Les cataractes de Salvo del Calvo
C’est Emilio, le maraîcher rencontré au retour de la petite cascade, qui nous a indiqué la présence de ces hautes chutes. Renseignement pris, ce sont les plus hautes d’Amérique Centrale. À vol d’oiseau, elles ne sont qu’à quelques kilomètres du rancho. Pour s’y rendre, nous empruntons la route qui retourne vers Hojancha puis bifurquons et continuons sur une autre belle route de terre jusqu’à atteindre la propriété de Señor Carlos Gonzales sur laquelle se trouve l’accès aux cataractes. Nous aurions pu louer des chevaux, comme certains font, pour descendre jusqu’aux cataractes. Comme nous ne sommes pas tous à l’aise sur un cheval, en particulier dans des grosses côtes, nous avons choisi de faire le trajet à pied. Nous devons descendre au fond de la vallée sur un chemin plein d’éboulis, qu’Éléa et moi choisissons de descendre en courant pour éviter les glissades inopinées. Même si ce n’est que le matin, il fait déjà une chaleur étouffante que la frondaison des arbres qui nous entourent tend à diminuer. Ces grands arbres nous réservent aussi d’autres surprises: Depuis le début de la randonnée, nous avons entendu ici aussi les cris des singes hurleurs mais n’en avons toujours pas vu… jusqu’à ce que je fasse le pitre avec mon bâton de marche pour divertir Éléa: Pour l’amuser, je me mets à simuler un combat de Kung Fu avec un arbre en le frappant de mon bâton tout en poussant des cris. Il n’en faut pas plus pour mettre en alerte toute la population avoisinante de singes hurleurs. Aux cris du premier se rallient ceux des autres membres du groupe et bientôt, ce sont des dizaines de singes qui hurlent au-dessus de nos têtes en se rapprochant. Même si ces animaux ne sont pas bien gros et semblent inoffensifs, leurs cris, surtout en groupe, restent très impressionnants. Au moins, nous avons appris à les repérer dans les branches et, désormais, nous en voyons dans la canopée des arbres à chaque halte que nous faisons. Avec les filles, nous devenons experts en cris de singe, au grand dam de Catherine qui préférerait qu’on les laisse tranquilles. Après une bonne heure de marche, nous arrivons dans le bas de la vallée et longeons de magnifiques bassins dans lesquels nous pourrons nous baigner. Mais tout d’abord, nous voulons aller voir les fameuses cataractes. La fin du chemin est assez ardue et il faut monter à la corde dans les racines des arbres pour atteindre la zone rocheuse au pied des deux immenses cascades. À cette période de l’année, en pleine saison sèche, elles ne sont pas très impressionnantes par leur début, mais leur hauteur (environ 350 mètres) impose le respect. Une fois notre curiosité satisfaite, nous revenons sur nos pas pour nous baigner dans les grands bassins de roche où s’écoule l’eau des cataractes. L’eau est vraiment fraîche, mais ça fait un bien fou. On se rend bien compte qu’ici l’eau descend de bien plus haut que dans les rivières des Caraïbes! Avec les filles, nous nous amusons à plonger et à nous faire vigoureusement masser sous les rideaux d’eau qui tombent dans le bassin. L’endroit est splendide, surtout si l’on lève les yeux et prête attention aux mastodontes de la forêt qui nous entourent. Les arbres ont vraiment des proportions hors normes ici. Peu avant midi, nous décidons de prendre le chemin du retour car n’avons pas de pique-nique. Évidemment, nous nous retrouvons à faire la remontée aux heures les plus chaudes de la journée. Cela rappelle à Daphné et moi les dures montées pour se rendre à la Ciudad Perdida en Colombie. La montée sera avalée en une grosse heure, Éléa arrivant la première avec Daphné. Elle est tellement courageuse pour monter! En témoigne un de ses meilleurs souvenirs de l’année 2016: La montée du Mont Pelé en Martinique le jour de ses 6 ans! En retrouvant la voiture et son air climatisé salvateur, nous reprenons la route en direction de Hojancha où nous trouverons certainement un endroit où nous rassasier. Nous tombons sur un excellent soda, chez Doña Elena, où nous mangerons d’excellents ceviche et casado de poulet grillé, accompagnés de patacones. Nous avions découvert les patacones en Colombie. Maintenant, on sait même les faire: Il suffit de faire frire des tronçons de bananes plantains une première fois, l’écraser et la faire frire à nouveau. Un délice !
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Spéléologie à Barro Honda
Parmi les autres curiosités de la région que Marc nous avaient mentionnée, on trouve les étonnantes grottes du Parc Barra Honda. La Barra Honda est une grande falaise calcaire qui domine une grande plaine qui finit sur les montagnes d’Hojancha. Dans ce haut plateau calcaire, on a recensé une quarantaine de grottes, dont certaines sont ouvertes au public. S’agissant d’un parc national présent dans tous les guides, nous nous attendions à arriver dans un endroit très touristique. En arrivant sur le stationnement vide, nous réalisons vite que nous sommes les seuls visiteurs. On nous confie à un guide, nous fournit lampes frontales et casques de spéléologie et nous voilà partis, Heureusement, nous finissons la montée en voiture, jusqu’en haut du plateau calcaire de Barra Honda. Après une vingtaine de minutes de marche dans la forêt au cours desquelles notre guide nous montre plein de plantes intéressantes, nous voilà rendus à la première grotte, la seule que les enfants peuvent visiter. En effet, elle est peu profonde mais son entrée en limite l’accès aux enfants où aux adultes qui n’ont pas d’embonpoint. En effet, il faut se faufiler dans une petite faille située le long du chemin, que personne ne remarquerait si elle n’était pas gardée par une grille. Une fois que nous nous sommes glissés dans l’ouverture, nous découvrons une large salle voûtée, ornée de stalactites, stalagmites et colonnes couleur albâtre lorsque les 2 se rejoignent. D’après notre guide, ces formations ont 70 millions d’année. Les filles sont bien impressionnées et nous voilà avec une bonne mise en bouche pour la prochaine qui se situe au fond d’un gouffre d’une cinquantaine de mètres. Après un petit détour par un promontoire d’où nous surplombons toute la vallée, nous atteignons la seconde grotte dont l’entrée est cette fois-ci beaucoup plus visible. Pour descendre, nous devrons nous harnacher dans un baudrier et serons assurés par un autre guide, le nôtre descendant en premier. La descente se fait par une série d’échelles en aluminium installée bout à bout. Arrivés en bas, quelle n’est pas notre surprise de nous retrouver nez à nez avec un gros iguane, certainement tombé ici malgré lui. Ici, un animal à sang froid comme l’iguane serait condamné car la température ne serait jamais suffisante pour lui donner l’énergie nécessaire à trouver
une issue. Pour le sauver, notre guide confectionne un petit collet et arrive à attraper le reptile qui ne cache pas sa colère. Le collet est ensuite attaché à la corde de rappel et l’autre guide peut, tant bien que mal, remonter l’animal qui ne comprend pas ce qui lui arrive et s’accroche tant qu’il peut le long de la paroi rocheuse dès que celle-ci lui tombe sous les griffes. Pour notre part, nous continuons notre descente vers la salle principale, immense, hérissée de stalactites et stalagmites. Etonnamment, il fait chaud et humide même à plus de cinquante mètres sous terre. Par contre, le volume de la grotte fait que nous ne nous sentons nullement oppressé. Notre guide nous mène ver le fond où nous découvrons une petite anfractuosité dans laquelle nous nous glissons pour arriver dans une belle seconde salle, plus petite en surface mais très haute, Ici, les stalagmites ont créé d’étonnantes draperies de calcaires. On y trouve aussi des restes de concrétions coralliennes datant de l’époque où cette zone était submergée par les océans. Nous éteignons un moment nos lampes pour nous plonger dans une obscurité et un silence total. La sensation est assez étrange, mais confortable. Nous continuons notre visite en nous glissant à nouveau dans une minuscule faille entre deux structures de calcaire. À chacun de ces passages, le guide nous indique si il faut passer la tête en premier ou telle jambe ou telle bras d’abord afin de retrouver une prise de l’autre côté. Nous arrivons ainsi à la troisième et dernière salle. Comme seulement quelques personnes par semaine viennent visiter l’endroit, rien n’y est aménagé comme cela serait le cas dans nos pays, par exemple. On a donc le privilège de découvrir ces endroits complètement naturels. Par contre, on se rend bien compte que ces grottes ne tolèreraient pas une fréquentation plus importante sans être endommagées. En effet, chaque endroit sur lequel on prend appui perd sa magnifique couleur blanche et translucide et est désormais brune. Nous sommes vraiment satisfaits de cette première expérience de spéléologie que j’ai pu, malgré toute attente, immortaliser en photo avec mon petit flash intégré.
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Fin des vacances et retour à San Jose
C’est bientôt la fin des vacances ! Même si cela fera sourire certains, pour nous aussi, c’étaient des vacances: Pas d’école, pas de réparations sur le bateau, pas de mouillage qui roule etc. Malgré tout, j’ai quand même travaillé pendant les vacances en commandant tout ce dont nous avions besoin pour réparer notre dessalinisateur mais aussi en prévision des prochains 18 mois dans le Pacifique. J’ai passé toutes mes commandes sur Amazon, eBay ou les shipchandlers américains en ligne et fait expédier le tout à Miami, chez un transporteur qui dessert hebdomadairement le Panama. Avec un peu de chance, nous récupérerons le tout à notre retour et pourrons commencer la préparation pour le Pacifique. En attendant, nous profitons tous un maximum du temps qui nous reste en famille avant de reprendre la route pour San Jose où nous passerons à nouveau une nuit dans le même hôtel avant de reprendre le bus pour le Panama ou l’avion pour le Canada le lendemain. La route vers San Jose est encore terriblement longue. Dire que la moitié du parcours semble être une autoroute sur la carte routière et n’est en réalité qu’une petite route à double-sens encombrée de poids lourds. Enfin arrivés à San Jose en début d’après-midi, nous allons finir la journée en nous promenant dans la ville. Nous tombons sur un intéressant marché artisanal où les filles peuvent se faire plein de petits cadeaux avec les sous qu’elles ont reçu de leur grand-mère pendant les vacances. Le magasinage se poursuit ensuite au centre-ville. Le centre de San Jose est très moderne, on pourrait se croire en Amérique du Nord. Parmi toutes les boutiques de surf, nous trouvons notre bonheur pour renouveler notre garde-robe de kite! Il faut dire qu’on use plus de shorts et maillot de bain que de chemises ou pantalons! Nous finissons la journée dans un restaurant qui nous avait été recommandé mais s’avère un peu une trappe à touristes.
Le lendemain matin, Catherine et Bertrand nous déposerons à la gare routière avant de reprendre le chemin de l’aéroport. Comme à chaque visite de la famille, les séparations sont un peu difficiles mais heureusement, les filles sèchent vite leurs larmes. Le prochain rendez-vous est déjà pris pour l’hiver prochain dans le coin de Papeete.
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