Distance parcourue sur 24h: 120 NM Distance parcourue depuis le départ : 1280 NM (32.8%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 5 noeuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.33 noeuds Observations: Des éclairs, même pas au chocolat.
Aujourd’hui, c’est Pâques. Les filles, surtout Éléa s’y préparent depuis plusieurs jours en fabriquant des décorations pour le bateau. Autant dire qu’elles ont des attentes! Heureusement que Daphné a tout prévu. Nous avons aussi des attentes en termes de vent qui, elles, resteront insatisfaites pour ce matin. C’est le calme plat, pas une ride sur l’eau, pas un souffle de vent et par conséquent, pas de répit prévu pour nos oreilles. Pourtant, d’après le fichier météo de la veille, nous devrions être sortis de cette zone de calme qui joue avec les nerfs. Les prévisions que je télécharge ce matin nous disent de continuer à patienter, le tout semblant s’être décalé encore un peu plus au Sud. Si on ose croire ces données, dont je ne suis pas sûr du tout de la fiabilité, il faudra attendre au moins la latitude 5 degrés Sud qui est encore à environ 65 NM devant nous, c’est à dire une quinzaine d’heures au moteur.
En attendant, lorsque tout le monde est réveillé dans la matinée, c’est l’heure de la chasse aux œufs. D’indices en indices, les filles retrouvent tout ce que la poule Picotine a oublié sur le bateau : Des plumes, des œufs en plastique, etc. Les indices sont cachés un peu partout et, ce n’est pas sans surprise, que c’est celui qui est caché dans le capharnaüm de la cabine d’Éléa qui les tiendra en haleine le plus longtemps! Finalement, Picotine les gratifie de quelques sucreries, M&M’s et KitKat pour être précis.
Il fait aujourd’hui une chaleur terrible : On ne peut même pas mettre un pied sur le pont en teck, brûlant par le soleil de plomb qui nous écrase. À force d’aller vers le Sud (il n’y a plus de courant qui nous en empêche comme les jours précédents), nous finissons par rejoindre une de ces gros nuages de grain et d’orages comme nous voyions la nuit dernière. Le temps se voile, devient tout gris mais le vent se lève et nous pouvons, enfin, vers 15h, éteindre le moteur et avancer à la voile. Ce gros nuage nous permet d’avancer à une bonne allure, entre 5.5 et 6 nœuds jusqu’au soir. Nous sommes en même temps arrosés d’un petit crachin froid et désagréable. Tout, y compris nous, est collant et humide sur le bateau. Pendant le souper, que nous prenons pour la première fois à l’intérieur dans le carré, le vent retombe quand nous quittons cet immense nuage. Nous continuons à plus faible vitesse dans la nuit complètement noire vers le prochain gr os
nuage qui, lui, distille des éclairs partout sur l’horizon devant nous. Je sens que la nuit va être pénible.
Je ne me suis pas trompé là-dessus : bientôt, cet immense nuage aspire tout le vent et je dois redémarrer le moteur vers 20h. Il s’en suit 4 heures extrêmement pénibles pendant lesquelles le vent tourne dans tous les sens, me désorientant complètement quand j’essaye de maintenir une allure constante pour les voiles. De temps en temps de fortes rafales nous tombent dessus. Nous prenons un ris par précaution car nous savons que ces phénomènes météo peuvent générer localement des vents très forts. Comme nous sommes lents au moteur pour ne pas le faire tourner à trop haut régime, nous nous aidons des voiles. Seulement, avec le vent qui tourne dans tous le sens, je n’arrête pas de devoir enrouler et dérouler le génois. À ce jeu-là, j’emmêle les écoutes dans l’enrouleur, dois aller à plusieurs reprises à l’avant sous la pluie et les éclairs pour démêler tout ça. Évidemment, c’est à ce moment que le pilote en profite pour se mettre en g rève
et je constate à mon retour à la table à cartes que nous avons fait 4 tours sur nous-même. Quel bazar !
Par précautions, suite à nos mésaventures à Bonaire avec la foudre, j’ai débranché toutes les antennes… au cas où. Comme il fait nuit noire, c’est seulement le radar qui m’informe où nous sommes dans ce nuage et si la sortie est proche. Bientôt, il tombe des trombes d’eau. Le déluge dure environ une demi-heure à l’issue de laquelle, le vent se rétablit doucement au Sud, puis Sud-Est en se renforçant alors que le ciel est maintenant dégagé. Cette fois-ci, je crois que c’est la bonne, nous sommes bel et bien sortis du Pot au noir et rentrons sur l’autoroute des alizés. Il fallait donc affronter ces monstres alignés sur la latitude 5 degrés Sud pour se délivrer de la pétole, l’humidité et la chaleur étouffante et enfin pouvoir cavaler vers la Polynésie.
Nous rentrons maintenant dans une nouvelle phase de cette longue navigation, qui, dans un premier temps sera certainement moins confortable car nous recevons une houle bien formée sur le ¾ arrière avec un vent assez musclé. Fourbu, je pars dormir vers 1 heure et laisse Daphné mener Korrigan tambour battant vers le Sud-Ouest. Le rythme s’intensifie dans la nuit et nous réduirons encore un peu la voilure. Nous ne repasserons pas sous les 6 nœuds de toute la nuit, sauvant un peu notre moyenne quotidienne au pointage de 8h30 ce matin. [end]
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