Distance parcourue sur 24h: 147 NM Distance parcourue depuis le départ : 2097 NM (53.8%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 6.12 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.46 nœuds Observations: Un autre voilier…sur route de collision
Cette belle journée ventée commence selon notre routine habituelle : Gros déjeuner (œuf, bacon, tartines) au lever du jour avec les filles dans le cockpit, puis je fais le point sur notre route, la distance parcourue dans les dernières 24 heures et je prends la météo pour planifier les 24 ou 48 prochaines heures. Bonne nouvelle, la météo confirme les conditions actuelles : Renforcement du vent qui, de surcroît, va tourner à l’Est. Cela va nous permettre d’avancer plein Ouest au vent arrière, houle dans le dos. Le vent tourne d’ailleurs rapidement dans la direction annoncée en se renforçant. Parfait! J’empanne le génois que je tangonne et nous voilà poussés par la houle et le vent à vive allure, entre 6 et 6.5 nœuds. La beauté de la chose, c’est que le confort est absolu à l’intérieur lorsque mer et vent sont dans le même sens et dans notre dos, ça glisse et ça surfe vite, bien à plat. Dans cette configuration, nous ferons des surfs à pre sque 8
nœuds.
Je ne retoucherai pas aux voiles avant 21 heures le soir. Comme aujourd’hui, c’est samedi, l’école des Korrigans est fermée. Je donne un petit cours de musique à Éléa qui a débuté la flûte au Panama. Aujourd’hui, je lui apprends à dessiner une clé de sol et à lire les notes sur une portée. Quant à Phoebé, elle veut apprendre à jouer la Marseillaise à la flûte. Je lui retrouve les notes à l’oreille, tout au moins pour la première partie. Pendant le reste de la matinée, je m’occupe de trier mes photos des Perlas et en famille, nous visionnons les photos prises depuis le début de la traversée.
Comme le Wahoo attrapé la veille n’était pas bien gros, je remets la ligne à l’eau dès le matin et, vers 10h30, nous avons une touche. C’est une belle petite dorade. Ces poissons sont magnifiques, vert métallique avec le voile bleu. Malheureusement, ils perdent leur couleur quasi instantanément lorsqu’on les sort de l’eau : Le temps d’aller chercher l’appareil photo et elle est déjà grise. Elle sera dégustée le midi en sashimi. Quel contraste avec l’Atlantique : Ici, il suffit de mettre la ligne à l’eau pour faire le plein de protéines et Omega 3! Nous sommes bien satisfaits de notre petit appât qui nous procure des prises plus petites, plus adaptées pour 4 personnes.
L’après-midi se passe tranquillement, les filles passent beaucoup de temps à faire sur leurs jeux Legos sur l’iPad pendant que Daphné et moi en profitons pour faire la sieste à tour de rôle. Nous avons un bon rythme qui nous permet de gérer la fatigue : Daphné fait une courte sieste l’après-midi et 2 gros dodos de 3 heures en début et fin de nuit, alors que je dors 4 à 5 heures en milieu de nuit et fait une sieste un peu plus longue l’après-midi. Aujourd’hui, profitant de l’allure stable du bateau, j’ouvre une coco des San Blas pour le goûter. Elle est délicieuse et bien sucrée. Il nous en reste 4 autres.
En fin de journée, par hasard, j’aperçois une voile à l’horizon! Elle est trop loin pour distinguer quoi que ce soit aux jumelles, en particulier avec la grosse houle que nous avons aujourd’hui. Je repère cependant le bateau au radar dont je note la position. Je ferai cela régulièrement et après une bonne heure, il est clair que celui-ci se rapproche : Nous sommes au vent arrière et lui au grand largue sur la même amure : Il vient donc dans notre direction et semble plus rapide, environ 7.5 nœuds. Après 2 relevés supplémentaires au radar, il est clair que nous somme sur une route de collision! Cela défie les lois de la statistique, vu l’immensité de l’espace qui nous entoure. Pendant un moment, nous espérons que ce soit Charles-Henri, parti en même temps que nous des Perlas et que nous avons rencontré en Colombie dans des circonstances similaires: Nous nous croisions toutes les 12 heures et avions fait connaissance à la VHF. Ce bateau est désorma is à
moins de 3 miles et je le contacte à la VHF. Il s’agit d’un Oyster, un de ces luxueux voiliers engagés dans le « Oyster World Rallye », tour du monde organisé pour les riches propriétaires de ces beaux voiliers anglais. Tous ces bateaux étaient au Panama en même temps que nous, à Shelter Bay Marina puis à La Playita. Ils sont allés aux Galapagos et se dirigent vers les Marquises. Je discute à intervalles réguliers avec le capitaine américain du bateau. J’ai eu bien fait de le contacter car il ne nous avait pas vu. D’abord inquiet de ne pas voir leur signal AIS, nous captons celui-ci peu de temps après et avons confirmation que nous sommes sur une route de collision même si nous devrions passer légèrement devant : L’espace d’un instant, l’ordinateur nous indique que nous devrions nous croiser à 6 mètres d’écart. Cependant, ils nous ont repéré d’abord au radar puis visuellement et la situation est sous contrôle. Vers 19 heures, alors qu ’il
fait nuit noire, ils passent dans notre arrière et nous confirmons mutuellement que tout est clair. Nous ferons certainement connaissance aux Marquises car ils devraient atterrir à Fatu Hiva, comme nous l’avons aussi projeté.
Alors que nous étions attablé (sans table !) dans le cockpit devant un couscous et du Wahoo grillé, Phoebé a failli avoir un supplément de protéines lorsqu’un petit poisson volant a sauté dans le cockpit et a atterri sur ses genoux à 2 centimètres de son assiette. D’ailleurs, ce matin, j’ai récolté une douzaine de ces malheureux, échoués sur le pont pendant la nuit. Les nombreuses écailles que l’on retrouve sur le teck montrent que d’autres ont réussi à retourner à l’eau.
Pendant ce temps, le vent est bien monté et doit retourner dans les prochaines heures au Sud-Est. Avant de repartir au grand largue vers le Sud-Ouest, c’est-à-dire à la même allure que l’Oyster, je patiente une petite heure, histoire de garder des routes assez espacées. Vers 22 heures, je réveille Daphné pour qu’elle m’assiste dans la manœuvre, par sécurité : La mer est bien formée et je ne veux pas prendre de risque à manœuvrer seul dans la nuit noire. Dans la foulée, nous prenons un ris et repartons à pleine vitesse. Avec la forte houle de ¾ arrière, c’est sportif et le pilote peine à garder sa route. Avec des batteries déjà assez basses, je décide d’installer l’hydrogénérateur, cette hélice que nous trainons et qui, couplée à une petite génératrice, génère quelques ampères. Il n’a pas servi depuis la traversée de l’Atlantique et je passerai un bon moment à le mettre en place. Je prends mon temps pour bien faire les choses car je
n’ai pas envie de le perdre en mer, comme cela nous était arrivé en allant au Cap-Vert. Pendant ce temps, le vent baisse et tourne et nous nous faisons brasser solidement. La pauvre Daphné dort bien mal et n’est pas en top forme lorsqu’elle prend son quart. Entre temps, j’ai remis toute la voilure et, comme cela arrive souvent, le reste de la nuit sera beaucoup plus calme et régulier. C’est étonnant à quel point les mêmes schémas de vent se reproduisent sur un cycle de 24 heures.
Au petit matin, je réveille Phoebé pour regarder le soleil se lever. Les minutes où l’horizon s’empourpre sous un beau ciel bleu roi dans lequel subsistent quelques étoiles et un beau croissant de lune sont magnifiques. Au point de ce matin, nous avons établi un nouveau record de vitesse avec 147 miles parcourus en 24 heures. À ce rythme, nous rattrapons rapidement notre retard sur notre objectif, celui d’atteindre les Marquises à une vitesse moyenne de 5.5 nœuds. [end]
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Bravo pour le record de vitesse …
Bon vent