L’odyssée vers Samara
Samedi matin, nous nous réveillons sous un ciel maussade et la pluie commence rapidement. Pas idéal pour fermer le bateau et nous préparer. Pour limiter les risques de vol, nous rangeons tout ce que nous pouvons à l’intérieur du bateau, y compris le moteur hors-bord à qui nous devons trouver une place dans les coffres. À 9 heures, les employés de la marina viennent nous chercher pour nous amener à terre. On nous conduit ensuite en voiture jusqu’à la route, située à 3 kilomètres, où nous devrons attendre le bus pour Colon. C’est le début d’un long trajet car notre bus pour San Jose, la capitale du Costa Rica ne part que le soir à 23 heures. Cependant, nous n’avons pas encore nos billets, les transports à partir d’ici sont un peu aléatoires et la marina ne peut nous emmener que le matin, pour le bus de 9h30. Presque 3 heures plus tard (pour parcourir une soixantaine de kilomètres), nous arrivons à Colon. À la vue des quartiers que nous traversons pour arriver au terminal d’autobus, la ville semble à la hauteur de sa réputation: Démolie, bombardée, en ruines, insalubre, glauque. Les qualificatifs ne manquent pas. La ville semble complètement à l’abandon, laissée pour compte, comme si la richesse qui transite par le canal glissait le long des rives de la ville, sans rien y abandonner. Le terminus de bus grouille de monde et l’effervescence qui y règne mitige un peu l’impression précédente. Cependant, nous sommes sur nos gardes car la faune qui traîne ici semble peu recommandable, en particulier pour des proies faciles comme nous, des gringos avec des sacs lourds et des enfants. Heureusement, le bus pour Panama City part rapidement et nous embarquons de justesse. C’est un ancien autocar routier, beaucoup plus confortable que les vieux autobus scolaires que nous avons connus jusqu’ici. En arrivant vers Panama City et son immense terminal routier, nous avons l’impression de changer de pays. La gare routière est gigantesque, sur plusieurs étages et s’y croisent les autobus urbains, ruraux, les autocars routiers comme celui que nous prendrons ce soir. La récente ligne de métro de Panama City finit ici aussi. Une fois nos billets achetés, comme nous avons une dizaine d’heures à tuer, nous cherchons tout d’abord un endroit où déposer nos bagages, non sans mal. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises: En effet, collé à la gare routière, se trouve le « Albrook Mall », le plus grand centre commercial que nous n’ayons jamais vu. Il ridiculise le Fairview de Pointe-Claire ou le quartier 10-30 de Brossard, pourtant énormes. Le centre d’achat fait plusieurs kilomètres de long et est tellement étendu que certaines boutiques sont présentes en double ou triple. Au moins, nous avons de quoi nous occuper pour l’après-midi. Les filles sont ravies car elles trouvent deux magasins extrêmement bien achalandés en Lego. Elles rêvent déjà au moment où elles pourront revenir avec leurs économies pour acheter de nouvelles boites! Pour ma part, disposant ici d’une bonne connexion internet, je commence mon magasinage en ligne pour le bateau. En effet, je n’ai pas réussi à trouver une membrane de dessalinisateur à moins du double du prix proposé en ligne aux USA. En outre, mes dernières sorties avec mon grand kite ont montré qu’il était quasiment mort. Je veux donc m’en trouver un neuf pour pouvoir profiter pleinement de la prochaine année dans le Pacifique. Si on ajoute à cela la liste de pièces de rechange et autres qui ne cesse de s’allonger, cela vaut le coup de faire nos achats en ligne aux États-Unis, de consolider les paquets et les faire expédier au Panama. Après plus de 8 heures à errer dans le centre commercial et à faire de l’internet, nous sommes déjà bien fatigués lorsque nous embarquons dans l’autocar. Celui-ci semble bien confortable, même si trop climatisé. Heureusement, nous avons nos sacs de couchage!
Au petit matin, nous arrivons à la frontière costaricaine. Après un contrôle d’identité et une fouille plus que sommaire de nos bagages par les autorités panaméennes, les bagages retournent dans l’autocar et nous traversons la frontière à pied, jusqu’aux guichets costaricains. Il est difficile de situer exactement cette frontière au milieu des motels, restaurants pour routier, magasins d’aubaines, etc. Un beau bazar qui ne ressemble en rien à une frontière américaine, par exemple. Côté costaricain, une mauvaise surprise nous attend: Nous apprenons par le douanier que nous devons avoir un billet retour pour pouvoir rentrer dans le pays. Comme nous n’en avons pas, nous allons directement en acheter auprès du chauffeur d’autocar qui nous fournit des billets officiels. Malheureusement, le douanier mal luné ne les accepte pas et donne des excuses bidon. Nous devrons attendre 45 minutes (et le reste des voyageurs aussi) que ce despote parte en pause et soit remplacé par un collègue ne nous ayant pas pris en grippe. Nous reprenons la route et la matinée semble interminable, tout comme les champs de palmiers que nous longeons pendant des heures. En début d’après-midi, nous faisons une courte pause pendant laquelle nous mangeons rapidement dans une sorte de cafeteria de bord de route. Nous arriverons finalement à San Jose en milieu d’après-midi. En moins de dix minutes, un taxi nous amène à l’hôtel où nous devons rejoindre Catherine et Bertrand puis passer la nuit avant de reprendre la route demain matin pour Samara. Une fois les retrouvailles célébrées autour d’un pack (ou 2) d’Imperial, la bière locale, nous partons nous promener un peu dans San Jose et surtout trouver un endroit où manger. Nous trouvons un petit resto local où nous mangerons un plat typique, un casado, assiette composée de viande ou poisson, riz, haricots, salade, banane plantain.
Le lendemain matin, dès le déjeuner avalé, nous prenons la route à bord de la grosse voiture que Bertrand a louée. La voiture est pleine à ras bord avec 6 personnes et leurs bagages. Si moins de 300 kilomètres nous séparent de Samara, nous n’arriverons qu’en milieu d’après-midi car les routes ne sont pas bien larges et le trafic assez intense. En chemin, nous nous arrêtons dans un petit resto de bord de route, très agréable, au milieu des arbres, où nous mangerons un délicieux ceviche, le premier d’une longue liste pendant ce séjour. Ici, on sert des ceviches partout! Une heure plus tard environ, nous arrivons à la villa que Catherine et Bertrand ont louée près de Samara, petit village touristique sur le bord du Pacifique. La maison est superbe, avec 3 belles chambres doubles et une grande aire commune et surtout, une grande piscine. Les filles sont ravies (et nous aussi)! Nous faisons connaissance des propriétaires, un couple franco-colombien très gentil. Ils vivent à l’étage supérieur. Une fois installés, il est temps d’aller découvrir Samara et sa plage!
Samara
Samara est un village situé au fond d’une immense baie bordée d’une belle plage. Celle-ci doit faire une dizaine de kilomètres. Le tourisme s’y est développé de manière contrôlée et assez harmonieuse. Pas de grands hôtels ou resorts ici, mais des maisons et chambres à louer, des restaurants de bord de plage, quelques boutiques et bars, rien de plus. L’ensemble est fait avec bon goût, dans un style naturel, avec du bois à profusion. Il faut dire que la forêt tropicale sèche de la péninsule de Guanacaste offre de magnifiques essences. Pas étonnant alors que la majorité des tables de restaurants soient d’énormes et magnifiques « tranches » d’arbre. Samara est réputé pour être un spot de surf pour débutants, avec des spots plus avancés en remontant la côte. La population touristique de Samara est cosmopolite, aussi bien nord-américaine qu’Européenne. On entend d’ailleurs assez souvent parler français. C’est un endroit relax, ambiance backpacker-écolo-surfer !
La maison n’étant qu’à quelques kilomètres de là, nous viendrons régulièrement pendant notre séjour boire un verre sur la plage, à l’ombre d’un de ces immenses arbres qui bordent la plage ou encore pour aller jouer dans les vagues avec les filles. Elles ne s’en fatiguent pas et passent des heures et des heures à se faire rouler dans les petites vagues qui cassent près de la plage. Pour être honnête, nous nous amuserons tous beaucoup à faire du « body surf » dans les vagues avec les enfants. Au gré des vagues et de l’heure de la journée, la plage s’anime, tantôt de promeneurs à pied ou à cheval lorsque la marée est basse, tantôt de joueurs de football ou de Beach volley lorsque le soleil commence à décliner et la température devient supportable. Le climat est beaucoup plus chaud que de l’autre côté, sur la Côte Caraïbes où les alizés soufflent à cette période de l’année. Ici, on n’entreprend rien à l’extérieur en pleine journée….à part la baignade dans la piscine.
Les Photos
Les autres plages
De nombreuses plages sont accessibles à partir de Samara. Quelques-unes vers le Sud, dont la superbe baie de Carillo, mais surtout vers le Nord, sur toute la longueur de la péninsule. Par contre, la quasi-totalité de la route est en terre. Sacré contraste avec l’asphalte neuf de la route qui mène à Samara. Nous emprunterons même un passage à gué pour traverser une rivière. Heureusement, nous avons un gros SUV. Les pistes sont en général en bon état, sauf les chemins secondaires qui mènent aux petites plages. Nous irons à plusieurs reprises à la belle plage de Carillo, située seulement à 5 kilomètres de Samara. Cette immense baie est entièrement longée de sable et de cocotiers sous lesquels sont installées des tables à pique-nique. En allant au Nord, nous avons pu profiter de la belle Playa Barrigona le long de laquelle Mel Gibson possède une propriété. La plage est orientée franc Ouest et les vagues sont beaucoup plus grosses. Éléa est sous haute surveillance… En continuant notre route, nous longeons toujours et encore des plantations de teck. Nous avions déjà vu de telles plantations en venant de San Jose. Le reste de la végétation est un mélange de prairies et de forêt qui offre un paysage étrangement européen par endroit, même si les énormes arbres tortueux qui dépassent nous confirment bien que nous sommes sous les Tropiques. Vers Nosara se trouve une immense plage, très réputée pour les surfeurs. Pour les autres, elle n’offre aucun intérêt car elle est très large et sans ombre. Comme la nature est encore reine ici, aucun développement n’existe le long de la plage. Les développements immobiliers où l’on trouve magasins et restaurants sont le long de la route principale. Ici, l’ambiance est totalement différente de Samara. Les magasins veulent tous faire luxe et ciblent la clientèle américaine. Tout est hors de prix, l’expresso y compris, et manque de cachet. Aux antipodes de cela, nous nous arrêterons au retour à la Playa Buenavista, complètement sauvage. À marée haute, la plage de sable noire est très petite. Entre la plage et la mangrove est construite une surprenante maison de robinson. Intégralement construite et décorée en bois, elle offre 3 chambres et l’électricité. Parfait pour celui qui souhaite s’isoler face à l’océan. Cette côte est encore loin d’être surexploitée et espérons qu’elle le restera. Il y a quand même beaucoup de pancartes immobilières pour des terrains à développer. Espérons qu’on pourra encore longtemps se promener de plage en plage sur des routes de terre et être accueillis dans des petits « sodas », ces petits restos locaux, avec un grand sourire et des bons plats au tarif local.
Les Photos
Bert, the bush dentist
Si tous les dentistes étaient aussi doux et habiles que Bertrand, personne n’aurait peur du dentiste! Il faut dire aussi qu’il pratique par passion. Pas étonnant qu’il se soit donné pour mission de nous vérifier les dents en vacances au Costa Rica avec les moyens du bord! Il s’est donc procuré une petite turbine et pompe à eau de voyage alimentée en eau par une bouteille et en air par ce que l’on veut. S’il nous avait rejoints à bord, nous aurions pu utiliser les bouteilles de plongée. Ici, l’air de la roue de secours de la voiture s’est imposé comme solution. Une fois vide, il suffit d’aller à la station-service la regonfler! Après une première séance dans la voiture pour Éléa, les consultations suivantes, c’est-à-dire toute la famille, se passent sur une chaise longue, à côté de la piscine. Évidemment, il faut amener la voiture à côté. Heureusement, les propriétaires ne sont pas trop tatillons. Seule Éléa s’en sort avec deux petites caries.
La prochaine visite chez le dentiste est déjà planifiée. Elle sera en Polynésie….avec de l’air à volonté dans les bouteilles. Ça pourrait faire d’autres heureux que nous dans les îles…
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