Distance parcourue sur 24h: 119 NM Distance parcourue depuis le départ : 4122 NM (105.8 %)
Vitesse moyenne sur 24 h: 4.96 nœuds Vitesse moyenne depuis le départ : 5.2 nœuds Reste à parcourir théorique : 57 NM
Observations: Un beau thon au bout de la ligne et quelques baleines pilotes croisant notre sillage!
Aujourd’hui encore, le vent n’a pas daigné sortir de son lit et ce que l’on constate est bien en deçà des prévisions. Au lieu de 12 ou 13 nœuds prévus, nous en avons maximum 8. Au vent arrière, nous nous faisons plus brasser que nous avançons. De plus, à si faible vitesse, le pilote travaille trop. Je me mets donc au travail et ressort le spi. Pour le faire flotter et avancer à une vitesse suffisante pour compenser l’angle que nous faisons avec la route directe, nous devons loffer de 30 degrés. Certes, l’allure est bien plus agréable car nous profitons de la houle plutôt que de la subir et la lecture de la vitesse est gratifiante, dans les 5.5 nœuds. Par contre, cette vitesse, reportée sur la route directe n’est pas extraordinaire. Au moins, la vitesse que le spi nous confère rend notre leurre à nouveau attirant pour les prédateurs. En moins de deux heures, nous avons une touche franche. Maintenant que le moulinet n’est plus installé sur la ca nne à
pêche mais directement sur le balcon arrière du bateau, il est beaucoup plus aisé de remonter la ligne seul, assis sur la jupe. Je remonte un beau thon, bien musclé qui nous fait encore une danse frénétique lorsqu’on lui verse de l’alcool dans les ouïes. En même temps, on ne peut pas le blâmer, ça ne doit pas être agréable. Il est assez massif et c’est difficile de le tenir à une main et il manque de m’échapper. Un coup de poignard dans le cerveau mettra fin à la lutte. Éléa va sortir la pauvre Daphné du lit qui s’est couchée il y a moins de deux heures pour qu’elle joue à la poissonnière. Mais tout d’abord, c’est l’heure du déjeuner pour tout le monde. Ce matin, nous sommes gâtés car nous avons du pain chaud. En effet, depuis quelques fois, Daphné prépare de la pâte à pain qu’elle conserve au frigo et nous nous faisons cuire des petits pains plats à la poêle à la demande. Ceux-ci gonflent un peu et son savoureux. Nous préfrons
cette option à celle d’un gros pain qui finit par rassir et s’émietter. Phoebé étale la pâte et c’est Éléa qui les fait cuire. Quelle belle organisation!
Ce matin encore, l’école se passe bien. Je fais le Français avec Éléa avant que Daphné ne prenne le relais au réveil alors que Phoebé travaille principalement seule. Je ne fais juste que corriger ses exercices et lui faire faire une dictée. Les séances houleuses de la semaine passées ont porté leurs fruits car elle fait désormais beaucoup plus d’efforts et fait un excellent travail, y compris au niveau du soin et de la présentation.
En fin de matinée, le vent augmente et nous reprenons notre allure de vent arrière pour ne pas descendre trop bas. Cela donne une allure plus tranquille pour déguster notre excellent sashimi de thon que tout le monde attendait tant! C’est définitivement la recette préférée à bord. Quant au vent, une fois encore, cela semble être une fausse alerte car la vitesse retombe après quelques heures à seulement 4.5 nœuds. Décidément, quand ça veut pas… En après-midi, lorsque je me réveille de la sieste, ni Daphné ni moi n’arrivons à faire avancer le bateau, pourtant le vent n’est pas si faible que cela. En regardant l’ordinateur, nous constatons que la direction de celui-ci a dramatiquement changé. Pour en profiter, je range le génois, sort le spi et nous revoilà partis en ligne droite sur notre route à 6 nœuds, en glissant tout en douceur sur la houle qui nous vient de ¾ arrière. Nous profiterons de cette belle allure jusqu’à la nuit. Nous avons un bon
boost de vent et de vitesse avec un beau grain qui nous longe, nous donnant juste le petit surplus de vent pour accélérer par moment jusqu’à 7 nœuds. Ces soirées sous spi au soleil couchant resteront parmi les beaux moments de cette navigation. Ce soir, nous nous gâtons encore: Ce sera des pavés de thon au sésame accompagnés de gratin dauphinois et de frites d’ignames. Un délice. Décidément, c’est quand même du grand confort la croisière au XXIème siècle!
À la fin du repas, le vent monte en venant de plus en plus dans notre dos. Le spi n’est plus nécessaire, je l’enroule et ressors les voiles en papillon. Nous faisons désormais cap plein Ouest, presque sur une route directe sur Fatu Hiva. Forcément, notre vitesse de rapprochement augmente beaucoup et nous reprenons réellement espoir d’arriver demain dans la journée, si ces conditions continuent. Depuis une douzaine de jours, nous nous empêchons de penser comme cela, au cas où cela ferait disparaître le vent, souvent trop éphémère.
La première partie de la nuit, jusqu’à une heure du matin ne sera qu’une succession de grains, nous portant tantôt à 7 nœuds au plein vent arrière, tantôt à 4 nœuds, dans le sillage du grain. Je dois donc régler sans cesse ajuster le cap du pilote automatique. Cependant, je ne me plains pas, je fais cela de l’intérieur, à la table à cartes où je regarde un film sur l’ordinateur en même temps. Ce soir, j’ai le plaisir de revoir « La Totale » de Zidi, avec Thierry Lhermitte, Miou-Miou, Boujenah, Eddy Mitchell, etc… C’est divertissant et ça a quand même bien vieilli. Malgré tous ces grains, aucun d’entre eux ne passera directement sur nous. Cependant, comme le dernier se rapproche un peu trop, avant de rejoindre ma couchette, j’affale le spi, resté enroulé en avant du génois, le range dans son sac et le redescend dans le bateau. Avec les conditions que nous avons désormais, il y a de fortes chances que nous n’en ayons plus besoin d’i ci
l’arrivée. En effet, pendant la seconde partie de la nuit, les grains cessent et un alizé bien établi prend le dessus. Ainsi, après une journée commencée sous les 4 nœuds, nous finirons à 5 nœuds de moyenne et presque 120 miles parcourus. Lorsque nous bouclons cette 33ième journée de mer, nous ne sommes plus qu’à 57 miles de l’arrivée. Cette fois-ci, nous touchons au but! [end]
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