Distance parcourue sur 24h: 149 NM Distance parcourue depuis le départ : 2246 NM (57.6%) Vitesse moyenne sur 24 h: 6.2 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.5 nœuds Observations: RAS
Aujourd’hui, c’est dimanche (et jour d’élections en France!). Nous avons donc encore congé d’école et j’en profite pour continuer les cours de musique avec Éléa. Je lui ai écrit la partition de « Vive le vent » et, ce matin, elle doit trouver le nom des notes avant de commencer à la déchiffrer. Nous sommes interrompus rapidement par un claquement sec qui résonne dans toute la coque. Assurément, quelque chose a cassé sur le bateau. Au bruit, c’est probablement dans le gréement. Après plusieurs inspections méticuleuses, je découvre qu’un rivet de tête de bôme a cassé. Le bruit sec que nous avons entendu correspond bien à cela. Perceuse et pince à rivets à la main, je m’installe sur le rouf pour le remplacer ainsi qu’un rivet du halebas qui avait cassé la première semaine. Petite job facile à l’arrêt, plus scabreuse dans la houle. Ces petits travaux, le « désentortillage » quotidien du câble, pourtant anti-torsion, de
l’hydrogénérateur, aident encore à ce que la matinée passe vite. Pendant ce temps, Éléa dessine et peint, Phoebé joue de la guitare et de la flûte et Daphné nous prépare d’excellents pains pita pour le lunch et le déjeuner de demain. Le midi, nous finissons notre dorade en ceviche. Encore un délice!
Juste après le lunch, une ligne de grains nous arrive dessus et nous force à rentrer le génois et partir en fuite au vent arrière avec la houle pour étaler les surventes. Cela m’évite surtout de prendre un ris. Cependant, je devrai quand même m’y résoudre en milieu d’après-midi car le vent est désormais établi au-dessus de 20 nœuds. Le bateau ne ralentit pas mais sa trajectoire est bien plus stable. Conserver une trajectoire stable et droite n’est pas évident dans ces conditions où il faut trouver un angle acceptable avec le vent et avec la houle. En effet, avec ces alizés désormais bien établis depuis plusieurs jours, la houle a sensiblement augmenté pendant cette journée. Elle est longue et nous dévalons allègrement ses pentes à des vitesses dépassant souvent les 7 nœuds. Ces longues glissades rappellent les sensations du ski ou celles des manèges de La Ronde lorsque l’on descend un peu plus vite que son estomac! Parmi ces gentilles collin es
d’eau se glissent parfois une onde sournoise, transversale, qui vient claquer sèchement les flancs de Korrigan. Celui-ci, ébranlé par ce comportement vulgaire, se met à rouler d’un bord sur l’autre en agitant rageusement son génois. Il se retrouve alors, pantois et sans vitesse, sur la crête de la prochaine onde, regardant le malotru s’enfuir discrètement au milieu des trains de houle, aussi vite qu’il était arrivé. L’affront passé, Korrigan bombe le génois et repart à l’assaut de la prochaine pente pour continuer sa cavalcade dans les collines bleues du Pacifique. Sur un plan plus terre à terre, ces vagues-là manquent rarement d’éclabousser le cockpit, voire même le carré ou la cabine d’Éléa si d’aventure un hublot est resté ouvert. Le confort à bord s’en ressent aussi et ça bouge beaucoup. Préparer le repas ou juste se déplacer dans le bateau est parfois scabreux. Pourtant, Daphné nous concocte encore un excellent riz frit que nous
avalons avant que tout le monde, sauf moi qui prend mon quart, aille rejoindre sa couchette. Allongés et seuls par cabine, il suffit de faire l’étoile de mer pour être stable et tomber dans les bras de Morphée. Ce soir, je suis très fatigué, certainement par ces conditions et la trop courte sieste de cet après-midi. Je ne ferai quasiment qu’enchaîner les siestes de 20 minutes pendant mon quart. Si j’avais été plus en forme, j’aurai pris un ris dans la grand-voile car à plus de 20 nœuds, grand-voile haute, ça va vite et il faut à tout prix éviter que le bateau ne sorte de sa trajectoire, sous peine de partir au tas. Par contre, le vent soutenu et la vitesse élevée permettent à Fabienne l’éolienne et Hector l’hydrogénérateur de fournir largement assez d’électricité pour étaler la consommation d’Elliot le pilote pour la nuit.
Ce 17ième jour de mer a encore été une journée rapide. Nous avons parcouru presque 15o miles nautiques sur les dernières 24 heures, nouveau record pour ce trajet et nous sommes désormais revenus à notre vitesse moyenne cible, 5.5 nœuds. Les prévisions météo nous annoncent un vent similaire pour les 24 prochaines heures et le rythme auquel nous avançons ce matin nous laisse envisager une autre journée à vive allure. De plus, depuis 24 heures, nous sommes sur la route directe vers les Marquises, donc tous les miles parcourus sont efficaces. [end]
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Bon vent , et pour les élections en France c’est la routine….