Depuis que nous avons mouillé à Non Such Bay, sur l’île d’Antigua, magnifique lagon sur la côte au vent d’Antigua, j’étais à la recherche d’endroits similaires qui nous garantiraient à la fois un mouillage bien protégé et un bon spot de kite recevant du vent frais directement de l’Atlantique. Sur les cartes, il était évident que la Martinique et sa côte Est hérissée de corail (les zones bleues foncées et vertes sur la carte ci-dessus) serait un bon candidat. J’avais trouvé sur internet quelques spots de kite, confirmant le potentiel de l’endroit et trouvé une bonne liste de mouillages intéressants sur des blogues de navigateurs. Nous étions donc prêts à aller découvrir cette côte sur laquelle peu de gens vont. Il faut en effet disposer d’un bateau ayant un faible tirant d’eau et aimer assez les mouillages déserts pour prendre les quelques risques supplémentaires qu’entraînent une navigation sur la côte au vent (en cas de problème, on se retrouve rapidement sur la côte) et dans des eaux coralliennes (voir article précédent).
Départ de Sainte-Anne vers la côte au vent
Vendredi matin, le 10 Juin, nous partons vers 8h30 de notre mouillage de Sainte-Anne. Nous voulons profiter de cette journée assez venteuse pour nous rendre vers le Vauclin à presque 30 miles nautiques de Sainte-Anne. Nous contournons prudemment la pointe qui ferme la baie du Marin car c’est un véritable champ de mines de casiers à langoustes. Il faut compter sur la chance car on ne peut pas tous les éviter tellement ils sont nombreux et mal signalés (bouteille d’eau à moitié coulée par exemple). Nous tirons ensuite un long bord de près vers le Sud Est pour se dégager assez loin de la côte Martiniquaise afin d’y revenir sur un second bord de près. C’est sur ce second bord que les choses se gâtent : La combinaison d’une mer assez formée et d’un courant assez fort de face nous donne un cap minable. Il faut prévoir un plan B car nous n’arriverons pas au Vauclin avant la nuit dans ces conditions. Ayant vu sur l’AIS le catamaran Maïa que nous avions rencontré à Gosier en Guadeloupe, nous décidons d’écourter notre route pour aujourd’hui et de nous rendre à la Baie des anglais, premier mouillage sur cette côte en venant du Sud. Cependant, nous nous rapprochons toujours trop de la terre. Nous démarrons donc le moteur pour « appuyer » notre route, c’est-à-dire avoir un peu de puissance supplémentaire pour gagner une quinzaine de degrés de cap et atteindre notre point d’entrée dans la baie des Anglais. C’est une navigation sous tension car on a toujours le risque d’avoir un problème et de dériver à la côte. Ce moment ne tarde à venir alors que nous traversons à nouveau un champ de casiers. Nous zigzaguons et évitons …tous les casiers visibles. Nous prenons dans la dérive et/ou le moteur et/ou le safran un casier et ses bouées. Le résultat est immédiat. Le bateau s’arrête et dérive avec un énorme sillage de bulles derrière. Nous remettons le moteur pour nous éloigner vers le large alors que le pécheur propriétaire du casier nous aborde et nous engueule copieusement. Je tente de le calmer puis l’ignore car nous avons de plus gros problèmes : Il faut se défaire de ce casier. Après plusieurs manipulations de la dérive et du safran, ils se dégagent. Par contre, le vérin de la dérive ne semble plus fonctionner correctement. C’est très ennuyeux car il est difficile de voir quelle est la position de la dérive (rentrée ou sortie) et nous devons rentrer dans une passe très peu profonde, praticable uniquement avec la dérive relevée. Dans l’incapacité d’investiguer plus sur place, nous décidons de faire demi-tour et rentrer vers Sainte-Anne, la mort dans l’âme. Je rêvais tellement d’aller là-bas que je continue à m’obstiner sur le vérin de la dérive et au bout d’un moment, elle semble remonter et descendre correctement. Un cordage devait encore être coincé dans le puits de dérive et empêcher son bon fonctionnement. Nous refaisons demi-tour et nous rendons vers la Baie des Anglais, alors qu’un hélicoptère des garde-côtes en est à son 3ième survol sans essayer de communiquer avec nous par radio. Peu avant de rentrer dans l’impressionnante passe de la baie des Anglais, complètement ouverte sur la houle Atlantique, re-belote : Nous retombons dans un champ de casiers, tous reliés entre eux. Ils constituent un véritable piège à bateau. Nous ne sommes pas trop de 3 avec Phoebé pour les repérer au milieu des vagues et tenter de les éviter. Malgré tout, nous en reprenons à nouveau mais nous dégageons rapidement en relevant le safran et repartons vers la passe. Le moment à venir était supposé être LE moment important et stressant de cette navigation…. En arrivant là, nous sommes déjà fatigués et super stressés! Heureusement, avec la bonne visibilité que nous avons aujourd’hui, nous rentrons sans trop d’encombre, malgré la houle qui essaye de nous pousser plus vite qu’on voudrait dans l’étroit passage entre les 2 barrières de corail. Finalement, nous retrouvons Maïa au fond du lagon, mouillé à côté d’une petite pointe de sable. Ouf ! Contents d’être arrivés. En plongeant pour vérifier le dessous du bateau, je retirerai encore un dernier morceau de cordage. Heureusement que le coupe-orin (système de lames sur l’arbre d’hélice) a bien fait son travail!
La baie des Anglais
L’endroit valait les soucis que nous avons eus pour nous rendre : C’est complètement sauvage, vierge de toute construction. Nous sommes complètement entourés de mangrove sur une eau calme comme un lac. À proximité, 2 petites plages désertes d’où à priori, nous pouvons partir en kite. L’après-midi, nous partons en annexe faire une reconnaissance des environs et croisons l’équipage de Maïa en annexe avant de nous rendre à l’îlet Chevalier et au cap du même nom. Le cap Chevalier ou anse Marcel est une très belle plage avec de beaux fonds blancs pour se baigner: Les fonds blancs sont des poches de sable au milieu du corail. Ici, ils forment une sorte de piscine circulaire où l’eau est incroyablement chaude. La plage est longée de cocotiers et d’arbustes idéaux pour se protéger du soleil. L’endroit a un air de Bois-Jolan en Guadeloupe. Après avoir passé l’après-midi à se baigner, nous rentrons au bateau. Les 3 jours suivants seront occupés à faire du kite pour les parents de Korrigan et Maïa, alors que les enfants se retrouvent ensemble pour jouer sur la plage. Ils s’affranchissent rapidement de la barrière de la langue (la première langue des enfants dans cette famille franco-israélienne est l’hébreu) et passent le plus clair de leur temps à jouer sur la plage, avec les fruits des arbres de la mangrove, etc. Nous gonflons nos kites sur une petite plage où sont installées tentes, tables et chaises, etc. Un endroit parfait pour les fêtes de plage antillaises! Samedi, le vent est bon et nous faisons 2 sessions, le matin et le soir. Le Dimanche, changement de décor : Une fête est organisée sur la plage et jet-skis et speedboats débarquent les fêtards par dizaines. Lorsque nous débarquons avec nos kites, nous avons à peine la place de débarquer en annexe sur la plage ! Nous arrivons quand même à les gonfler un à un et à démêler les lignes (20 mètres environ quand même!) au milieu des fêtards, déjà pas mal amochés en début d’après-midi! Malheureusement, le vent est tombé depuis ce matin, ce qui rend l’exercice de décollage et atterrissage au milieu de la foule un peu périlleux… Lundi, le vent est de retour, pas mal fort, et nous ferons une très belle matinée de kite. Nos amis Laurent et Michal, qui sont débutants, progressent de jour en jour. C’est vraiment sympa de se trouver un bateau-ami avec des amateurs de kite et des enfants! L’après-midi, pour varier les plaisirs, nous irons tous ensemble nous promener le long de l’Anse Trabaut, grande plage sauvage sur l’Atlantique, juste au sud de la baie des Anglais. En arrière de cette belle plage bordée de cocotiers, le paysage alterne entre du désert de sable et sel, certainement inondé pendant les grandes marées, et une forêt basse d’arbustes noueux et noirs, infestée de (très) gros crabes de terre. Un peu plus loin se trouve la vallée des pétrifications. Malheureusement, à force que chacun ramène un petit souvenir d’arbre pétrifié, il n’y en a plus!
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Le Vauclin
Mardi matin, les 2 bateaux quittent leur mouillage de la baie des Anglais, Maïa s’en va vers le Marin alors que nous continuons vers le Nord pour s’arrêter au village du Vauclin ou l’on devrait trouver fruits et légumes dont nous commençons à manquer. Ce matin, le temps est gris et le vent est fort. Nous nous préparons à la sortie de la passe avec le plus grand sérieux, chacun à son poste. Phoebé participe quand la situation le nécessite. Elle a d’excellents yeux et repère rapidement les bouées de casiers ou les lumières la nuit. Nous sortons sans difficulté et ne rencontrons pas autant de nasses qu’à l’entrée. Cependant, ne confondons pas « sans difficulté » avec « relax ». On s’est fait secouer comme il fallait dans la passe et dans la houle le temps de s’éloigner! Nous nous rendons à la voile jusqu’au Vauclin. Cette zone est plus facile car on y trouve 2 barrières de corail. Avant d’arriver au Vauclin, on rentre par le Sud derrière celle située la plus au large. Ensuite, la mer est un peu plus calme avec cette protection. Évidemment, il y avait des casiers dans le chenal d’entrée, heureusement assez large. Le mouillage devant le village du Vauclin est peu protégé car la seconde barrière de corail n’émerge pas. On ne compte pas s’arrêter longtemps et heureusement car ça secoue beaucoup. Du coup, on va rapidement à terre. Nous arrivons dans un beau petit port de pêche qui a l’air bien actif. En discutant avec des pécheurs, nous leur achetons du thon, déjà découpé. Nous faisons ensuite un tour dans le village, pas très vivant, mais sympathique. On y trouve une supérette, une boulangerie et le matin uniquement, un petit marché. Nous reviendrons demain matin faire le plein de produits frais. En attendant, nous marchons jusqu’à la pointe Faula où est installé l’UCPA et une école de kite. Le spot de kite situé juste derrière la pointe a l’air superbe : Un immense gazon pour gréer devant un grand plan d’eau peu profond. La perspective de profiter de cette belle plage le lendemain nous motive à nous faire secouer toute la soirée et la nuit. Sans tarder, le lendemain matin, nous allons au marché où nous faisons de belles provisions alors que les filles se font encore donner plein de fruits, comme des « pommes d’amour », petits fruits locaux très sucrés et plein d’eau. Nous nous rendons ensuite à la pointe Faula. Malheureusement, le vent est un peu trop léger ce matin. Il nous permet quand même de découvrir le potentiel de l’endroit : En s’éloignant un peu au large, on découvre un immense banc de corail recouvert par moins d’un mètre d’eau où l’eau est parfaitement lisse et le vent très clair. Nous voulions aussi renouer avec nos habitudes de Sainte-Anne en Guadeloupe où nous mangions des bokits, accras ou autres snacks créole sur la plage. Malheureusement, en Martinique, on trouve très peu de plats typiques créoles et nous devrons nous contenter de hot-dogs et burgers. Dommage. Même si la session de kite a été décevante, nous ne repartons pas les mains vides car nous avons trouvé une belle planche de kite surf pour apprendre sur ce nouveau type de support. Elle est magnifique, en bambou apparent sur le pont. Dès notre retour au bateau, nous quittons notre mouillage pour nous rendre à Petite-Grenade, située à seulement 3 miles au Nord.
Petite Grenade
La passe de Petite-Grenade est bien marquée et, si elle n’est pas très large, elle est bien profonde. Cet endroit est un trou à cyclone réputé, en particulier le « Trou à cochon » qui est un petit bassin entouré de mangrove. Ici encore, nous sommes dans un environnement très sauvage, si on omet les 2 ou 3 luxueuses villas qui surplombent la baie et les immenses champs de bananiers qui s’étendent sur les collines au loin. L’île de Petite-Grenade est inhabitée à part par ces grands oiseaux blancs qui se réunissent sur la mangrove le soir et dont j’ignore le nom…Nous sommes seuls dans cet écrin de verdure. L’endroit est incroyablement paisible. C’est d’ailleurs étonnant de tourner le coin de l’île et découvrir dans la baie suivante un hameau et quelques bateaux à l’ancre. Le lendemain, nous passons une bonne partie de la journée sur une petite plage dans la mangrove, à l’entrée du trou à cochon. On peut se baigner dans 30 centimètres d’eau bien chaude, au milieu des arbres, cachés de tous. Cette belle journée se conclut par un bon barbecue du thon acheté la veille au Vauclin.
Le lendemain, nous partons le matin, à marée basse, nous baigner sur un fond blanc situé au beau milieu de la baie des mulets, située juste de l’autre côté de l’île de Petite Grenade. En milieu d’après-midi, nous retournons à la petite plage de la veille d’où part un chemin de randonnée côtier qui mène jusqu’au Vauclin. Le chemin n’est pas trop difficile et permet d’avoir une vue superbe, en hauteur, sur toute la côte qui s’étire sur une mer aux innombrables nuances de bleu. C’est la mosaïque de coraux, sable, herbiers et zones d’eau profonde qui crée cette palette de bleus, du marine au turquoise. En arrivant vers le Vauclin, nous longeons un beau « ghetto pour riches », autrement dit un lotissement de belles villas face à la mer….et solidement grillagées avant d’atteindre un charmant petit hameau de pécheurs. Les petites cases traditionnelles en bois sont encombrées d’apparaux de pèche et casiers en construction. Ces grandes nasses sont fabriquées avec du grillage fin et de longues branches d’un arbre local, qui doivent être solides, souples et imputrescibles. La fabrication d’un casier prend environ une douzaine d’heures selon un vieil homme avec qui nous discutons un peu. Au passage, nous trouvons des petites calebasses pour nous faire des bols sur le bateau. Le chemin du retour se fait assez rapidement, en partie grâce aux moustiques qui nous attaquent sans relâche dans la zone marécageuse que nous empruntons pour rejoindre la baie de Petite-Grenade.
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L’ilet Long
Samedi matin, nous décidons de quitter notre mouillage pour rejoindre notre prochaine étape, l’ilet long, situé peu avant Le François. Comme les autres jours, nous devons longer la barrière de corail vers le Nord, parallèle à la houle qui nous fait rouler sans répit. Nous redoublons d’efforts pour scruter en permanence le plan d’eau à la recherche de minuscules flotteurs de casiers. Cette fois-ci nous les éviterons donc avant de rentrer dans une large chicane de corail qui déborde par le nord l’ilet long. Cette zone est remplie de petites îles, sur lesquelles on trouve parfois une maison ou deux, probablement reconstruites à chaque tempête tropicale…Nous trouvons une belle piscine entourée de corail ou nous comptons nous ancrer. Étonnamment, l’endroit est pas mal profond (entre 10 et 13 mètres) et la longueur de chaîne que nous devons mettre nous amène trop proche des coraux situés en arrière de nous. De plus, la présence de patates de corail autour desquelles la chaîne peut s’enrouler ne me plaît guère. On recule donc un peu dans une zone beaucoup plus large mais moins bien protégée du vent. Ici aussi, les fonds sont bien plus importants que sur la carte mais de bonne tenue. Nous mettons toute notre chaîne (60 mètres) pour être tranquille et partons l’après-midi sur la petite plage située tout au bout de l’ilet long. Tous les abords sont encombrés de corail et même en annexe, l’arrivée à la plage n’est pas aisée. Le vent est un peu léger mais je fais une belle petite session de kite avant qu’un gros grain n’arrive et que la pluie s’installe. Les filles ont trouvé des petites constructions en bois sur la plage où elles installent un marché au troc. Seule défaut de cette plage, elle est infestée de morceaux de verre que nous ramassons autant que nous pouvons. Peu avant de repartir, je remorque un petit bateau à moteur en manque d’essence avec notre petite annexe. À bord, une bande de jeunes partis fêter la fin des épreuves du baccalauréat à la baignoire de Joséphine.
Le mauvais temps commence à s’installer samedi soir avec de la pluie et du vent fort. Dimanche matin, comme la pluie a cessé, je pars en annexe avec Phoebé à la recherche d’un éventuel autre mouillage. Cette petite expédition se soldera par une bonne séance d’exercice car, à notre tour, nous manquons d’essence et nous devons ramer et marcher dans l’eau le long de l’île pour rejoindre Korrigan. Peu après, un énorme nuage arrive et le mauvais temps s’installe pour le reste de la journée. Pluie incessante, 25 à 35 nœuds de vent. Heureusement, les vagues restent modérées et nous sommes bien ancrés. Nous occupons la journée à l’intérieur avec des jeux et un film. Le premier jour à rester enfermés dans le bateau est pénible…et surtout on espère qu’il n’y ait pas de lendemain identique! Après une nuit assez agitée, nos vœux sont exaucés, le temps se dégage le matin et les alizés bien établis qui soufflent nous offrent une belle journée de kite, avec une session le matin et une l’après-midi sur la petite plage de l’ilet long. Nous faisons connaissance de Cathy, une jeune martiniquaise qui habite la petite maison située juste au-dessus de la plage. Ici, ils n’ont ni eau, ni électricité. En fait, elle passe ses vacances ici, fait du kite avec son copain et…connaît un de nos bons amis! Le monde est vraiment petit. Nous passons la journée sur l’eau, essayons la nouvelle planche et nous amusons à tirer des bords entre les petites îles avoisinantes. Pendant ce temps, les filles continuent leurs jeux sur la plage avec une imagination sans faille. Au retour, nous nous prenons l’hélice de l’annexe dans un filet de pêche non matérialisé. Heureusement, Phoebé avait pris son couteau suisse pour aller à la plage et il nous sauvera la soirée car le filet et ses cordages sont bien enroulés et serrés sur l’hélice.
La Baignoire de Joséphine
Malgré la faible distance (5 miles) qui nous sépare de la baignoire de Joséphine, cette navigation sera peu reposante. La barrière de corail extérieure protège peu cette zone et la houle rentre fort et nous fait rouler dans tous les sens. Plus les vagues sont fortes, plus il est difficile de repérer les flotteurs des nasses. Bientôt, nous nous retrouvons sur des hautfonds au milieu d’un champ de mines de casiers, tous reliés entre eux pour en faciliter la remontée. Une fois encore, notre safran relevable nous sauvera la mise. Il n’y a pas vraiment de mouillage à la baignoire de Joséphine et mouillons au ras de la barrière de corail dans presque 15 mètres d’eau. De toute façon. Nous ne restons pas ici pour la nuit. Nous venons juste profiter de cet endroit touristique pour quelques heures. Ces fonds blancs situés entre 2 petits îlets doivent leur nom à l’impératrice qui, dit-on, aimait venir s’y baigner pendant les années où elle a habité en Martinique. Plusieurs navettes amènent des touristes et locaux sur l’ilet alors que d’autres touristes optent pour le kayak pour rejoindre cette belle plage. Toute la côte offre de nombreuses possibilités de randonnée en kayak de mer. Pour notre part, nous nous baignons dans un demi-mètre d’eau transparente qui nous permet de surveiller les crabes les plus hardis avant de pique-niquer sur la plage. Après une dernière séance de baignade, nous regagnons notre bord juste à temps avant un bon grain qui nous accompagne jusqu’au fond de la baie suivante, celle du François.
Le François
Ici aussi, l’endroit ne manque pas de charme avec de nombreuses criques et passages entre les ilots éparpillés le long de la côte. C’est la première fois depuis que nous avons quitté la Bretagne que nous retrouvons un littoral aussi riche, découpé et sauvage. On pourrait y passer des semaines à en explorer les recoins à la voile, à la rame ou en kite. Étant au fond d’une profonde baie bordée de mangrove, l’eau n’y est pas très claire et propice à la baignade. Nous ne comptons donc pas nous éterniser ici. Nous partons en fin d’après-midi en annexe pour le village du François que l’on rejoint en empruntant une rivière salée. Nous faisons un premier arrêt à un marché de poissons situé le long de la rivière salée, à l’entrée du village. En discutant, nous apprenons que si nous prenons un autre bras de rivière. Nous pouvons remonter jusqu’à un centre commercial où nous trouverons les produits frais dont nous avons besoin. Nous empruntons donc une grande ligne droite d’eau verdâtre au milieu de la mangrove, qui se resserre de plus en plus. Nous finissons par zigzaguer entre les arbres tombés à l’eau et, à notre grande surprise, nous nous retrouvons bientôt juste en arrière du stationnement d’un immense centre commercial où se trouve plusieurs supermarchés, boulangerie, etc. Quelle drôle d’impression que de sortir de la mangrove en escaladant un petit talus et se retrouver sur l’asphalte d’un grand parking de supermarché! Nous profitons de l’aubaine pour faire de grosses courses qui nous permettront de continuer à profiter de cette côte sans avoir à rechercher des provisions. Nous embarquons tous nos gros sacs dans notre petite annexe sous le regard étonné de quelques automobilistes et repartons, ni vus ni connus à travers la mangrove.20 minutes plus tard, nous sommes de retour au bateau où nous dégustons la daurade coryphène que nous venons d’acheter.
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L’ilet Madame et ilet Ramville
Mercredi matin, nous continuons notre route vers le Nord jusqu’à l’îlet Madame. Une fois n’est pas coutume, nous nous approchons trop près d’un haut-fond (je n’ai pas mis mes lunettes et j’ai lu 7 mètres au lieu de 2!!) et nous retrouvons dans un champ de casiers avec des vagues pas sympathiques du tout. Nous nous en sortons pas trop mal grâce au safran relevable et nous rendons ensuite sans souci à l’îlet Madame. Cet ilot et la barrière de corail le joignant à la pointe de la Rose créent une superbe protection contre la houle du large, alors que le vent est accéléré entre l’ile et la pointe. C’est un mouillage et un spot de kite parfaits! Étant en dehors de la saison touristique, l’endroit est calme même si les locaux du Robert semblent apprécier l’endroit pour y faire des petites fêtes. La plage est petite mais l’eau reste peu profonde très loin. Malheureusement, elle est déventée. Nous pouvons y gonfler nos kites, mais devons les faire décoller dans l’eau entre l’ile et la pointe. Ceci donne lieu à plusieurs mésaventures mais rien de grave, à part une vingtaine d’épines d’oursin dans les pieds pour moi! Le jeu en valait la chandelle car les conditions sont magnifiques, eau super plate, vent constant. Évidemment, il faut anticiper un peu les gamelles car le corail et les oursins ne sont jamais plus profonds qu’un mètre ! Nous nous amusons sur l’eau et continuons à bien progresser alors que les filles jouent sur l’ile, s’inventant milles jeux dans les carbets et les arbres de la plage avant que nous les rejoignons pour se baigner tous ensemble. Au fur et à mesure, les filles emmènent des sacs à dos de plus en plus chargés à la plage et s’installent sous les carbets pour y faire des bracelets, du coloriage, se mettre du vernis à ongles, etc. Je pense qu’elles apprécient de trouver un espace plus grand que le bateau pour s’étaler.
Samedi matin, nous décidons de changer de mouillage et faisons les 2 miles qui nous séparent de l’autre rive du Havre du Robert au moteur pour nous rendre à l’ile Ramville ou ilet Chancel. Tout comme les mouillages précédents, nous sommes surpris par la profondeur des fonds, jamais moins de 10 mètres ou sinon franchement rien. Plus de profondeur signifie plus de chaîne et donc plus d’espace pour pouvoir ancrer. Après un premier essai, nous essayons la petite baie suivante où, une fois ancrés, l’arrière du bateau n’est plus qu’à une vingtaine de mètres de la barrière de corail….Autant dire que je vérifie par 2 fois l’ancre en plongeant ! Nous commençons par aller visiter les ruines d’une ancienne poterie. Les arbres y sont impressionnants. Ce ne sont que de gros arbres noueux qui, peu à peu, reprennent du terrain sur les constructions en enchevêtrant leurs racines entre les pierres des épais murs. Nous retrouvons un arbre très impressionnant, le figuier maudit. Il pousse autour d’un arbre existant avant de tisser un immense rideau de racines aériennes. Comme ce n’est pas un parasite, l’arbre qui lui a servi de tuteur subsiste souvent même si il est noyé dans la masse immense du figuier. Par contre, les iguanes qui se trouvent sur l’ile et dont parlent les guides sont rares et en piteux état : Nous en verrons 3, dont une à l’agonie. L’après-midi, nous trouvons une belle petite plage à côté du mouillage où nous construisons des cabanes et campements (miniatures) avec les filles lorsque nous ne sommes pas sur l’eau …en kite. Par contre, les conditions ne sont pas exceptionnelles car le plan d’eau navigable est peu large (Et très peu profond, moins d’un mètre) et le vent y est irrégulier. Ici aussi, beaucoup de locaux viennent profiter de cette ile sauvage le week end. Les plus sportifs en kayaks de mer, les plus fêtards en speed boat.
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Retour à Sainte-Anne et au Marin
Dimanche matin, nous levons l’ancre avec 2 options en tête : Naviguer à l’intérieur de la barrière de corail et faire le trajet en 2 jours ou sortir en mer et se rendre aujourd’hui à Sainte-Anne. Comme la mer s’est bien calmée et le vent aussi (malheureusement), nous décidons de sortir au plus vite afin de rencontrer moins de casiers à langoustes. Pour une bonne partie du trajet, cette stratégie s’avèrera satisfaisante. Pourtant, nous devrons finir au moteur car le vent est devenu très faible et les casiers redeviennent très nombreux vers le Sud de l’île. Sous voiles et dans le très petit temps, nous ne sommes pas assez manœuvrant pour les éviter. Nous arrivons finalement à Sainte-Anne après environ 8 heures de navigation pas très reposante.
Ayant une réparation à faire sur le moteur hors-bord (à chaque vérification, il y a plus d’eau de mer que d’huile dans le boitier d’hélice!), nous quittons Sainte-Anne dès le lundi matin pour aller au Marin. Nous y retrouvons Maïa avec seulement Laurent à son bord, le reste de la famille étant parti voir de la famille aux USA. Nous passerons la semaine ensemble. Tout d’abord, Laurent me donnera un coup de main pour ma réparation de moteur, puis nous nous retrouvons à l’apéro, puis pour diner ensemble ou faire du kite. En effet, nous épuisons notre liste de choses à faire sur le bateau après quelques jours mais du mauvais temps arrive et nous ne voulons pas aller nous faire chahuter dans le canal de Sainte-Lucie. Nous louons donc une voiture et retournons par la route sur la côte au vent pour faire ensemble 3 belles journées de kite à Cap Chevalier puis au Vauclin. Nous découvrons alors réellement ce spot avec du vent et l’adorons. Nos nombreuses sessions de kite aurons porté leurs fruits car nous repartirons tous deux de Martinique en sachant faire des « back loops », c’est à dire des sauts avec salto arrière. La classe. Nous repartons surtout de la Martinique en nous ayant fait un bon ami que nous espérons bien retrouver aux Grenadines. Nous étirons ainsi notre séjour en Martinique d’une autre dizaine de jours, prenant goût à la vie sur l’eau au Marin : Tous les matins, je vais en annexe à la boulangerie avec les filles (trop loin et trop de trafic sur l’eau pour les laisser y aller seules), nous profitons de la plage du Club Med, de la proximité de tous les commerces pour y faire un dernier plein dans la dernière île française de notre périple antillais. Seul bémol, la connexion internet payante qui était excellente à notre premier passage est très aléatoire cette fois-ci. L’eau du Marin étant passablement polluée par l’intense activité nautique qui y règne, nous retournons à Sainte-Anne les derniers jours pour y faire de l’eau et nettoyer la coque qui en avait déjà grand besoin malgré notre peinture antifouling qui n’a que 3 mois. Nous nettoyons désormais la coque avec des spatules en plastique très souples qui enlèvent la faune et la flore de la coque sans enlever de peinture. C’est un exercice assez long et fatigant car il se fait en apnée. La prochaine fois que vous tondez votre gazon, essayez de faire les longueurs en apnée, par solidarité !
Une navigation palpitante et puis Le safran relevable, le couteau de Phoebé pour sauver le bateau et l’équipage. Que de belles aventures .
Je serai solidaire et je vais tondre ma pelouse en apnée …
Bon vent et super le récit …