Isla del Sur
Nous avons 33 miles nautiques à parcourir depuis Cayo de Agua pour rejoindre la première île des Aves qui est constituée de 2 groupes d’îles. Nous nous sommes arrêtés au premier en venant de l’Est, Los Aves de Barlovento car il nous a été conseillé et car le second, Los Aves de Sotavento, abrite une caserne de garde-côtes. Comme nous ne restons que 48 heures, nous ne voulons pas faire de formalités. La navigation a été assez lente, au portant, dans un vent un peu mou. Nous arrivons à la mi-journée. Nous nous ancrons à proximité d’Isla del Sur qui est un sanctuaire d’oiseaux. Plusieurs espèces y nichent mais ceux qui prédominent sont les « Booby » qui sont des sortes de fous à pattes rouges. C’est extraordinaire de pouvoir s’approcher aussi près de que nous l’avons fait en annexe, en nous laissant dériver le long de la mangrove. Comme ces îles sont inhabitées, ils ne connaissent pas l’homme et le danger qu’il représente. Nous passons ainsi à moins de 2 mètres de nids avec des petits tout ébouriffés qui s’égosillent. Nous parcourons la mangrove dans un long bras de mer qui se divise en une multitude de culs de sac et pouvons admirer l’envol de ces grands oiseaux de mer qui n’hésitent pas à venir nous frôler en planant. À notre retour au mouillage, l’apéro s’organise sur Maïa. Heureusement que j’ai ma glacière à bières Canadian Tire! On sort alors les fils de macramé pour certaines et les dés pour les autres.
Comme il n’y a que des oiseaux à voir sur cette île et que ceux-ci apportent leur dose de nuisance sonore mais surtout odorante, nous partons le lendemain passer notre deuxième et dernière (!!) journée sur Isla del Oeste. Quand je regarde autour de moi, l’endroit semble tellement paradisiaque, je ne conçois pas d’y passer que 48 heures. Grrr… Foutues dates qu’il faut respecter quand on récupère des invités!
Les Photos
Isla del Oeste
Le vent s’est bien levé et nous partons sous voiles vers Isla del Oeste. Il y a de nombreux récifs de coraux mais la route est claire avec la couleur de l’eau car les fonds tombent rapidement à 8 -10 mètres, comme aux Roques. Nous ne suivons pas les indications du guide qui indique un mouillage qui me semble scabreux, car entre 2 cayes, sans protection directe du vent. Nous contournons donc l’île et venons mouiller face à une immense plage de sable, largement défendue par de grosses patates de corail. Nous mouillons donc assez loin, en visant bien pour mettre l’ancre. Il faut éviter que la chaîne se prenne dans les massifs de coraux car l’ancre ne peut pas bien faire son travail. De plus, la chaîne peut casser…et ça abime le corail. Ce serait le genre d’endroit qui mériterait quelques corps-morts pour ne pas que les plaisanciers abiment le corail. En allant vérifier notre mouillage en masque et tuba, je continue jusqu’au corail avoisinant. Aussi beau et fourni qu’aux Roques.
Maïa va partir dans l’après-midi pour rejoindre Curaçao qui est un peu plus loin. Nos routes se séparent ici, même si on devrait se retrouver à Bonaire à un moment ou un autre. Tout le monde est un peu triste. Nous emmenons Plume avec nous jusqu’à Bonaire car les 2 filles aimeraient continuer à voyager ensemble. Nous serons donc 6 à bord et 4 en quarts pour la navigation de cette nuit. Ça va être relax! Nous partons en kite du bateau car la plage nous semble bien déventée. L’ennui de partir du bateau c’est qu’on ne peut pas partir ensemble: Il faut attendre que le premier soit parti pour commencer à gréer le second kite. L’eau est bien transparente et les 2 grandes baies qui s’offrent à nous sont très peu profondes et bien plates. L’espace de jeu est immense pour seulement 2 personnes. Je continue ensuite à remonter le vent et je découvre un chapelet d’îles en formation à des stades différentes : Cela va du récif de corail qui émerge en faisant une belle piscine ronde, au banc de sable, et ensuite une petite île sur laquelle la végétation a poussé sur le sable. Les oiseaux qui y nichent en grand nombre ont du faire le travail pour les autres espèces de plantes. Après avoir parcouru les massifs de coraux dans les piscines où l’eau est hyper chaude, je ne peux plus quitter la petite île devant laquelle je tire des bords, en la regardant. Une belle petite baie et derrière la plage un immense tapi de plantes grasses sur lesquelles niches des oiseaux. Il y a même quelques arbres en arrière, cocotiers et palétuviers. Je regrette de ne pas avoir pris de caméra pour ramener des images. Après cette belle session, l’heure est aux préparatifs. Comme le vent est assez fort, nous partirons après le souper, pour ne pas arriver trop tôt à Bonaire, c’est-à-dire avant le lever du soleil. Avec 25 nœuds de vent et des patates de corail dans lesquelles la chaîne se prend, relever l’ancre de nuit n’est pas rien dans ces endroits-là. La nuit fut très belle. Ça remuait un peu au début, le temps que l’on passe sous les Aves de Sotavento. Ensuite, lorsque nous avons pointé vers Bonaire, le bateau glissait tranquillement à 5.5 nœuds, de quoi laisser l’équipage se reposer et arriver au petit matin.
Retour aux Aves
Je l’avais dit, on ne peut pas rester si peu de temps dans un endroit aussi beau. Du coup, nous décidons de revenir peu après avoir récupéré mes parents à Bonaire. Moins d’une semaine après leur arrivée à Bonaire, nous profitions d’une journée de pétole pour partir au moteur vers les Aves. Mes parents ayant pas mal voyagé, ils ne sont pas impressionnés par Bonaire, d’autant plus qu’ils ne plongent pas. Je veux les emmener dans un bel endroit, une île déserte où l’on ne peut aller qu’en bateau. Pendant la saison des alizés, cela prendrait des jours au près pour y retourner. Après quelques heures, le vent monte un peu et nous ne pouvons continuer à avancer efficacement avec le vent exactement dans le nez. Nous sortons donc le génois et faisons du près très serré appuyé au moteur. Avec l’appui de la voile, le bateau est beaucoup plus stable et confortable que sous moteur uniquement. Nous arrivons à l’extrémité Ouest des Aves de Borlavento vers 2 heures du matin, avec une lune qui nous éclaire modestement. Nous allons suivre à l’envers la trace de notre trajet précédent, pour aller nous ancrer à l’île aux oiseaux, Isla del Sur. Nous voilà ancrés vers 3 heures du matin, heureux d’être revenu ici et d’avoir bien géré cette navigation avec une arrivée de nuit dans le corail. Notre répit est de courte durée car, vers 6 heures, alors que nous dormons lourdement, nous sentons le vent monter brusquement. Daphné se lève: Nous avons tourné à 180 degrés. Nous sommes donc maintenant cul à la mangrove dans moins de 2 mètres d’eau et les rafales atteignent 45 nœuds sous un ciel complètement noir. Nous sommes sous un immense nuage d’orage noir d’où tombent des éclairs et de violentes averses. La couleur du ciel est surréaliste avec le soleil qui se lève. Un bateau de pécheurs ancrés proche de l’entrée a dérapé et dérivait rapidement vers nous. Heureusement, il se stabilise bien avant nous. Le vent se calme aussi et la pluie continue. Nous allons nous recoucher. En après-midi, le temps est revenu à la normale avec un faible vent d’alizé et un beau ciel bleu plein de petits nuages bourgeonnants. J’emmène mes parents faire la visite de la mangrove, le territoire des oiseaux. Cette fois-ci, je n’ai pas d’appareil photo et je peux profiter pleinement du spectacle. Claude et Josiane sont impressionnés. Ils n’avaient jamais vu une telle mangrove ni une telle colonie d’oiseaux. Le soir, je pars pécher avec mon père sur la portion extérieure de la longue bande de corail qui forme une digue naturelle et nous protège. Nous attrapons tout d’abord un needle fish, sorte de poisson-serpent avec une longue mâchoire pleine de dents. Heureusement, ça n’est pas très gros. Nous prenons ensuite une belle baliste océanique. C’est un poisson très coriace mais excellent. Sur le retour, à la nuit tombante, nous prenons un petit mérou. Claude est ravi et se met directement au nettoyage de notre butin. Daphné prépare la baliste en ceviche. C’est une belle découverte pour eux qui ne sont pas habitués à manger du poisson cru. Il faut dire aussi que du poisson péché il y a moins de 2 heures est un régal. Quel dommage de le cuire.
Comme la dernière fois, nous ne restons qu’une seule nuit au mouillage d’Isla Del Sur car il n’y a pas de plage, que de la mangrove et on ne peut donc pas débarquer à pied. Nous suivons le même chemin que la première fois mais nous nous ancrons un peu plus loin que la dernière fois. Nous avons dû remouiller l’ancre au moins 5 fois avant que la chaîne ne se prenne pas dans les blocs de coraux morts. Le mouillage s’avérera bon pendant les 4 jours que nous y passerons. Nous sommes tous seuls et nous pouvons profiter de la plage, du kite, de la pèche, du snorkeling. Les filles passent beaucoup de temps sur la plage ou dans l’eau avec leurs grands-parents. Les fonds restent peu profonds sur une grande distance et l’eau est parfaitement claire et chaude. Rien de mieux pour les satisfaire en plein automne! Les conditions de vent se montrent assez généreuses pour que Daphné et moi puissions faire du kite sur la même plage et retourner sur mon chapelet de petites îles et piscines qui m’avaient tant plu. Daphné revient aussi émerveillée que moi la première fois. C’est définitivement le plus beau spot de kite où nous avons navigué. Nous emmenons d’ailleurs mes parents et les filles se baigner dans une de ces piscines d’eau chaude, cernées de corail. On ancre le dinghy sur un petit banc de sable qui en grandissant deviendra une île. Pendant que les filles jouent dans l’eau, j’emmène mon père découvrir la barrière de corail, côté mer. C’est un peu chaud car il n’y a que 30 centimètres d’eau sur la barrière, mais ça passe et il peut avoir un bel aperçu de ces immenses formations coralliennes et de leur faune, ici encore un barracuda rôde tranquillement. Nous péchons presque tous les jours et nous régalons des mérous que nous péchons à la traîne ou ceux pris par Claude, directement du bateau avec un appât vif. Seule ombre au tableau dans ce décor paradisiaque, car inhabité: Les côtes au vent des îles sont jonchées de déchets en plastique qui, poussés par les alizés, viennent s’échouer sur ces côtes vierges, avec parfois, au milieu, un cadavre de tortue. Ça fait extrêmement mal au cœur car la vue des déchets nous choque car elle nous renvoit notre image de consommateur et notre impuissance face à ses conséquences. Malgré tout, ici, les oiseaux nichent à même le sol, laissant même leurs petits seuls. Il faut croire qu’ils n’ont pas de prédateurs. Restons sur cette belle image pour conclure notre séjour. En effet, après 4 jours sur ce mouillage, nous décidons de nous diriger vers Curaçao où nous devrons expliquer notre petit trou de 5 ou 6 jours dans l’agenda car nous n’avons fait aucune démarche pour entrer et sortir des Aves … Nous comptons rester un peu à Curaçao pour visiter avant de rejoindre Maïa à Bonaire pour que les enfants puissent célébrer Halloween ensemble.
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