Le 22 au matin, nous sommes prêts à partir dès le déjeuner avalé mais une succession de grains bien mouillés nous gardent à l’ancre jusqu’en milieu de matinée. Le vent n’est pas vraiment de la partie aujourd’hui et nous devrons avancer au moteur une bonne partie des 30 miles qui séparent Taihoae de Hakahetau, notre destination sur l’île d’Ua Pou. Malgré tout, nous ne sommes pas fâchés de faire du moteur car cela nous permet de faire de l’eau et de recharger quelque peu nos batteries, bien mises à mal depuis que nous sommes aux Marquises. L’arrivée sur Ua Pou est grandiose car la première vue que l’on en a est celle des immenses pitons volcaniques qui transpercent les nuages accrochés sur l’île. Ces formations volcaniques, très rares, doivent leur existence à la phonolite, sorte de magma cristallisé qui se solidifie rapidement. Souvent, ces pitons sont rapidement détruits par l’érosion ou l’explosion de poches de gaz sur lesquelles elles reposent. Ua Pou a eu la chance de conserver les siens.
Cette navigation lente nous fait arriver en fin d’après-midi au mouillage d’Hakahetau, relativement calme pour le moment. Bien que largement moins connue que la baie des Vierges à Fatu Hiva, la vue que l’on a de ce mouillage est du même calibre : En arrière-plan, les grands pitons volcaniques émergent de la forêt alors qu’au premier plan se dressent sur le rivage de belles falaises ocres. Ce sont les restes de lahars, coulées de boue volcanique pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres. Il en résulte une roche stratiforme ocre et brune très friable. De la baie, comme souvent, le village est quasiment invisible. Seul un toit d’église flambant rouge émerge de la verdure. Le quai de débarquement est tout neuf et d’une taille capable d’accommoder les gros navires de ravitaillement. Bien qu’imposant, il ne peut complètement arrêter la houle et les enfants du village en profitent pour s’offrir de belles glissades lorsque la mer se retire sur la cale à bateaux.
Avec une bonne fenêtre météo pour les Tuamotus dans 2 jours, nous n’avons que peu de temps sur l’île et il faut malheureusement aller à l’essentiel : Trouver de bonnes provisions de bananes, citrons et pamplemousses et rendre visite à Manfred, un vieil Allemand qui vit dans les hauteurs et fabrique du chocolat. En nous baladant dans le petit village, très peu animé, nous rencontrons Piu. Il est très gentil et se propose de nous emmener le lendemain chez Manfred, qui s’avère être marié avec sa tante, puis de passer le reste de la journée à une belle cascade. Pour parfaire le tout, il pourra nous fournir des fruits le lendemain. Comme tout est facile aux Marquises! Pour aujourd’hui, il nous emmène jusqu’à l’inévitable site historique. Celui-ci, comme souvent, est une reproduction récente pour un festival mais semble être là depuis des millénaires tant la nature a repris ses droits en une dizaine d’années.
Le lendemain matin, nous retrouvons Piu et nous voilà partis pour une journée en forêt. Nous longeons la rivière, passons le site historique et le départ du chemin vers la cascade avant de monter dans la montagne et atteindre le terrain de Manfred. C’est heureusement une belle marche dans la forêt car la rencontre avec le vieil homme ne fut pas si plaisante : Peut-être du fait de la rareté des interlocuteurs, il s’écoute parler, émaillant son discours de remarques déplaisantes à l’égard de nos amis Israéliens et ne répond à aucune de nos questions au sujet du cacao. C’est pourtant bel et bien ce qui nous intéresse, nous, amateurs de chocolat et apprentis dans la transformation du cacao. Cependant, l’homme n’est pas chiche dans la dégustation du chocolat et nous nous régalons de son chocolat, au grain assez gros et au goût riche en cacao. Nous abrégeons les récits d’exploits vieux d’un demi-siècle et les explications sur les techniques de combat du KGB pour nous diriger vers la cascade où une bonne baignade nous attend. La cascade est magnifique avec un beau bassin à son pied pour se baigner. Le seul ennui, ce sont les moustiques. On prend quand même le temps de nous baigner, pique-niquer et relaxer un peu avant que les maudits insectes nous chassent sans pitié.
De retour au village, nous nous rendons chez Piu où nous prenons livraison de deux régimes de bananes, un sac de pamplemousse et un autre de citrons. Idem pour Maïa. Autant dire que la brouette de Piu et tous nos bras sont réquisitionnés pour ramener tout cela au quai. La maison familiale de Piu est un modeste bungalow en contreplaqué, comme souvent aux Marquises avec un beau terrain plein d’arbres fruitiers… et les magnifiques pitons en arrière. Une image parfaite du paradis simple des Marquisiens. Nous redescendons au port tous ensemble avec Piu où nous resterons un moment une fois les victuailles ramenées à bord. Les 4 filles jouent dans l’eau et se sont jointes aux enfants du village pour glisser dans les vagues pendant que nous improvisons un petit apéro sur le quai sous les belles couleurs de fin de journée. Nous avons troqué notre plein de vitamines avec Piu contre un sac à dos, une bouteille de rhum et quelques autres articles. Timide, il ne manifeste pas grand engouement mais nos amis Victor et Julie qui, plus tard, passeront un mois à Ua Pou nous dirons que Piu ne quitte plus jamais son nouveau sac à dos et son bracelet que Daphné lui a offert.
La météo confirme 3 à 4 jours de vent modéré et favorable pour les Tuamotus avant que le vent ne se renforce solidement, idéal pour le kite, mais pas pour une navigation confortable. Nous décidons donc de partir dès le lendemain matin, en n’ayant qu’effleuré ce joyau qu’est Ua Pou. Notre séjour aux Marquises se termine après 7 semaines qui nous laissent une liste non négligeable d’endroits que nous n’avons pas eus le temps de découvrir ou qui méritent d’y passer plus de temps. Cependant, notre esprit est déjà en route vers les Tuamotus où nous aspirons à des mouillages calmes dans les lagons et à des journées remplies de sports nautiques.
Situation a Montreal.
Echangeur Dorval toujours loins d’etre achevé…
Les belles iles des caraibes que vous avez visité l’an dernier sont dramatiquements differentes. Tres triste toute cette souffrance.
Sinon notre 1er ministre est entrain de tout sacager avec ces nouvelles lois.
Rob
Les Marquises me font rêver, merci pour toutes les photos sur cet article et les précédents. Bravo pour le parcours déjà parcouru.