Distance parcourue sur 24h: 97 NM Distance parcourue depuis le départ : 2891 NM (74.2%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 4.04 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.48 nœuds Reste à Parcourir théorique : 1173 NM
Observations: RAS
Hier, la pêche de notre demi-t(h)on marquait la fin du mouvement allegro de notre symphonie pacifique pour vents et cordes. Depuis la nuit passée, Éole, grand chef d’orchestre de cette traversée nous impose un mouvement lent, mais gai car le soleil est revenu. Par souci de confort et pour économiser les miles, comme le vent souffle de l’Est, nous choisissons d’interpréter cette partition vent de do(s). Pour cela, nous choisirons la grand-voile à un ris et le génois tangonné comme instruments à vent, alors que hale-bas, balancine et retenue de bôme rempliront la section des cordes. Cet ensemble jouant ensemble quasi-quotidiennement depuis 3 semaines, les seuls fausses notes viendront de la houle qui s’invite chez les percussions et fait claquer sèchement la grand-voile à contretemps lorsque le tempo ralentit.
Pendant ce temps, nous profitons de cette baisse de rythme et du beau temps revenu pour nous reposer, prendre le soleil nous laver à grande eau et déguster une énorme noix de coco des San Blas. Celle-ci ne nous donnera pas moins de 3 verres d’une délicieuse eau de coco, notre dernière source de vitamines à bord.
Côté école, les filles ont toutes deux une évaluation de français à faire. Pour Éléa, c’est la dernière de l’année scolaire car il ne lui reste plus qu’une unité alors qu’il en reste 2 à Phoebé. Nous devrions terminer l’année scolaire en Juin, même en incluant quelques révisions des notions qui posent problème à l’une comme à l’autre.
Certes, nous n’avançons pas vite, la vitesse étant souvent dans les 3 nœuds, mais c’est confortable et la journée est agréable après la grisaille et les grains à répétition des jours passés. Nous profiterons aussi de ces conditions sereines pour nous occuper du bout-dehors car le spi risque d’être utile sous peu, vu le faible vent qui nous attend pour les 48 prochaines heures. Ayant pris le temps de repenser à mon système, je repasse les sangles différemment avec l’aide de Daphné afin que le cliquet de la sangle soit à l’extérieur et que l’on puisse plus facilement appliquer de la tension. C’est loin d’être parfait mais je pense que cela devrait éviter que le bout-dehors ne flambe plus. Je suis bien content d’en avoir fini car je ne supporte plus d’être plié en deux dans la baille de mouillage dans une odeur de poisson pourri dont on ne pourra se débarrasser qu’au mouillage lorsqu’une bonne partie de la chaîne sera à l’eau.
En fin de journée, lorsque le vent baisse encore d’un ton, nous mettons le moteur pendant une heure environ pour fabriquer une centaine de litres d’eau et remonter le niveau des batteries. En effet, les jours sans soleil ou sans vent (ou les 2) ne nous permettent pas de garantir notre autonomie énergétique sans utiliser de ressources fossiles.
Juste après le souper, alors que la nuit est tombée depuis moins de deux heures, nous avons une timide touche sur la ligne de pèche. L’imprudent se laisse remonter très facilement. Nous découvrons une sorte de poisson très long et fin pourvu d’une large nageoire dorsale et d’une multitude de petites dents acérées. Tous deux navrés de ce malentendu, je le décroche et le laisse retourner à la chasse avec 2 bons trous dans la babine.
Pendant la nuit, le tempo piano devient pianissimo et dans cette nuit sans lune, les noires deviennent blanches et les fausse-notes de la houle se multiplient, jouant de plus en plus avec nos nerfs. Au lever du soleil, Éole nous indique que l’adagio ne sera pas encore pour aujourd’hui et nous fait reprendre le même mouvement au début, plus lentement. Pour varier les plaisirs, nous changerons quelque peu la formation et remplacerons le génois par le spi et interpréterons cette la partition cette fois-ci au grand largue. [end]
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Ouah , bravo pour cette symphonie de beaux mots… A l’approche des Marquises Brel doit vous inspirer.
Pour arriver aux Marquises il avait mis deux mois….pris qu’il était dans le pot au noir..
Quelle belle symphonie ce récit,tu es un maestros de l’écriture