Distance parcourue sur 24h: 97 NM Distance parcourue depuis le départ : 3893 NM (99.9%)
Vitesse moyenne sur 24 h: 4.04 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.23 nœuds Reste à parcourir théorique : 271 NM
Observations: Un petit groupe de dauphins, des gros grains à la tombée du jour
Les conditions de vent au lever du soleil trompent rarement. Aujourd’hui, le vent faible du petit matin donnera le ton pour la majeure partie de la journée: Le vent ne dépassera pas les 5 nœuds pendant la majeure partie de la journée. 5 nœuds, ou moins de 10 km/h pour faire avancer un voilier de voyage chargé donne à peu près les mêmes résultats que de pousser à la main un SUV bien chargé pour les vacances. Nous quittons rapidement notre allure de vent arrière où nous nous faisons balloter par la houle avec les voiles qui claquent à tout rompre, pour partir sous spi. Ce matin, avec la fatigue et la perspective d’une autre journée à galérer pour faire avancer le bateau, le courage me manque. Je commence à être lassé de ces conditions de vent faible que nous avons depuis maintenant une dizaine de jours. Les emails des amis derrière qui cavalent presque au double de notre vitesse dans des alizés bien établis ne me remontent pas non plus le moral! Malg ré
tout, je rassemble ce qui me reste de courage, range le génois, réinstalle le spi et recommence à régler la voile pour nous garder en mouvement. Nous ferons environ 3.6 nœuds de moyenne pendant les 12 heures suivantes, sous un soleil de plomb. À l’horizon, pas un nuage, rien qui ne laisse envisager un peu plus d’air et une meilleure vitesse. Je trouverai la meilleure vitesse en enlevant la grand-voile afin que rien ne perturbe le spi et que celui-ci puisse flotter librement.
Pendant ce temps, je fais faire aux filles leur questionnaire de géographie. Phoebé le fait le matin et ne fera quasiment aucune faute, y compris sur les coordonnées géographiques. C’est fou à quel point, le fait d’apprendre quelque chose sur une base volontaire et dans un contexte ludique rend les choses faciles! Éléa fera une bonne partie du sien l’après-midi, avec évidemment plus de fautes, mais on ne peut pas en demander trop à un enfant de 6 ans. Elle nous fait bien rire en disant que le Moyen-Orient est en France, mot qu’elle a confondu avec la ville de Lorient, mentionné dans l’émission sur les voiliers de courses que nous avons regardée la veille. Ne voyez dans cette erreur aucune connotation politique dans le contexte électoral actuel!
En fin d’après-midi, les nuages que nous voyions arriver du Sud-Est se rapprochent, grossissent et noircissent. Pour le moment, ce n’est que du positif car ces gros grains qui sont en train de se former nous donnent du vent qui nous permet d’accélérer et bientôt nous glissons entre 5.5 et 6.5 nœuds. Tout arrive au même moment: Dès que nous accélérons, un petit groupe (5) de dauphins vient jouer autour de notre étrave et nous avons une touche sur la ligne de pêche! Ces dauphins sont gris, de taille moyenne avec un tout petit rostre et sont très loquaces. Même de l’intérieur du bateau, on entend leur sifflement qui résonne sur notre coque. C’est toujours une expérience magique que de rencontrer ces sympathiques animaux, surtout lorsqu’on glisse sous spi à bonne vitesse. Pendant ce temps, les grains se rapprochent et donnent un ciel magnifique aux couleurs riches sous les gros nuages noirs et bas. Le premier passera derrière nous mais le radar nous montre
que plusieurs suivent non loin. Nous aurons moins de chance avec le suivant qui se rapproche à grande vitesse. Nous devons enrouler le spi en catastrophe lorsque le vent monte d’un coup dans les 20 nœuds et que la pluie se déchaîne. Daphné enlève son Tee-shirt et sa culotte et accourt à la rescousse, pour affronter la pluie toute nue, ce qui ne manque pas de déconcentrer le capitaine qui vient s’affaler lourdement sur la colonne de la barre à roue en tentant d’empanner la grand-voile. Et hop, une bosse de plus, dans le dos cette fois-ci. Les grains changent dramatiquement la direction du vent et nous devons nous réorganiser, une fois passée l’urgence d’adapter la voilure du bateau pour les conditions. Ce soir, nous souperons donc à l’intérieur, autour de la table du carré. Ça change et c’est bien agréable. Plus agréable que ne le sera la nuit: En effet, nous resterons sur la trajectoire de cette ligne de grains pendant quasiment toute la nuit,
alternant rafales soudaines et vitesses élevées à l’approche et sous les grains avec du vent faible et des vitesses en bas de 4 nœuds dans leur sillage. N’ayant pas pu faire de sieste pendant la journée, je suis terrassé par la fatigue et m’endors au bout de 5 minutes. À plusieurs reprises, je suis réveillé par le bateau qui file à toute vitesse à 30 ou 40 degrés de sa route. Pas évident de savoir sur quel piton du pilote appuyer au réveil tout en vrac. À tribord ou bâbord ? Daphné se fera aussi une petite frayeur du genre, évitant de peu l’empannage involontaire.
Vers la fin de la nuit, lorsque nous bouclons ces 24 heures difficiles, les alizés semblent se rétablir, plein Est à 12 nœuds environ sous un ciel peuplé de nuages rondouillards qui sont de bon augure pour la journée. [end]
Sent from Iridium Mail & Web.
Laisser un commentaire