Isla Casaya (du 31 Mars au 3 Avril)
En ce moment, la marée est basse à la mi-journée. Nous attendons donc le milieu de l’après-midi pour nous en aller vers Isla Casaya que nous rejoignons dans un dédale de récifs. Ici, pas de corail comme dans les San Blas, mais de la roche acérée, il faut redoubler de prudence lors de nos déplacements car le courant est fort entre les îles. Nous mouillons entre une longue pointe qui s’étire au Sud de Casaya et la petite Isla Ampon. Ici aussi, pas d’habitations, uniquement la nature sauvage. En allant nous promener le lendemain matin à marée descendante, nous découvrons une belle grande plage relativement plate. De plus, je repère une section exempte de roches ou galets et ou le sable est bien dur. C’est l’endroit parfait pour échouer Korrigan! De plus, nous pourrons nous approcher d’un arbre auquel nous pourrons attacher une amarre qui le maintiendra dans la bonne direction. La marée se décalant vers la fin de la journée, le rendez-vous chez le toiletteur est pris pour le lendemain : Nous nous déplacerons en matinée et attendrons que la marée descende et nous aurons ainsi l’après-midi pour toiletter les flancs de notre bateau. Il ne restera alors que le dessous que nous devrons faire en apnée. En attendant, nous faisons une belle promenade sur cette plage à marée basse où nous marchons entre les racines des palétuviers, immergées la moitié du temps, ou au pied de petites falaises qui présentent une grande variété de roches. Tantôt ocres, rouges ou vertes.
Le 2 Avril au matin, nous levons l’ancre à 8 heures du matin pour nous rendre à notre rendez-vous chez le toiletteur. Certes, la séance ne commencera qu’à la mi-journée, mais il faut partir à marée haute pour éviter les récifs qui sont sur notre chemin et il faut ensuite installer la bête avant que la marée ne soit basse. Ayant visité les lieux à marée basse, nous avons pris les alignements nécessaires pour nous rendre au pied de l’arbre où Korrigan sera installé. Aujourd’hui encore, il n’y a aucun vent, cela nous facilitera la tâche. La manœuvre consiste à mouiller une ancre avant au large de l’endroit où nous souhaitons nous poser puis faire pivoter le bateau et le reculer en lâchant de la chaîne et en le hâlant avec une amarre fixée à terre. Notre ancre principale n’accrochera pas correctement à cause des nombreux galets et roches qui jonchent le fond. Il faudra aller en place une seconde en annexe pour bien aligner le nez du bateau. Ensuite, j’irai placer une amarre dans l’arbre au pied duquel Korrigan sera installé et finalement une troisième ancre plus loin à terre. Ainsi immobilisé aux quatre coins, il n’y a plus qu’à attendre pour le voir se poser sur la belle langue de sable ferme que nous avions repérée. Avant que la marée ne soit complètement basse, nous commençons par nettoyer la ligne d’eau puis lorsque le sable s’assèche, nous pouvons nous rouler dans le sable mouillé pour gratter le ventre de Korrigan. Pendant ce temps, les filles jouent dans l’eau ou à terre, profitant de cette liberté inhabituelle au « mouillage ». Heureusement, le nettoyage avance vite et nous en avons fait la quasi-totalité en début d’après-midi. Heureusement, car la chaleur devient insupportable : N’étant plus rafraichi par l’eau avoisinante, la température extérieure est insupportable : Même le teck est trop chaud pour y poser un pied. Pendant ce temps, j’en profite pour démonter et changer une vanne qui a une légère fuite depuis des mois. Rien de grave, mais je profite de l’occasion pour m’en occuper. J’inspecte aussi les anodes et profite de l’occasion pour dégripper et installer le capteur de vitesse de la centrale de navigation : Grâce à cette petite roulette, nous pouvons théoriquement connaître notre vitesse sur l’eau qui, comparée à la vitesse sur le fond donnée par le GPS permet d’obtenir la vitesse du courant. Le problème avec ces bidules, c’est qu’ils se bloquent sans cesse avec les algues et coquillages. On verra bien.
Quand le soleil commence à décliner, on ressort dehors pour fignoler le nettoyage alors que les filles jouent dans l’eau qui commence à remonter à proximité du bateau. Il faudra attendre 18 heures et donc, peu de temps avant le coucher du soleil pour que le bateau flotte confortablement et que nous puissions repartir. La manœuvre de départ est rapide car j’avais replacé à la main notre ancre principale (excellent exercice physique que de déplacer chaîne et ancre à la main dans la boue). Je peux donc ranger l’ancre secondaire avant de partir et remonter un des deux mouillages arrière. À 18h30, nous voilà revenus à notre mouillage de la veille, bien satisfaits du travail accompli et de cette journée un peu particulière.
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Isla Chapera et Mogo-Mogo (du 3 Avril au 6 Avril)
Dès le lendemain matin, nous quittons Casaya qui, à part la plage où nous nous sommes échoués, ne présente pas d’intérêt particulier. Nous voulons aller visiter l’île de Mogo Mogo où a été tournée une saison de la télé-réalité « Survivor ». En réalité, nous ancrerons près de sa voisine, Isla Chapera. Ici, changement de décor complet vis-à-vis des îles précédentes : Il y a d’autres bateaux au mouillage et, surtout, l’eau est parfaitement translucide. Enfin! Non seulement cela donne beaucoup plus envie de se baigner mais nous pourrons finir notre nettoyage en allant gratter le dessous de la coque. Pour couronner le tout, la plage est superbe : Cette belle plage de sable blanc présente à une extrémité des arbres immenses dont un est muni d’une balançoire, alors que l’autre extrémité est longée d’une belle falaise aux roches ocre, rouges et vertes, telle celle de Casaya. Les filles sont ravie de retrouver une plage, la première depuis que nous avons quitté les San Blas fin Janvier. Profitant de cette belle eau transparente, nous nous y rendons à la nage. Ça ne fait pas de mal non plus de refaire un peu d’exercice physique, autre que porter des courses!
Lors de notre deuxième visite sur cette belle plage, en fin de journée, nous serons témoin d’un spectacle magique : Les raies défilent en grand nombre au ras de la plage, dans moins d’un mètre d’eau. Ce sont de belles et grandes raies pastenagues. À notre grand ‘étonnement, elles sont attirées lorsque nous lançons des cailloux dans l’eau. Nous perfectionnons notre technique avec les filles pour les attirer le plus proche possible. Éléa, guère impressionnée, est dans l’eau à mi mollet avec un bâton à la main pour tenter de les toucher. Certaines ne passeront qu’à 50 centimètres d’elle.
Seul bémol à cette petite île idyllique, les charters locaux à la journée : Les Latinos aiment la musique forte, voire même très forte. Les bateaux arrivent le matin et déversent leurs flots de musique pendant que les passagers alternent entre deux activités : Picoler et se baigner. Rapidement, la première activité prend le pas sur la deuxième, seulement entrecoupée par des séances de « selfies » à l’avant du bateau. Ces jours-là, on est content de voir arriver 15 ou 16 heures pour les voir repartir et retrouver un peu de calme.
Le 5 Avril, nous irons découvrir Mogo Mogo en annexe. L’île présente un isthme le long duquel s’étire deux belles plages. Daphné y trouvera des beaux cowries et des graines grises qu’elle recherchait depuis longtemps, alors qu’Éléa et Phoebé font une belle collection de coquillages roses qui font légion dans l’archipel. Quant à moi, je fais connaissance d’Éric, un Québécois qui navigue sur son catamaran qu’il a construit lui-même en contreplaqué stratifié. Il a navigué pendant un moment avec sa femme et ses 2 filles avant que celles-ci veuillent rentrer au pays pour retrouver école et amies. Il est accompagné de François et Geneviève, deux de ses amis du Club Nautique de Longueuil qui l’accompagnent jusqu’aux Galápagos. Ces 2 travailleurs du cinéma vivent à mi-temps dans leur appartement du Plateau et le reste de l’année sur leur voilier, ancré à Longueuil. Les 3 sont fort sympathiques, les rares à ne pas nous faire remarquer que c’est impossible que nous vivions au Québec avec notre accent. Nous aurions bien passé plus de temps ensemble mais ils quittent dès aujourd’hui pour Contadora, l’île voisine d’où ils mettront les voiles pour les Galápagos. En effet, ils m’apprennent que, enfin, une belle fenêtre météo pointe son nez, à partir de demain.
Nous choisissons de terminer tranquillement la journée ici et de déménager demain, nous aussi, vers Contadora, île touristique et huppée où se trouvent a priori quelques supermarchés pour se ravitailler en produits frais avant de partir pour les Marquises.
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Isla Contadora (du 6 au 7 Avril):
Ce matin, changement de rythme : Fini les vacances aux Perlas, il faut se préparer au départ si les prévisions de nos compatriotes s’avèrent exactes. Nous levons l’ancre dès le déjeuner avalé et rejoignons rapidement Contadora, distante de seulement 3 miles nautiques. Dès que nous contournons l’île, nous captons le signal internet qu’ils nous ont mentionné et, en navigation, je commence à mettre en ligne mes albums photos et mes articles pour le blogue. J’ai en effet profité de notre séjour seuls dans les Perlas pour rattraper mon retard avant le Pacifique. Nous mouillons à proximité de Papillon des Mers et, peu de temps après, nous avons la visite de François et Geneviève qui nous rejoignent à la nage. Ils nous indiquent où nous pouvons trouver un peu de fruits et légumes sur l’île. Eux sont prêts à partir et lèvent l’ancre dans la matinée. En effet, les prévisions météo se confirment et nous devrions avoir une belle fenêtre météo jusqu’aux Galápagos. En outre, ils me mentionnent un site web, windy.tv qui indique aussi les courants. Je prendrai de nombreuses captures d’écran car les courants vont être un facteur important de cette navigation, non seulement dans le Golfe de Panama mais aussi dans le secteur des Galápagos : 1 nœud de courant avec soi ou contre soi fait une énorme différence : Il vaut mieux être au près avec le courant avec soi que le contraire… En fin de matinée, nous rejoignons l’île en annexe. Du mouillage, le contraste avec les autres îles est saisissant : Il y a des villas ou petits hôtels partout sur la côte devant nous. Rien d’énorme, mais vis-à-vis des îles sauvages que nous avons visitées, on a l’impression de ne plus être au même endroit. L’île n’est pas très grande et a l’air sympathique : Les seuls véhicules sont des voitures de golf électriques, les restaurants sont des petits lolos sur le bord de l’unique route qui mène de la plage à l’aérodrome. En chemin, nous trouvons aussi 3 petites épiceries à l’achalandage variable. Nous repérons tous les commerces avant de commencer à acheter, histoire de se faire une idée de ce que nous pourrons trouver. Avant de faire les courses, nous nous arrêtons manger dans un petit resto. La nourriture n’est vraiment pas extraordinaire, mais c’est le dernier avant un bon moment, alors on ne fait pas la fine bouche et on savoure notre dernier burger ou morceau de poulet. Nous remplissons ensuite nos sacs d’oranges, pastèques, tomates, poivrons, citrons, etc. avant de reprendre la route dans le sens inverse. Heureusement, celle-ci est dans une petite forêt et nous sommes partiellement à l’ombre car la chaleur est toujours étouffante et les sacs sont lourds. Sur le chemin, une voiture de golf s’arrête et nous embarque jusqu’à l’hôtel au pied duquel nous avons laissé notre annexe. C’est tellement pratique de voyager avec des enfants! De retour au bateau, nous avons à peine le temps de ranger nos provisions que nous voyons arriver Minh, le catamaran de Charles-Henri. Il nous avait contactés sur l’iridium la veille pour venir nous rejoindre. Il a enfin passé le canal après une interminable attente, malgré les services d’un agent. Nous passons une partie de l’après-midi ensemble et prenons l’apéro avec lui et son équipier, un homme vivant à Tahiti et venu l’aider à faire la traversée. Eux aussi devraient quitter demain car son acolyte commence à être pressé par le temps après la longue attente pour le canal.
De notre côté, nous profitons au maximum de la connexion internet avant le départ et commençons à ranger le bateau en prévision de notre longue transhumance qui commence demain. C’est étonnant à quel point nous sommes sereins avant ce long voyage, comparativement à la traversée de l’Atlantique. Il faut dire que nous avons passé plusieurs semaines au Panama à nous y préparer. En outre, nous avons quelques miles en plus d’expérience et une bien meilleure connaissance de notre bateau. Au lit! Et tâchons de dormir sur nos deux oreilles car c’est la dernière nuit complète que nous ferons avant au moins un mois !
2021 bientot 2022 et il y a presque 5 ans maintenant vous passiez panama (si c’est bien mars 2017). Que d’aventures depuis. et c’est etonnnant de voir la serenité que vous aviez avant de commencer la traverséee du pacifique. Bonne année 2022, et bonne suite dans le voyage qui dure plus longtemps qu’initialement prévu. Ca prendra le temps que ca prendra…