Distance parcourue sur 24h: 102 NM Distance parcourue depuis le départ : 3558 NM (91.3%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 4.25 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.29 nœuds Reste à parcourir théorique : 569 NM
Observations: Un cargo à l’AIS
Roger, c’est notre moteur. Il est vieux et un peu bougon, mais fiable. Roger est né au Japon mais a vécu la majeure partie de sa vie en Bretagne. Quand on vient le solliciter, il grogne un peu au début et semble un peu boiteux, mais rapidement, il s’arrête de fumer et se met au travail et ses grommèlements se transforment en rassurant ronronnement. Comme il est un membre important de l’équipe, on l’appelle à la rescousse uniquement quand nous n’avons pas le choix. Hier soir, cela a été le cas.
Nous avons passé toute la journée sous spi, tribord amure à avancer à un rythme irrégulier vers le Nord-Ouest. Une perturbation de nature inconnue a fait tourner le traditionnel alizé d’Est ou Sud-Est vers le Nord-Est et nous a porté gentiment au-dessus de la latitude de Fatu Hiva depuis hier soir lorsque nous avons pris cette allure sous spi. La journée avait bien commencé avec un vent qui ne cessait de prendre du Nord et donc nous aidait à infléchir notre route vers l’Est tout en prenant un peu de vitesse. Rien d’extraordinaire, mais un honnête 4.6 nœuds de moyenne sur les 8 premières heures. Pendant ce temps, comme le veut la tradition, je prends mon déjeuner dehors avec les filles et le soleil qui se lève. Nous attaquons ensuite l’école : Phoebé se débrouille pas mal toute seule et je fais du Français avec Éléa. Quand Daphné se lève, elle prend le relais avec Éléa. Aujourd’hui, Phoebé ne fera ses mathématiques que l’après-midi.
Pendant la matinée, je change les hameçons sur notre deuxième leurre, le poisson nageur car il semble intéresser la faune sous-marine mais les hameçons simples ne parviennent pas à maintenir la prise. Le résultat sera (presque) concluant car il a dû y avoir une touche en fin de matinée : on retrouve le fil quasiment tout déroulé. Ce moulinet étant un peu vieux (il a servi au père de Daphné en Afrique, donc il y a près de 30 ans !), le cliquet qui alerte d’une prise fonctionne mal. On a un peu d’espoir car il y a toujours beaucoup de tension dans le fil, mais finalement, on se rend compte que la tension vient du fait que les 2 lignes se sont entortillées et il nous faudra 20 minutes pour tout démêler. Un peu échaudés, on remet juste la ligne du petit moulinet. Puis, en fin d’après-midi, nous avons une touche solide que, cette fois-ci, le cliquet nous signale. Le poisson tire fort, probablement un thon et sûrement trop fort pour le calibre du fil mon té sur
ce deuxième moulinet : celui-ci casse, emportant avec lui notre leurre si attrayant et le malheureux poisson désormais embarrassé d’hameçons sur la lèvre. Nous montons donc un autre leurre similaire mais de couleur différente sur le moulinet muni de fil de gros calibre, mais rien ne mords.
Pendant l’après-midi, le vent faiblit et il est difficile de maintenir une vitesse correcte sans partir trop au Nord. Je valide donc l’option que nous avons prise depuis la veille en essayant les autres possibilités : continuer sous spi, mais sous l’autre amure : Cela ne fonctionne pas, on part complètement au Sud et ne faisons aucun progrès sur la route des Marquises. Se remettre au vent arrière ? Le vent est trop faible et Korrigan se dandine mollement à un maigre 2.5 nœuds. Après tous ces efforts, je reprends ma route et prends un temps fou à régler à nouveau le bateau. C’est délicat dans le vent aussi faible car notre vitesse génère autant de vent qu’Éole. J’essaye néanmoins d’avancer mes petits projets de coco pendant ce temps et consacre aussi un peu de temps à Éléa pour faire un peu de flûte. Une fois la nuit tombée et au réveil de ma sieste tardive, j’abandonne et je m’en vais réveiller Roger. Dans un premier temps, je compte
l’utiliser en support du spi mais après une savante séance de calculs d’angles et de cosinus cela ne mène à rien d’utiliser le moteur en continuant autant vers le Nord. Je roule donc le spi et mets le bateau sur la route directe. Le vent est plus ou moins arrière à cette allure alors, pour gagner quelques précieux dixièmes de nœuds, je mets les voiles en papillon. Nous resterons ainsi toute la nuit afin de progresser vers notre destination. Pendant la nuit, je prends une météo à grande échelle et long terme. Celle-ci me confirme malheureusement que le vent restera assez faible pour la prochaine semaine. Il va donc falloir s’armer de patience pour couvrir les derniers 570 miles qui nous séparent encore, ce matin, de Fatu Hiva. [end]
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