Distance parcourue sur 24h: 140 NM Distance parcourue depuis le départ : 2665 NM (68.4%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 5.83 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.55 nœuds Reste à Parcourir théorique : 1382 NM
Observations: RAS
Comme je le mentionnais hier, le vent n’a pas daigné se lever comme le soleil. Il en est un peu de même avec les filles que je dois sortir du lit à 8h30. Heureusement, l’école des Korrigans est flexible sur les horaires!
Comme nous sommes trop descendus vers le Sud la nuit dernière, j’empanne pour remonter et nous replacer un peu sur notre route. Malheureusement, dans ces conditions de vent faible, nous ne faisons guère de progrès vers notre destination. Je mets le spi pour gagner en vitesse et passe une bonne heure à essayer de trouver la meilleure combinaison vitesse/cap. Je loffe, j’abats, je range la grand-voile (qui dévente le spi aux allures abattues). Bref, je tâtonne. Comme chaque matin, je fais le tour du bateau pour vérifier le gréement, les voiles, etc… et m’assurer qu’il n’y a pas de casse, même si cela est improbable avec une nuit aussi calme que la précédente. La mauvaise surprise du jour vient du bout-dehors, cet espar installé qui dépasse à l’avant du bateau et sur lequel est attaché le spi: Il a méchamment flambé vers le haut et l’angle qu’il fait n’est pas rassurant. Étant en inox qui est un métal cassant d’après mon père, je crains le
pire. J’entreprends donc de fabriquer une sous-barbe de fortune (câbles ou cordages qui tirent vers le bas). Malheureusement, je n’ai que les 2 minuscules ouïes de la baille de mouillage qui servent à drainer celle-ci pour passer une sangle. C’est la seule solution à laquelle je pense. Pour l’installer, je dois vider la moitié de la baille de mouillage et travailler la tête en bas. Rapidement, l’odeur devient intenable là-dedans. Et pour cause : Je découvre dans le fond deux poissons-volants en état de décomposition avancée. Même si je m’en débarrasse, l’heure que je passe la tête à l’envers dans cette odeur me donne une solide nausée. Une fois la sangle passée dans les ouïes, il faut arriver à la récupérer à l’extérieur du bateau. Pas évident car c’est sous l’eau la moitié du temps. Au final, mon bricolage n’est guère efficace mais, comme les conditions de vent sont vraiment légères, nous conservons quand même le spi.
Vers 11 heures, nous empannons et repartons vers le Sud-Ouest, avec une meilleure vitesse car aidés par la houle. Je barre car le pilote n’est pas très efficace dans ces conditions. Le vent monte progressivement et notre vitesse avec. Je suis sur mes gardes car des nuages de grain commencent à envahir le ciel. Pour le moment, ils nous sont bénéfiques car ils apportent du vent. En début d’après-midi, ça devient trop sportif avec le spi et nous le rangeons en urgence. Il était temps: Dans l’heure qui suit, le vent ne cesse de monter : 15, puis 20 puis 25 nœuds. Tour à tour, nous enroulons du génois, prenons un ris dans la grand-voile et enroulons à nouveau du génois. Nous avancerons donc ainsi à vive allure tout le reste de la l’après-midi, compensant largement la lenteur de la matinée. Le scénario change en soirée : Les nuages de grains deviennent énormes, noirs et très haut. Nous prenons un deuxième ris dans la grand-voile, ce qui soulage largeme nt le
bateau et le pilote automatique. Jusque-là, nous avions été chanceux car aucun grain ne nous était passé dessus. Ce ne sera pas le cas pendant la nuit qui sera très fatigante: En effet, dans la nuit complètement noire, les grains s’enchaînent à la queue leu leu et envoient des rafales d’une violence inouïe. À plusieurs reprises, le vent grimpe à 30 nœuds en l’espace de quelques secondes, ne laissant que peu de temps pour choquer les voiles en grand. Pendant le grain le plus violent, nous resterons de longues minutes entre 8 et 9 nœuds, sans génois, grand-voile complétement ouverte, priant pour que le vent n’augmente pas plus. Évidemment, chaque grain déverse au passage son lot de pluie et de froid. Pendant ce temps, la mer s’est bien formée et les vagues viennent se briser régulièrement dans le cockpit. Dans ces conditions, difficile de se reposer en quart ou de dormir pour celui qui n’est pas en quart. Nous sortirons de cette nuit sans casse, avec
juste un petit surplus de fatigue (et d’humidité dans le bateau).
Au chapitre de la vie à bord, l’école a été particulièrement difficile aujourd’hui. C’est cyclique, malheureusement. Nous n’avons toujours pas de touche sur la ligne de pèche depuis 3 jours. Il faut dire aussi que les conditions de mer et notre vitesse souvent au-dessus de 7 nœuds n’aident sûrement pas. Daphné compense le manque de poisson et de produits frais par de bonnes recettes comme un excellent risotto aux champignons et olives et nous fait de délicieuses fougasses: Une aux olives et sauce tomate et une autre à la saucisse. Miam! Pas à se plaindre du côté de la cuisine, nous sommes choyés.
Ce matin, le soleil se lève timidement derrière des épais rideaux de nuages gris qui distillent leurs grains régulièrement dans une atmosphère froide et humide: Ce matin, Phoebé fait l’école en boule dans des couvertures au fond de sa cabine. Malheureusement, la matinée commence aussi avec de mauvaises nouvelles de nos amis Happy Squid: Un de leur hauban se détoronne et met la sécurité de leur gréement en péril. Ils sont encore à plus de 700 miles des Marquises et essayent ce matin de trouver une solution. J’ai relayé l’information à d’autres navigateurs pour essayer de trouver une solution pour interchanger les 2 haubans. Il faut dire que cela fait des semaines qu’ils naviguent toujours sous la même amure : Seul un côté du gréement travaille et souffre. En ce qui nous concerne, cette asymétrie se voit bien sur la coque: Côté tribord, la coque est toute verte sur un pied au-dessus de la ligne de flottaison car le bateau gîte toujours du mêm e
côté. Ce matin, je dois essayer de trouver une meilleure solution pour mon bout-dehors car la météo annonce un vent faiblissant et le spi va bientôt reprendre du service. [end]
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