Distance parcourue sur 24h: 161 NM
Vitesse moyenne sur 24 h: 6.7 nœuds
Reste à parcourir théorique : 263 NM
Après 6 semaines aux Marquises (dont les récits se font encore attendre…), nous voilà en route vers les Tuamotus.
Hier, Dimanche 25, nous avons quitté notre mouillage d’Ua Pou en pleine nuit, à 3 heures du matin pour couvrir les 425 miles nautiques qui nous séparent de Raroia, le premier atoll des Tuamotus que nous visiterons. Contrairement à leurs jeunes cousines les Marquises, l’archipel des Tuamotus est un archipel volcanique beaucoup plus ancien dont les îles se sont affaissées pour ne plus laisser émerger de la surface de l’océan qu’une barrière corallienne qui jadis ceignait chaque île. Ainsi, ces immenses murailles de corail créent au milieu de l’océan de vastes piscines que sont les atolls. Certains sont complètement fermés et ne permettent donc pas aux bateaux de s’y abriter alors que nombreux d’entre eux présentent une ou plusieurs passes, c’est-à-dire des ouvertures dans le corail qui font communiquer le lagon avec l’océan. Ces passages souvent étroits et peuplés de récifs coralliens ne peuvent être pratiqués qu`à certaines heures en foncti on des
marées. En effet, même si les marées dans cette région du monde présentent une faible amplitude, environ 2.5 mètres, elles génèrent d’importants courants dans les passes, par un effet de chasse. De plus, les conditions de mer et de vent peuvent amplifier ce phénomène et créer de dangereuses vagues dans les passes. Voilà une bien longue explication pour justifier notre heure de départ un peu farfelue: Il faut essayer de synchroniser notre arrivée avec l’heure de l’étale (marée haute ou basse) lorsque les courants sont quasi-nuls. Pour corser un peu plus le casse-tête, la navigation à l’intérieur de l’atoll que nous devrons traverser d’Ouest en Est ne se fait qu’à vue en slalomant entre les massifs de coraux. Il faut donc arriver assez tôt pour que le soleil éclaire bien le lagon et nous permette d’identifier les obstacles sous-marins en fonction des nuances de bleu. Avec Laurent (catamaran Maïa), nous avons donc fait nos devoirs en foncti on des
horaires de marée, conditions de vent, etc. pour essayer de déterminer l’heure de départ pour arriver le 28 vers 6 heures du matin, heure de la marée haute. Avec une telle distance à couvrir, l’exercice n’est pas évident. Il suffit que le vent soit un peu moins fort que prévu pour défaire tous nos beaux calculs et projections. Le vent prévu pour ces 3 jours est un vent de travers soufflant à environ 15 nœuds. C’est une allure à laquelle quasi-tout bateau est rapide. En partant à 3 heures du matin, je projette une vitesse moyenne de 5.7 nœuds sur 72 heures pour arriver à l’heure. Les récent souvenirs de la traversée du Pacifique illustrent bien à quel point une telle vitesse peut être facilement atteinte voire même dépassée lorsque le vent est présent ou tenir du rêve lorsqu’Éole ne daigne pas souffler.
Avec l’excitation du départ et la perspective de cette navigation, nous sommes levés rapidement à 2h45, l’ancre est relevée 15 minutes plus tard et à 3h30, nous voilà partis, contournant tout d’abord le côté Ouest de Ua Pou au moteur. En effet, nous sommes sous le vent d’une île haute et il faudra attendre de sortir de l’ombre de l’île pour trouver du vent. Lorsque celui-ci s’établit, il souffle entre 12 et 15 nœuds et nous propulse rapidement à des vitesses situées entre 6.5 et 7.5 nœuds. Par précaution, nous en profitons tout d’abord pour engranger des miles, au cas où, mais à la mi-journée, il faut déjà penser à calmer le jeu. Je rentre donc un peu de génois. Le bateau est plus équilibré mais toujours aussi rapide….Toujours dans le même but mais aussi pour rendre la navigation plus confortable, je prends un ris dans la grand-voile le soir. Le vent, sournois, en profite pour monter un peu et annuler mes efforts de réduire la vite sse. La
nuit sans lune se poursuit au même rythme et 24 heures après le départ, nous avons couvert 161 miles, un quasi-record en 2 ans, malgré nos efforts pour calmer le jeu. Au lever du jour, je réduis encore le génois, en vain. Il faudra que je le remplace par la trinquette (voile d’avant pour le gros temps) pour finalement arriver à naviguer paisiblement à 5 nœuds. Ironique, après avoir tant manqué de vent pendant la traversée, mais ainsi toilé, nous retrouvons beaucoup plus de confort à bord ce matin. Phoebé en profite pour entamer sa dernière ligne droite de Français pour son année de CM2 alors qu’Éléa fait assidûment son cahier de vacances.
À demain pour la suite, en espérant que cette fois-ci nous ne chercherons pas désespérément l’accélérateur…
Bon vent à l’équipage et prudence …
Bonne vacances d’école aux filles !
Lentement mais surement ce pacifique sera connu
Avec beaucoup d’amour
Lorenzo