La Dominique en bref
Située à mi-distance entre la Guadeloupe et la Martinique, la Dominique fut découverte un dimanche en 1493 par Christophe Colomb, ce qui lui valut son nom. Cette île inhospitalière et impénétrable fut simplement délaissée par les Espagnols au profit des Français et des Anglais qui se la disputèrent pendant des siècles, pour la même raison : Sa position stratégique entre les 2 possessions françaises. Cependant, l’île ne fut jamais complètement colonisée car les Indiens Caraïbes défendirent farouchement leur territoire, profitant des montagnes escarpées et de la forêt pour harceler les colons. L’île devint finalement Anglaise au début du XIXème siècle après que les Anglais aient versé une solide indemnité aux Français. Ils tentèrent d’y établir des plantations de coco, cacao, café, mais celles-ci eurent beaucoup de mal à se développer et la majorité avaient périclité au début du XXème siècle. L’île devint complètement indépendante en 1979, année secouée par d’importants troubles politiques et surtout le passage du cyclone David qui frappa l’île de plein fouet. La Dominique mit très longtemps à se remettre de ces 2 évènements. De nos jours, la Dominique reste un pays beaucoup plus pauvre que les îles voisines et profite peu de l’industrie touristique. En effet, la richesse de l’île vient de sa végétation et de ses paysages de montagnes et non pas de son littoral, assez pauvre en plage. Par conséquent, le tourisme reste limité. L’agriculture vivrière reste la principale activité et ressource économique de l’île.
Le trajet depuis la Guadeloupe
Un peu moins de 40 miles nautiques nous séparent de Portsmouth, dans le nord de la Dominique. Par chance, ce mercredi matin, le vent n’est pas trop au Sud-Est, ce qui nous permet de rejoindre la Dominique sur un seul bord de bon plein (allure entre le près et le travers), à une allure assez rapide. Seul un gros gain au large des Saintes vient perturber notre marche et nous pousse à mettre le moteur quelques minutes. En arrivant sur la Dominique nous avions quelques appréhensions sur l’insécurité et la manière dont gérer les «boat boys », ces hommes qui viennent offrir toute sorte de service ou victuaille aux plaisanciers. Ces craintes étaient non fondées ou plutôt, plus d’actualité : En effet, nos guides datent un peu et les temps ont changé. Certes, nous avons été accueillis par un boat boy et son embarcation peinte de couleurs vives bien avant que nous arrivions dans la baie de Portsmouth mais ce dernier fut très peu insistant. Il nous proposait un mouillage et a attendu patiemment que nous nous ancrions pour venir se présenter et nous indiquer de le contacter par VHF si nous avions besoin de quoi que ce soit. Le tout avec un grand sourire aux lèvres.
Portsmouth
Peu après, un autre boat boy nous aborde pour nous proposer un barbecue organisé par l’association des boat boys de Portsmouth. En effet, ceux-ci semblent s’être regroupés en une petite association qui met à disposition des voiliers de passage des mouillages sur bouée, effectue une surveillance et offre des services divers : Ramassage des ordures, visite de l’Indian River, service de navette pour aller à terre, aux douanes, etc… Dès que l’un d’entre eux fait affaire avec un bateau, aucun autre boat boy ne viendra proposer ses services. Simple, pratique et relax. En tout cas, nous achetons des billets pour cette soirée barbecue le soir-même, histoire de fêter notre arrivée en territoire Dominicain dont les mérites nous ont été vantés par tous les plaisanciers qui y ont fait escale. Lorsque nous arrivons au barbecue, 2 groupes sont déjà attablés et semblent bien se connaître. Les filles repèrent rapidement 2 petites filles, les abordent et disparaissent sur la plage. De notre côté, ne nous trouvant pas d’atomes crochus au premier abord avec les plaisanciers qui arrivent, nous allons aborder sur la plage un Dominicain rasta qui a d’aussi belles dreadlocks que Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes! Nous suivons tant bien que mal son anglais créole, similaire à celui des Jamaïcains et commençons à découvrir la culture dominicaine. Comme tout rasta qui se respecte, il ne travaille pas mais vit de la nature qui l’entoure : Le tabac qu’il utilise est une grande feuille de tabac à moitié séchée qu’il sort de sa poche et il nous offre de délicieuses petites amandes. Cette première rencontre sera à l’image de notre séjour en Dominique : Des gens accueillant et qui partagent facilement ce que la généreuse végétation dominicaine leur offre. Au cours de la soirée, un autre rasta nous fera un petit tableau avec des restes de gouache séchée et des morceaux de charbon. Le résultat est étonnant au regard du matériel dont dispose le gars. De fil en aiguille, la soirée se finit assez tard et nous sommes enchantés de notre première soirée en Dominique.
Jeudi matin, pendant que Daphné s’occupe de faire l’école à bord, je vais faire les formalités douanières. Le minuscule bâtiment des douanes se situe à l’opposé de la grande baie de Portsmouth. C’est vite fait, peu cher (environ 5 euros) et je n’aurai pas besoin de faire de formalités de sortie si nous restons moins de 2 semaines en Dominique. Décidément, tous les efforts semblent faits pour attirer les plaisanciers, qui sont quand même nombreux entre les 2 îles françaises d’où partent de nombreux charter boats. En début d’après-midi, nous partons pour aller visiter l’Indian River : C’est une belle rivière qui zigzague dans la mangrove et se jette dans la mer à Portsmouth. En partant, nous rencontrons Bounty, un boat boy qui nous propose ses services pour cette visite qui nécessite un guide. Il nous suggère d’y aller en fin de journée et nous convenons qu’il passera nous chercher au bateau en milieu d’après-midi. Nous en profitons donc pour aller faire un tour en ville. Portsmouth est une petite ville tranquille où les commerces sont concentrés sur la rue principale qui longe le bord de mer. Ici et là des haut-parleurs diffusent du reggae et principalement du Bob Marley. Tout comme la veille, les gens nous disent bonjour avec un grand sourire et parfois échangent quelques mots. Je discute un moment avec un vieux monsieur qui grave une calebasse. Même dans cette petite ville, il y a des arbres partout en arrière des maisons. La nature s’invite même en ville ! Lorsque Bounty vient nous chercher pour visiter l’Indian River, il arrive avec un gros tas de mangues qu’il offre aux filles. La visite est à la hauteur de nos espérances : À peine 50 mètres après l’embouchure et le pont routier qui enjambe la rivière, Bounty coupe le moteur de sa longue barque, sort les rames et nous voilà immergés dans la mangrove. Nous commençons la visite par un bras de rivière caché sous une voûte de cocotiers et fromagers le long duquel a été construite la maison de Calypso, la sorcière du film Pirates des Caraïbes 2. Nous apprenons alors que de nombreuses scènes de ce célèbre film ont été tournées en Dominique. Nous aurons l’occasion de voir plusieurs sites de tournage lors de notre séjour. La visite se poursuit au milieu du dédale de racines de la mangrove au milieu desquelles se cachent de gros crabes. Nous atteignons finalement le Bush Bar, un bar niché au fond la forêt, tout en bois, au milieu de beaux jardins qui se fondent dans la forêt. Pendant que nous visitons les environs, ramassons des graines et buvons un verre, notre guide s’affairent à faire de l’origami avec des palmes de cocotiers. Avec une habileté surprenante, il fabrique une sauterelle, des poissons et des oiseaux qu’il nous offre avant de reprendre le chemin du retour. Comme nous lui avons parlé de notre envie de faire de la randonnée dans la forêt pour découvrir l’intérieur de l’île et y dénicher des rivières où se baigner, il nous promet de revenir nous voir demain matin avec un ami à lui qui est guide en forêt, dans le bush, comme ils appellent ici la forêt.
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Randonnée à Chaudière Pool
Vendredi matin, comme prévu, Bounty vient au bateau accompagné de Francis – surnommé Frenkchen, un rasta dans nos âges avec un grand sourire en travers du visage et la voix complètement cassée par la fumée. Nous lui indiquons que nous voulons allier randonnée et baignade dans les rivières ou cascades et il nous propose de nous emmener à « Chaudière Pool », une cascade avec plusieurs bassins pour se baigner. Il semble bien connaître ce coin-là et nous propose de s’arrêter chez un ami à lui pour prendre le nécessaire afin de luncher sur le bord de la rivière. Parfait ! Nous partons de suite en ville où nous attrapons un petit bus local pour nous rendre au village de Bense, situé proche de la côte Est de l’île et d’où nous partirons pour notre randonnée (voir la carte ci-dessus). Dès que le bus part (un minibus pour 12 personnes où nous sommes entre 15 et 20), l’émerveillement commence : Nous avons déjà l’impression d’être au fond de la forêt sur cette petite route sinueuse dans la montagne, surplombée par des arbres immenses. Étonnamment, il y a beaucoup de cocotiers dans la forêt, provenant des anciennes plantations installées par les Anglais au XIXème siècle. Arrivés à Bense, Frenkchen connaît tout le monde et s’arrête à toutes les maisons pour échanger quelques mots, toujours ponctués par l’habituel « Yah man ! » qui sert à toutes les sauces. Il faut dire que sa famille vient d’ici, ses grands-parents habitaient ici et travaillaient pour une usine de transformation de la coco, située un peu plus bas dans la vallée. En sortant du village, il attrape avec une grande perche 3 belles cocos à jus que nous portons sur quelques centaines de mètres jusqu’à chez Jerry, son ami rasta chez qui nous avions prévu de nous arrêter pour ramasser le nécessaire pour le lunch. Jerry est un grand rasta à la peau très noire qui vit dans une modeste case de tôle au milieu d’un beau jardin où lui et Frenkchen vont chercher des racines et herbes qui serviront, a priori, à la préparation du lunch. Pendant que nous buvons du lait des cocos que nous venons de ramasser, Frenkchen attrape un gros chaudron et quelques accessoires dans la modeste cuisine extérieure de Jerry (en fait un gros barbecue sous des tôles). Nous passons un petit moment ici à discuter avec les 2 compères. Avant de repartir, Jerry nous offre une belle grosse cuillère sculptée à la main par son grand-père avant que celui-ci ne décède. Ce dernier sculptait divers objets, dont une magnifique pagode, dans du cèdre blanc, bois local qui semble utilisé pour de nombreuses applications : bijoux, confection des membrures de bateau, etc. Nous pensions qu’il allait nous demander quelques pièces en échange de ce cadeau, mais il n’en est rien. Au contraire, il semble heureux que nous portions attention à ce que faisait son grand-père. Frenkchen pose le lourd chaudron sur son bonnet rembourré de ses dreadlocks, empoigne une machette et nous voilà partis. Les 2 heures de marche qui nous séparent de la rivière ne seront qu’une succession de découvertes étonnantes : Il nous montre sans cesse des plantes qui servent soit dans la cuisine, soit comme médicament, en onguent ou en tisane. La majorité d’entre elles ont une apparence insignifiante et poussent le long du chemin. Il nous fait découvrir aussi de nombreux fruits, comme ces petits fruits que l’on masse entre les doigts pour les ramollir et dont la chair ressemble au lichee ou encore ces grosse graines qui goûtent à s’y méprendre la châtaigne cuite. Nous nous essuyons ensuite les doigts poisseux du jus sucré des fruits sur les feuilles de la « plante kleenex », une petite plante aux feuilles de velours qui nettoie très efficacement.
En chemin, Frenkchen trouve des bananes plantains, des cocos et même de l’allume-feu en récoltant de la sève sur un arbre. Dès que nous arrivons à la rivière, il démarre un feu entre des gros galets dans le lit de la rivière. Celui-ci a été déformé par les crues provoquées par le cyclone Erika, dont la queue est passée sur la Dominique l’automne dernier, provoquant des crues et surtout de nombreux glissements de terrain. L’eau bout assez rapidement et pendant que les lentilles commencent à cuire, Frenkchen découpe les patates douces et les ignames alors que je m’occupe de découper et râper la coco. Il pressera ensuite celle-ci à travers un tamis après l’avoir faite tremper pour faire un excellent lait de coco pour le curry qu’il prépare. Évidemment, tout cela prend du temps que nous occupons à nous baigner et plonger dans les bassins de la rivière. Comme les assiettes manquent, une coco ouverte en 2 complètera le service. Le « pouwa », qui semble être le nom de ce curry du bush, est excellent. La fibre des cocos sert à nouveau, pour faire la vaisselle dans la rivière. Nous repartons de la rivière en milieu d’après-midi. Frenkchen laisse le feu allumé et quelques plantains non utilisées à côté, au cas où quelqu’un d’autre passe par ici. Il s’est aussi assuré que tout soit mangé et que rien ne soit gâché : Les rastas vivent de ce que la nature leur apporte et sont très respectueux envers elle. Par conséquent, ils ne soutirent que ce dont ils ont besoin et le partage. Petite leçon de vie à méditer dans nos sociétés occidentales…Au retour, nous trouvons 2 belles cocos, énormes, qui devraient être parfaites pour y découper des pendentifs ou autres petits objets que je me plais à fabriquer. Au retour, nous repassons chez Jerry où nous déposons machette et chaudron, mangeons quelques fruits en sa compagnie avant de prendre congé et rentrer vers Portsmouth. À l’arrivée, Bounty nous ramène au bateau et, ayant adoré notre expérience, nous convenons de retrouver Frenkchen lundi pour faire une grande randonnée dans le bush.
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Randonnée Borne-Vieille Case
Lundi matin, Bounty vient nous chercher en compagnie de Frenkchen vers 8h30 pour la grande randonnée que nous avons prévu ensemble vendredi dernier. Aujourd’hui, nous ne passerons pas le plus clair de la journée à nous baigner et cuisiner au fond de la forêt. Il nous a prévu un itinéraire assez long dans la forêt qui emprunte le sentier de randonnée qui traverse la Dominique et ses sommets du Nord au Sud. Nous partons à pied de Portsmouth en longeant la route qui croise à quelques kilomètres d’ici le sentier que nous souhaitons emprunter. Dès la sortie du village, nous trouvons un beau bosquet d’herbes donnant les belles graines grises appelées « job » aux Antilles. Nous en faisons une bonne provision et continuons notre chemin. Peu après, un rasta dans un minibus s’arrête et nous dépose au départ du chemin, nous épargnant la marche sur le bas-côté de la route. À leur attitude, nous pensons que les 2 se connaissent, mais en fait absolument pas. Pendant la première heure de marche sur le sentier qui serpente au milieu de champs ou cultures plus ou moins abandonnées, nous nous gaverons de fruits : Orange sauvage, papayes, mangues et trouvons même 2 beaux ananas que nous embarquons. Peu après, nous rentrons dans la forêt tropicale humide et montons jusqu’à un premier col puis redescendons dans la vallée suivante où nous nous rafraîchissons quelques minutes en nous baignant dans une petite rivière. Le chemin est très escarpé et un peu difficile pour Éléa. Du coup, Frenkchen la porte de temps en temps en sautant d’une roche à l’autre alors que nous avançons à pas prudent sur les roches humides et couvertes de végétation. Après avoir franchi une deuxième chaîne de montagne, nous redescendons dans une profonde vallée où les terres sont cultivées. Là encore, la marche est souvent interrompue par la découverte d’une plante aux innombrables vertus ou de fruits. Nous trouvons, entre autres, de la citronnelle, de la canne à sucre qui redonna de l’énergie aux petites filles avant la prochaine montée. Finalement, après un dernier col, nous voyons finalement la mer au loin et découvrons la longue vallée qui descend jusqu’au village de Vieille-Case où nous trouverons un bus qui nous ramènera à Portsmouth. Cette vallée est cultivée par endroits, là où la terre a été défrichée au fil des siècles et quelques cultures en étages établies. Il faut plusieurs heures de marche pour se rendre ici et y travailler la terre. En approchant de Vieille-Case, nous trouvons des cacaotiers abandonnés sur lesquels nous cueillons 3 beaux fruits pour nous essayer à la fabrication du cacao. Celle-ci consiste à ouvrir les fruits, débarrasser les fèves de cacao de la chair blanche qui les entourent (en la mangeant !), faire sécher les fèves puis les griller au four avant d’en enlever la peau et finalement moudre le cacao. Dans le même genre, nous trouvons au beau milieu du village un magnifique anacardier au pied duquel nous ramassons plein de fruits au bout desquels se trouvent la noix de cajou que nous mangeons après l’avoir grillée. Nous revenons à Portsmouth en fin de journée, fourbus mais riches d’un butin extraordinaire de fruits, graines, noix et plantes pour la tisane. Quelle expérience ! Frenkchen, qui apprécie notre compagnie, notre curiosité et surtout adore les filles, nous proposent de refaire une sortie ensemble « just for fun », sans rémunération dans 2 jours pour aller visiter la petite ville de Calibishie, située sur la côte Est. Nous sommes vraiment chanceux d’avoir fait sa connaissance car découvrir cette île et sa forêt si riche avec quelqu’un qui la connaît depuis toujours donne une dimension tout autre à notre séjour.
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Calibishie….sous la pluie !
Mercredi matin, le temps est pluvieux mais décidons de partir quand même nous balader avec notre ami Frenkchen. Comme nous ne le payons pas aujourd’hui, il ne vient pas nous rejoindre à bord sur la barque de Bounty : Des voisins de mouillage viennent nous prévenir qu’un rasta nous attend au quai près des bus. Nous partons donc, pour une fois, en annexe, que nous laisserons au quai principal, sans cadenas car le quai est surveillé par un vigile. Nous empruntons à nouveau un minibus local qui nous dépose, à la demande de Frenkchen sur le bord de la route, peu avant Calibishie et la fameuse « Number One Beach » qui apparaît dans le film « Pirates des Caraïbes 2 »lorsque Jack Sparrow se fait poursuivre par les cannibales. Il nous fait alors découvrir une ancienne usine de transformation de coco et une distillerie, sur lesquels la nature reprend progressivement ses droits. Le décor de machinerie lourde envahie par d’immenses lianes et racines est saisissant. Après une petite pause sur le bord de la rivière dont les berges ont été complètement arrachées par le cyclone, nous profitons d’une éclaircie pour rejoindre la plage de « Number One Beach », après avoir traversé une cocoteraie où fut tournée la scène dans laquelle les 3 protagonistes se battent dans une immense roue à aube de moulin qui traverse la cocoteraie. Arrivés à la plage, malheureusement, le temps est gris, la mer est grise et il pleut encore la majorité du temps. C’est dommage car cette belle plage de sable noire est magnifique : On l’accède par un sentier à travers la forêt tropicale qui suit une rivière en contrebas. En le parcourant, on aurait plus l’impression de se rendre à une rivière qu’à une plage. Pourtant, au détour du chemin, subitement, le bruit des vagues se fait entendre, étouffé jusque-là par la végétation. La plage « Number One Beach » permet la baignade en eau douce et eau de mer : En effet, une large rivière se jette dans la mer à cet endroit. Nous ramassons du bois flotté sur la plage, profitons un peu des lieux que nous avons pour nous tous seuls en cette journée pluvieuse. Nous rejoignons ensuite à pied Calibishie, qui n’est située qu’à quelques kilomètres. Frenkchen nous avait parlé que de nombreux étrangers y étaient installés. Nous nous attendions donc à arriver dans un village très touristique avec de nombreux restaurants et bars pour touristes. En réalité, il n’en est rien. Il y a certes, 2 ou 3 restaurants et quelques bars minuscules pour les locaux, mais rien de touristique. C’est finalement une bonne nouvelle ! Le restaurant où il nous emmène est très pittoresque : On entre dans une supérette située en bord de mer et au fond du magasin, dans un coin se trouve une porte. En la poussant, on se retrouve sur la terrasse d’un charmant restaurant qui surplombe la mer ! Nous avons lu plus tard dans plusieurs guides touristiques qu’il s’agit d’un des trésors les mieux cachés de la gastronomie dominicaine ! Nous confirmons ce dernier point : La nourriture y était excellente et servie avec une multitude d’accompagnements tels des beignets de fruits à pain absolument délicieux. Une fois restaurés, nous repartons à travers le village. Malheureusement, la pluie ne diminue pas. Nous nous abritons tout d’abord dans un minuscule bar aux couleurs rasta où nous n’aurions jamais osé rentrer seuls. Profitant d’une accalmie, nous poursuivons notre marche vers la sortie du village où nous découvrons une étonnante rivière bordée de mangrove, qui serpente entre les maisons. L’eau y est limpide et ici comme ailleurs, on ne voit aucun déchet. Il semble qu’une importante campagne de sensibilisation ait été faite à ce sujet dans les 10 dernières années. Cherchant de nouveau un abri, nous repérons une sorte de grande tente de l’autre côté de la route avec un petit étal de fruits et légumes devant et diffusant à grand renfort de décibels du bon vieux reggae. Nous finirons par passer le reste de l’après-midi dans cet endroit surprenant où l’on peut acheter des fruits et légumes mais aussi emprunter des instruments de musique disposés sous la tente et jouer à sa guise. Très vite, tout le monde s’y met alors que le propriétaire des lieux, un grand rasta avec une grande barbe et tout de noir vêtu (on dirait un rabbin), se mette à danser comme un fou. Le tout est agrémenté de bananes et de coco, offertes toujours avec plaisir, en particulier aux enfants. En fin d’après-midi, nous repartons alors que la pluie a enfin cessé et reprenons le bus. Malgré le mauvais temps, ce fut toute une expérience au cours de laquelle nous avons découvert des endroits assez pittoresques que nous n’aurions jamais trouvés seuls. De retour à Portsmouth (sous la pluie), nous prenons congé de Frenkchen car nous avons prévu de partir le lendemain, jeudi 12 Mai, afin d’aller fêter l’anniversaire de Daphné dans un restaurant réputé pour ses langoustes et situé à mi-distance entre Portsmouth et Roseau, la capitale.
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Et pendant ce temps à bord de Korrigan….
Comme nous ne faisons pas d’excursions tous les jours comme on le ferait sur un court voyage et qu’il faut tout de même faire un peu d’école (!), l’ambiance dominicaine qui nous plaît tant se transporte jusqu’à bord où, au gré des coutumes locales, le rythme ralentit. De plus, l’abondance de graines et de cocos nous motivent à se mettre vraiment à faire des bijoux, colliers, bracelets en coco et graines. Je m’occupe de la découpe de la coco, Daphné du montage de graines ou du macramé alors que les filles enfilent des perles et graines pour finir le tout. J’avoue que troquer les maintenances et réparations de bateau pour travailler le bois de coco me va à merveille et j’ai l’impression d’être en vacances, quitte à vous faire bondir vous qui travaillez…..Le temps passé à Portsmouth est aussi l’occasion de faire des rencontres. En effet, un jour où je devais faire quelques travaux sur l’annexe et son moteur, je vais à la plage pour travailler au sec et ainsi ne pas risquer d’échapper pièces ou outils par-dessus bord. Je suis rapidement rejoint par quelques gamins d’une dizaine d’années qui veulent absolument m’aider. Je me prête au jeu avec plaisir et à tour de rôle, ils vissent, dévissent, graissent, etc. Pour les remercier, je les emmène faire un tour en annexe pour qu’ils plongent. Comme un des enfants m’a mentionné qu’il avait 9 frères et sœurs et que ses parents n’étaient pas loin, nous revenons tous les 4 à terre avec un sac de vêtements d’Éléa qui sont trop petits et quelques paquets de biscuits. Les filles jouent alors avec une petite fille dominicaine alors que nous faisons connaissance de Sam, le père. Il construit et répare des bateaux ici-même ou fait tout autre sorte de boulot pour nourrir sa grande famille. Il est très reconnaissant de ce qu’on lui donne et cherche à nous remercier. Ainsi, en parlant de nos réalisations en coco et graines, il nous montre de très belles graines appelées ici œil d’âne qu’il ramasse et vend normalement. Il nous en offrira un gros sac. En même temps, il nous montre un petit arbuste insignifiant qui pousse le long de la route et dont les feuilles sont excellentes en tisane pour une bonne nuit de repos et nous en donne. Comme quoi, tout le monde ici semble avoir conservé la connaissance de la végétation et ses bienfaits.
De nombreux autres endroits que nous voulons visiter sont situés dans le Sud, à proximité de Roseau. Nous quittons donc notre mouillage après une magnifique semaine passée à Portsmouth. Nous partons à regrets car nous aurions passé des semaines ici, dans ce décor magnifique, cette ambiance bon enfant et où fruits, légumes et poissons sont disponibles en abondance et à prix modique. Une chose est sûre, nous reviendrons à Portsmouth !
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