Tahiti – Accueil des invités
Nous restons à la Pointe Venus pour accueillir Catherine et Bertrand. Ils ont loué une voiture à l’aéroport et nous rejoignent le 17 au matin. Si l’endroit est pittoresque et dépaysant pour eux, ce n’est pas l’endroit le plus aisé pour venir à bord. En effet, avec la grosse houle qui sévit en ce moment, il y a énormément de courant autour de la pointe Vénus, en particulier pour un petit dinghy chargé. Pour rester dans l’ambiance tropicale, nous faisons un barbecue de poissons perroquets que nous ont donné des pécheurs. Même si on voit encore de temps en temps une vague massive déferler sur le banc de sable qui ferme la baie, la houle commence à se calmer et le bateau ne roule pas trop. Heureusement, car lorsqu’on n’est pas amariné, c’est assez radical pour donner le mal de mer. Le lendemain, les filles partent avec leurs grands-parents visiter la côte Nord, comme nous avions fait avec mes parents en Novembre. Pendant ce temps, nous allons kiter avec les Maïa et Antoine au Motu Martin après avoir bravé courant et vagues en annexe pour nous y rendre. Les jours suivants, nous serons à nouveau que deux à bord car Catherine, Bertrand, Phoebé et Éléa partent passer 2 jours au Vanira Lodge, petit hôtel offrant un hébergement dans des bungalows de style Polynésien situé au Sud, à l’entrée de Tahiti Iti. Ils veulent en effet profiter de ce début de séjour pour découvrir Tahiti car ils repartiront de Bora Bora : Cela allongera le séjour dans les îles sous le vent car le retour vers Tahiti peut être long ou très dépendant des conditions météo.
Le 21 Janvier, nous revenons vers la marina Papeete en étrennant notre beau génois tout neuf. Fabriqué en France à la voilerie Sails Concept à Vannes, comme les autres voiles que j’ai remplacées. C’est le jour et la nuit entre les performances de notre vieux génois de plus de 15 ans complètement défoncé et cette voile à coupe tri-radiale et fabriquée avec des fibres sans étirement (Hydranet). Dans les jours suivants, je ferai un heureux en donnant nos deux vieilles voiles à une famille qui vient d’acheter un vieux bateau et dont les voiles viennent d’exploser dans un grain. Ce court séjour à la marina du centre-ville permet à nos invités de rencontrer nos amis des bateaux Maïa, Let It Be et Happy Squid et surtout de visiter Papeete. Eux aussi sont charmés par le marché, les perles… et l’atmosphère des roulottes Tahitiennes (Merci à Bertrand d’avoir élégamment fait baisser le son à un groupe de bigots d’une obscure église venus prêcher sur la place publique!!).
Les Photos
Moorea (du 23 au 29 Janvier)
Après cette petite semaine Tahitienne, il est temps de mettre les voiles pour Moorea et faire découvrir la navigation à nos invités. Une fois de plus, le vent est bien changeant dans le chenal de Moorea mais le vent se montre plus généreux pour remonter le long de la côte Ouest de l’île vers Haapiti. Nous mouillons assez loin dans le lagon pour nous rapprocher de la pension Tarariki où grands-parents et petites filles vont aller passer quelques jours. D’abord quelque peu surpris par l’apparence du propriétaire (un Popa’a couvert de tatouages) et le confort rustique des bungalows de la pension, ils tomberont sous le charme de l’endroit dès le premier soir. Le propriétaire est très bon cuisinier et il est secondé par un homme à tout faire, Heirami, un Paumotu super gentil. Comme beaucoup de Polynésiens que nous avons rencontrés, il a fait la légion étrangère, mais a aussi été danseur au Tiki Village. Il est assurément un excellent danseur et notre petite nièce Maïa, en Facetime, aura une expérience assez incroyable à 2 ans, de voir cet homme tatoué, vêtu d’un seul pagne, faire la danse du cochon devant le iPad! Bouche bée, quelque peu apeurée, elle se tourne vers Océane, sa maman et demande « Elle est où, Mamie? ». Heirami nous apprendra dans les jours suivants à faire le lait de coco en râpant la noix avant de presser la pulpe. Il nous montrera aussi à « récolter » les bénitiers et les préparer. Nous passons ainsi quelques jours délicieux entre le lagon où nous kitons un peu dans du vent léger et la pension Tarariki où nous profitons de la vie polynésienne, les pieds dans le sable. À regret, nous quittons Haapiti pour rejoindre la côte Nord de Moorea où nous allons ancrer à proximité de la baie d’Opunohu. Cette fois-ci, nous délaissons notre mouillage habituel pour s’approcher de « Ray City », ce banc de sable peu profond sur lequel viennent de nombreuses raies pastenague. Attirées ici depuis longtemps par les guides touristiques qui les nourrissent, ces grandes bestioles sont devenues très affectueuses et viennent se coller, se frotter à nous, en quête de nourriture. Elles sont très douces au toucher et se laisser caresser. C’est toute une expérience de se faire à moitié recouvrir par une ou plusieurs raies! C’est aussi sans compter les nombreux petits requins pointes noires qui se faufilent entre nous, eux aussi en quête de nourriture.
La Vidéo
Les Photos
Le reste de ce court séjour à Opunohu sera employé à aller snorkeler autour de Tikis sous-marins, des statues qui ont été immergées pour créer une attraction sous-marine, mais aussi à jouer au dentiste : En effet, comme l’an passé, Bertrand a emmené dans ses bagages sont kit de dentiste baroudeur. Cette fois-ci, l’installation est plus robuste car l’air comprimé est fourni par une bouteille de plongée qui a une réserve largement suffisante pour permettre à tout le monde d’avoir sa visite de contrôle. Éléa aura même le droit de se faire arracher une dent de lait récalcitrante par sa grand-mère, munie seulement d’une pince à épiler (mais d’une anesthésie locale!).
Les Photos
Huahine (du 30 Janvier au 7 Février)
Finalement, le 29 Janvier, nous prenons la mer en milieu d’après-midi pour rejoindre Huahine. À cette saison, il ne faut pas être trop regardant sur les conditions météo pour partir. Par contre, nous voulons rejoindre les îles sous le vent rapidement car du mauvais temps est annoncé. À Huahine, nous trouverons protection beaucoup plus facilement qu’ici car l’île offre des mouillages abrités de toutes les directions de vent. La navigation est tranquille, au près dans du vent léger qui finit par nous abandonner et nous laisser finir au moteur. Une dépression arrive sur nous et devrait envoyer du vent de secteur Ouest très fort. Nous allons donc nous abriter sur la côte Est de Huahine où nous devrions être bien protégés, même si le vent tourne car un gros motu assez haut ferme le lagon et nous protège aussi du secteur Est. Nous faisons rapidement la rencontre de Bob et Martine qui en sont à leur deuxième tour du monde et connaisse très bien l’île. Ils nous donnent l’adresse d’un ami qui loue une maison dans le village de Fare. Ce sera idéal pour les grands-parents et petites filles pendant que le mauvais temps passe. En effet, si nous attendons du vent fort, la pluie va aussi se déchaîner sur nous, réduisant considérablement l’espace de vie sur Korrigan… et le confort quand tout sera trempé. Dès le lendemain, la pluie arrive et c’est rapidement le déluge. Je reste à bord avec Éléa pendant que les autres vont à terre pour organiser le séjour. Manque de chance, l’antenne téléphonique la plus proche est en panne et les pauvres devront marcher pendant des kilomètres pour obtenir une connexion téléphonique et ainsi louer une voiture et la maison proposée. Pendant les jours suivants, nous essayerons de tirer avantage des journées les moins moches pour se balader sur l’île. Outre les sites touristiques que nous avons déjà vus lors de notre premier passage, nous passerons un agréable moment à la maison du paréo où nous apprendrons comment ils sont fabriqués. Nous nous exercerons même à les peindre alors que les filles trouvent leur bonheur en s’occupant de deux gentils minous. Nous ne manquons aucune occasion de caresser des chats lorsque nous en trouvons. Notre Grominou nous manque! Entre temps, je prépare le bateau au coup de vent qui doit arriver, alors que les filles et Catherine s’amusent à faire un défilé de mode de paréos dans la maison de location ou encore à se transformer en Hinano, la célèbre polynésienne à 4 orteils présente sur les bouteilles de bière du même nom.
Les Photos
La dépression attendue ne sera pas aussi violente que les prévisions ne le laissaient penser, le vent ne dépassant pas les 30 nœuds dans notre mouillage. À la première accalmie, nous contournons l’île par le Nord pour rejoindre le mouillage du village où nous serons beaucoup plus proches de la famille. La chance nous sourit car les prochains jours seront plutôt beaux, nous permettant de profiter de cette île pleine de charme. Cette fois-ci, nous visiterons le petit musée du coquillage situé non loin du village. Il s’agit en fait d’une collection privée d’un Français établi ici (un de plus qui vit son rêve Polynésien, ils sont nombreux à Huahine). Sa collection est très impressionnante, ainsi que sa connaissance du sujet.
Les Photos
Le beau temps est de la partie, mais la forte houle de Nord-Ouest rend le mouillage du village très inconfortable. Nous nous enfonçons donc plus loin dans le lagon, vers le Sud afin de nous ancrer devant la petite plage de Teapaa où nous avions brièvement rencontré Siki, le gardien de la plage, lors de notre premier passage. Cette fois-ci, le timing est bon et nous acceptons sa proposition de passer la journée du lendemain ensemble sur la plage. Nous passerons une superbe journée, sous le soleil, à apprendre à tresser des corbeilles en palmes de cocotier, à préparer des petits pains au coco et à les faire cuire sur des feuilles, etc. La bourre des cocos utilisées pour la fabrication des petits pains est tout de suite utilisée pour allumer un feu sur lequel cuira un uru (fruit à pain). Il est toujours aussi étonnant de voir à quel point les Polynésiens sont gentils et désintéressés. Partout ailleurs, nous aurions payé pour une journée comme celle-ci. Siki refuse et, en surcroît, nous donne des bananes, avocats et autres papayes. Encore une belle leçon de vie dans un monde où l’on cherche à faire argent de tout.
Notre répit sera de courte durée car une nouvelle vague de mauvais temps arrive et nous pousse vers notre prochaine destination, Tahaa, pendant qu’il en est encore temps. Si nos invités ont su habilement jongler pendant une semaine pour profiter de Huahine malgré la météo médiocre, nous ne voulons pas être coincés ici une autre semaine.
Les Photos
Tahaa (du 7 au 15 Février)
Lorsque nous approchons de la large passe située au Sud de Fare, nous sommes rapidement mis au parfum : La houle du Nord-Ouest dépasse les 4 mètres et le vent est établi dans les 20-25 nœuds. Ça va être sportif. Cette passe est néanmoins praticable car elle est très large et profonde : C’est celle qu’empruntent les paquebots de croisière. Il faut juste avoir confiance en notre moteur car dès que nous pénétrons, l’île disparaît derrière le mur d’eau que nous venons de franchir. Désormais, nous n’avons plus d’autre choix que d’aller en avant et s’éloigner au plus vite de la barrière de corail. La navigation, avec 2 ris et la trinquette, sera rapide. Les conditions ont rapidement raison de Catherine qui ne se réveillera qu’une fois arrivés dans le lagon. Par contre, Bertrand, contrairement à ce que nous pensions, a du plaisir et sera mon compagnon de navigation pour celle-ci et la suivante vers Bora Bora. Lorsqu’il ne surveille pas la vitesse qui aujourd’hui dépasse allègrement les 7 nœuds, il se plaît à contempler le spectacle des vagues entre lesquelles nous nous faufilons ou bondissons. Peut-être, est-ce pour tromper le mal de mer, mais cela fonctionne! Entre 2 grains, nous négocions facilement l’entrée dans la passe Toahotu et pénétrons dans le lagon de Tahaa. Nous devons désormais contourner l’île par le Sud puis remonter sur la côte Est et trouver refuge dans la baie Hurepiti. Pour le moment, Korrigan y sera bien protégé, sur un corps-mort privé appartenant à la famille Plantier arrivée à la voile à Tahaa il y a plus de 30 ans. Ceux-ci proposent un tour guidé de l’île appelé le Vanilla Tour. Peu après notre arrivée, le déluge s’abat sur nous (voir la photo d’entête de l’article) et il nous fera attendre 2 jours avant que la pluie nous permette de visiter l’île. C’est désormais Noé, le fils, qui prend le volant du Land Rover pour faire la visite guidée de l’île. D’humeur joviale et réellement passionné par son île adoptive, il s’avèrera un excellent guide, informatif, attentionné et drôle. Après avoir visité la magnifique propriété familiale (voir photo ci-contre) où de simples mais élégants fare traditionnels trônent au milieu d’un terrain joliment arboré, nous partons à la découverte de Tahaa. Notre première étape est la visite d’une vanilleraie. Contrairement à celle de Huahine qui était installée dans une sorte de serre grillagée, ici, la vanille pousse en plein champ, sur des tuteurs naturels. La vanilleraie appartient à un jeune couple de français qui ont eux aussi trouvé leur petit coin de paradis ici. Décidément, sur chaque île de Polynésie, on trouve des français, en quête du rêve Polynésien, qui se sont installés et vivent de leur passion, paréo, coquillage ou distillerie à Huahine, écotourisme, vanilleraie, ferme perlière ou rhumerie à Tahaa, par exemple. En effet, après plusieurs pauses pleines d’explications sur les plantes locales, nous terminons notre périple par la visite de la rhumerie Manutea, montée par un vétéran de l’industrie vignoble bordelaise. Outre la canne à sucre qu’il fait pousser sur des terres qu’il a acquises, il a impliqué de nombreux cultivateurs locaux dans le projet sous forme d’une coopérative qui alimente la rhumerie en canne. Un très beau de projet qui aide l’économie de cette petite île et produit d’excellents rhums!
Après le Vanilla Tour, nous aurons le temps de nous rendre à la ferme perlière située à la pointe Sud de l’île, avant que le mauvais temps ne revienne et nous force à nous trouver un abri sérieux. En effet, c’est une queue de cyclone qui nous arrive dessus la semaine prochaine. En attendant, nous visitons la seule et unique ferme perlière digne de ce nom des îles sous le vent. Ce sont aussi des français, arrivés en bateau il y a quelques dizaines d’années qui ont relancé cette activité. Eux aussi, se sont créé un beau petit coin de paradis sur un terrain magnifiquement arboré et longé d’une belle plage, idéale pour le kite…. que pratique la deuxième génération. Pour notre part, aussitôt la visite de la ferme terminée, nous décampons pour aller nous cacher dans la baie la plus profonde de Polynésie, la baie Haamene. Celle-ci, sinueuse et s’enfonçant de 4 kilomètres dans le cœur de l’île nous offrira une bonne protection. À l’entrée de la baie, il y a une grande pension qui offre un hébergement en bungalows. Catherine, Bertrand et les filles y séjournerons pendant 4 jours, le temps que la tempête passe. Ils feront néanmoins quelques balades avec la voiture qu’ils ont louée. Les filles sont contentes car elles dorment dans une maison, passent du temps avec leurs grands-parents et ont même de mignons petits chiens comme compagnons de jeu à la pension. Je resterai toute cette période à bord, à serrer les dents (et les fesse !) à chaque rafale qui frappe Korrigan de part et d’autres. Plusieurs mini-tornades se forment aussi dans la baie et viennent tout balayer sur leur passage. Cependant, cela est mieux que sur la côte Ouest de l’île où les quais sont arrachés et certains arbres à terre, couchés par un vent soufflant à plus de 50 nœuds. En tout cas, nous retiendrons que les îles sous le vent offrent de nombreux abris en cas de mauvais temps, avec des mouillages abrités des vents de toutes directions.
Les Photos
Bora Bora (du 15 au 27 Février)
Dès le plus gros du mauvais temps passé, nous mettons le cap sur Bora Bora que nous atteindrons en moins de 8 heures, au terme d’une belle navigation. Comme la navigation précédente, nous avons une invitée knock-out dans la cabine et un autre qui s’émerveille comme un enfant du paysage marin qui défile sous ses yeux. Cette fois-ci, nous allons directement au mouillage que nous avions pris en arrivant lors de notre premier passage à Bora. On espère aller souper au fameux « Bloody Mary », restaurant les pieds dans le sable qui semble très réputé. Il n’en sera rien car nous nous ferons jeter par l’hôte d’accueil du restaurant qui, tout polynésien qu’il est, prend des airs de parisien arrogant (ce n’est pas rien!), arguant, devant une salle de réception vide, que nous aurions dû réserver. Un petit tour sur TripAdvisor nous confirme que ce n’est pas (juste) à cause de notre apparence (Ouf !), l’homme semble être coutumier du fait. Nous nous régalons à bord d’un délicieux sashimi et remettons notre sortie au restaurant à plus tard. Le lendemain, nous faisons un bref arrêt au village avant de nous rendre dans le lagon de Bora et nous ancrer devant le Saint Régis. Il ne reste malheureusement que 4 jours à nos invités avant de reprendre l’avion et cette fin de séjour sera un peu triste car le temps reste moche et ne leur offre qu’une pâle image du magnifique lagon de Bora. Sous la pluie ou sous un ciel gris, le charme du lagon n’opère pas. Pendant la journée la plus pluvieuse, nous irons passer la journée dans un des rares hôtels ouverts aux visiteurs. Même cela sera décevant, en particulier le menu. Nous quitterons malgré tout le lagon sous une bonne note en les emmenant snorkeler dans le jardin de corail où l’abondance et la beauté des poissons ne connaît pas le mauvais temps. Ironiquement, le 20 Février, jour de leur départ, le ciel est bleu et le soleil généreux. Le cœur gros, c’est seulement dans la navette maritime de l’aéroport qu’ils verront le beau bleu turquoise du lagon et ses jolis motus de sable blanc.
Les Photos
Après les séparations, nous décidons d’aller nous ancrer derrière le motu Toopua, situé à proximité de la passe. Cet endroit nous a été conseillé par un guide/plongeur qui travaille ici pour l’observation des raies Manta. Nous resterons presqu’une semaine sur ce mouillage où se succèdent à un rythme effréné voilier de charter et bateaux remplis de touristes venus voir les raies Manta. Pour notre part, nous irons nager chaque matin avec elles. Entre deux matières scolaires, on connaît pire récréation que cela. Ces gentils monstres marins sont habitués à la présence humaine et nous pouvons les observer longuement.
La Vidéo
Après cette belle semaine (sans un nuage ni une goutte de pluie…), nous profitons d’une mer calme pour nous diriger vers Maupiti, située quelques 30 miles nautiques dans l’Ouest de Bora Bora.
Laisser un commentaire