Les barrières de corail
Les barrières de corail forment des murailles ultra-efficaces contre la houle et les vagues du large. Avec les siècles, les colonies de coraux ont créé des murailles de calcaire inébranlables derrière lesquelles s’étendent des lagons protecteurs aux eaux turquoises. Dans le lagon aussi, on retrouve du corail sous forme de bancs (patates de corail), des espaces d’herbes et de sable blanc. Pour profiter de ces endroits enchanteurs, il faut néanmoins arriver à se frayer un chemin dans ce labyrinthe de hautfonds et de corail qui, étant vivant, évolue et se déplace avec le temps.
Navigation : les cartes et les instruments
Dans ces zones coralliennes, les cartes nautiques servent essentiellement aux approches, c’est-à-dire à se rendre à l’entrée de la passe dans la barrière de corail et à donner une indication de son axe. Pour le reste, c’est-à-dire la navigation dans la passe puis dans le lagon, elles ne peuvent être considérées en général comme un instrument de navigation fiable. En effet, le corail étant vivant, les formations évoluent et se déplacent. Il ne faut pas oublier non plus les bancs de sable qui, sous l’influence des courants entre la mer et le lagon, se créent et se déplacent. En outre, ces zones ne sont pas fréquemment sondées pour mettre à jour les cartes car il n’y a pas de navigation marchande, donc pas d’intérêt commercial.
Il ne faut cependant pas minimiser l’importance des cartes car elles vont fournir une aide importante pour la navigation à vue en fournissant la position des îles, caps et autres amers remarquables qui aident à se repérer sur le plan d’eau. Comme nous ne disposons pas de lecteur de cartes à l’extérieur, nous utilisons un iPad comme répétiteur de l’écran de l’ordinateur de navigation grâce au logiciel gratuit VNC, installé sur l’ordinateur (VNC Server) et sur l’iPad (VNC Viewer).
Les guides de navigation locaux peuvent être de bons outils car ils se dédient aux approches. Cependant, il se peut là aussi que l’information ne soit plus à jour ou tout simplement que les guides ne couvrent pas ces zones. En Martinique par exemple, seul le guide Patuelli couvre la côte au vent. Le guide anglophone Doyle ne fournit aucune information. Nous avons pu aussi constater que notre guide était trop vieux pour le premier mouillage où nous nous sommes rendus. La nouvelle édition marquait plus précisément les dangers.
L’électronique du bord ne peut pas non plus apporter une aide significative dans ce genre de navigation. En effet, les dangers, les récifs coralliens, sont bien souvent immergés ou au raz de l’eau, ce qui les rend invisible au radar. Quant au sondeur, pour m’être déjà fait poser la question, il ne fournit pas la profondeur ni la topologie du fond en avant du bateau, mais en dessous! Il ne permet donc pas de détecter la présence de dangers. Par contre, il permet de constater l’évolution des profondeurs.
La navigation à vue
Vous l’aurez donc compris, la seule solution restante est la navigation à vue. En effet, comme le montre la photo ci-contre, la couleur de l’eau indique facilement la profondeur et la nature du fond.
Les eaux profondes se reconnaissent à leur couleur bleue marine, alors que le bleu va être de plus en plus clair au fur et à mesure que les fonds remontent. Les récifs coralliens sont indiqués par une zone brun/vert à proximité de la surface et sont souvent trahis par la présence d’écume ou de vagues qui s’y brisent. Les herbiers forment aussi des zones sombres sous l’eau. Il faut donc s’habituer à reconnaître les différences et corréler les indications de profondeur données par la couleur de l’eau avec les mesures du sondeur. Pour un endroit donné, on crée ainsi rapidement un lien couleur-profondeur assez fiable.
Évidemment, pour que cela fonctionne, il faut 2 choses très importantes :
-
Une bonne visibilité, c’est-à-dire du soleil assez haut dans le ciel et légèrement en arrière. Il faut éviter les journées grises ou les moments de la journée pendant lesquelles le soleil sera de face ou de côté. Étant ébloui par le contre-jour, la mer paraîtra uniformément argentée et sera illisible.
-
Des lunettes polarisantes : Les verres polarisants annulent la réflexion sur la surface de l’eau. L’eau devient alors plus bleue, les couleurs plus nettes et on peut voir par transparence à travers l’eau.
Ce type de navigation nécessite en général 2 ou 3 personnes :
-
Une vigie, placée à l’avant ou un peu en hauteur dans le mât (si les conditions de mer le permettent). La vigie observe le plan d’eau pour distinguer les différences de couleurs et indiquer le chemin à suivre. Il corrèle aussi ce qu’il voit avec la carte pour donner des points de repères au barreur.
-
Le barreur qui suit les indications de la vigie en prenant en compte la dérive due au vent et au courant et contrôle la profondeur qu’il annonce régulièrement. Il contrôle aussi la trace du bateau sur la carte électronique
-
Le troisième équipier est requis lorsque les conditions sont délicates (lorsque des champs de nasses et casiers viennent s’ajouter au scénario) ou pour faire la communication entre le barreur à l’arrière et la vigie à l’avant.
La passe
Cette photo illustre une passe bien marquée, par temps clair et mer assez calme. On voit clairement la ligne d’écume des vagues qui brisent sur la barrière, des 2 côtés de la passe. On navigue donc jusqu’à la passe en utilisant la cartographie en se positionnant sur un point légèrement à l’extérieur de la passe. On prend alors le bon cap pour être dans l’axe de la carte. Il faut désormais compter sur l’habileté du barreur pour diriger correctement le bateau dans l’étroit passage en gardant le bateau dans les eaux les plus foncées. En effet, souvent la mer roule fortement avec les fonds qui remontent aux abords de la barrière et il faut bien maîtriser la trajectoire du bateau. Il en est de même pour sortir, lorsque le bateau se retrouve face à la mer qui déferle sur la barrière. Il faut alors disposer d’assez de vitesse et de puissance pour passer les vagues sans risquer de se faire déporter et rouler sur les hautfonds.
Nous rentrons aussi bien à la voile comme au moteur, selon la direction et la force du vent. Cependant, lorsque nous sommes au moteur, nous avons toujours les voiles prêtes, au cas où le moteur fasse défaut.
En rentrant et en sortant, nous mettons aussi toujours d’accord sur un plan B au cas où cela ne se passe pas bien. La trace GPS du bateau sur la carte devient alors un gros atout : Si le bateau est passé à l’aller, il doit pouvoir passer dans l’autre sens (à marée égale).
Dans le lagon
Dans le lagon, la mer étant très calme, on ne peut plus se fier à l’écume qui brise sur le corail comme sur la barrière. En outre, les récifs ou patates de corail sont souvent immergés sous un ou deux mètres d’eau. On les repère alors par beau temps sous forme de taches brunes ou couleur sable.
On doit souvent zigzaguer entre les patates de corail et les bancs de sable qui sont disséminées au milieu du lagon. Ici aussi, la technique consiste à rester dans les eaux les plus foncées
Évidemment, le tirant d’eau du bateau est le critère déterminant pour s’aventurer dans des zones peu profondes. Dans le doute ou pour aller explorer des zones trop délicates pour compter uniquement sur la navigation à vue, le mieux est d’aller faire une reconnaissance en annexe avec un GPS portable et un sondeur à main . Comme nous n’en avons malheureusement pas à bord, nous utilisons une sonde à main (fil gradué avec un poids) qui est peu efficace avec le courant.
Oui ca n’a pas l’air facile. Vous avez la un beau casse tete, et j’espere que vous pourrez trouver votre chemin a travers le corail.
C’est assez amusant car dernierement je me suis pose le meme genre de questions mais en tant que nageur au mexique. La plage tait tres belle avec de belles vagues et j’ai du faire un reperage avant de me baigner pour evaluer ou pouvaient se trouver les recifs et les possibles bancs de sable parmi le corail afin de nager en toute securite dans les vagues.