Sainte-Lucie en bref
Tout comme sa voisine du Nord, la Martinique, Sainte-Lucie ne fut découverte par Christophe Colomb qu’en 1502, lors de son 4ième voyage. Les Caraïbes résistèrent longtemps aux colons, tant Anglais que Français, avant de signer un traité avec ces derniers en 1660. Dès lors, la France et l’Angleterre se disputèrent l’île qui changea de main pas moins de 14 fois. Il fallut la reddition de Napoléon pour que Sainte-Lucie deviennent une colonie Anglaise jusqu’à son indépendance en 1979. Cependant, tout comme la Dominique, le français reste présent dans les noms des villages et lieux dits et dans leur créole. Aujourd’hui, Sainte-Lucie est une île pauvre, assez densément peuplée qui tire de maigres revenus de l’agriculture locale (banane, cacao et coco principalement) et du tourisme. Ce dernier s’est énormément développé dans les 15 dernières années avec l’arrivée d’investisseurs américains qui y ont construit complexes hôteliers, marinas et villas pour y développer un tourisme assez luxueux.
Arrivée à Rodney Bay
À court terme, notre principale motivation pour nous rendre à Sainte-Lucie était de pouvoir remplir nos 2 bouteilles de gaz. Nous vivons depuis plus d’un mois sur un petit Camping-gaz car aucun remplissage de bouteilles de gaz n’est possible en Martinique. En arrivant à Rodney Bay, tout au nord de Sainte-Lucie, nous savions que nous pouvions régler ce problème à la marina.
Nous quittons Sainte-Anne le vendredi matin pour couvrir les 32 miles qui nous séparent de Sainte-Lucie. Les conditions sont très bonnes: Le vent n’est pas trop au Sud-Est, la mer est belle et le ciel peu chargé. Comme toujours pour les canaux, nous partons avec un ris dans la grand-voile et déroulons le génois en grand. Notre bon rythme, entre 6.5 et 7 noeuds ne nous empêche pas d’être rattrapés à grand pas par un gros voilier que nous voyions sur l’AIS à plus de 10 nœuds. Ça doit être un cata pour avancer à cette vitesse. Chose confirmée aux jumelles en regardant le gréement… jusqu’à ce qu’il soit assez proche pour constater que c’est un monocoque assez surprenant avec une grand-voile de catamaran. Il passe proche et nous prend en photo sous voiles. J’en fais de même en espérant les retrouver à Rodney Bay.
À notre arrivée, nous mouillons dans le fond, à proximité de l’entrée de la marina, située dans une lagune en arrière. En après-midi, je m’y rends pour faire les formalités et amener mes bouteilles de gaz. Au premier regard, je reconnais l’empreinte américaine : Grande marina avec villas et pontons privés, un large ponton d’accueil pour les super yachts, des bars et restaurants le long de l’eau où les prix sont libellés en US dollars. Le mouillage est peu agréable car de nombreux gros bateaux à moteur sortent et rentrent dans la marina en soulevant des vagues énormes. Après avoir récupéré mes bouteilles de gaz (remplies en 2 heures à la laverie installée au fond de la marina), nous changeons de mouillage pour nous installer à proximité de Pigeon Island, à l’entrée de la baie. Nous y sommes protégés de la houle du Nord mais les fonds importants, la proximité de la falaise et des patates de corail n’en font pas un mouillage facile. Nous y retrouvons « Atla », le bateau qui nous avait dépassés la veille. Nous faisons connaissance avec les propriétaires, 2 retraités suédois qui possédaient une entreprise de vêtements de plein-air haut de gamme. Ils vivent maintenant à bord de ce curieux bateau de 20 mètres. Très étroit pour sa taille, il porte une grand-voile immense de catamaran et offre un intérieur très moderne pour un bateau de 20 ans. Nous sommes régulièrement visités par les « boat boys » locaux, se véhiculant sur toute sorte d’objet flottant allant de la planche à voile au marché flottant. À chacun, nous achetons quelques fruits ou légumes, autant pour les aider et redistribuer l’argent aux moins riches que pour acheter la paix car les vols sont nombreux sur les bateaux à Sainte-Lucie. Nous allons visiter Pigeon Island qui n’est d’ailleurs plus une ile car reliée à la terre par un isthme de sable sur lequel est construit un grand complexe hôtelier américain « Sandals ». On trouve à Pigeon Island les restes de fortifications, canons et caserne du XVIIIème siècle et surtout une très belle vue sur Sainte-Lucie. On peut voir la Martinique par beau temps. La présence de ces quelques ruines, à moins que ça ne soit celle du resort juste à côté justifie la dénomination de parc national et donc de droit d’entrée assez élevé pour ce que c’est.
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Baie de Marigot
Lundi matin, nous levons l’ancre pour nous diriger vers la baie de Marigot, située à 9 miles nautiques au Sud, juste après la capitale Castries et le gros port pétrolier de Grand Cul de Sac. Marigot Bay est une lagune reliée à la mer par un petit bras de mer situé entre 2 falaises. La marina et ses mouillages occupant la majorité de l’espace dans la lagune, nous mouillons dans l’entrée, à proximité des coraux qui débordent sur la gauche. Nous ne sommes que 4 bateaux et la place est déjà limitée si l’on ne veut pas s’amarrer (et payer) sur un corps-mort. L’endroit est enchanteur avec sa bande de sable hérissée de cocotiers qui barre l’entrée de la lagune. En regardant autour de soi, on peut seulement regretter de ne pas être venu 20 ans plus tôt : Des villas ont poussé de toute part sur les collines qui entourent la baie. La même impression se confirme en allant à terre : Une marina « à l’américaine », très propre et récente s’est installée sur tout un côté de la lagune. Le projet, clé en main, offre marina et quais pour les bateaux de passage, magasins, restaurants, hôtel de luxe avec spa et piscine. Le tout est indéniablement élégant mais jure tellement dans le contexte antillais auquel nous sommes habitués. Cependant, ce n’est pas esthétiquement que ces projets me révoltent le plus, mais plutôt à cause de leur modèle : Des fonds américains, une construction effectuée certes par la main d’œuvre locale mais avec des matériaux américains et des bénéfices qui retournent aux États-Unis. Évidemment, certains parleront des emplois générés sur place – femme de chambre, jardinier, chauffeur, etc.- mais je pense que ces retombées sont insignifiantes vis-à-vis de ce qu’elles pourraient être avec un modèle local de tourisme. Fermons ici cette parenthèse et ce grand sujet de débat que suscite le tourisme dans les pays pauvres. Ces considérations ne nous empêcheront pas de passer de très belles journées à Marigot Bay, bien au contraire : En effet, même si nous sommes à l’ancre, le gentil préposé de l’hôtel de luxe de la marina nous considère comme des clients de la marina qui, de facto, ont droit de profiter de l’hôtel et de sa magnifique piscine. Les sourires d’Eléa et Phoebé n’y sont sûrement pas pour rien! Nous verrons comment cela se passe plus loin, mais aux Antilles, les enfants sont un véritable passeport. Dans toutes les îles, nous avons pu constater à quel point les gens aiment voir des enfants et leur faire plaisir. Non seulement nous avons accès à la piscine gratuitement, mais on nous apporte serviettes de bain, bouteilles d’eau glacée et finalement un petit cocktail alcoolisé! Le grand luxe! Pendant notre séjour à Marigot Bay, nous recevons des nouvelles de Maïa qui doit quitter la Martinique pour les Grenadines d’ici la fin de la semaine. Cela semble très bien pour se retrouver car nous aussi comptons quitter Sainte-Lucie d’ici quelques jours.
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Soufrière et la baie des 2 Pitons
Seulement 8 miles nautiques nous séparent de la fameuse baie des 2 Pitons. L’image de ces 2 pics de 500 mètres, les pieds dans l’eau est mondialement connue, mais peu (dont moi jusqu’à aujourd’hui) savent que cette magnifique baie est située à Sainte-Lucie. Ici, comme sur toute cette côte abrupte, il est très difficile d’ancrer car les fonds sont vite très profonds, à quelques dizaines de mètres du rivage. Nous comptons donc prendre un corps-mort. Dès l’entrée de la baie de Soufrière, située juste avant celle des 2 pitons, nous sommes abordés par un boat boy dont je comprends la moitié des mots avec le bruit des bateaux. Il comprend juste que je vais à 2 Pitons et prendrai un corps-mort et disparaît à toute allure vers un autre client potentiel. Après 25 minutes supplémentaires de navigation dans des vents sans cesse changeants et du courant, nous atteignons la baie des 2 pitons où nous sommes accueillis par un autre boat boy. Ne voyant pas l’autre arriver, je lui dis que j’aurai besoin d’un corps-mort. Évidemment, dans la minute qui suit, l’autre rapplique. Aïe, dilemme. Je choisis (logiquement…) le premier qui m’a abordé. La règle convenue veut que l’on donne un pourboire à un boat boy pour aider à amarrer le bateau. La location du mouillage est par contre collectée par les garde-parcs. Évidemment, par ma bévue et l’absence d’organisation ou de collaboration entre les boat-boys, s’en suit une petite altercation avec l’autre boat boy qui voulait, ni plus ni moins que je le dédommage d’un montant supérieur à celui de la location du mouillage! Voyant qu’ils me prenaient tous 2 pour un touriste plein de dollars, j’ai joué l’habitué un peu énervé par leur comportement harcelant. L’autre a fini par partir et j’ai laissé un pourboire raisonnable pour l’amarrage. On comprend mieux pourquoi les boat boys dominicains de Portsmouth ont décidé de s’organiser en association avec des règles. Nous voilà mouillé entre ces 2 majestueux pitons d’où dévalent de puissantes rafales de vent. La plage située au pied du premier piton, celui de la photo, abrite depuis longtemps un luxueux complexe hôtelier. Celui-ci reste très discret dans l’environnement et est très peu visible de l’eau. Malheureusement, depuis la reprise de l’établissement par une société américaine, celle-ci a acquis les terrains voisins et y a fait construire toute une ribambelle de villas blanches typiquement américaines, telles celles que l’on voit dans les banlieues résidentielles. Ces constructions, datant de moins de 3 ans, sont une horrible verrue au milieu du vert profond de la forêt qui recouvre les versants des pitons. Heureusement, nous sommes seuls ce soir dans cette baie surpeuplée en haute saison et je peux toujours trouver un angle sous lequel admirer le paysage majestueux sans avoir ces horreurs sous les yeux. Comme nous voulons voir le paysage vu d’en haut, nous consultons nos guides qui parlent d’un « Natural Trail » d’où l’on peut avoir un magnifique point de vue sur les 2 pitons. Parfait, une petite randonnée, nous disons nous. Pour s’y rendre, aucune autre solution que le taxi disponible à la réception du luxueux resort. En effet, la route pour partir d’ici est à pic et peu envisageable à pied. Nous partons donc en taxi, avec toutes les politesses que veut notre rang de prétendus clients de l’hotel. Après 20 minutes d’une belle route dans la forêt, nous arrivons. Gloups. En guise de départ de randonnée, nous arrivons dans une sorte de mini jardin botanique qui occupe un terrain en surplomb de la baie. Le tarif n’est pas donné et on nous attribue un guide. Finalement, on paye pour la vue. Pour rentabiliser le taxi, nous nous arrêtons au retour, sous les conseils du chauffeur, au volcan d’où émane des vapeurs de soufre. Ici aussi, il faut payer un droit d’entrée et nous recevons les explications d’un guide. Il n’y a pas grand-chose à dire sur l’endroit, mais ce vieil homme qui parle un peu français ne tarit pas d’histoires et d’anecdotes sur le volcan et la ville de Soufrière. De retour à l’hôtel, Re-Gloups. Le prix du taxi est en dollars américains (comme tout dans les hôtels) et non pas dollars caribéens. Il y a juste un rapport de 3 entre les 2 devises…..Non seulement cet après-midi finit par être aussi chère qu’une sortie en plongée mais nous n’avons pas la somme nécessaire sur nous. Re-belote, le chauffeur, super gentil par ailleurs, nous embarque, emprunte à nouveau « la route la plus pentue du monde » (au dire des locaux) et nous emmène à Soufrière. Nous retirons des dollars caribéens sans encombre, nous faisons offrir une bière locale (La Piton) par le chauffeur et revenons à la case départ.
Le lendemain matin, jeudi, nous levons l’ancre pour nous rapprocher de Soufrière. En effet, nous voulons faire quelques courses avant de partir et surtout, nous avons envie de voir une vraie ville de Sainte-Lucie : À date, nous n’avons vu que des marinas ou des resorts. Nous prenons une bouée privée juste à l’entrée de Soufrière. Nous sommes très proche du rivage, l’endroit est un peu bruyant mais nous apprécions de trouver de la vie locale : Nous sommes mouillés juste en avant de petites cases de pécheurs. Le rivage est encombré de barques de pêche au milieu desquelles jouent les enfants. Le tout a des airs de Dominique. En débarquant, la ville ressemble toujours en apparence à Portsmouth ou Roseau en Dominique, mais on sent tout de suite que l’ambiance y est moins bon enfant. Plus de gars louches qui traînent, plus de mendicité. Ceci dit, nous ne nous sentons pas inquiétés. Nous faisons nos formalités de sortie, achetons un beau petit thon, des noix de cajous locales (excellentes) et un fruit à pain. Nous n’avons pas encore essayé d’en cuisiner mais avons déjà goûté des croquettes de fruit à pain délicieuses. Nous passons le reste de la journée tranquillement au bateau. Je fais la connaissance d’un petit jeune, très gentil, qui va au lycée en Martinique et rêve de devenir footballeur. Lui s’étonne que je sois gentil avec lui et discute. Il dit que ça n’arrive jamais et que souvent les étrangers qui passent leur parlent mal…Une fois de plus, nous sommes exposés à la crainte de l’autre, de l’inconnu, l’inconfort et le malaise lié aux gigantesques disproportions des richesses. En tout cas, il ne repartira pas les mains vides car nous lui offrons pour ses nombreux petites frères et sœurs des habits d’Éléa trop petits. Comme il n’y a rien pour lui, Phoebé lui offre un beau tee-shirt technique du Marathon de Montréal pour jouer au football. La fin de journée sur cette belle baie est magnifique lorsque le soleil baisse et caresse les versants des anciens volcans qui entourent la ville. Demain, nous repartirons satisfaits d’avoir eu un aperçu du vrai Sainte-Lucie mais nous nous projetons déjà sur notre prochaine grande étape, les Grenadines dont seul le nom me fait rêver depuis des années.
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Dommage qu’on se soit manqué de peu les amis, quelques jours tout juste. Nous sommes restés principalement à Marigot bay avec une voiture pour visiter les coins moins touristiques (pas très nombreux), côté Atlantique.
Tout de même, un autre ami était de passage en catamaran (Jem) à St-Lucie. Si jamais vous le croisez, vous lui direz bonjour de notre. Son bateau se nomme « Heavens door ».
Bonne continuation, et merci pour les récits!
Les photos sont superbes et la photo du marchand ambulant sur la barque très parlante .
C’est beau .
Biz et bon vent
Merci a tous les 2 pour vos bons commentaires.
Les prochains articles risquent de se faire attendre un peu. Notre antenne Wifi est défectueuse donc c’ est un peu plus demandant de mettre à jour le blog.
Bises!