Arrivée à Bonaire – Kralendijk
Mardi 11 Octobre au soir, nous quittons les Aves pour Bonaire, avec à bord Pauline et Plume nos 2 équipières pour cette courte traversée. Nous prenons notre temps pour partir car le vent est assez soutenu et nous ne voulons pas arriver de nuit à Bonaire. Avec 25 nœuds de vent et des patates de corail dans lesquelles la chaîne se prend, relever l’ancre de nuit n’est pas rien dans ces endroits-là. Étant complètement dans l’Ouest de l’archipel, nous n’avons aucun obstacle sur notre route. Nous naviguons sous grand-voile à un ris et génois au Sud-Est dans un premier temps pour contourner largement le deuxième groupe d’îles des Aves (Los Aves de Sotavento) que nous voyons distinctement au radar. Nous apercevons même les lumières de la caserne des garde-côtes. Nous mettons ensuite le cap à l’Est pendant une quarantaine de miles pour nous rendre à la pointe Sud de Bonaire, avant de remonter vers Kralendijk. La nuit fut calme et confortable : La houle en arrière nous pousse gentiment et, étant 4 en quart, la nuit se résume à un quart de 2 heures par personne. Relax ! L’arrivée sur Bonaire par le Sud est surprenante car l’île est extrêmement plate. Heureusement, que le phare matérialise la pointe Sud de l’île sinon celle-ci serait vraiment invisible de nuit. Nous arrivons à Kralendijk, la capitale (il n’y a, en gros, que 2 villes à Bonaire) vers 8 heures du matin, en même temps qu’un gros paquebot de croisière qui, à lui seul, masque la petite ville. Ici, il y a un seul et unique mouillage sur bouées qui est situé le long de la ville. Il y a deux raisons pour cela. La première est le statut de réserve naturelle sous-marine de Bonaire qui interdit l’utilisation d’une ancre et la seconde est beaucoup plus pragmatique : Il y a moins de 10 mètres de fond sur une bande côtière d’une cinquantaine de mètres et ensuite le fond descend à plus de cinquante mètres abruptement. Comme il n’y a qu’un seul mouillage sur l’île, les places sont rares et la seule bouée disponible ce matin nous place à quelques mètres seulement d’un petit bateau de pêche. Quand le vent tourne, il n’y a même plus la place de laisser le dinghy en arrière du bateau. Peu après notre arrivée, Plume et Pauline prennent le dinghy et se mettent en quête d’un nouveau logis flottant car mes parents arrivent demain soir. Elles font le tour du mouillage pour commencer à faire connaissance des voisins et tâter le terrain. Daphné et moi retrouvons Bonaire où nous étions venus en 2012 pour plonger et apprendre le kite. Le centre-ville a bien été rénové et est pimpant de couleurs ocre et blanche.
Jeudi matin, alors que nous nous affairons à ranger, réorganiser le bateau pour l’arrivée de nos invités et faire les lessives, Plume et Pauline repartent à la chasse. Elles reviendront le sourire aux lèvres avec une solution : Elles ont rencontré Pascal et Claudine, un couple de jeunes retraités Bretons qui voyagent et ils les ont dirigées vers Patrice, le patron du bar-restaurant « Le Bistrot de Paris » situé dans la marina de Bonaire. Celui-ci leur a d’emblée trouvé un bateau vide, en gardiennage à la marina, où elles peuvent loger. Elles déménagent dans l’après-midi alors que je pars avec Phoebé et Éléa récupérer mes parents à l’aéroport. L’aéroport de Bonaire, comme souvent dans les Caraïbes, se résume à une grande halle ouverte. L’avion vient juste de se poser et les filles trépignent en voyant les premiers passagers débarquer sur le tarmac. Nous les récupérons, bien fatigués de ce voyage un peu long et nous occupons tout de suite de trouver une voiture de location pour aller se promener sur l’île dans les jours suivants. Je retourne à la même agence de location que celle avec laquelle nous avions fait affaire il y a 4 ans (Island Car Rentals) et louons un beau 4X4 Nissan pour les 3 prochains jours. Nous sommes chanceux car cette semaine commence la régate annuelle de Bonaire et les voitures de location sont rares et hors de prix chez les grands loueurs. Le soir, c’est le grand déballage, un peu Noël avant l’heure, car mes parents sont arrivés chargés comme des mulets de pièces de rechange pour le bateau, vêtements pour les filles, cadeaux d’anniversaire et de Noël, bouteilles de vin et confitures maison. C’est la fête!
Le lendemain de leur arrivée, je m’affaire à divers petits projets de bricolage rendus possible avec l’arrivée des pièces et à installer notre nouvelle antenne wifi achetée à Grenade. Déception, c’est maintenant le câble qui fait défaut. Heureusement, je trouverai de nouveaux embouts et une pince à sertir les câbles réseau et tout rentrera dans l’ordre. Nous voilà maintenant connectés! Youpi, ça faisait longtemps! Pendant que mes parents se reposent du voyage et du décalage horaire, nous nous occupons de refaire un petit avitaillement. Nous retrouvons sans peine le chemin du supermarché et, autre retour dans le temps, nous retrouvons les marques et produits hollandais que nous connaissions lorsque j’habitais à La Haye, aux Pays-Bas. Nous faisons à notre tour la connaissance de Patrice, le propriétaire du Bistrot de Paris, qui a le cœur sur la main et ne demande qu’à aider les voyageurs à la voile qui sont de passage. Il me trouve, entre autres, une solution pour faire livrer ma nouvelle voile que j’ai fait fabriquer en Bretagne. Bonaire est avantageuse car est une zone hors-taxes pour les bateaux en transit. Autre surprise en débarquant au Bistrot de Paris : Je tombe sur Plume et Pauline affublée d’un beau petit tablier rouge: Non seulement Patrice leur a trouvé une place où dormir mais aussi un travail pour renflouer leur budget de voyage : Les voilà toutes les 2 serveuses, une au bar, l’autre au restaurant ! Tout devient si simple quand l’entraide et la débrouillardise sont au rendez-vous.
Après quelques jours au mouillage, nous aurons l’agréable surprise de constater que la coque de Korrigan n’a jamais été aussi propre. Pourtant, elle commençait à être très sale aux Aves et je n’avais pas eu le temps de la nettoyer. En fait, ce sont les poissons chirurgiens qui, en grand nombre, se chargent de cette besogne si fatigante à faire en apnée.
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Le Sud de Bonaire
Maintenant que nos invités sont remis de leur voyage, l’heure est à la visite! Nous les emmenons tout d’abord dans le Sud de l’île où se trouvent les marais salants et leurs indispensables flamands roses, emblème de l’île. C’est toujours aussi photogénique avec d’un côté de la route le bleu turquoise de la mer des Caraïbes et de l’autre l’eau rose des marais salants et leurs montagnes de sel. Historiquement, l’exploitation du sel était la raison d’être de cette minuscule colonie Néerlandaise. Les esclaves africains s’y usaient la santé à une vitesse effarante, rongés par le sel et le soleil brûlant. De cette époque ont subsistées les minuscules cases de ciment dans lesquelles les esclaves s’entassaient. Ces vestiges sont des témoignages poignants de l’inconcevable réalité de l’esclavage. Sur une note plus joyeuse, nous avons la chance de pouvoir voir de nombreux flamands roses dans les marais salants. Ils sont drôles car ils brassent le fond de l’eau avec leurs pattes en imitant parfaitement le « Moon Walk » de Mickael Jackson pour en déterrer les petites bestioles dont ils se nourrissent. Nous nous arrêtons ensuite brièvement sur le spot de kite, peu animé en ces temps de vent léger. Rien n’a changé. Toujours pas de construction permise, mais 2 écoles de kite hébergées dans d’anciens bus scolaires américains. Nous achevons notre visite à Sorobon, une grande lagune sur la côte au vent, réputée auprès des véliplanchistes pour les belles conditions qu’elle offre. Nous nous y baignons avant de revenir vers Kralendijk. Sur la route du retour, nous voyons quelques ânes en liberté, comme il y en a de nombreux sur l’île. Nous finissons la journée au restaurant, au Bistrot de Paris, qui commence à être notre seconde maison et où nous sommes servis par Plume. Cela amuse beaucoup les petites filles! Nous nous offrons un bon repas de cuisine française.
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Parc Washington-Slagbaaï
Le parc Washington-Slagbaai est situé tout au nord de l’île. Son territoire est formé de 2 anciennes plantations qui, autrefois, exportaient vers l’Europe du sel, de l’aloe vera, du charbon et des chèvres. Il a été créé en 1969, selon les dernières volontés du propriétaire de la plantation Washington qui souhaitait faire don de son domaine au gouvernement afin d’en faire une aire de conservation.
Nous nous y rendons avec notre voiture de location, plus que pleine : En effet, nous sommes déjà 6 avec mes parents mais nous emmenons en plus Plume et Pauline…dans le coffre de la voiture! Tout comme le reste de l’île, le paysage est très désertique, la seule végétation étant constituée de cactus et buissons épineux. Côté faune, les seuls habitants sont des iguanes, des perroquets uniques à Bonaire que nous ne verrons jamais ainsi que quelques ânes et chèvres en liberté, descendants des animaux des anciennes plantations.
La chaleur est tellement étouffante que nous n’aurons pas le courage, en particulier avec les enfants, de monter jusqu’au sommet de Bonaire… haut de 240 mètres (!!). Nous préférons plutôt aller pique-niquer sur une minuscule plage d’où l’on peut aller observer les poissons en snorkeling. C’est étonnant à quel point ceux-ci ne sont absolument pas farouches et viennent proches du bord. Nous finirons notre promenade en allant ramasser du sel dans un lac salin asséché qui nous donne vraiment l’impression d’être en plein désert.
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Retour à Bonaire – Halloween
Nous revenons de Curaçao le 31 Octobre pour que les filles puissent fêter Halloween avec leurs amies Émilie et Maya. Elles ont fabriqué leur déguisement en papier mâché, un masque pour Phoebé et une couronne pour Éléa. Sur le mouillage, ce sont, malheureusement, les seuls enfants à fêter Halloween. Il faut dire qu’ils ne sont pas très nombreux et la tradition n’est vivante que pour les Nord-Américains. Nous visitons donc en priorité les bateaux Nord-Américains. Certains nous accueillent à bras ouverts, bien contents de voir des enfants fêter Halloween. D’autres, surpris, ne trouveront rien à leur donner. Nous continuons donc la tournée en ville où plusieurs enfants locaux fêtent aussi Halloween. Une bijouterie de luxe donnera des brochettes de guimauve, les restaurants des bonbons et le glacier….de la glace d’Halloween noire. Certes, on est loin d’Halloween à la maison, mais cela tenait tellement à cœur aux filles qu’elles sont ravies de leur soirée. De plus, cela a permis d’initier leurs amies à cette tradition.
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Retour à Bonaire – Plongée
Bonaire étant le paradis de la plongée, nous voulons en profiter pour renouer avec cette activité, d’autant plus que Phoebé adore cela depuis ses 2 baptêmes qu’elle avait fait en Guadeloupe et en Martinique. L’avantage de Bonaire, outre la beauté des fonds marins, est l’accessibilité des spots de plongée. En effet, le tombant de corail est très proche de la côte, moins de 100 mètres. Par conséquent, tous les spots de plongée sont accessibles de la côte. C’est ainsi qu’il y a 4 ans, nous avions plongé seuls pendant 2 semaines, en se baladant avec notre voiture de location. Ça n’est pas plus compliqué en bateau, voire même moins : Il suffit de plonger du bateau au mouillage pour profiter d’un magnifique tombant de corail. Nous ferons ainsi plusieurs plongées directement du bateau, sans bouger. Pour varier les plaisirs, nous irons plonger 2 fois sur la petite île de Klein Bonaire, située juste en face du mouillage et une autre fois, un peu plus au Nord sur la côte. Nous faisons notre première plongée avec Michal qui vient juste de passer son premier niveau PADI à Grenade. Forcément, ça démange mon père et Phoebé qui, ayant tous les 2 fait 2 baptêmes, connaissent les sensations et le plaisir de la plongée. Nous trouvons rapidement une solution en faisant connaissance de notre voisin de mouillage, Richard, un Québécois instructeur de plongée qui dispose de tout ce qu’il faut à bord de son bateau pour donner des cours. Il donnera un cours basique à mon père qui lui permettra désormais de plonger en groupe, avec un instructeur, sans plus avoir à faire de baptême. Ça peut être utile s’il vient nous rejoindre l’année prochaine dans le Pacifique où les plongées promettent d’être exceptionnelles. Quant à Phoebé, elle passe carrément son premier niveau PADI avec Richard. Celui-ci adapte habilement le programme à un enfant de 10 ans qui ne dispose pas de tout le bagage scientifique pour tout comprendre et se concentre sur les habiletés en plongée. Comme son dernier baptême était plus un cours qu’une initiation, elle passera son niveau avec brio. Richard, homme au grand cœur, nous prêtera aussi une bouteille pour nous permettre de plonger avec Phoebé. Nous aurons ainsi l’occasion de plonger tous les 3 ensembles. Quel plaisir! Je ne pensais pas que cela arriverait aussi tôt que cela. Il nous laisse aussi accompagner Phoebé pendant les cours pour que nous puissions profiter de passer du temps sous l’eau avec elle. Seule Éléa, trop petite, se trouve un peu mise de côté dans ces activités. Pourtant, elle se débrouille si bien sous l’eau. Elle nage comme un dauphin. Pour lui faire plaisir, Richard l’emmènera faire un petit baptême quelques minutes avant qu’il quitte Bonaire pour la saison. Maintenant que nous avons renoué avec la plongée, nous en profitons pour acheter le peu de matériel qui nous manque pour pouvoir plonger à 2 en toute autonomie, c’est à dire une deuxième bouteille et un détendeur. C’est un investissement vite rentabilisé lorsque l’on voit les tarifs pratiqués par les clubs de plongée.
Alors que mes parents nous quittent quelques jours après notre retour à Bonaire, en même temps que tout l’équipage de Maïa qui retourne en Israël et en Europe pour quelques semaines, nous voilà maintenant un peu seuls! Nous ne sommes pas désœuvrés pour autant entre la plongée et les divers petits projets de bateau. En l’occurrence, nous transformons un peu notre système de gaz propane pour la cuisine car nous n’arrivons plus à faire remplir nos bouteilles de gaz françaises. Nous achetons donc deux belles bouteilles américaines en résine, qui ne rouillent donc pas et dont le système est assez universel pour pouvoir les remplir à peu près n’importe où. Le projet est un peu plus compliqué qu’il n’en a l’air car le format des bouteilles est différent et il faut trouver un nouvel endroit sécuritaire où les stocker sur le bateau. Une semaine après notre retour, nous recevons finalement notre nouveau spi sur emmagasineur. C’est une voile hybride qui fonctionne un peu à toutes les allures, du bon plein au vent arrière, dans le vent léger. Elle remplacera avantageusement l’ancienne qui, malheureusement, a fini ses jours au fond de la mer des Caraïbes au mois d’Avril dernier lorsqu’une vague a arraché le sac du pont. Un coup de malchance (ou plutôt un coup de foudre!) viendra allonger ma liste de problèmes à régler sur le bateau. En effet, le soir après le départ de mes parents, un gros orage nous passe dessus et la foudre tombe sur le bateau d’à côté. Nous évitons le pire (nos voisins ont perdu toute leur électronique, pilote automatique, panneaux solaires, etc.), mais avons quand même quelques dégâts : 2 instruments de navigation n’ont pas survécu et sont hors-service. Nous n’avons plus d’indication de vent et le répétiteur qui centralise toutes les informations à la table à cartes est aussi mort. La batterie de mon téléphone est morte et nous avons eu aussi quelques inquiétudes vis-à-vis de notre parc de batteries qui est quasiment complètement déchargé et peine à remonter. Il ne s’agira en fait que de connexions desserrées. Étonnamment, je trouverai de nombreuses connexions électriques desserrées après cet incident.
De leur côté, Éléa et Phoebé aiment beaucoup passer du temps avec Plume et Pauline qui travaillent toujours au Bistrot de Paris. Elles auront même la chance de les aider à faire le service le midi. Elles adorent ça. Elles profitent aussi ensemble de la piscine de la marina où de les accompagner à la plage lorsqu’elles ne travaillent pas. De plus, comme l’endroit est très sécuritaire et que nous sommes ancrés non loin de la marina, elles peuvent aller leur rendre visite seules en dinghy. On voit la fierté dans leurs yeux de pouvoir avoir une telle indépendance. La mi-novembre approche et nous nous sentons prêts à continuer notre chemin vers la Colombie où les 2 filles veulent aussi se rendre. Comme Plume n’a toujours pas trouvé de bateau qui pouvait l’emmener en Colombie et que nous n’avons pas le cœur de laisser une de nos deux amies en arrière, nous décidons de les embarquer toutes les 2. Certes, nous serons un peu à l’étroit, mais nous nous entendons tous si bien et nos deux équipières nous aident beaucoup pour toutes les tâches quotidiennes. Nous tentons donc l’aventure de continuer le voyage à 6 pour quelques semaines. Nous levons finalement l’ancre le 15 Novembre, pas que les conditions météo soient idéales, mais celles à venir risquent de retarder beaucoup notre départ de Bonaire : En effet, le vent est aux abonnés absents depuis que nous sommes arrivés à Bonaire mais une dépression tropicale le long des côtes de Panama et du Costa Rica risquent de nous donner du vent contraire et une mauvaise mer si nous attendons plus.
Fantastique vidéo! Gabrielle et Jeremy.
Incroyable ces montagnes de sel et ces cases pour les ouvriers.
Et la couleur rose des marais salants est tellement vive. Tres joli et inhabituel.