Les iles Vierges en bref
Christophe Colomb qui découvre l’archipel et le baptisa en 1493 fut impressionné par la beauté de ces îles. Cependant, les Espagnols trouvèrent peut d’intérêt dans ces petites îles montagneuses peuplées uniquement de quelques tribus Amérindiennes et les délaissèrent rapidement. Cela s’avéra être une bien mauvaise décision car l’archipel fut rapidement occupé par de nombreux pirates et corsaires principalement Anglais mais aussi Hollandais et Français. Ceux-ci se cachaient dans les dédales des îles et assaillaient les galions Espagnols qui revenaient d’Amérique du Sud, alourdis d’or. De célèbres pirates comme John Hawkins ou encore Francis Drake y écrivirent leurs plus beaux exploits. La piraterie étant fort lucrative, les Anglais s’installèrent définitivement dans l’Est de l’archipel sur les îles de Virgin Gorda, Anegada et Tortola. Le reste de l’archipel changea de mains de multiples fois au gré des guerres et traités jusqu’à ce que les Danois cèdent Saint-Thomas, Sainte-Croix et Saint-John aux Américains en 1917.
De nos jours, les îles vierges vivent quasi-exclusivement du tourisme, en particulier du tourisme nautique : Les îles vierges sont le paradis des « charters », c’est-à-dire des locations de voiliers à la semaine, avec ou sans équipage. Ceux-ci constituent la majorité des bateaux qui fréquentent ces îles. La principale raison est la proximité des îles qui permet de découvrir de nombreux endroits en peu de temps et la facilité de navigation : La navigation entre les îles se fait souvent à l’abri de la houle sous des alizés bien établis. Les îles vierges sont aussi le paradis des milliardaires et du tourisme de luxe : De nombreuses îles sont privées comme Necker Island, Mosquito Island ou Eustatia Island, toutes 3 situées à proximité de Virgin Gorda. Les 2 premières appartiennent à Richard Branson, patron de Virgin alors que la dernière est propriété de Larry Page, co-fondateur de Google. On trouve aussi de nombreux complexes hôteliers de luxe ou de magnifiques villas perchées sur les hauteurs des îles.
Gorda Sound & Eustatia Island
Nous quittons notre mouillage de Grand-Case dimanche 20 Mars vers 19h30. Les alizés semblent à nouveau bien établis pour nous pousser sur environ 80 miles nautiques jusqu’à Virgin Gorda. Comme on ne veut jamais être surtoilé la nuit, nous prenons un ris dans la grand-voile et installons le génois en ciseaux avec le tangon car le vent est exactement dans notre dos. Nous traversons tout d’abord le canal situé entre Saint-Martin et Anguilla. Nous aurons une bonne frayeur car nous frôlons un catamaran que je n’avais pas vu. Lui non plus ne nous avait pas vu car nous avions oublié nos feux de navigation…Pas fort. Ce petit stress nous pousse à redoubler de vigilance, surtout que nous n’avons pas fait de navigations de nuit depuis notre arrivée dans les Caraïbes. Phoebé m’accompagne pour le premier quart. La nuit se déroulera sans encombre, tout d’abord sous la pleine lune, jusque dans le milieu de la nuit, puis sous une belle voûte étoilée. C’est agréable de retrouver les sensations de naviguer la nuit dans de belles conditions. Au petit matin, nous apercevons Virgin Gorda que nous approchons maintenant sous grand-voile haute car le vent a un peu baissé. La houle est assez forte et nous pousse dans le chenal entre Virgin Gorda et Necker Island. Nous affalons alors les voiles pour contourner Prickly Pear Island et rentrer dans le Gorda Sound, c’est-à-dire le plan d’eau quasi fermé par les îles de Virgin Gorda,Prickly Pear et Eustatia. Il y a un nombre de bateaux impressionnant et nous sommes fatigués par notre navigation de nuit. Par conséquent, nous mouillons un peu à l’écart, le long de Prickly Pear Island le temps de se reposer et de retrouver nos amis qui doivent arriver aussi aujourd’hui. Nous déciderons alors d’un meilleur mouillage.
Lundi après-midi, je vais avec Phoebé faire les formalités d’entrée à Gun Creek, minuscule port situé à l’autre bout du Sound. Les formalités, certes très bureaucratiques, s’effectuent sans problème. Après une grosse demi-heure de remplissage de formulaires, je m’affranchis d’un gros 5 dollars auprès de 2 gros agents patibulaires en uniforme. Sur le chemin de retour vers le bateau, nous faisons le tour du Sound pour repérer un peu les lieux et essayer de trouver Taïa. Tous les environs du Bitter End Yacht Club et de Saba Rock (petit récif entre Prickly Pear et Virgin Gorda, maintenant occupé par un beau resort –restaurant-marina) sont encombrés de bateaux au mouillage sur des bouées : Aux BVI (iles vierges britanniques), la majorité des mouillages se font sur bouée, moyennant 30 dollars la nuit. Autant dire que nous allons faire notre maximum pour trouver des endroits où ancrer. Alors que nous rejoignons le bateau, nous apercevons Taïa et Nordic Belle II, l’autre bateau Canadien que nous avions rencontré à Deshaies, en Guadeloupe. Nous rejoignons nos amis sur Nordic Belle II pour la fin de l’après-midi, avant de retourner sur Korrigan pour le déplacer. En effet, nous sommes un peu à l’écart du mouillage et le trafic intense des yachts, navettes et autres bateaux nous amène beaucoup de vagues de côté. Nous allons nous ancrer pour la nuit entre Taïa et la côte de Prickly Pear island où tout redevient beaucoup plus calme.
Mardi matin, Daphné et moi laissons les filles sur le bateau pour aller explorer les alentours de Eustatia Island, situé juste de l’autre côté de Prickly Pear Island. Nous avons appris que le patron de Google est un fan de kite et permet l’accès à une plage de l’île pour les kitesurfers. La plage est magnifique et parfaitement orientée pour partir en kite. Juste en arrière, on y trouve un véritable surf shop privé où sont rangées des dizaines de planches et de kites pour les invités du milliardaire. Un peu plus loin sont alignés des catamarans de sport et même un magnifique bateau amphibie qui peut rouler sur la plage avec des chenilles repliables hydrauliquement. Rien que ce joujou est vraisemblablement plus cher que notre bateau! Pour profiter de ce bel endroit, nous décidons de venir ancrer Korrigan de l’autre côté de Eustatia Island ou ne se trouvent que 3 bateaux. L’accès est très facile car il y a une profonde passe dans la barrière de corail. Une fois encore, c’est étonnant à quel point on peut trouver des endroits calmes et non surpeuplés dans les endroits touristiques où tout le monde s’agglutine au même endroit. Les 2 bateaux-amis se joignent à nous et l’après-midi, nous voilà ancrer dans ce magnifique lagon où l’eau est extraordinairement claire. En plus de la plage de kite sur Eustatia Island, nous avons aussi à proximité une belle plage pour les enfants. Nous resterons ici pendant 3 jours, jusqu’au vendredi matin, alternant sessions de kite et vie sociale avec nos amis. Le mardi soir, nous allons tous au Bitter End Yacht Club où tous les soirs à 19h30 est projeté un film pour enfants. Pendant que les enfants regardent le livre de la jungle, nous allons boire quelques verres entre adultes. C’est bien agréable. L’endroit est très beau, avec une ambiance proche de « Pirates des Caraïbes »dans les parcs Disney. Bref, une ambiance américaine riche où tout est beau, propret…et très cher. Le mercredi soir, nous allons sur Saba Rock pour assister au festin des tarpons. Les tarpons sont de gros poissons carnivores mais dépourvus de dents : Tous les soirs, c’est l’attraction façon Disneyland. Saba Rock est un minuscule îlot qui jadis n’était occupé que par un petit club de plongée, très simple et un bar où les marins de passage aimaient se retrouver. Depuis, l’endroit a été racheté par un milliardaire américain qui en a fait un hôtel, marina et un magnifique restaurant aussi populaire que hors de prix. On y trouve aussi une belle terrasse en teck suspendu au-dessus de la mer d’où les clients peuvent regarder les kite surfers au soleil couchant. Bref, le décor parfait d’île tropicale! Après avoir profité de l’endroit mercredi soir au coucher du soleil pendant que les enfants jouent à cache-cache sur l’île, le jeudi soir, ça sera moi qui serai sur l’eau en kite pour une belle session au soleil couchant avec de beaux gros sauts sous le nez des clients du Saba Rock. Ce même soir, vers 22 heures, nous assistons à un magnifique feu d’artifice tiré depuis Necker Island, l’île de Richard Branson. La démesure ne semble pas avoir de limites chez les milliardaires. Le lendemain matin, nous partons pour Anegada, île quasi-déserte où nous comptons rester jusqu’au lundi. Notre visite d’Anegada fera l’objet du prochain article.
Nous revenons d’Anegada le lundi après-midi pour aller nous ancrer dans Leverick Bay, située sur la côte Sud-Ouest du Gorda Sound. Nous nous ancrons en arrière du champ de mouillages. Le but de notre visite dans Leverick Bay est le « Happy Arrrr Show », petit spectacle musical donné par Michael Bean, guitariste-navigateur qui fait ce spectacle au bar de la plage de Leverick Bay depuis plus de 10 ans. Déguisé en pirate, jouant guitare et harmonica, il met une bonne ambiance et plaît aux enfants comme aux adultes. Le spectacle se termine par un concours de soufflage dans une coquille de lambi : Lorsque percée correctement, celle-ci émet un puissant son de corne de brume. Camila et Matias, les 2 enfants de Taïa, en sont à leur deuxième participation et gagneront dans leur catégorie respective. L’autre attrait de l’endroit est la piscine à laquelle on a le droit dès qu’on consomme. Les enfants en profiteront avant le spectacle du lundi soir et tout le mardi après-midi pendant que Daphné et moi retournons à Eustatia Island pour une dernière session de kite sur Virgin Gorda. Nous y croisons Éric et son fils Ulysse, rencontrés à Anegada, tous 2 kite surfers émérites. Leur niveau est impressionnant. La différence de niveau avec nous n’en sera que plus marquante après ma spectaculaire sortie de l’eau : Je veux faire le malin et m’arrêter sur le sable. Je finirai par faire un vol plané impressionnant sur la plage qui se soldera par un kite accroché dans les cactus! Le kite en ressort indemne mais pas mon épaule gauche, encore très douloureuse une semaine plus tard alors que j’écris ces lignes. Le mercredi matin, nous allons faire quelques courses dans la petite épicerie de Leverick Bay. Nous avions été prévenus des prix, mais nous ne nous attendions pas à cela. Nous ressortons de là avec quelques fruits, légumes et boissons pour la modique somme de 90 dollars. En fait, ici, tout semble fonctionner par tranche de 100 dollars : Une soirée modeste au restaurant, l’épicerie, etc. Heureusement que les îles françaises nous permettent de nous approvisionner à bon prix avec des produits de qualité car les îles anglophones sont chères et proposent peu de produits frais, faute de culture locale (aux deux sens du terme !).
Les Photos
The Baths
Nous quittons le Gorda Sound par la minuscule passe située entre Virgin Gorda et Mosquito Island. L’endroit est étroit et peu profond mais en relevant dérive et safran, ça passe sans souci. Nous descendons ensuite toute la côte Ouest de Virgin Gorda pour nous rendre à The Baths, l’attraction principale de l’île. Il s’agit d’un gigantesque amoncellement de rochers de granit formant un labyrinthe naturel où alternent piscines naturelles émeraude et sable blanc. Nous nous y rendons sous génois seul, poussé par un alizé encore puissant. Nous avançons à 7 nœuds avec une seule voile, voire plus dans les rafales qui descendent des montagnes. La navigation sous le vent des îles requiert toujours beaucoup d’attention car le vent est irrégulier en force et direction. Aux Baths, le mouillage se fait obligatoirement sur bouée, payante évidemment. Par conséquent, nous mouillons sur ancre dans une petite baie située juste au-dessus du site touristique. Comme l’endroit est très populaire et que visiter un site naturel dans la foule ne présente aucun intérêt, on nous a conseillé d’aller faire la visite l’après-midi car la majorité des touristes sont déjà en direction de leur prochaine étape. Nous profitons donc de la matinée pour aller profiter des belles plages environnantes avec les filles. Je nage à la côte avec Phoebé et Éléa. Cette dernière nage désormais sans bouée et fait la brasse coulée et des galipettes sous l’eau avec une aisance déconcertante. On trouve déjà sur cette plage ces gros blocs de granit que l’on pense ne trouver qu’aux Seychelles. En les escaladant et en cheminant dans ce labyrinthe naturel, nous nous rendons à la prochaine plage, puis à la suivante. Là-bas, nous trouvons une magnifique piscine naturelle turquoise d’où l’on peut plonger des roches qui l’entourent. Notre petite expédition nous emmène à travers une petite forêt de cactus et nous passons de plage en plage en rampant sous les gros blocs de granit. Malheureusement, ça devient un peu trop risqué d’escalader sur ces grosses roches lisses avec des enfants et nous rebroussons chemin peu avant d’avoir atteint The Baths. Nous retournons au bateau pour le lunch avant d’aller visiter le site principal. L’accès à The Baths, se fait uniquement en annexe que l’on amarre à une cinquantaine de mètres de la plage pour préserver l’endroit. On rejoint donc le site à la nage. Ceci donne lieu à un spectacle hilarant lorsque des hordes de touristes débarquent des bateaux de croisière ancrés à proximité. Ils sont tous affublés de gilets de sauvetage jaunes fluo comme ceux que l’on trouve dans les avions. La ballade dans le labyrinthe de roches et les grottes qu’elles forment est vraiment magnifique. Sous la lumière indirecte du soleil, l’eau est couleur émeraude. Le chemin alterne entre escalade et natation. Nous atteignons finalement Devil’s Bay qui est une belle plage similaire à celle où nous sommes ancrés. De retour au bateau, nous quittons rapidement notre mouillage après une remontée de l’ancre un peu difficile. En effet, chaîne et ancre étaient bloquées dans des têtes de corail. Heureusement, l’eau est tellement claire que l’on voit parfaitement notre mouillage malgré les 9 mètres de fond et parvenons à nous libérer. Nous avions convenu avec Taïa et Nordic Belle II de les rejoindre ce soir à Lee Bay, petite baie située au Nord-Est de Tortola et située à seulement 5 ou 6 miles nautiques d’ici. Ce soir encore, nous avançons à une bonne vitesse sous génois seul. Alors que nous approchons de notre destination, je vois sur l’écran de l’ordinateur le signal AIS de Taïa et, à ma grande surprise, celui de Vaga, le catamaran avec qui nous avions passé un mois au Cap-Vert et pas revu depuis. Tout le monde à bord exulte et nous les contactons sur la VHF. Eux s’en vont à Trellis Bay, gros mouillage sur bouées situé à proximité de l’aéroport de Tortola car ils doivent récupérer de la famille dans les prochains jours. Nous nous déroutons donc pour ce mouillage afin de retrouver nos amis. Pour une fois, nous payons une bouée et passons une très belle soirée à bord de Vaga.
C’est vrai la vie est très chère dans les paradis fiscaux…Certaines banques pourtant y trouvent leur bonheur !! Bises et bon vent .