Distance parcourue sur 24h: 138 NM Distance parcourue depuis le départ : 1806 NM (46.3%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 5.73 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.37 nœuds Observations: 50 nuances de gris et des trombes d’eau.
Dès le lever du soleil, il est clair que cette journée ne sera en rien semblable à la précédente. En fait, le jour ne se lève pas vraiment tellement le ciel est bouché. Autour de nous plusieurs gros nuages de grains. Celui qui nous précède, un peu décalé sur bâbord nous donne du vent mais nous sommes vite rattrapés par le suivant qui commence rapidement à décharger une petite pluie fine sous une vraie température d’automne en Europe de l’Ouest. On se croirait en Bretagne ou en Hollande. Pour positiver, nous voyons quand même une nette amélioration vis-à-vis d’il y a deux jours où le ciel avait la même apparence mais ne donnait aucun vent. Au moins, on avance. Le problème sera la régularité : Dans ce régime de grains, on alterne le vent fort en avant et sous le grain et le vent faible dans la trainée de celui-ci.
Ainsi, lorsque ce deuxième grain de la matinée passe et que rien de bien méchant ne semble arriver derrière, je sors le spi, histoire de conserver une vitesse décente et ne pas se faire brasser dans tous les sens par la houle. Pour l’occasion, je me mets en maillot de bain pour affronter la pluie. Ni le spi, ni le maillot de bain ne s’avéreront être des idées brillantes : Après avoir galéré une vingtaine de minutes à relancer le bateau qui, privé temporairement de voile d’avant s’est quasiment arrêté, un nouveau grain se forme et je dois barrer sous la pluie froide pour gérer la puissance de cette immense voile. Certes, le bateau devient alors très plaisant à barrer, mais on se fait vite peur. Avant que cela ne tourne à la catastrophe, j’enroule le spi et repars sous génois.
Aujourd’hui, nous avons remis la ligne à l’eau, ne craignant plus l’overdose de thon. Alors que mon déjeuner est sur le feu, une grosse touche brise notre hameçon qui commençait à être bien rouillé. Finalement, on range la ligne, de toute façon, on n’a pas vraiment envie de s’occuper d’un poisson dans ces conditions.
Le reste de la journée ne sera qu’alternance entre périodes de vent faible et séquences de vent fort qui m’obligent à barrer sous la pluie. Je change évidemment pour une tenue plus appropriée, mais je serai trempé quand même toute la journée. Ce rythme est épuisant car il faut toujours être sur le qui-vive. Nous guettons au radar les grains dont la source semble inépuisable. Pourtant, le midi, nous aurons un (faux) espoir en voyant un petit carré de ciel bleu.
À l’intérieur du bateau, le chocolat chaud et la soupe sont de circonstance. Et, en fin de journée, comme toute bonne journée de mauvais temps où l’on est confiné « à la maison », Daphné et les filles se mettent à faire le puzzle que Catherine leur a offert au Costa Rica. Cela prouve malgré tout que la vie est assez confortable à bord pour pouvoir étaler toutes ces petites pièces sur la table.
En après-midi, Daphné part dormir pour reprendre des forces avant la nuit prochaine. Pendant ce temps, la machine à grains semble s’épuiser et petit à petit la grisaille devient moins dense et on commence à deviner à l’horizon des nuages moutonneux qui semblent être de bon augure pour les heures à venir. Dans ce contexte, je peux enfin aller dormir en fin d’après-midi. Les manœuvres incessantes sous la pluie m’ont épuisé et affamé. Pendant que je dors, le vent a repris solidement et Daphné doit abattre et ouvrir les voiles pour calmer le jeu. Nous sommes désormais quasiment constamment à plus de 6 nœuds.
L’atmosphère s’assèche rapidement et nous pouvons même prendre le souper dehors, un copieux plat de pâtes aux poivrons, petit pois et à la crème fraîche que nous nous dévorons avec appétit. Pour le dessert, nous avons encore de délicieuses oranges achetées à Las Perlas.
La nuit sera tout l’opposé de la journée : Le ciel complètement dégagé nous offre un beau ciel étoilé sans lune, avec un alizé bien établi et assez constant. Ces belles conditions nous permettrons de faire les 12 dernières heures de la journée à plus de 6 nœuds et remonter solidement notre moyenne. Nous finirons ainsi ces 24 heures avec la meilleure moyenne depuis le départ sans aide du moteur.
Concernant les conditions météorologiques que nous rencontrons depuis la sortie du pot-au-noir et qui alternent un jour de bel alizé et un jour fortement perturbé, nous avons deux théories :
La première, sous l’angle de la superstition, nous fait regretter d’avoir offert à Neptune une vulgaire bière bas de gamme et de l’herbe moisie, en lieu et place du Champagne. Voilà ce qui arrive quand on est « cheap » !
La seconde, plus rationnelle, impliquerait le courant froid de Humboldt qui remonte le long des côtes de l’Amérique du Sud puis tourne vers l’Ouest au sud des Galapagos. D’ailleurs, Jimmy Cornell indique qu’il est sage de ne descendre sous les 3 degrés de latitude Sud qu’après avoir franchi la longitude 100 degrés où nous sommes à peu près en ce moment.
Si cette théorie s’avère exacte, nous espérons à nouveau, grands naïfs que nous sommes, avoir des conditions plus régulières à partie de maintenant. [end]
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Et bien je vous les souhaite ces conditions plus regulieres. Grain apres grain, ca craind, mais je vois que le focus est toujours sur la vitesse. Je vous souhaite du beau temps pour la suite. Heureusement que vous etes jeunes et que vous arrivez a recuperer vite. Ca doit etre extenuant. Bonne route.
Oui je serai plutôt d’accord avec Neptune qui n’apprécie pas la façon à laquelle il a été traité.
Comme une faute reconnue est à moitié pardonnée , il va maintenant vous donner de belles conditions de vet arrière