Maintenant que le canal est passé, nous pouvons nous consacrer sur l’objectif ultime de tout ce bazar : Aller dans le Pacifique. À tous les niveaux, cela signifie être autonome pour de nombreux mois, y compris évidemment en eau. La remise en marche du dessalinisateur est donc la priorité. Ça tombe bien, car notre colis venant des USA et contenant la nouvelle membrane arrive le lendemain de mon retour de mon second passage du canal. Daphné s’est occupé de faire le paiement dans une banque pendant mon absence. Comme nous devons réceptionner le colis au Balboa Yacht Club pour bénéficier de l’exemption de taxes. Nous nous y rendons en fin de matinée, dès que l’agent m’a informé que le livreur était parti chercher le colis à l’entrepôt des douanes. J’ai quelques appréhensions à aller là-bas car ça n’a que le nom de Yacht Club : C’est un vaste mouillage sur bouées où toutes sortes de bateaux se côtoient : Plaisance, travail, à l’abandon, de passage. Quant au quai, sur occupé et exposé au ressac du trafic maritime, il faut payer son usage par tranche de 30 minutes. Quelques jours auparavant, un ONVI anglais que nous avions rencontré à Shelter Bay a été endommagé par une barge amarrée au mouillage voisin. Rare de voir un trou dans la tôle d’un OVNI ! Nous sommes placés sur une bouée…non loin de la fameuse barge mais ne restons pas longtemps. 15 minutes après que je débarque à terre, le livreur est là. Nous allons dans le préfabriqué des douanes où un gros douanier, dont le visage et le cou semblent au bord de l’explosion au-dessus de l’uniforme, tamponne une dizaine de papiers, note mon numéro de passeport. Et c’est tout. Personne ne m’a jamais demandé les papiers du bateau, la clearance d’entrée, etc. Une vraie farce administrative qui coûte cher en frais annexes : Agent, douanes, transport, intermédiaires me couteront le triple du coût de transport depuis les USA. S’extirpant de sa chaise de bureau, le gros plénipotentiaire s’arme d’une pince et sort couper les scellés sur la porte coulissante de la camionnette. Il repart, puis pris d’un doute pendant que je négocie le transport jusqu’au quai avec un porteur, il revient sur ses pas et me redemande mon passeport. Le regarde et me salue avant de rentrer se réfugier dans son petit cube climatisé. Je rentre au bateau avec la petite navette de la marina et nous commençons le déballage et l’inventaire du contenu. Rien ne manque. C’est un peu Noël, sponsorisé par Amazon (et F-One).
De retour au mouillage de la Playita où nous retrouvons presque la même place, je m’attaque aux projets rendus possibles par la livraison. Je peux enfin installer une membrane neuve. Le remontage est bien plus facile et rapide que le démontage et 2 heures plus tard, nous faisons les premiers essais et goûtons à nouveau au plaisir d’avoir de la très bonne eau. Quel soulagement ! Nous traînons ce problème depuis le mois de Novembre. Pendant ce temps, les filles peuvent enfin aller avec leur amie Émilie à Albrook Mall, l’immense centre d’achats, acheter les Legos de leurs rêves. Finalement, nous jumelons cela avec la visite du musée du canal de Panama. On s’ennuyait déjà du canal ! Nous retournerons (à mon grand dam) maintes fois à ce gros centre commercial car il est une sorte de carrefour inévitable et, somme toute, pratique : L’autobus qui passe devant la marina nous amène ici, le métro y passe et on y trouve un bon supermarché. Nous referons deux bons approvisionnements qui finiront de remplir les cales du bateau. À ce stade, nous prenons avantage du moindre recoin dans le bateau pour y stocker des choses. Mes vêtements ont battu en retraite, réduits à une étagère, pour laisser la place aux biscottes et pâtes. Phoebé dort avec des placards remplis de biscuits, alors qu’Éléa dort sur la grosse réserve du bateau. La quasi-totalité de l’espace libre sous sa couchette est pris par nos réserves.
Il règne une belle atmosphère d’entraide entre les bateaux du mouillage. Avec Maïa, So What et Happy Squid (Victor et Julie), nous partageons les taxis ou même les tâches qui se font mieux à 2. Il faut dire aussi que nous sommes loin de la ville et les déplacements reviennent chers. Pour commencer, la marina où nous pouvons laisser l’annexe nous réclame 53 $ par semaine…sans autre service que celui de stationner. Ensuite, le taxi reste la solution la plus efficace, à l’exception de l’autobus pour Allbrook, mais coûteuse si on ne négocie pas tout le temps. Pour le gazole, c’est pareil : Pour venir acheter du carburant, je dois payer un droit de 30$. Trouvant cela exagéré, je passerai une demi-journée à « bidonner »avec l’aide de Victor en utilisant les jerricans des 3 bateaux. Sous le soleil brûlant du Panama, toutes ces tâches logistiques sont vraiment fatigantes et remplissent bien les journées. Passe ainsi rapidement une dizaine de jours pendant lesquels nous avons quand même du plaisir à être entre amis. Surtout les enfants ! Les 6 sont constamment ensemble, d’un bateau sur l’autre, les petites sur l’un, les grands sur l’autre. Du coup, les 3 aînés font le taxi en annexe pour les adultes. Avec Laurent. Nous renouons avec les après-midi backgammon. Les parties sont toujours aussi serrées et le plaisir le même.
Quant à la ville de Panama City, nous l’avons peu vue. Les quartiers où nous avons cherché en vain un shipchandler correctement achalandé, n’étaient pas très beaux, voire guère accueillant. En se rendant au Centro Marino, nous nous sommes faits arrêtés par un monsieur à une intersection dans un quartier populaire. Il nous a fortement déconseillé de continuer tout droit. Deux autres personnes acquiesçaient, l’air grave. Bien que notre destination étant à une intersection d’ici, nous contournons donc, jusqu’à ce que le même scénario se reproduise. Cette fois-ci, l’homme nous accompagne un peu pour vérifier les environs et nous indique le magasin, en nous recommandant de marcher sans s’arrêter. Tout ça pour un magasin fermé ! Entre ces quartiers et la ville moderne, certains quartiers sont vraiment insalubres, proches de l’état des immeubles de Colon. Choquant lorsque se profile en avant des dizaines de gratte-ciels. Nous irons nous promener un après-midi dans la vieille ville, qui nous a peu plu. Certains immeubles de ce quartier historique sont tellement rénovés qu’ils semblent neufs alors que certains sont en ruines. Pas à notre goût, en particulier sous la grosse chaleur de l’après-midi. Par contre, notre petite visite au marché de poissons pour aller manger un ceviche dans un des petits restaus du marché était bien plus sympathique, et surtout, authentique.
Petite anecdote drôle : Greg nous raconte qu’il a été appelé la veille au soir sur Nahoa pour aider Ben à chasser…un paresseux qui avait nagé jusqu’au bateau et était désormais accroché dans le mât de l’éolienne. Les 2 compères, armés de gaffe et de balai, ont dû le réveiller, dure épreuve et le balancer à l’eau, tant bien que mal. L’animal cherchant le plus proche endroit où dormi, nage jusqu’au prochain bateau qu’il aborde. Réveillé par les 2 chasseurs de paresseux venus l’alerter, l’homme désorienté ne comprenait rien à ce qui se passait et pourquoi ces 2 hommes avaient mis un paresseux sur son bateau !
Le problème avec les préparatifs, c’est qu’ils pourraient durer quasi éternellement si on ne fixe pas une date. Nos amis partant pour les Galapagos ayant des dates à respecter, nous décidons de partir le 26 Mars pour Las Perlas où ils ne feront qu’un court stop d’une nuit ou deux avant de continuer leur route. Les enfants savent que la séparation est proche et sont surexcités. Quelle intensité, tout ça, je pense que nous allons bien profiter de notre prochaine escale, Las Perlas.
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