Nous voyageons désormais à 3 bateaux avec les « El Caracol » et il s’est créé une belle dynamique entre les 3 bateaux, aussi bien chez les enfants que les adultes. Notre prochaine escale s’appelle Tahanea. Cet atoll inhabité nous offrira tous les charmes de l’atoll sauvage avec ses kaveu, les fameux crabes de cocotiers et sa profusion de cocotiers dont on sait tirer de plus en plus de mets. Ceci n’est qu’une mise en bouche car un article sera consacré à se nourrir dans les atolls. Excités par l’expérience de camping de Makemo, les enfants veulent construire un campement. Avec des palmes tressées par Daphné, Michal et Cath et du bois, nous construisons une hutte assez grande pour y coucher 4 personnes. Éléa et Émilie, elles, se sont fait un beau petit jardin autour de notre tente où elles se sont installées (et ceci est lourd de sens!). Malheureusement, l’expérience sera de courte durée car les enfants seront chassés du campement par la pluie et surtout les rats. Ils demandent un rapatriement sur les bateaux à la VHF au milieu de la nuit et il en sera terminé du camping! L’environnement de notre mouillage sur un fond de sable de moins de 2 mètres est magnifique mais les conditions de vent pour le kite sont mauvaises. Nous rejoignons alors un mouillage un peu plus haut sur la côte où sont déjà quelques bateaux de kite surfers. Nous y ferons connaissance d’Adrien, prof de kite itinérant sur son petit 29 pieds, d’Antoine, champion de France de kite en freestyle et de plusieurs autres voyageurs fort sympathiques. Les périodes de vent et de calme alternent avec régularité jusqu’à maintenant et nous profitons de ces dernières pour s’adonner au snorkelling ou à la chasse sous-marine. Les heures moins chaudes de la journée sont consacrées à la chasse aux coquillages, dont les plus beaux seront ajoutés à la collection personnelle de chaque bateau ou utilisés dans le prochain projet de macramé. Daphné déborde de créativité dans ses bijoux en macramé et coquillages, avec l’émulation d’un groupe de « macramistes » qui se retrouve tous les soirs.
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Après 3 semaines passées à Tahanea, nous mettons les voiles pour Fakarava qui a la réputation d’offrir de belles plongées dans ses passes et aussi un bon spot de kite à sa pointe Sud-Est. Fakarava est un grand atoll, de plus de 50 km de long dont le village est situé complètement au Nord. Celui-ci est calme, plein de charme avec ses maisons modestes mais pittoresques baignées par les eaux cristallines du lagon. Partout, le long du rivage, on retrouve des grands pins qui poussent étonnamment près de l’eau de mer. La belle église qui trône au centre du village a été construite entièrement en blocs de corail et dont le bénitier est….un vrai bénitier, un spécimen géant du coquillage qui croît dans le corail du lagon.
Pour profiter du village, il faut composer avec la météo : Comme le vent dominant vient du Sud-Est, le lagon devient très agité au Nord et le mouillage du village impraticable. Il faut bien synchroniser les déplacements vers le village lorsque le vent se calme…. et revenir avant qu’il se relève pour ne pas avoir à l’affronter sur toute la longueur de l’atoll pour aller se protéger au Sud. Heureusement, à mi-chemin, se situe le Pakokota Lodge, une petite pension tenu par un couple à moitié Polynésien, Mathieu et Agnès. Ils font aussi du « Yacht Service » en offrant des mouillages gratuits avec accès internet et divers services comme le remplissage du gaz, la lessive, le taxi pour faire les courses au village ou chez les maraîchers voisins. Sur demande, ils préparent le souper sous forme d’un délicieux buffet qu’ils partagent avec nous. Les liens se créent rapidement et nous apprenons beaucoup sur la culture des Tuamotus avec eux. Les filles trouvent chez Anihila, leur petite fille, une petite cousine de remplacement à chaque passage alors qu’Agnès devient la meilleure cliente de Daphné dont elle adore les créations en macramé et coquillages.
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Au cours de notre long séjour à Fakarava, presque 2 mois, nous ferons de nombreux passages chez Mathieu, pensant toujours que cela serait la dernière… Mais cela était sans compter sur la vigueur du Mara’amu, le vent du Sud qui peut souffler très fort pendant les mois d’été et qui nous a offert des semaines entières de kite presque sans relâche pendant ces 2 mois. Nous avions alors nos quartiers, à Hirifa, charmant motu hérissé de cocotiers derrière lequel les bateaux sont bien abrités du Mara’amu. À terre, un petit snack souvent fermé mais gardé par Gek, un Polynésien au grand cœur qui prendra aussi bien soin des enfants sur l’île que de nous. Avec lui, les enfants avaient de l’eau de coco à volonté, l’aidaient à bruler les palmes de coco sèche. Outre les repas qu’il a organisé pour nous dans le snack, il nous a aussi appris à faire le firi-firi, beignets de coco, à chasser les crabes de cocotier et les langoustes. Les enfants passaient souvent leur journée sur le motu où bébés chats et cochons ou jeux dans la cocoteraie ou dans le lagon les occupaient jusqu’au soir pendant que nous faisions du kite sur un petit banc de sable situé à ½ mile de là. Le groupe de kiteurs s’agrandit avec la rencontre de « L’Avenir », un équipage Autrichien de 3 kiteurs, les parents et leur fils de 15 ans. En prenant des cours avec Adrien que l’on avait rencontré à Tahanea, Phoebé progresse rapidement et c’est maintenant nous qui continuons les cours, en annexe. C’est ironiquement dans ce décor tropical de rêve que nous aurons le plus froid. Dans l’hémisphère Sud, le vent du Sud est froid car provient des dépressions qui tournent autour de l’Antarctique. Les gros pulls et les chocolats chauds étaient de rigueur le soir. Les adolescents occupaient un bateau, souvent pour regarder des films alors que les adultes se répartissaient sur les 2 autres bateaux pour les activités quotidiennes post-kite, backgammon et macramé, comme il y a un an dans les Grenadines.
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Nous ferons quelques plongées dans la passe Sud. Nous ferons plusieurs plongées dérivantes en se faisant déposer par un dinghy à l’extérieur. Le fond est une vallée de corail interminable à qui succède de grandes langues de sable puis des grottes dans le tombant. À tous les étages, la vie marine abonde, poissons du large comme poissons de lagon au milieu desquels règnent des centaines de requins. Ils sont par dizaines dans les zones les plus profondes alors que nombre d’entre eux nagent seuls un peu partout. Leur comportement n’est pas inquiétant et ils ne sont pas stressants en plongée en bouteille. On les retrouve aussi partout autour des bateaux en surface, en particulier si un poisson a été chassé dans le coin ou nettoyé. Ici, les sorties de chasse sous-marine furent épiques car les requins sont si nombreux que l’on a que quelques secondes pour sortir le poisson de l’eau avant que le premier requin ne soit sur les lieux. On nage ensuite avec le poisson hors de l’eau et plusieurs squales désemparés sous les palmes qui ne trouvent aucune proie.
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Notre dernière escale dans les Tuamotus fut Toau, parenthèse de 10 jours entre 2 séjours à Fakarava. Nous y dénichâmes un joli petit motu que nous avons investi pendant quelques jours, le temps de préparer la fête et de célébrer l’anniversaire de Phoebé. Avec d’excellents filets de mérous chassés la veille et grillés sur la plage et surtout une profusion de desserts, Phoebé a eu une belle fête d’anniversaire avec tous ses amis, au beau milieu du Pacifique. Pour ses 11 ans, on lui a chanté « Joyeux Anniversaire » en Anglais, Hébreu, Allemand, Portugais et Français! C’est ça aussi la magie de la vie en bateau, surtout avec des enfants.
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Nous changeons de mouillage pour profiter des beaux fonds situés près de la passe. Nous Malheureusement, notre séjour sur cet atoll se terminera sur une note bien moins positive car nous attraperons tous les 4 la Ciguatera. Cette toxine trouvée dans certains poissons s’évacue lentement du corps, nous laissant entre temps sans forces comme une grippe avec en prime de nombreux symptômes nerveux comme des démangeaisons, altération du toucher, sensation de brûlure au contact de l’eau, etc. Cette malheureuse expérience mit un sérieux coup de frein à mes activités de chasse sous-marine qui me passionnait toujours plus après chaque sortie.
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Je complèterai dans les semaines à venir mon récit sur les Tuamotus par plusieurs articles thématiques qui, je le souhaite, seront plus intéressants qu’une narration chronologique.
C’est vraiment le paradis , sauf peut être la ciguatera….Bravo et merci Pour ce beau récit et les « trop belles photos . »
Bon vent à tous .
Quel plaisir pour nous de repartir vers le rêve en vous lisant. Les photos sont splendides et le texte toujours très intéressant.
Bonne continuation de voyage et bien amicalement.
Josiane & Mervyn (amis de Catherine)