Distance parcourue sur 24h: 119 NM Distance parcourue depuis le départ : 1532 NM (39.3%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 4.96 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.32 nœuds Observations: Grains, grisaille, crachin
Hier, nous étions sur l’autoroute des vacances, sur la voie de gauche. Pendant la nuit, le trafic s’intensifie et on doit réduire l’allure. Tout le monde est de bonne humeur et se projette déjà vivre à ce rythme jusqu’à destination (on peut toujours rêver). Au lever du soleil, changement de décor : Le ciel gris chargé de gros nuages à grain nous annoncent un trafic perturbé, voire même des travaux importants qui pourraient nous faire quitter l’autoroute.
Pourtant, pendant toute la matinée, nous avançons plus vite qu’attendu grâce au vent généré par un gros grain que nous longeons. Pour fixer les idées, l’écho de ce monstre sur le radar dépasse largement les 100 km2. En regardant dans le rétroviseur, ces poids lourds du ciel sont nombreux dans un ciel qui se bouche de plus en plus. Le suivant n’aura pas la courtoisie de nous dépasser sagement par la gauche comme son prédécesseur et préfère nous marcher dessus sans vergogne. Outré par ce comportement grossier, Korrigan rétrograde (on prend un ris et on enroule un peu de génois) et accélère dans les 6.5 à 7 nœuds. Malheureusement, vers 13 heures, ce gros malotru nous laisse encalminé dans un énorme panache d’échappement gris de crachin. Ceci était évidemment prévisible et, pour y pallier, nous remettons toute la voilure mais cela ne suffit pas. Il faut démarrer le moteur pour soutenir notre marche. Cela ne nous dérange guère à court terme car
nous devons faire de l’eau. Comme le ralentissement s’éternise, nous faisons le double d’eau, mais cela ne suffira pas à nous faire patienter. Nous voilà en plein bouchon et bientôt, en coupant complètement les ventilateurs, Éole nous fait signe qu’il faut sortir de l’autoroute. D’humeur aussi grise que le ciel, je roule le génois et nous voilà au moteur, avançant au ralenti sur l’itinéraire bis, vers le Sud-Ouest. Avec la houle rémanente, nous avançons péniblement à 4 nœuds, brûlant toute notre avance du matin. Ce ralentissement monstre durera 9 heures, jusqu’à 23 heures environ. Pendant ce temps, l’autoroute du soleil s’est transformée en route de campagne bretonne : Ça n’avance pas, il fait froid et nous sommes sous un crachin permanent qui nous garde toute la journée à l’intérieur du bateau. Ça n’est guère agréable car le moteur dégage beaucoup de chaleur qui, combinée à l’humidité rend tout collant et poisseux.
Ce soir encore, nous souperons à l’intérieur d’une poêlée de pommes de terre, patates douces, carottes et plantains et d’un pudding de chia à la mangue.
Pendant cette agréable journée, je dois en outre m’attaquer à un problème récurrent que nous avons depuis le deuxième jour de la traversée : Le frigo se met régulièrement en sécurité pour éviter la surchauffe. Je suis complètement fautif car, depuis notre retour du Costa Rica, j’ai complètement oublié de nettoyer le filtre d’eau de mer (le compresseur du frigo est refroidi par l’eau de mer via une petite pompe et un échangeur). Quand cela arrive, je dois débrancher la sortie d’eau dans la cale située dans la cuisine et réamorcer la pompe en aspirant avec la bouche. C’est très agréable d’aspirer de l’eau de mer chaude, la tête à l’envers dans la cale quand ça brasse… Comme la fréquence de ces problèmes ne fait qu’augmenter, je dois m’y attaquer plus sérieusement et faire un « backwash » de l’échangeur pour faire sortir toutes les petites particules qui le colmatent. J’avais trouvé cette solution aux San Blas lorsque no us
avions déjà ce problème en modifiant le branchement de la pompe afin de faire circuler l’eau dans l’autre sens dans l‘échangeur. C’est fou le temps que cela me prend de me rappeler comment faire avec le manque de sommeil et le léger mal de mer auquel je suis en proie. En tout cas, ça a l’air de mieux fonctionner même si le problème s’est reproduit cette nuit. Je me demande si cela ne vient pas d’autre part car, en navigation, d’autres passe-coques aspirent un peu d’air.
Daphné s’occupe aussi de façon fort utile en nous faisant un élégant cale-porte de salle de bains en crochet et en mousse. Quant à Éléa, elle devient un vrai « Master Builder » en Lego. Par exemple, elle construit un beau petit tourne-disque. Épatant pour un enfant de la génération Ipod qui en a rarement vu un en vrai !
Vers 23 heures, je peux enfin couper le moteur et nous reprenons le chemin de l’autoroute, à vitesse réduite. Pour améliorer notre vitesse et cap dans ce vent hyper léger, Daphné aura la judicieuse idée pendant son quart de nuit d’utiliser le mode vent du pilote automatique : Ainsi, celui-ci conserve un angle donné vis-à-vis du vent plutôt que de suivre un cap. Ce n’est qu’en toute fin de nuit que la pluie cesse, le ciel se dégage et le vent reprend progressivement. Korrigan ré-accélère et bientôt nous reprenons notre place sur la voie de gauche de l’autoroute avec une vitesse dans les 6 nœuds et surtout, à peu près dans la bonne direction.
Au chapitre des statistiques, cette journée en demi-teinte a vu notre compteur passer la barre des 10 000 miles nautiques depuis notre départ de Bretagne en Juillet 2015. Il va falloir fêter cela ! [end]
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Super récit avec cette comparaison avec la circulation routière.
Bravo
Presque un demi tour du monde en miles nautiques. Impressionnant.