Distance parcourue sur 24h: 118 NM
Vitesse moyenne sur 24 h: 4.92 nœuds
25 ans de rêve et 3 jours de navigation, voilà ce que ça m’aura pris pour atteindre les Tuamotus, emblèmes même des atolls paradisiaques du Pacifique. Fort heureusement, la première image que nous en aurons sera largement à la hauteur de nos attentes: Nous voilà, seuls avec nos amis, au mouillage derrière la puissante barrière de corail qui bloque complètement la houle du large et ne laisse passer que le vent. Korrigan baigne dans une eau turquoise, parfaitement plate (quel changement vis-à-vis des Marquises!), face à un petit Motu (île corallienne) de sable blanc sur laquelle le Kon Tiki a fini son épopée il y a 70 ans.
Notre troisième journée de navigation fut assez semblable à la précédente, en plus ensoleillée. Le vent, toujours établi dans les 10-12 nœuds, était toujours largement suffisant pour nous faire avancer à grands pas vers notre destination. Par conséquent, comme la veille, il a fallu fréquemment ajuster la voilure pour ne pas aller trop vite. Notre vitesse étant encore un peu trop élevée, nous devrons faire les derniers miles au ralenti. En attendant, pendant la matinée, Phoebé termine son Français de façon ludique en inventant des calligrammes alors qu’Éléa s’amuse sur son cahier de vacances. C’est ensuite l’heure des jeux: Jeux de cartes, « Invente-moi une histoire », initiation au Backgammon pour Éléa, etc… Ces journées tranquilles en mer sont idéales pour prendre le temps de faire des jeux avec les enfants. Daphné aura même la chance de jouer à la poissonnière lorsque nous attraperons un petit thon en fin d’après-midi. Nous le dégusterons le soir-même en sashimi à la sauce soja et wasabi.
Après le souper, comme le bateau semble vouloir toujours avancer à 6 nœuds quelle que soit la configuration de voiles que j’utilise, je décide tout simplement de ne laisser que la grand-voile et de nous traîner à 4 nœuds pour une bonne partie de la nuit. Vers 22 heures, j’aperçois une lumière un peu en avant de nous. Étant persuadé que c’est Maïa, je les appelle à la VHF et nous arrivons à communiquer, même si ce n’est pas eux que je vois. Nous voilà donc 3 sur la file d’attente de la passe de Raroia. Daphné prend son quart vers minuit, toujours sous voilure minimale, et repère au radar toutes les heures les positions de nos 2 comparses. Elle remettra le génois vers 3 heures du matin pour reprendre un peu de vitesse dans un vent qui faiblit dangereusement. À mon réveil, je constate en faisant mon premier tour d’horizon que nous sommes en réalité 4 bateaux dans les parages. Avec Laurent, nous révisons nos calculs d’heure de marée à la VH F en
nous basant sur l’heure constatée de coucher de lune. Cette approche nous indique un passage vers 7 heures du matin, ce qui fait notre affaire car au moins, il fera jour. La navigation requiert désormais beaucoup d’attention avec au moins 4 bateaux en attente dans le secteur et un nombre indéterminé de barques de pèche parfois trahies par le radar et quelques éclats de lumière. Cependant, la frayeur de la nuit viendra d’un des deux autres bateaux en attente: Je le suis à moins d’un demi mile lorsque je me rends compte que notre écart réduit bien trop vite. Rapidement, je m’écarte de 30 degrés et allume le projecteur : Quelle surprise de constater que ce bateau navigue dans la direction opposée, droit vers nous…sans personne dans le cockpit : Portant son feu de mouillage (blanc à 360 degrés) au lieu de ses feux de navigation (rouge, vert et blanc), sa lumière blanche laisser penser que je le suivais. Nous passerons les 2 dernières heures de l’app roche
uniquement sous grand-voile, à 2.5 nœuds, pendant que je profite du lever du soleil avec Phoebé sortie du lit avant le soleil. Tel Obelix, je tue le temps en prenant un gros déjeuner car le programme de la matinée laisse entrevoir que peu de temps pour cela une fois que l’action commencera.
Nous rentrerons dans la passe les premiers, suivies de nos 3 comparses. Heureusement, les conditions sont clémentes car nous sommes tour à tour aidés par un courant de 2 ou 3 nœuds avant que celui-ci ne s’inverse et nous pousse solidement sur le côté. Nous devons maintenant à nouveau tuer le temps avant de pouvoir traverser le lagon car seule la lumière du soleil peut nous indiquer la présence des innombrables récifs coralliens qui peuplent ce lagon. Nous suivons donc le chenal qui mène au village devant lequel nous faisons demi-tour pour revenir vers la passe. Cette petite promenade nous permet de gagner une heure et, vers 8h30, nous nous lançons dans la traversée du lagon : Daphné est à la barre, son poste habituel, alors que Phoebé fait la navigation sur l’ordinateur et que je me poste à l’avant pour repérer les récifs. Les photos satellites de Google Earth importées dans notre logiciel de navigation nous seront d’une aide précieuse : En voyant
clairement les patates de corail sur la photo aérienne, j’ai tracé une route slalomant entre ces obstacles sous-marins que je confirme visuellement au fur et à mesure. Phoebé coordonne le tout à l’ordinateur et fournit les informations pertinentes à Maïa qui nous suit. Là aussi, avec le soleil qui monte rapidement, la visibilité s’améliore rapidement et ce sera beaucoup moins complexe que nous l’avions prévu.
C’est ainsi que nous arrivons en fin de matinée devant notre mouillage. Tout le monde exulte sur les 2 bateaux. Ça ressemble fort au paradis du kite si le vent vient à se lever et à celui des enfants qui adorent jouer sur les îles désertes. La vision que nous avons en arrivant prouve au moins quelque chose : Ça vaut le coup de rêver et surtout de croire à ses rêves car, un jour, ils peuvent devenir réalité.
Et tu nous fais bien rêver aussi! Profitez-bien de ce petit paradis du kite!
Bravo , c’est du rêve!!!