Distance parcourue sur 24h: 127 NM Distance parcourue depuis le départ : 3685 NM (94.6%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 5.29 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.29 nœuds Reste à parcourir théorique : 465 NM
Observations: Un spi bleu, celui de Jadean, catamaran Lagoon de 44 pieds
Une fois n’est pas coutume, je commence mon quart de fin de nuit / début de journée par des manœuvres. Souvent, le lever du soleil voit les conditions de vent changer. Aujourd’hui ne dérogera pas à la règle et le vent se lève progressivement avec le soleil. Avec les prévisions de vent faible que nous avons, environ 10 nœuds, on a une chance sur deux d’avoir des conditions correctes pour bien avancer : En effet, il suffit que les 10 nœuds annoncés ne soient en réalité que 5 à 8 nœuds comme hier pour faire une journée lente ou alors que quelques nœuds supplémentaires viennent renforcer les prévisions pour faire une journée relativement rapide comme aujourd’hui.
Au lever du jour, je ressors donc le spi, arrête le moteur et repars vers le Nord-Ouest au largue, notre allure la plus rapide et où le spi est le plus stable. Progressivement, le cap s’améliore et la vitesse augmente. Nous naviguerons ainsi toute la journée avec vitesses variant entre 5 et 7 nœuds parfois lorsque le vent monte un peu et que le bateau accélère. Il faut être vigilant car, avec 100 mètres carrés de toile à l’avant du bateau, les « départs au tas », c’est-à-dire le bateau qui tend à aller se coucher face au vent, ne sont jamais loin lorsque ça accélère. Tout cela est bien beau mais nous continuons à aller beaucoup vers le Nord. Certes à vive allure, mais si l’on reporte notre vitesse sur la route directe, le résultat est moins flatteur. Devant un bon café, je ressors mes souvenirs de trigonométrie et calcule à grand renfort de cosinus notre VMG (« Velocity Made Good » en Chinois), c’est-à-dire notre vitesse projetée sur la route
directe vers Fatu Hiva. Celle-ci est de l’ordre de 4.5 nœuds. Avec le vent que nous avons, nous ne sommes pas sûrs de faire cette vitesse sur la route directe. Lorsque Daphné se réveille, nous validons la théorie par la pratique en rangeant le spi et en se mettant sur la route directe au vent arrière, les voiles en ciseaux. En effet, nous ne dépassons guère les 4 nœuds. Nous nous remettons donc dans notre configuration initiale et, à partir de maintenant, je ne me pose plus de questions sur la stratégie adoptée. Le seul objectif est de faire maintenant le meilleur rapport cap/vitesse sous spi. Cela fonctionne bien pendant toute la journée sans faire grand-chose car, avec du vent un peu plus établi, le spi est beaucoup plus stable.
Pendant ce temps, nous finissons la semaine d’école avec les filles : Cours du CNED pour Éléa, dictée et une évaluation de Maths pour Phoebé. Aujourd’hui, tout se passe bien. Cela finit bien la semaine.
Pendant que Daphné nous prépare des arepas (galettes de maïs colombiennes), des bons pains pita et de la trina (sorte de trempette au tahini), Phoebé nous fait sa recette de biscuits à l’avoine et au chocolat qui ne nécessite ni œuf, ni cuisson. Il suffit de laisser sécher la préparation au soleil.
Le reste de la journée se passe tranquillement. En fin d’après-midi, Éléa fait son petit cours de flûte : Elle commence à bien jouer « Au clair de la lune » et apprend « Vive le vent » (ironique, non ?). Alors que sa leçon achève avec sa concentration en chute libre, Daphné aperçoit derrière nous un spi bleu ! Lorsque j’allume la VHF, ils sont en train de nous appeler. En parlant et en identifiant mutuellement nos bateaux, nous nous rendons compte que ce bateau n’est autre que Jadean, un catamaran Sud-Africain qui était sur le même quai que nous à Shelter Bay Marina, au Panama, juste à côté de Maïa. Si nous n’avions pas fait connaissance des parents, les filles avaient joué quelques fois avec les enfants (4 et 7 ans). Ils sont en relation avec nos amis de So What qui les avaient prévenus que nous étions dans les environs. Décidément, la mer est bien petite ! Avec leur spi arrimé sur le nez de chacune de leurs coques, ils descendent beaucoup plus
au vent que nous, quasiment sur la route directe et nous passerons en arrière, à moins d’un mile.
Après le repas, nous regardons en famille un épisode de l’excellente émission scientifique pour enfants « C’est pas Sorcier » sur les voiliers de course. L’émission est filmée principalement sur le Maxi trimaran « Banque Populaire », détenteur de Trophée Jules Verne (Tour du Monde par les 3 caps en équipage en 45 jours). Elle reprend pas mal les explications que j’avais données à Phoebé sur la portance, lors du petit cours de sciences que je lui avais donné il y a une semaine ou 2.
Lorsque tout le monde va se coucher et je commence mon quart de nuit, Barry, de Jadean, me rappelle sur la VHF. Nous parlerons ainsi pendant 40 minutes, de météo, de bateaux, de tout et de rien. C’est agréable de parler à une personne de l’extérieur après 4 semaines en mer et c’est amusant de faire connaissance ainsi par VHF, alors que nous avons été amarrés sur le même quai pendant plusieurs jours…
Nous passerons toute la nuit sous spi, à une bonne vitesse, sous un beau ciel étoilé et une lune qui revient de plus en plus longtemps nous accompagner pendant nos quarts de nuit. Seule inquiétude, le cordage qui tient le pied du spi est en bien mauvais état et risque de rompre prochainement. En effet, avec le bout-dehors méchamment tordu vers le haut, ce cordage frotte en permanence sur l’arceau de notre ancre à travers lequel il passe. Certes, l’ancre reprend ainsi une partie de la tension et évite que l’état du bout-dehors ne s’aggrave mais le frottement vient bientôt à bout du cordage. Avant d’aller me coucher, j’installe un cordage qui limitera l’usure pendant le reste de la nuit, mais je ne dormirai pas tranquille. De plus, les grincements de la poulie de spi en tête de mât résonnent dans le mât à côté duquel nous dormons. Loin d’être idéal pour trouver un bon sommeil et se reposer. L’objectif est de tenir comme cela pour le reste d e la
nuit et espérer que la bascule de vent annoncée se produira bien demain matin et nous permettra de redescendre sur notre objectif. [end]
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Après le plaisir de la mer , le plaisir d’arriver approche .
Eole vous protège et tous les autres Dieux …
Ici on vote ….
bon vent à l’équipage.