Sabudupored (du 9 au 12 Janvier 2017)
Comme les prévisions météo de la veille l’indiquaient, le vent est bien monté et s’est établi dans les 25 nœuds. La mer, par contre, n’a heureusement pas grossi plus et reste bien formée. Nous quittons prudemment notre mouillage en contournant Niadup par le sud-Ouest. Ici, les cartes que nous avons sont assez inexactes, aussi bien la profondeur que la position des récifs de corail : Certains ne sont pas sur la carte et les autres sont mal placés. C’est assez stressant dans ces conditions de vent et de mer: Lorsque nous montons la grand-voile, nous nous retrouvons par seulement 7 mètres de fond au lieu des 30 mètres attendus. En face, la mer brise sur des récifs absents de la carte. Bientôt, la grand-voile est établie à 2 ris, non sans cafouillage, le génois déroulé à moitié et nous faisons route au près à 6.5 nœuds pour contourner par le large un petit groupe d’îles et de récifs nommés Farewell Islands. Ici, toutes les îles ou presque possèdent deux noms, un nom Kuna qui souvent finit en « dup » et un nom anglophone. Après une quarantaine de minutes de navigation au près, nous abattons en grand pour passer entre les Farewell islands sur bâbord et plusieurs petits îlots à notre droite qui, émaillés de hautes barrières de corail, coupent efficacement la houle. Ils s’appellent Iguana Island ou Akuamatar en Kuna, puis suivent les West Coco Islands (original vu que toutes les îles sont ici couvertes de cocotiers !) ou Whichubdupbipi en Kuna (À tes souhaits !) et ainsi de suite. Peu aprèss, nous arrivons vers le groupe d’îles vers lequel nous nous dirigeons pour les contourner par le Sud. Plusieurs grosses îles reliées par une barrière de corail sur le côté Nord-Est protègent de la houle et forment un vaste lagon, peuplés de récifs coralliens et de petites îles de sable hérissées de cocotiers. Cependant, la visibilité est bonne et avec la carte et la couleur de l’eau nous trouvons sans difficultés notre chemin vers Sabudupored, île déserte couverte de cocotiers à côté de laquelle nous comptons ancrer. Cette zone est bien exposée au vent mais protégée par une barrière de corail et devrait s’avérer un bon spot de kite. Avec la plage de l’île à proximité pour les filles, tout le monde devrait se plaire ici !
Nous mouillons l’ancre en fin de matinée, alors que 2 autres bateaux seulement y sont déjà ancrés, un petit voilier québécois et un catamaran que nous avions déjà vu à Bonaire. Après le lunch et l’école, il est temps de renouer avec le kite, après deux mois et demi de pause. Avec le vent qui est toujours aussi fort, dans les 25 nœuds, ça va être une rentrée sportive! Nous partons du bateau car il n’y a pas de place sur l’île pour démarrer en kite Nous allons sur l’eau tour à tour avec mon petit kite de 8 m2. Le spot est parfait, pas trop clapoteux et le vent est bien régulier, légèrement accéléré entre les îles. Notre voisin du catamaran est aussi sur l’eau, en planche à voile. Le vent ne faiblira pas avant le surlendemain, forcissant même pendant la nuit. Il faut admettre qu’on ne dort pas sur ses 2 oreilles dans ces conditions. Pendant les 2 jours suivants, Daphné et moi consacrèrent nos journées au kite, nos soirées à nous plaindre des courbatures, alors que les filles alternent entre jeux de Lego à l’intérieur lorsque le temps est à la pluie et jeux sur la plage lorsque le ciel le permet. Elles adorent jouer aux Robinsons sur les plages en se construisant des cabanes, fabriquant des potions et gâteaux de sable et coco, etc. Tout le monde est bien content de renouer avec la vie de plage, comme celle que nous menions aux Roques ou aux Grenadines l’année dernière. Seule différence, il fait plus froid ici! Déjà, le soleil est moins généreux avec les gros nuages qui se tassent sur les montagnes côtières, l’eau est aussi plus fraîche et surtout, les nuits sont fraîches. Ceci dit, ça n’est pas désagréable pour dormir. Nous nous surprenons à mettre un petit pull le soir. Je m’arrête là pour ne pas me mettre à dos mes lecteurs Québécois en proie avec l’hiver et les températures glaciales des mois de Janvier et Février ! Dans ce cadre enchanteur, nous aurons même la chance de déguster des langoustes, proposées par des pécheurs Kunas qui cherchent à vendre le fruit de leur pèche aux bateaux avant de rejoindre la côte. Ici, ils ont souvent un petit moteur hors-bord sur leurs pirogues même si certains conservent tout de même les voiles traditionnelles.
L’après-midi du 12 Janvier, nous voyons finalement arriver 2 catamarans vers le mouillage voisin, celui de Green Island. Il s’agit de So What et Nahoa, les 2 autres bateaux canadiens avec qui nous étions à Carthagène. Comme le vent a faibli un peu, Daphné et moi naviguons tous 2 avec nos grands kites ensemble et partons leur dire bonjour. Nous convenons de les rejoindre le lendemain, histoire d’être ensemble, pour le plus grand plaisir des filles qui vont retrouver leurs amis Oliver et Anika. Green Island a l’air très jolie aussi.
Les Photos
Green Island (du 12 au 17 Janvier 2017)
Pour rejoindre Green Island, nous préférons revenir sur notre trace et contourner le lagon par le Sud-Ouest plutôt que d’essayer de zigzaguer au milieu des récifs. Ça serait faisable, mais risqué et pas forcément plus rapide. Le mouillage est bien meilleur ici car nous mouillons sur du sable de bonne tenue, sans coraux dans le fond. Avec la présence des amis et le vent qui semble bien établi pour les prochains jours, nous voilà bien installés pour quelques jours. Malheureusement, l’après-midi, ma session de kite sera vite avortée: Je démarre mon kite comme d’habitude de l’arrière du bateau, toutes les lignes semblent claires, ni Daphné ni moi ne voyons de problème. Pourtant, le kite part rapidement sur le côté puis se lève furieusement, part en looping pour piquer directement vers l’eau. La sanction est immédiate: Tout un côté est déchiré et une ligne cassée. Je suis consterné! Cependant, je pourrai quand même m’amuser sur l’eau aujourd’hui car Greg me prête le sien pour une petite heure et c’est ensuite au tour de Daphné de me passer son kite. Le soir venu, nous nous mettons au travail: Je m’occupe de réparer la ligne cassée, alors que Daphné s’attaque á découdre le panneau déchiré et à en découper un nouveau dans un morceau de toile de spinnaker achetée à cet effet à Grenade. Ses talents de couturière nous sauverons encore une fois la mise car elle arrivera à remplacer parfaitement ce panneau déchiré, le kite conservant une forme parfaite. Ce ne fut pas sans difficulté néanmoins, notamment à cause de l’adhésif utilisé pour maintenir le tissu le temps de coudre qui ne cessait de bourrer de colle l’aiguille de la machine à coudre. Elle s’en sortira en enduisant l’aiguille d’un peu d’huile de cuisson. Bravo !
À part cet incident, nous passerons 5 jours délicieux à Green Island: Les enfants se bâtissent des cabanes sur la plage avec leurs amis ou font des feux de coco ou autres jeux de petits robinsons pendant que les parents vont, eux aussi, jouer sur l’eau avec leurs kites. Le vent est ici d’une grande constance et toujours un peu plus fort que prévu. Nous craignons cependant de ne pas pouvoir rester aussi longtemps que nous voudrions ici car nous n’avons plus rien de frais à manger et commençons à nous lasser dur riz, patates et pâtes… midi et soir. Heureusement, un bateau vendant des légumes se pointe après 2 jours et nous pouvons nous ravitailler. Parfait, pas besoin de bouger d’ici ! Certes, le service se paye, mais nous sommes bien ici et n’avons pas envie de rater des jours de bon vent pour aller dans un village sur le continent. Un peu plus tard, une autre barque passera et nous lui fournirons une liste de denrées à nous ramener le lendemain. Pour couronner le tout, des pécheurs passeront nous proposer de belles langoustes. Nous en avons refusé à plusieurs reprises car ils ont tendance à les pécher vraiment trop petites. Cette fois-ci, nous serons largement rassasiés à 4 avec ces deux belles langoustes que je ferai griller au barbecue.
Pendant notre séjour à Green Island, nous ferons la connaissance d’un jeune couple Argentin-hollandaise très sympathique. Ils font tous deux du kite et de la planche à voile et voyagent sur un vieux bateau qu’ils ont retapé au fil des ans et lorsque leurs finances leur permettaient. Martin était entraineur de voile olympique en Argentine et a mis à contribution ses qualités d’instructeur pour apprendre la voile à un jeune colombien alors qu’ils étaient mouillés près d’une petite île de pécheur. En utilisant leur annexe, une coque d’Optimist, en récupérant un gréement et en cousant une voile, il a réussi à lui enseigner les rudiments de l’Optimist. Rapidement, l’enfant démontra des qualités hors du commun. Martin ira jusqu’à le faire participer à une régate qui se tenait à Carthagène, course qu’il remporta. Une très belle expérience et démonstration de partage que vous pouvez voir en vidéo sur le site www.makethemsailors.org.
Nous finirons notre passage à Green Island par une belle soirée sur la plage autour d’un feu de camp, pour le plus grand plaisir des enfants qui en rêvaient depuis un bon moment. Tout ceci nous semble avoir un avant-goût du Pacifique: Les petites îles inhabitées couvertes de cocotiers et entourées de beaux lagons turquoises, les journées passées à la plage ou sur l’eau. La grosse différence est, qu’ici, il suffit de se tourner vers le Sud pour se rendre compte que le continent n’est qu’à quelques miles nautiques !
YA PLUS D’CARTE DE LA TRANSPAC ;<)
Si si, sur la home page.
On part demain!!
Trop drole de voir les filles sur cette ile deserte. On dirait de vraies survivors. On voit qu’elle sont dans leur element et qu’elle aime cela. Quel beau sourir d’elea.
Superbe photos de Kite. La Classe Daphne!
Merci 😉