Calibistri et arrivée à Roseau
Nous quittons finalement, et à regret, notre mouillage de Portsmouth le jeudi 12 Mai. Cependant, nous avons une excellente raison pour cela : Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Daphné et sur la route pour se rendre à Roseau, à Calibistri, il y a un excellent restaurant de langoustes, très réputé parmi les navigateurs : Ce restaurant, tenu par un Belge depuis plusieurs dizaines d’années, offre la bouée de mouillage devant le restaurant et propose des portions de langoustes grillées très généreuses. Après avoir quitté notre mouillage en tout début d’après-midi, nous passons l’après-midi tranquillement au bateau, les filles s’affairant à préparer un beau gâteau d’anniversaire pour leur maman et à décorer l’intérieur du bateau pour l’occasion. Après le soufflage de bougies et les cadeaux en fin d’après-midi (comme pour les anniversaires d’enfant!), nous partons au restaurant où sont déjà attablés les équipages des deux autres bateaux au mouillage devant le restaurant. Pendant que nous faisons connaissance, le restaurateur, connaissant bien les us et coutumes des gens de bateaux, rapproche les tables pour ne former qu’une grande tablée autour de laquelle nous nous installons. Ce fut un véritable festin de langoustes et une belle découverte pour les petites filles qui goûtaient cette délicate chair pour la première fois.
Le lendemain, vendredi 13 (!!), nous quittons Calibistri où il n’y a rien d’autre à faire que de manger des langoustes, pour rejoindre le mouillage de Roseau. Celui-ci est situé dans la partie Sud de la baie et ne peut se faire sur ancre, vu la profondeur des fonds et leur nature rocheuse. Nous sommes abordés par un boat boy « Sea Cat » que Frenkchen nous avait recommandé. Il nous indique une bouée située juste à côté de son quai, que nous pouvons utiliser à volonté. Nous négocions un peu le prix étant donné que nous comptons rester une semaine et nous voilà installés.
Roseau
Nous n’attendions pas grand-chose de cette ville, capitale de la Dominique. En effet, dans un pays pauvre comme la Dominique, ville est souvent synonyme de quartiers délabrés peu attrayants et de misère humaine qui se traduit par la mendicité, voire l’insécurité. Certes, il y a des bâtiments délabrés et de nombreuses habitations de fortunes en tôle ondulée, quelques mendiants, mais c’est plutôt une atmosphère bon-enfant comme nous avons connu jusque-là en Dominique qui se dégage de cette ville. Notre mouillage étant à l’écart de la ville, nous devons marcher une bonne vingtaine de minutes pour nous rendre en ville, traversant ainsi les faubourgs du Sud de Roseau. C’est une succession de petites cases majoritairement en bois ou en tôles et de petits commerces autour desquels la vie s’anime. Comme à Portsmouth, on échange un bonjour avec les passants ou quelques mots. Lorsqu’on achète quelques fruits, on nous en donne toujours un peu plus en cadeau. Le Vieux Roseau a beaucoup de charme, même si de nombreux immeubles sont en piteux état. Certains d’entre eux ont été restaurés, peut-être sous l’élan touristique donné par les paquebots de croisière qui y accostent en pleine saison. Il reste que la vieille ville est vivante, pleine de commerces traditionnels en tous genres, y compris les inévitables bazars chinois. On trouve cependant un supermarché, un IGA (supermarché Québécois) et quelques banques (canadiennes elles aussi). Le marché est magnifique : Des étals de fruits et légumes à perte de vue s’offrent à nous ainsi qu’un marché de poissons, plus modeste mais où nous trouverons toujours du poisson du jour à un prix très abordable. Ici et là, des vendeurs de musique (CD copiés) s’installent et distillent du reggae à travers les rues. Les stations de minibus sont les autres centres d’animation de la ville. Ici, on compte les minibus Toyota par dizaines qui desservent toute l’île….sauf Wotten Waven le petit village où nous souhaitons nous rendre pour commencer notre visite du Sud de l’île.
Après une longue recherche dans tous les bazars de la ville, nous trouverons finalement un rideau de porte en perles de bois qui nous fera une grande provision de matériaux pour faire des colliers et bracelets. C’est aussi une bonne occasion pour discuter avec des locaux, dont un jeune dominicain, artiste peintre qui revient de Chine où il a fait ses études et sert d’interprète à la propriétaire chinoise du bazar qui ne parle quasiment pas anglais. Nous aurons aussi l’occasion de voir ses toiles dans une petite galerie d’art située juste à côté du quai où nous stationnons notre annexe pour aller en ville.
Les Photos
Les sources d’eau sulfureuse et les chutes de Trafalgar
On trouve une grande concentration de sources d’eau sulfureuse à Wotten Waven, petit village situé dans les montagnes à une vingtaine de kilomètres de Roseau. En basse saison touristique, peu de bus se rendent là-bas, en particulier depuis que le cyclone Erika en Novembre dernier a endommagé la petite route. Nous devons nous rabattre sur les services d’un taxi-minibus que nous négocions longuement pour nous emmener à Wotten waven puis aux chutes de Trafalgar, situées non loin de là. Nous allons tout d’abord voir une source d’eau sulfureuse, dont les eaux brûlantes se mêlent à celles d’une petite rivière dans un gros nuage de vapeur. Nous allons ensuite passer le reste de la matinée dans un spa naturel qui s’alimente de ces sources d’eau chaude. À cette saison, nous sommes seuls et pouvons profiter un maximum des différents bassins, parfois refroidis par une de ces petites pluies, si fréquentes dans les montagnes. Nous repartons ensuite en taxi, redescendons dans la vallée pour s’engager dans la vallée voisine, où se trouve le village de Trafalgar. À peine plus gros que celui de Wotten Waven, on y trouve cependant de belles maisons qui sont souvent des bed & breakfast, vides à cette époque de l’année. En sortant du village, nous apercevons 2 grandes lignes blanches au milieu de la forêt sur un versant abrupt: Ce sont les 2 chutes de Trafalgar. C’est un site proche de Roseau que l’on atteint au terme d’une très courte marche, une dizaine de minutes. Par conséquent, c’est le site de prédilection pour les touristes qui débarquent des paquebots de croisière. L’immense stationnement et bâtiment d’entrée sont vides. Nous y achetons un forfait qui nous permettra de visiter cette semaine la majorité des sites naturels gérés par le gouvernement avant de commencer la visite. Le chemin complètement cimenté qui serpente dans la forêt rend la ballade accessible à tous et permet de donner un bon aperçu de ce qu’est la forêt tropicale humide. Pour notre part, on a vu plus sauvage dans nos randonnées précédentes….On passe un bon petit moment au pied de ces chutes impressionnantes qui coulent de part et d’autres d’une montagne avant que leurs eaux se rejoignent dans un champ de grosses roches et éboulis. Nous ne sommes pourtant pas à la saison la plus humide et le débit est énorme. L’après-midi est déjà bien entamée et tout le monde est affamé. Nous rejoignons donc l’accueil des chutes en quelques minutes (temps soigneusement minuté par Phoebé…) avant de rentrer à Roseau avec notre taxi. Nous trouvons juste une sorte de snack où nous restaurer. L’endroit est agréable, bien décoré, un peu comme un bar de plage mais le menu est très succinct. En gros, des pilons de poulet frits… et pas grand-chose d’autre. Après un petit tour en ville, nous retournons vers le bateau. Il faut quand même marcher un bon 35-40 minutes avant de retrouver notre annexe et « rentrer à la maison ».
Le lendemain, Dimanche, nous restons tranquillement au bateau. Nous ne voulons pas faire de visite tous les jours et de toute façon, le dimanche, il n’y a quasiment pas de bus. Nous passons la journée à faire des petits bricolages en coco et macramé en alternant avec quelques baignades pour tempérer la chaleur écrasante qui règne ici sur cette côte à l’abri des alizés.
Les Photos
Middleham Fall, Titou Gorge, Spanny Fall, Jacko Fall….immersion dans la forêt dominicaine
Lundi matin, nous partons pour une grande randonnée qui nous mènera à l’immense chute de Middleham et, si le temps le permet à Titou Gorge, des gorges minuscules dans lesquelles on peut juste passer à la nage. Comme mise en jambe, nous marchons nos 35-40 minutes habituelles pour nous rendre en centre-ville et y trouver un bus se rendant au village de Laudat, à proximité duquel se trouve le départ du sentier pour la chute de Middleham. Tout comme il y a 2 jours, nous apprenons qu’il n’y a que très peu de bus se rendant à Laudat et celui du matin est déjà parti. Notre alternative est de prendre un bus pour Trafalgar et de nous faire déposer à l’embranchement vers le village de Laudat, situé dans la vallée voisine. Avec cette option, nous devrons tout d’abord marcher trois quarts d’heure sur la route de montagne qui se rend à Laudat. Sous le soleil des tropiques, grimper sur une route de montagne en lacets est exténuant et il faut sans cesse remotiver les filles. Lorsque nous arrivons au départ de la randonnée, nous sommes accueillis par un garde forestier qui attend dans sa voiture le long de la route pour contrôler nos billets. Heureusement que nous avons acheté ce forfait aux chutes de Trafalgar. Nous rentrons finalement dans la forêt et la promenade devient alors beaucoup plus agréable dans la fraîcheur (relative) de la forêt. La marche d’environ une heure et demie n’est pas très difficile, sauf la fin pour descendre en bas de la chute. Cette dernière portion est d’ailleurs très impressionnante car on arrive sur le haut de la montagne, sur le côté droit de la chute, là où un pan entier de montagne semble s’être effondré et avoir donné naissance à cette chute. La descente dans les roches est un peu glissante et il faut s’aider des racines pour descendre. Arrivés en bas, même à une bonne distance de la chute, nous sommes dans un nuage d’humidité permanent qui, dans un premier temps rafraîchi puis devient trop froid, en particulier après la baignade dans l’eau bien froide de la rivière qui reprend son cours après la chute. Nous mangeons assez rapidement avant de repartir pour nous réchauffer et quitter cette humidité extrême. Le contraste est étonnant avec la chaleur intense que nous devions supporter ce matin en marchant sur la route. Le retour, ou plutôt la remontée, se fait à peu près dans le même temps. Les filles deviennent de bonnes marcheuses, en particulier Éléa qui suit très bien malgré son jeune âge et ses petites jambes. Une fois revenus sur la route de Laudat, nous devons rejoindre le village et donc continuer à grimper pour se rendre aux gorges de Titou. Profitant d’une bonne connexion internet sur le bateau, j’ai repéré l’emplacement des gorges sur Google Map. À l’entrée du village, nous rencontrons un vieux monsieur qui rentre des champs et nous donne quelques précieuses indications pour trouver les gorges. Nous attendons le passage d’un grain ensemble et il nous parle avec gentillesse et fierté de son village. Ce contact facile avec les Dominicains est très agréable, surtout que maintenant que nous randonnons sans guide, nous avons moins de contact avec les locaux. Nous finissons par trouver les gorges, situées derrière une petite usine géothermique et hydroélectrique, construite avec une aide européenne. Nous nous restaurons avec des chips de plantains et des jus locaux que nous vendent deux femmes du village. Nous nous mettons en maillot de bain dans des petites cabanes en bambous et partons à l’eau, bien fraîche en cette fin de journée pluvieuse. Comme c’est assez profond, j’embarque Éléa sur mon dos et nous nous engageons dans une étroite fente sombre dans la roche où coule la petite rivière. Malheureusement, je n’ai pas de photos de cet endroit, faute d’appareil photo étanche, mais les curieux pourront trouver des photos sans problème sur internet. Les gorges sont constituées de 3 chambres assez larges et aux parois rigoureusement lisses. Une faible ouverture au sommet laisse passer une faible lumière qui donne une ambiance extraordinaire au lieu. Malheureusement nous ne pourrons en profiter très longtemps car il est impossible de se reposer car les parois de roche sont complètement verticales et sans prise. Plus on avance, plus le débit est important et en entrant dans la dernière chambre, celle où se trouve une petite cascade, je peine à retrouver mon souffle en luttant contre le courant avec mon petit singe sur le dos! Daphné prend alors le relais en catastrophe, et nous nous laissons glisser dans le sens inverse vers l’entrée. Je comprends alors mieux pourquoi l’endroit était marqué comme réservé aux bons nageurs. Dans nos pays, l’endroit aurait été aménagé avec des pitons et des cordes le long des parois pour le rendre plus sécuritaire (nous apprendrons plus tard qu’un jeune français s’y est noyé il y a quelques années). Ici, l’endroit est resté naturel et garde tout son charme. Comme tout environnement naturel, il faut l’aborder avec prudence….Nous remarchons ensuite vers l’entrée du village où nous attendons un bus pendant un bon moment, heureusement à l’abri car les pluies se succèdent sans cesse. Nous rentrons à Roseau à la nuit tombante et, fourbus par ces quelques 6 heures de marche, nous devons encore marcher jusqu’à notre mouillage. Sacrée journée! Les filles sont courageuses et malgré la fatigue savent apprécier ce qu’elles voient.
Le mardi est une journée où nous restons au bateau pour faire l’école, une lessive (nous trouvons une laverie automatique juste à côté) et aller profiter de la piscine de l’hôtel situé à proximité (celui qui nous fournit gratuitement une connexion internet!). C’est très agréable d’aller se baigner là-bas car la chaleur est étouffante dans la baie de Roseau. Cependant, avant de se baigner, il faut passer à travers 3 formulaires pour pouvoir accéder à la piscine. C’est l’occasion pour faire un petit cours de natation à nos 2 poissons qui nagent toutes 2 de mieux en mieux.
Mercredi sera notre dernière journée d’excursion en Dominique : Nous voulons aller dans le centre de l’île profiter de 2 belles chutes : Spanny Fall et Jacko Fall. Nous trouvons un quai plus proche du centre-ville où nous pouvons laisser notre annexe et couper de moitié la marche le long de la route vers Roseau. Après quelques essais, nous trouvons finalement le bon point de départ des bus qui s’en vont vers la côte Est de l’île. En expliquant nos intentions au chauffeur, il nous déposera au bon endroit sur la route. Avant cela, il faut attendre que le minibus soit plein (c’est-à-dire en surcharge), puis aller chercher une personne à domicile, déposer et attendre un passager chez Nissan (celui-ci allait contester une facture) et s’arrêter finalement chez un autre passager pour que celui-ci récupère une bouteille de gaz à remplir. Cela prend environ 45 minutes et nous sommes alors prêts à prendre la route! Toute cette attente se fait dans la bonne humeur et avec résignation, même si il est évident que nous ne sommes pas les seuls à trouver le temps long…
Le trajet en lui-même ne sera pas plus long que le cérémonial de départ. Le bus nous dépose le long de la route, en pleine forêt, devant un petit commerce. Les chutes sont situées a priori sur un terrain privé et nous devons nous acquitter dans ce magasin d’une modeste somme pour accéder aux chutes. Le chemin est balisé par des belles fleurs sur sa première portion qui longe quelques cultures. Ensuite, le tracé devient plus évident lorsque nous rentrons dans la forêt. La marche est assez courte, environ 30 minutes et nous arrivons à la chute et son bassin en longeant une paroi de roche couverte de végétation et ruisselante d’eau. Ici aussi, l’humidité est extrême. Au pied de la chute se trouve une petite esplanade en bois sur laquelle nous pouvons nous installer. Le soleil arrive à atteindre le bassin de la chute et rend la baignade dans l’eau fraîche très agréable. Il va sans dire que nous sommes absolument seuls, en pleine forêt à nous baigner dans ce magnifique bassin. J’emmène les filles se baigner sous la chute…pour un petit massage à l’eau gratuit. On peut difficilement demander plus. Nous prenons donc notre temps et déjeunons ici avant de remonter vers la route. La deuxième chute est située le long de la route, à peine 500 mètres plus loin. Ici aussi, c’est un site privé. Par contre, la chute est située à 5 minutes du bord de la route et le sentier pour s’y rendre est complètement aménagé. Cependant, la forêt est déjà tellement dense même à proximité de la route que l’endroit a autant de charme que s’il se trouvait à une heure de marche. La chute est située au centre d’une sorte de dépression circulaire. Au milieu du bassin se trouvent de nombreuses roches et un immense tronc qui n’apparaît sur aucune photo commerciale : C’est encore le cyclone Erika qui a changé la physionomie des lieux. Après une bonne baignade et quelques jeux dans l’eau, nous retournons sur le bord de la route attendre le bus pour Roseau. L’attente n’est guère longue, en particulier pour les filles qui ont trouvé 2 bébés chats avec lesquels jouer. Nous arrivons en milieu d’après-midi à Roseau, ce qui nous donne le temps de passer au marché nous acheter quelques fruits, légumes et poisson avant de rentrer au bateau.
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Fin de séjour en Dominique
Nous planifions de partir de Dominique ce week end, probablement samedi. Jeudi, alors que nous vaquons à nos habituelles occupations sur le bateau, nous faisons connaissance d’une famille de Vancouver qui voyage à bord d’un magnifique 60 pieds, acheté en Floride pour le projet de voyage. Ce monstre de 36 tonnes peinait à trouver preneur, nombreux ne se trouvant pas de taille à le manœuvrer. Les filles font connaissance des 2 enfants, un garçon et une petite fille sensiblement dans les âges de Phoebé. Elles sont très contentes de se trouver des amis car nous avons rencontré peu de bateaux avec des enfants depuis que nous avons quitté Taïa aux îles Vierges. Le vendredi sera aussi passé à jouer dans l’eau avec les nouveaux amis, pendant que nous faisons connaissance de Patrick, leur père et continuons nos petits bricolages. Je n’ai pas fait de réparations depuis un bon moment sur le bateau et ça fait du bien, même si je sais qu’une bonne petite liste m’attend lorsque nous serons au Marin en Martinique. Vendredi, en fin de journée, nous retournons une dernière fois à Roseau pour aller faire le plein de fruits et légumes au marché avant de quitter pour la Martinique où nous retrouverons des prix en euros. La Dominique restera sans aucun doute une étape coup de cœur de notre séjour aux Antilles pour la beauté et la générosité de sa nature, sans oublier la gentillesse de ses habitants. Espérons que la Dominique restera encore longtemps telle que nous la laissons ce samedi matin….
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