belle lumière que nous avons aujourd’hui. Pour atteindre notre mouillage au Nord de Low Bay, nous longeons cette interminable plage de sable déserte à une centaine de mètres du bord. Le paysage est splendide. Par contre, nous sommes très déçus par le confort du mouillage lorsque nous mouillons l’ancre : L’orientation du vent lève un clapot for désagréable, en particulier conjugué avec un peu de houle. Nos amis de Taïa n’ont pas la patience d’attendre si la situation perdure et quitte immédiatement le mouillage pour rejoindre péniblement au moteur Cocoa Point, situé à une douzaine de miles d’ici. La navigation se fait vent et mer dans le nez, à vitesse d’escargot. Les filles sont déçues car ne seront pas avec leurs amis, mais nous n’avons absolument pas le courage de refaire 2 ou 3 heures de navigation pénible au moteur après la journée de voile d’aujourd’hui. En outre, nous rêvons de faire du kite le long de cette immense plage déserte.
Low Bay, du 14 au 15 Février
Pour améliorer notre confort, nous bougerons vers le Sud de Low Bay. Les vagues y ont moins le temps de se former et le mouillage devient alors confortable. Nous y sommes seuls avec 2 autres voiliers, situés chacun à un demi kilomètre au moins de nous. Lundi matin, le 15 février, le vent a pas mal forci et est bien installé dans les 25 nœuds avec de bonnes rafales car le vent est « offshore », c’est-à-dire qu’il souffle de la terre vers la mer. Le passage sur la terre le rend plus instable et rafaleux. Par contre, cette orientation du vent fait que l’eau est extrêmement lisse. Je passerai l’après-midi sur l’eau avec mon petit kite (8 m2) à tirer de long bord à une vitesse ahurissante le à quelques mètres de la plage. La sensation de naviguer absolument seul sur cette eau turquoise est indescriptible. Cette après-midi restera un souvenir de glisse inoubliable. En outre, galvanisé par les conditions, je fais mes premiers essais de back loops, pratique excellente pour le nettoyage des sinus lorsque la rotation est incomplète !! Pendant ce temps, les filles profitent de l’immense plage qui s’offre à elle et des belles petites vagues qui s’y brisent.
Mardi matin, le 16 Février, nous nous décidons à rejoindre nos amis à Cocoa Point pour plusieurs raisons : Daphné ne trouve pas l’endroit sécuritaire pour que nous pratiquions le kite tous les 2 (si l’un de nous a un souci, il dériverait très vite vers le large avant que l’autre puisse lui venir en aide avec notre dinghy-baignoire poussif). De plus, les filles se languissent de retrouver leurs amis de Taïa. Joints à la VHF, ceux-ci nous confirment que le mouillage est très calme et situé juste devant un beau spot de kite. Cela suffit à nous convaincre. Pendant l’école, nous lutterons à notre tour à 3.5 ou 4 nœuds face aux vagues et aux alizés toujours aussi forts. La leçon est prise : Toujours visiter une île dans le sens du vent !!Nous rejoignons Taïa devant Cocoa Point après presque 3 heures abrutissantes au moteur.
Cocoa Point du 16 au 17 Février
Nos amis ne nous ont pas menti, le mouillage est très bien protégé. Le spot de kite, par contre, est assez exigu car confiné sur l’extrême pointe de Cocoa Point. Heureusement que nous y seront juste 2 ou 3 ! Depuis 8 ans, le complexe hôtelier de Cocoa Point a pris beaucoup d’expansion et s’est approprié une large portion de la plage et des eaux qui la jouxtent dont l’accès y est interdit. Ici encore, le vent est quelque peu rafaleux car masqué par les hauts cocotiers de la pointe. Par contre, l’eau y est ici aussi parfaitement lisse, sans une ridule. Nous passerons l’après-midi avec Daphné à nous amuser comme des fous : Avec d’aussi belles conditions de plan d’eau, tous les sauts sont plus faciles, plus hauts, plus longs….Par contre, nous les patates de corail ne sont pas loin de la surface et prenons bien garde de ne pas nous en approcher trop. Elles auront raison de la témérité d’Ernesto qui en est encore à essayer de monter sur sa planche : En levant son aile, il s’est fait catapulter dans l’eau et a atterri (trop) proche d’une grosse patate de corail. Il a intelligemment conclu que ce spot n’était pas fait pour les débutants ! Les enfants se sont amusé toute l’après-midi comme des fous sur la plage et même sur les jeux gonflables de l’hôtel. Seule ombre au tableau, Éléa a une grosse réaction cutanée et a le torse couvert de plaques rouges très douloureuses. Cela partira rapidement le soir avec un peu de crème pour les fesses de bébé !
Le lendemain, le vent a faibli et n’est pas suffisant pour s’amuser en kite. Je passerai cependant une bonne heure à me promener jusqu’à la barrière de corail extérieure et croiserai de nombreuses tortues marines. À Barbuda aussi, nous en voyons beaucoup. Nous passerons l’après-midi sur la plage, à relaxer avec les amis. Les enfants s’amusent comme des fous sur la plage et avec leurs body boards dans les vagues du bord pendant que les adultes partent à la découverte d’un des complexes hôteliers désaffecté, celui juste à côté duquel nous étions mouillés il y a 8 ans. J’en reviendrai avec une dizaine de noix de coco, de quoi se régaler et bricoler des petits objets pendant des semaines !
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Retour à Low Bay, du 18 au 23 Février
Le 18 au matin, nous retournons vers Low Bay. Cette fois-ci, la navigation sera très agréable car nous sommes gentiment poussés par les Alizés. Nous passons au ras de la pointe de Palmetto Point puis longeons encore de près la plage de Low Bay, en nous faufilant entre la côte et le banc de sable situé à Palmetto Point. Nous mouillons le long de la plage où il n’y a aucune végétation afin que le vent soit plus propre pour le kite. Les 15 nœuds de vent que nous avons sont parfaits pour continuer l’initiation d’Ernesto. Il s’entraîne d’abord longuement à lever et poser son kite avec Natalia, sa femme, comme assistante. Cette pratique le sécurise et il part ensuite sur l’eau une fois que j’ai terminé ma session. J’assurerai sa sécurité avec son annexe. Il fait de beau progrès et arrive à partir et faire une centaine de mètres avec ma planche, même si celle-ci est un peu petite pour un débutant. Pendant ce temps, Daphné continue à faire du kite pendant que les enfants font du body board ou encore se fabriquent une cabane dans les arbustes de la plage. Le soir venu, nous y reviendrons pour y faire un grand feu avec le bois que les enfants ont ramassé pendant l’après-midi. Le bois devait être très humide et salé car nous aurons beaucoup de mal à démarrer le feu, même en l’activant longuement avec notre pompe de kite qui nous sert à regonfler l’annexe. Les enfants grilleront des marshmallows et Phoebé nous jouera quelques morceaux de guitare. Un très beau moment entre amis, loin de tout….
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La Réserve ornithologique de frégates
Vendredi 19, nous allons visiter la réserve ornithologique de frégates, située au Nord de la lagune. L’accès à celle-ci étant compliqué si on souhaite y aller par nos propres moyens (il faut transporter l’annexe au-dessus de la dune de sable de la plage et la remettre à l’eau dans la lagune), nous décidons de faire appel aux services d’un local pour nous emmener dans la réserve. Nous avons bien fait car on apprend que seuls les guides de l’île sont autorisés à y aller pour préserver le plus possible l’intégrité de ce sanctuaire. De plus, George, notre guide, un solide Barbudien d’une soixantaine d’années nous apprend beaucoup de choses sur l’île et les oiseaux que nous allons observer. Celui-ci nous emmène à toute allure entre les hauts fonds de la lagune à bord de sa longue barque de pêche similaire aux Saintoises. Arrivés sur le site de la réserver, nous nous trouvons face à face avec une annexe d’un bateau français. Ceux-ci feignant de ne pas comprendre le guide qui leur rappelle en anglais qu’ils n’ont pas le droit de venir ici dans leur annexe, Daphné leur répète le message et se fait alors solidement envoyer paître par ces gens qui considèrent payer assez de taxes d’entrée dans le pays. Belle leçon d’irrespect des locaux alors qu’en utilisant leur service, on contribue à préserver cet endroit et contribuons à l’anémique économie de cette petite île. Bref…. Pour notre part, notre guide nous apprend à reconnaître les femelles, à la poitrine blanche, les frégates juvéniles à la tête blanche et les mâles qui déploient une immense gorge rouge pour attirer les femelles. Ces magnifiques oiseaux de mer atteignent l’âge adulte à deux ans et peuvent alors atteindre une envergure de 2 mètres. Certains sont tatoués ou bagués par des chercheurs canadiens qui utilisent la réserve de Barbuda pour faire des recherches tout en aidant les locaux à gérer la conservation. Après la visite, nous rejoignons Codrington sous un grain très intense. Nous passerons alors quelques heures à déambuler dans le village et attendre que notre guide nous ramène vers la plage. Le village est assez d’sert et très pauvre, même si la seule épicerie du village est bien mieux achalandée qu’elle ne l’était lors de notre dernier passage.
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Vendredi soir, après un barbecue à bord de Korrigan, nos amis sont décidés à quitter Barbuda pour rejoindre Saint Martin où ils souhaitent faire quelques travaux sur leur bateau. Nous ne voulons pas partir de suite car le vent est très faible, voire quasi nul. Notre prochaine étape étant Saint Barth, située quasiment pleine Est, donc sous le vent de Barbuda, nous voulons attendre au moins une quinzaine de nœuds pour pouvoir avancer correctement vent arrière. Ces conditions arriveront seulement mardi matin. Nous passerons donc trois jours paisibles à Low Bay à attendre des conditions favorables pour couvrir les 56 miles nautiques qui nous séparent de Saint Barth. Je ne suis pas déçu de cette période de calme car je me suis blessé à un muscle de la jambe gauche et peux difficilement marcher pendant plusieurs jours. Samedi, le temps est à la pluie. Nous passerons alors une bonne partie de la journée à jouer aux Lego à l’intérieur, alors que la houle s’est franchement levée et nous malmène quelque peu. En mouillant une ancre arrière nous maintenant dans l’axe de la houle, nous passerons une nuit pas trop agitée. Le dimanche et lundi, le beau temps est revenu, mais la houle est toujours très présente pendant que les alizés reprennent tranquillement leur souffle. Nous profiterons encore de la plage pendant ces 2 jours, en particulier pour ramasser de minuscules coquillages roses très jolis. J’occuperai aussi une demi-journée à réparer notre frigo en panne : Celui-ci surchauffait car les canalisations d’eau de la pompe à eau qui le refroidit étaient bouchées de sable et coquillages. Heureusement, en changeant une pièce, heureusement en stock dans mes boîtes de matériel de rechange, et en nettoyant le tout, j’arriverai à remettre le frigo en marche sans que nous perdions nos victuailles. Finalement, lundi soir, les prévisions confirment que le vent sera bien établi dès la fin de la nuit. Nous préparons le bateau et nous couchons tôt pour partir dès le lever du soleil demain matin.
Ouah ! l’eau couleur « canard WC » est impressionnante . Cool la vie profitez bien et votre journal toujours passionnant.Bon vent et bises à tous
Étonnamment, elle n’est pas très claire, on ne voit plus ses pieds après 30-40cm, mais c’est vrai que le couleur est incroyable!