Saint Barth en bref
Après sa découverte par Christophe Colomb, cette petite île aride fut abandonnée par les Espagnols, au profit des Français qui s’y installèrent vers 1665. Ils n’étaient que quelques centaines d’immigrants Normands à s’acharner à défricher la terre et essayer de la cultiver lorsque Louis XIV abandonna l’île aux Suédois un siècle plus tard. En pleine guerre Franco-Anglaise dans les Caraïbes, les Suédois tirèrent parti commercialement de l’île en en faisant de Gustavia un port franc. Le nom de Gustavia vient du roi de Suède Gustave III. Lorsque la guerre prit fin, les Suédois, embarrassés de cette petite île et de ses 600 paysans, la revendirent à la France vers la fin du XIXème siècle. Les Normands qui y avaient immigrés 200 ans plus tôt était toujours aussi Normands car il n’y eu aucune importation d’esclaves et aucun métissage par conséquent. Dans les années 1960, l’île ne comptait plus que quelques centaines d’habitants. Elle doit son essor actuel à Rémy de Haenen, aventurier, marin et pilote d’origine hollandaise qui devint maire à la fin des années 60 et y fit construire des routes et surtout son fameux aérodrome coincé entre une colline et la mer. Les touristes commencèrent à affluer et le succès devint vite au rendez-vous en sélectionnant une clientèle aisée à qui les Saint Barths commencèrent à vendre leurs terrains. Aujourd’hui, Saint Barth est une des îles les plus chics des Caraïbes où les villas, hôtels et méga yachts rivalisent de luxe. Malgré tout, l’île a gardé son charme même si la construction de villas continue de plus belle le long des flancs escarpés des nombreux mornes de l’île.
23 Février : Trajet Barbuda-Saint Barth
Nous quittons tôt le matin notre mouillage de Low Bay pour couvrir avant le coucher du soleil les 60 et quelques miles nautiques qui nous séparent de Gustavia. Ce matin, les alizés sont un peu plus établis que les jours précédents mais toujours pas très forts. Saint Barth étant directement sous le vent de Barbuda, nous établissons nos voiles en ciseaux et accélérons progressivement pendant la matinée avec le vent qui se renforce en s’éloignant de la terre. Dès notre départ, nous mettons notre ligne à l’eau mais la remonterons après avoir, une fois encore, attrapé 2 barracudas que nous devons relâcher. Ceux-ci sont de plus en plus gros et j’apprécie de moins en moins d’aller jouer dans la gueule de ces carnassiers, un peu difficiles à maitriser hors de l’eau ! À la mi-journée, une interminable bande de nuages à grains s’installe et nous vient en aide car le vent se renforce sur les bords de tels nuages. Nous nous arrangeons donc pour rester légèrement sur le côté des nuages que nous suivrons jusqu’à notre destination. En approchant l’île nous croisons de nombreux bateaux de course qui remontent au près, probablement vers Antigua. Le mouillage dans la baie de Gustavia est un véritable stationnement où les bateaux sont touche-touche. De plus, la houle rentre assez fort dans la baie qui reçoit de nombreuses rafales descendant des hautes collines qui la jouxtent. En ajoutant à ce cocktail une bonne profondeur (environ 12 mètres), mouiller n’est pas évident car il faut une bonne longueur de chaîne (50 mètres) et avoir assez d’espace pour que les bateaux tournent avec les rafales, sachant que tous les bateaux ne tournent pas de la même manière! Nous résolvons ce casse-tête en mouillant en bordure du chenal du port avec une belle précision : Après 6 mois de mouillages, Daphné et moi-même sommes devenus pas mal efficaces dans nos postes respectifs pour mouiller l’ancre. Daphné est à la barre et moi, je m’occupe de l’ancre et de la chaîne.
Gustavia, du 24 et 25 Février
Après une demi-séance d’école, nous partons à Gustavia avec comme priorités faire les formalités d’entrée et prendre contact avec le vendeur de notre nouvelle annexe tant attendue. Nous profitons de l’occasion pour visiter Gustavia, complètement centrée sur le port. Celui-ci est quasi-exclusivement fréquenté par des méga yachts. Autour du port, nous trouvons de nombreuses boutiques de luxe, bar, clubs privés. Bref, tout ce qu’il faut pour divertir la clientèle aisée qui fréquente l’île. Comme dans les autres îles françaises, les formalités douanières se font sur ordinateur. Ici, c’est à la capitainerie où l’on doit aussi s’affranchir d’une petite taxe de mouillage. Pour l’annexe, nous devrons revenir le lendemain car le shipchandler n’est ouvert ici que le matin le mercredi. Je confirme cependant avec eux que le bateau est bien en stock et je les informe que je ferai le virement aujourd’hui. Reste à savoir si nous devrons attendre la réception du virement pour prendre possession de l’annexe ou non….En fin d’après-midi, nous revenons à Gustavia où il fait bon flâner dans cette belle petite ville riche et proprette. Outre les traditionnelles boutiques de luxes françaises et bijoutiers, on y trouve aussi des épiceries fines où l’on peut acheter une tablette de chocolat pour le prix d’un repas au restaurant. Ici, le luxe ne semble pas avoir de limites…Nous nous offrons cependant une belle soirée à terre en allant manger une pizza dans un resto sympa au fond du port qui offre une connexion internet. Phoebé en profitera pour faire un appel vidéo avec sa meilleure amie à Montréal, Béatrice. Nous rigolons bien quand Phoebé lui dit très naturellement, en pleine semaine : « Je suis dans un bar à Saint Barth…. ».
Les Photos
Jeudi 25, je pars à terre le matin après un rapide cours de Français avec Phoebé pour m’occuper de l’annexe. À ma grande surprise, la seule copie d’écran confirmant que j’ai initié le virement la veille leur suffit pour me remettre l’annexe. Je la récupère une demi-heure après au port de commerce, toute gonflée pour la remorquer jusqu’au bateau. Sa légèreté est impressionnante, juste 40 kg, car le fond rigide est en aluminium. Après y avoir installé le moteur, nous sommes super excités à l’idée de faire nos premiers essais avec. Tour à tour, tout le monde vient faire étrenner l’annexe en planant à toute allure! Quel changement ! La coque avec un profond V coupe les vagues avec beaucoup de confort. Avec notre petit moteur de 6 CV, nous planons avec 3 personnes à bord. Si nous sommes tous les 4, il faudra se contenter d’une vitesse un peu plus lente. Mais, au moins, nous serons secs et en sécurité. Nous faisons connaissance de notre voisin, qui vient d’acheter un beau bateau en acier en Martinique et l’équipe tout en travaillant comme serveur dans un bar de Gustavia. On apprend que la majorité des bateaux à côté desquels nous sommes appartiennent à des gens qui travaillent ici, souvent temporairement pour renflouer la caisse de bord. Il semble que Saint Barth soit la Suisse des Caraïbes, le travail ne manque pas pour celui qui souhaite travailler fort pendant la haute saison d’hiver. Après l’avoir aidé à essayer une grand-voile qu’il souhaite acheter à un voisin, nous partons nous promener sur l’île, à la plage de l’anse Saint-Jean qui est réputée pour plusieurs raisons : tout d’abord, c’est sur cette baie que débouche la piste de l’aérodrome. Ensuite, on y trouve le plus ancien hôtel de luxe de l’île, l’Eden Rock. En partant de Gustavia, nous empruntons une route qui monte tout en haut de la colline que les avions qui atterrissent à Saint Barth doivent frôler pour ensuite piquer vers l’aérodrome situé en contrebas….et freiner à temps sous peine de se retrouver dans les eaux de l’anse Saint-Jean. Vu comme ça, il n’est pas étonnant que les pilotes qui atterrissent ici doivent avoir une accréditation spécifique. Nous avons la chance de voir atterrir plusieurs avions lorsque nous sommes au sommet de la colline : Les avions passent si bas qu’il est interdit aux voitures comme aux piétons de s’arrêter sur cette route dans l’axe de la piste ! Nous passons un bon moment sur la plage de l’anse. Éléa fait de super progrès en natation et commence à bien nager sans ses flotteurs. En repartant, nous passons voir le luxueux Eden Rock Hotel, dont le bâtiment principal est situé sur un rocher escarpé qui surplombe la mer.
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Anse de Colombier, du 26 et 27 Février
Maintenant que nous avons notre nouvelle annexe, nous n’avons plus de raisons de rester sur le mouillage inconfortable et surpeuplé de Gustavia. Nous partons donc au moteur pour l’Anse de Colombier, joli mouillage situé à quelques miles nautiques seulement de Gustavia. L’endroit étant un parc naturel, nous prenons exceptionnellement un corps-mort plutôt que de s’ancrer pour préserver les fonds marins. L’endroit est très tranquille lorsque nous y arrivons, sauf lorsque les gros catamarans de charter viennent y faire une escale express. Quelques méga yachts fréquentent aussi les lieux mais dérangent peu car ils mouillent plus au large. Daphné commence son long et délicat travail d’adaptation de la housse de l’ancienne annexe pour la nouvelle. Elle passera une dizaine de jours sur ce projet, en décousant et surtout recousant cette épaisse toile entièrement à la main. Pour ma part, je m’attache à reprendre le contrôle de la coque : Nous l’avons peu entretenue depuis notre arrivée dans les Caraïbes et une folle vie marine y a pris place. Il me faudra au total 8 heures de travail en apnée pour la rendre impeccable. Malheureusement, il ne faudra pas trop traîner avant de recommencer car les algues et coquillages prolifèrent très vite dans les eaux chaudes des Caraïbes, en particulier lorsque l’on navigue peu. Le reste du temps est employé à nos loisirs habituels : Guitare pour certains, cours d’espagnol pour d’autres, lecture, baignade ou promenades. Le samedi après-midi, une belle petite randonnée le long de la côte nous emmène jusqu’à la baie des Flamands. Le long du chemin, nous rencontrons d’innombrables tortues de terre. Nous nous extasions devant la première rencontrée avant de nous apercevoir qu’il y en a des dizaines. L’espèce est protégée et les habitants des parages s’occupent des œufs et des bébés tortues. Finalement, le dimanche midi. Nous décidons de quitter les lieux, devenus beaucoup moins tranquilles depuis le samedi soir. Le dimanche midi, le nombre de bateaux au mouillage a triplé, sans compter les petits bateaux à moteur qui distillent leur bruyante musique à leur équipage festif…et à leurs voisins.
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L’île Fourchue, du 28 au 29 Février
Nous retrouvons une ambiance pas mal plus relax à l’île fourchue, située à quelques miles au Nord-Est de Saint-Barth. Cette île est aussi une réserve naturelle et son éloignement relatif garantit une bonne tranquillité. Il y a une vingtaine de bateaux au mouillage. Les fonds marins semblent intéressants car nous voyons de nombreuses personnes en palme-masque-tuba. Nous allons donc tous les 4 mettre la tête sous l’eau et découvrir l’environnement sous-marin de cet îlot. Les fonds sont assez tristes car il n’y a aucun corail, mais la faune sous-marine est intéressante car nous y verrons des tortues, mérous et plusieurs raies. En fin de journée, j’irai à terre pour marcher jusqu’au sommet de l’île d’où on a une très belle vue sur Saint Barth.
Lundi 29, nous quittons l’île en milieu de journée pour retourner brièvement à Gustavia car les formalités de sortie du territoire ne se font que là. Nous en profitons pour repasser une partie de la soirée là-bas. Encore une fois, la principale motivation est d’avoir une connexion internet. C’est définitivement l’élément de confort qui nous manque le plus à bord….avec le lave-linge! Nous partons le lendemain matin pour Saint-Martin où nous rejoindrons Taia. Au final, nous avons bien apprécié Saint Barth qui a su garder son charme malgré l’affluence touristique qui a fait son succès.
Acheter son annexe à Saint Barth , c’est exceptionnel et anecdotique! Dommage que les barracudas ne soient pas comestibles là bas !!!
Bon vent à tous et prudence .