Aridup (du 6 au 8 Janvier 2017)
En quittant Mamitupu, plus rapidement que prévu suite à l’annulation de notre excursion à la cascade et la petite déception de ne pas avoir goûter à la mystérieuse chicha fuerte, nous voulons une pause des Kunas pour quelques jours et trouver de l’eau plus propice à la baignade. Nous nous dirigeons donc vers Aridup, petite île située plus au large, à environ 20 miles nautiques de Mamitupu vers le Nord-Ouest où s’étend le reste de l’archipel des San Blas. Pour économiser quelques miles, nous ne revenons pas sur nos traces pour partir, mais passons dans l’étroite passe entre le continent et Mamitupu. À faible vitesse, Daphné avance prudemment entre les récifs, alors que Phoebé surveille la carte et la profondeur, pendant que je tâche de la guider, grimpé sur la bôme pour mieux voir les différences de couleurs d’eau. Passé ce moment un peu intense, nous hissons les voiles et faisons route dans un vent assez léger, à des allures entre le près et le travers, au gré du slalom entre les hautfonds et les îles qui se présentent sur notre route. Au moins, ici la navigation n’est pas ennuyante, entre la route qu’il faut suivre avec précision, les petites îles de sable (et leurs inséparables cocotiers) que nous longeons, parfois de près, pour éviter d’autres obstacles. Aujourd’hui, la mer sera plus généreuse que le vent: Elle nous offre une belle carange à gros yeux (Horse Eye Jack en anglais) qui nous permettra de faire notre plein de protéines aujourd’hui. Après l’avoir ferrée et trucidée, je laisse Daphné opérer. D’une main de maître, elle nettoie le poisson, prépare les filets et, une fois arrivés à destination, elle nous prépare un excellent ceviche pour le lunch. Quel délice, en particulier dans ce décor paradisiaque: Nous sommes seuls, devant cette belle île quasiment entièrement occupée par une cocoteraie et, enfin, Korrigan baigne dans une belle eau cristalline. Pourtant, il n’a pas été très aisé de mouiller car le fond est surtout tapissé de roches et de corail. Il a fallu aller repérer à la nage une zone de sable pour aller y déposer notre ancre et s’assurer une nuit sans stress. Ce n’est pas le vent qui nous dérangera, mais la houle. Celle-ci commence à rentrer progressivement en fin de journée et ne cessera de s’intensifier. Elle nous chassera de ce mouillage le surlendemain.
Les filles sont super heureuses de retrouver une plage et de renouer avec les jeux dans l’eau. Nous y passerons le plus clair de notre temps le lendemain de notre arrivée. Pendant qu’elles s’affairent à préparer de douteuses mixtures dans des cocos trouvées ouvertes sur la plage, Daphné et moi parcourons l’île à la recherche de trésors. Tantôt des cocos non ramassées par les Kunas du village voisin qui exploite cette cocoteraie, tantôt des graines jetées à la côte par les courants qui y amènent aussi d’immenses troncs d’arbres, charriés par les fleuves et les courants. Une fois encore, ces belles images de cartes postales sont quelque peu entachées par la présence de déchets plastique, mais dans une moindre mesure qu’à proximité des villages côtiers. Seul un monsieur vit sur l’île, placé ici par son village pour quelques mois, histoire de s’occuper de la cocoteraie et d’y accueillir quelques touristes. Il confie ses cocos à ceux qui viennent le ravitailler. Parfois, c’est une ou des familles entières qui habitent à tour de rôle sur les îles-cocoteraies. Les abords de l’île sont aussi fréquentés par des pécheurs de langoustes et crabes. Nous leur achèterons quelques langoustes que nous ferons griller au barbecue. Quel délice! À 5 dollars le repas de langoustes, cela ne nous encourage pas à apprendre à chasser ces délicieuses petites bestioles sous-marines. Au lieu de cela, nous préférons aller jeter un coup d’œil sous l’eau en famille le long du récif avec nos masques et nos tubas. Nous y rencontrerons une belle baliste océanique, telle celle que mon père et moi avions péchée aux Aves et, surtout, un beau requin nourrice ou requin dormeur, évidemment assoupi sous une roche. Faute de fruits frais, j’improvise un dessert local: du riz au lait de coco que je fabrique en râpant deux cocos que je presse ensuite simplement dans de l’eau. Simple et délicieux. Le plus difficile reste toujours d’extraire la noix de coco de sa coque de fibre si difficile à enlever, même si je perfectionne peu à peu ma technique.
Le 8 au matin, après une mauvaise nuit passée à se faire secouer par la houle, nous sommes décidés à ne pas passer plus de temps ici, on continue vers l’Ouest !
Les Photos
Niadup (du 8 au 9 Janvier 2017)
En partant notre mouillage d’Aridup, on réalise que la houle a bien augmenté pendant la nuit. Heureusement, le vent a lui aussi forci et nous avons une bien meilleure vitesse que lors des 2 navigations précédentes. De plus, aujourd’hui, la distance à parcourir pour nous rendre au prochain village Kuna, Niadup, n’est que de 15 miles. Quasiment en ligne droite avec peu d’obstacles sur notre route, c’est une navigation facile et rapide mais sans poisson. Heureusement que la zone où nous pouvons mouiller est bien abritée entre l’île et le continent car la houle rentre assez fort jusqu’ici et déferle sur les récifs qui entourent l’île. Lorsque nous arrivons, un bateau Colombien est à quai. Il vient chercher la récolte de cocos et, éventuellement, vendre des vêtements, produits manufacturés ou toute autre chose dont les Kunas peuvent avoir besoin. Sans même mettre le pied à terre, nous pouvons déjà voir que le village n’est pas aussi traditionnel que celui de Mamitupu, avec plusieurs constructions en béton et des toits en tôle. Cette impression est confirmée lorsque nous visitons l’île en compagnie d’Aquilino, un vieux monsieur qui parle bien Espagnol et un peu Anglais. Même si la majorité des habitations sont les huttes traditionnelles, plusieurs d’entre elles ont le toit en tôle et, dans le centre du village, il y a de nombreuses constructions en béton. Les rues sont aussi beaucoup plus larges qu’à Mamitupu. Nous sommes aussi surpris de voir trois églises, dont une récente : Catholique, Mormon et Evangéliste. Parmi la population, nous voyons plusieurs albinos. Il y en a beaucoup chez les Kunas du fait de l’absence de couples inter-ethniques. Nous remarquons aussi que, à l’exception des femmes les plus âgés, aucune autre ne porte la tenue traditionnelle ornée de molla. Ici, les mollas sont destinés à être vendus aux touristes. Notre guide nous explique aussi que les jeunes ne vont plus récolter les cocos mais préfère plonger chercher des langoustes revendues sur le continent ou aux voiliers de passage. C’est beaucoup plus payant. Pendant la ballade, nous rencontrons le secrétaire du Congresso, c’est à dire celui qui collecte nos 10 dollars de droits de mouillage. Il semble que cela soit la pratique sur tous les îles. Cependant, cela ne nous choque pas car il faut bien que la venue de voiliers sur leur île leur apporte quelque chose, surtout qu’ils n’ont à peu près rien à vendre à part leurs maudits mollas, pas même de légumes et encore moins de fruits, très rares ici. Pendant notre promenade, nous sommes aussi accompagnés de Rachella, la petite-fille de notre guide, qui a le même âge que Phoebé. Du coup, les trois filles jouent ensemble tout le long de notre passage sur l’île. Phoebé et Éléa deviennent très rapides à se lier à d’autres enfants, malgré la barrière de la langue. En plus, jouer à terre leur permet de se dépenser! Pendant l’après-midi, la houle a encore augmenté sérieusement et le vent forcit. Tout ceci est confirmé par les prévisions météo que je prends par l’Iridium le soir. Du vent fort et surtout de la grosse houle sont prévus pour les 4 prochains jours. Nous avons sacrément envie de faire du kite et notre visite nous a confirmé que plus nous allions vers l’Ouest, moins les villages Kunas étaient authentiques. Nous décidons donc de lever l’ancre le lendemain matin pour aller vers une sorte de grand lagon bordé par plusieurs îles et qui semble parfait pour kiter et profiter des plages.
Impressionant ces photos de cocotiers surtout avec le contraste de couleur entre le temps tres sombre et le temps tres clair. Superbe, magnifique.