Tahiti – Marina de Papeete
En l’espace de 2 jours, nous passons de 6 personnes à bord à 2 : Faute de place dans le même avion que mes parents, les filles partent le jour suivant. Nous profitons largement de la voiture de location des Maïa pour ces allers-retours à l’aéroport, toujours à des heures incongrues. Bien que Korrigan se soit vidé de la majorité de ses occupants, nous ne sommes pas seuls car nous retrouvons à la marina Maïa et Happy Squid. Ces derniers sont déjà installés à Tahiti depuis quelques mois dans le but d’y travailler et y ont déjà leurs habitudes tahitiennes, que nous ne tarderons pas à prendre. En cette période cyclonique qui est la basse saison touristique, les tarifs de la marina du centre-ville sont rendus accessibles et de nombreux bateaux sont venus s’y installer pour plusieurs mois.
Même si nous sommes réveillés le matin par le bruit des voitures circulant sur l’artère principale de Papeete qui passe en front de mer, nous apprécions ce petit séjour urbain de 2 semaines. L’environnement direct de la marina est agréable car celle-ci jouxte un beau parc paysagé. Beaucoup de personnes viennent y courir ou s’y promener. Ce parc abrite aussi un club de Va’a, ces pirogues traditionnelles polynésiennes. À Tahiti, on se rend rapidement compte que le Va’a est le sport national, faisant de Tahiti le seul territoire français où le football n’est pas le sport numéro 1! Il y en a de toutes tailles, de 1 à 6 places, pour la vitesse comme pour surfer les vagues. À Tahiti, les bateaux affutés et le carbone ont remplacé le bois et le métal des vieux Va’a rafistolés que l’on voyait aux Marquises ou dans les Tuamotus. Tous les soirs, nous les voyons glisser sur l’eau du lagon de Papeete. Si la carrure des rameurs trahit l’effort physique que requiert ce sport, les coques ultra-minces des Va’a semblent glisser sans effort.
La marina étant située en plein centre-ville de Papeete, nous nous pouvons allier facilement travail sur le bateau et plaisir de se promener au marché, aux magasins de perles, au salon artisanal de Noël ou encore aller manger dans une des fameuses « roulottes » tahitiennes. Les roulottes sont des camions-restaurants qui s’installent à Papeete sur une grande esplanade en bord de mer. Il y en a une dizaine tous les soirs, pour tous les goûts. Rares sont les soirs où les copains ne sont pas tentés pour aller « roulotter » et se régaler de tartares de thon, sashimis ou steaks accompagnés de monstrueuses portions de frites. On trouve même à Papeete « Les 3 brasseurs » que les Français ou Montréalais connaissent bien (spécialité de « Flamenkueche » alsaciennes et de bière brassée sur place). Bref, le centre-ville de Papeete est bien agréable et parfait pour renouer avec les plaisirs et la simplicité de la vie à deux. En réalité, nous sommes très agréablement surpris par Papeete car nous nous attendions à une ville similaire à Pointe-à-Pitre ou Fort-de-France, c’est-à-dire une mélange de ghettos et de vieux bâtiments en état de délabrement avancé. Certes, le centre-ville porte encore les stigmates de l’architecture des années 60 et 70 avec d’affreux blocs de bêton en mauvais état mais de nombreux investissements ont été fait depuis pour rénover le centre-ville et cela paraît. À ce sujet, nous avons été témoins d’une manœuvre assez étonnante pour obtenir des subventions : À notre arrivée, il y avait un bel office du tourisme en front de mer, entre la marina et le quai des paquebots de croisière. La veille de la venue du ministre français de l’Outre-mer, le bâtiment est rasé. 6 mois plus tard, toujours aucune trace de construction et un minable préfabriqué le remplace. Espérons au moins que les fonds qui seront destinés à ce bâtiment ne finiront pas dans les poches d’un haut dirigeant corrompu. En effet, jusqu’en métropole, on connaît les frasques de Gaston Flosse, grand ami de Jacques Chirac et ancien président de la Polynésie, mêlé à de nombreux cas de corruption ou d’abus de bien public, reconnu coupable dans certains cas. Soyez sans craintes, son successeur n’est d’autre que…son ancien gendre. Voilà pour ma petite parenthèse politique. L’ internet regorge d’articles sur le sujet pour ceux que cela intéresse.
Pendant ces deux semaines, les réparations et divers travaux de maintenance sur le bateau vont bon train : Le guindeau est démonté et remis à neuf, ainsi que le moteur hors-bord. Pendant que je suis dans la mécanique, Daphné fabrique une belle housse d’annexe car la nôtre part en lambeaux. Comme il ne faudrait quand même pas trop travailler, nous découvrons puis devenons des habitués du spot de kite local, situé à une dizaine de kilomètres au nord de Papeete. Même si nous sommes loin de l’eau cristalline et plate des Tuamotus, ce spot bénéficie d’un effet venturi qui donne toujours quelques nœuds de plus que les prévisions. Les opportunités de kiter ne manquent pas… même si les conditions sont toujours incertaines : Si les nuages s’accrochent sur les montagnes, le vent tombe brutalement. Si nous avons pu y kiter assez souvent, nous y sommes aussi allés très souvent pour rien! Cet endroit est aussi un exemple frappant des gros écarts de niveau de vie que l’on peut constater à Tahiti : Le quartier adjacent est un quartier populaire, voire pauvre quelque fois aux allures de bidonville. Par contre, n’importe quel jour de la semaine, on peut voir des Polynésiens, souvent de riches Chinois, propriétaires de nombreux commerces sur l’île, arriver avec des fourgons Mercedes remplis de matériel neuf de planche à voile et kite, dont la valeur excède sans aucun doute celle de plusieurs maisons du quartier.
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Chantier à sec – Technimarine, Papeete
Pendant notre séjour à la marina de Papeete, nous planifions les travaux que nous devons effectuer à sec sur le bateau, principalement refaire la peinture antifouling, qui a déjà 18 mois et dont l’efficacité est devenue à peu près nulle. Depuis plusieurs mois déjà, je dois régulièrement gratter la coque sous peine d’y voir pousser de longues algues vertes, dignes de la chevelure exubérante des Dupont(d) dans « Tintin au pays de l’or noir ». Il y a deux chantiers à Tahiti et un autre aux îles sous le vent, à Raiatea. Le choix sera vite fait car les chantiers de Raiatea et de Taravao (presqu’île de Tahiti) sont soit fermés ou complets pour les semaines à venir. Nous retiendrons donc les services de Technimarine, situé dans la zone portuaire de Papeete. Loin d’être le moins cher, ce chantier présente l’avantage d’être à proximité de tous les magasins où nous trouverons de quoi parer aux incontournables imprévus de tout chantier à sec.
Le mardi 12 au matin, Korrigan est mis à sec et sa coque dégarnie de toutes sortes de mollusques, algues, coquillages et coraux qui avaient pu s’y développer pendant les derniers mois. À midi, le voilà haut perché sur de gros blocs de béton afin que nous ayons un accès complet à la dérive qui nécessite d’être complètement décapée jusqu’au métal et repeinte. Après quelques négociations avec le contremaître, c’est plutôt grâce à l’habituelle gentillesse des manœuvres polynésiens travaillant sur le chantier que j’obtiens d’avoir mon bateau calé aussi haut. Nous voilà désormais à l’altitude zéro + 4 mètres pour quelques jours. Dès le début d’après-midi, nous attaquons le ponçage de la coque avec l’aide de notre ami Victor (Happy Squid) qui vient généreusement nous donner un coup de main pendant deux jours. Nous devons travailler d’arrache-pied pour tenir dans le planning que nous nous sommes fixés, c’est-à-dire de retourner à l’eau le vendredi et ainsi économiser deux jours de stationnement à sec. Nos horaires de travail sont surtout conditionnées par les temps de séchage et délai de recouvrement entre les différentes couches de peinture (primaire, antifouling). Nous travaillons fort mais l’ambiance sur le chantier est bonne. Les Polynésiens qui travaillent autour sont très gentils et serviables, ne rechignant pas à prêter les outils qui nous manquent. Malheureusement, la météo viendra contredire nos plans le vendredi. Alors qu’il ne nous restait qu’une seule couche de peinture avant de pouvoir retourner à l’eau, la pluie commence puis se déchaîne. Cela durera quelques 72 heures pendant lesquelles nous serons littéralement coincés à l’intérieur du bateau sous des trombes de pluie, seuls dans ce chantier désert pendant le weekend. Plutôt glauque. Heureusement, nos amis qui ont des voitures viendront nous sortir de notre zone industrielle à plusieurs reprises pour des petites bouffes ou encore une fête d’anniversaire. Finalement, cette pluie nous rendra service car elle me permettra de me rendre compte que nous avons une fuite hydraulique sur le système de relevage de la dérive. Nous entreprenons alors d’ouvrir les nombreuses trappes de visite sur le puit de dérive permettant d’accéder au vérin et de l’extraire. En contrepartie, l’atmosphère du bateau se remplit d’une agréable odeur de marée basse à cause des restes d’organismes marins en décomposition dans le puits de dérive. Évidemment, on ne peut pas trop aérer compte tenu du déluge. Comme dirait Renaud, la plaisance, c’est le pied! Le dimanche soir, je finis par retrouver la pochette de joints de rechange achetée avant de partir ainsi que la procédure de démontage du vérin dans de vieux courriels. Je peux finalement remettre le vérin en état et remonter le tout le lundi matin, en commençant ma journée à 4 heures du matin : En effet, le chantier a prévu de nous remettre à l’eau à la première heure le lundi. Comme les imprévus n’épargnent personne, plusieurs bateaux doivent être gruter en urgence ce matin-là et, après avoir travaillé comme des forcenés pour être prêt le lundi matin, nous finissons par attendre jusqu’en milieu d’après-midi pour que Korrigan soit remis à l’eau et flotte à nouveau dans son élément. En rejoignant la marina de Papeete au moteur, nous pouvons déjà constater à quel point la nouvelle peinture nous fait glisser sans effort sur l’eau. Voilà une bonne chose de faite et quel plaisir de flotter à nouveau!
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Moorea (20 Décembre au 8 Janvier)
Après plus de trois semaines en environnement urbain, nous sommes dus pour un grand bol d’air. De concert avec Maïa, nous mettons les voiles pour Moorea où nous passerons les fêtes de fin d’année. Leur voiture de location nous suit dans le ferry et nous pourrons ainsi profiter pleinement de Moorea, sur l’eau comme à terre. Nous resterons 3 semaines au magnifique mouillage d’Opunohu où nous étions déjà venus avec mes parents. Notre séjour à Moorea commence cependant par une mésaventure de moteur hors-bord : Partis en annexe dans la baie voisine où se trouve le supermarché, le moteur refusa de redémarrer une fois l’annexe remplie de nos victuailles de Noël. Nous ramons jusqu’au petit port de pêche voisin où je me fais prêter gentiment quelques outils par des pécheurs afin de démonter, une fois de plus, le carburateur et essayer de le purger et nettoyer. Pendant ce temps, ils nous proposent de mettre toutes nos courses dans leur glacière de pêche, occupée pour le moment uniquement par des bouteilles de bière. Le rythme auquel les bouteilles de bière se vident semble compromettre la journée de pêche de plusieurs. Cela nous sera finalement bénéfique car mes efforts de réparation seront vains et, c’est un pécheur aussi gentil que peu motivé à partir en mer qui nous remorquera jusqu’à Korrigan, ancré quelques 4 miles nautiques plus loin. Pour le remercier, Daphné lui offre un de ses jolis bracelets en macramé. Dans les jours suivants, je résoudrai, définitivement, ces problèmes récurrents que nous avons avec notre moteur hors-bord en colmatant une fissure sur le bouchon de notre réservoir d’essence. Celui-ci laissait pénétrer de l’eau lors des fortes pluies. Depuis, Daphné a fabriqué avec une belle housse pour protéger entièrement le réservoir des UVs et de la pluie.
Ces 3 semaines à Moorea passeront fort rapidement même si nous ne bougerons finalement que très peu du bateau : En effet, en alternance avec des sessions de snorkeling sur le récif ou de musique avec les Maïa, nous poursuivons nos travaux à bord : Daphné revernit les menuiseries du carré et de la cuisine pendant que j’installe notre nouveau transpondeur AIS (qui permet aux autres navires de nous voir sur leurs écrans) tout en réorganisant complètement toute la connectivité entre les différents instruments de navigation.
Étant mouillés à moins de deux kilomètres du Hilton (les paillotes sur la photo ci-dessus), nous trouvons un arrangement avec la réceptionniste de l’hôtel afin d’avoir internet à bord. Au moins, nous pourrons parler avec Phoebé et Éléa en vidéoconférence et souhaiter de belles fêtes au reste de la famille. Nos amis québécois de Let It Be nous rejoindrons sur le mouillage pendant les fêtes et nous fêteront la Saint-Sylvestre tous ensemble sur Maïa. Nous profitons aussi de ce nouveau séjour à Moorea pour faire une autre randonnée dans les belles montagnes de l’île. Connaissant désormais d’autres îles de l’archipel de la Société, nous apprécions d’autant plus la forêt de Moorea et ses sentiers menant à de beaux points de vue sur l’île et son lagon. Nous nous offrirons aussi un agréable dîner-spectacle de danses polynésiennes au Tiki Village que nous avions cherché en vain lors de notre passage à Haapiti. Outre le spectacle de danses, nous avons droit à une superbe démonstration de nouage de paréos ou comment s’habiller de façon créative avec un simple morceau de tissu. Tout est possible : String, short, pantalon, robe, jupe, chemise, etc.
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Retour des filles et séjour à la Pointe Venus
Nous rentrons finalement de Moorea le 8 Janvier avec une navigation toujours aussi surprenante, alternant, près, vent portant et… pas de vent du tout, selon les secteurs du canal de Moorea, ce bras de mer séparant Tahiti de Moorea. Nous nous ancrons à proximité de Taina afin de limiter les coûts de marina. Nous récupérons nos deux voyageuses le 10 Janvier au matin. On doit avouer qu’elles commençaient à nous manquer depuis quelques temps même si ces quelques semaines de séparation nous ont fait à tous un grand bien. Comme il se doit, nous les accueillons avec les traditionnels colliers de fleurs polynésiens (les colliers de coquillages sont pour les départs) et restons bluffés par la poussée de croissance de Phoebé pendant ces 5 semaines. Elle a tellement grandi ! Entre les cadeaux de Noël, le nouveau kite acheté pour Phoebé et encore quelques trucs utilitaires pour le bateau, leurs bagages sont tellement remplis qu’elles sont habillées avec leur habits d’hiver, achetés à Paris pour l’occasion! Après les retrouvailles, les habitudes sont vite retrouvées et les voilà qui filent retrouver leurs amies sur Maïa. Quant à nous, nous continuons nos habitudes de sessions musicales avec Laurent et Michal. Avec eux, nous irons passer une très belle journée dans un parc d’accrobranche (parcours acrobatiques dans les arbres), nouvellement installé sur les hauteurs au-dessus de Papeete. Avec 3 niveaux de difficulté, les parcours offrent des sensations fortes et du plaisir à tout le monde. La plus grande tyrolienne, située en lisière de la forêt offre une vue à couper le souffle sur Tahiti, son lagon et Moorea.
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À la marina de Taina, nous retrouvons Antoine, jeune et talentueux kite surfeur (Champion de France de Freestyle 2017) que nous avions rencontré l’été dernier dans les Tuamotus. Il a grandi à Tahiti, à la Pointe Venus et il nous propose de nous y rendre car les conditions de houle pour le surf et de vent pour le kite sont bonnes cette semaine. Cela nous arrange bien car la vie à Taina est peu plaisante et les seules occupations pour les enfants sont d’aller traîner au centre commercial voisin ou faire de l’internet à la journée longue à la mairie. Ce n’est pas franchement pour cela que nous sommes partis en voyage! Pour rejoindre la pointe Vénus, nous nous offrons une belle petite régate au près avec Maïa dans de bons alizés. Pour le moment, nous n’avons vraiment pas l’impression d’être en période cyclonique: À l’exception des fortes pluies que nous avons eues en Décembre lors du chantier et aux alentours des fêtes de fin d’année, il fait quasiment toujours beau et les alizés sont encore bien présents. Tant mieux, profitons-en! Le mouillage de la Pointe Venus ne permet d’accueillir que quelques bateaux mais est très agréable, tant que la houle ne rentre pas trop fort. Les bateaux sont ancrés à quelques encablures seulement du phare et surtout de la belle plage de sable noir qui est un beau spot de surf pour les débutants que nous sommes. Avec les enfants, nous profiterons largement de ces jolies vagues lorsque nous n’allons pas kiter au motu Martin, situé à moins de 2 miles en annexe. Pour parfaire le tout et s’offrir de belles soirées entre copains, nous retrouvons un ami, Maël, qui habite désormais à la Pointe Venus. Jusque-là, tout allait bien….mais nous ne tardons pas à découvrir de l’eau sous les planchers de Korrigan. Nous essayons d’en retracer l’origine et nous rendons compte qu’elle provient d’une des trappes d’accès au puits de dérive que nous avons dû ouvrir au chantier. Cette trappe a été conçue pour être au-dessus de la ligne de flottaison du bateau lorsque celui-ci n’est pas chargé, mais ne l’est plus avec tout ce que nous trimballons pour vivre à bord. Afin de refaire l’étanchéité, nous n’avons d’autre choix que d’alléger le bateau au maximum. Nous vidons donc tous nos réservoirs d’eau douce que nous économisons tant et déchargeons tout ce que nous pouvons dans les annexes des bateaux et à bord de Maïa. Comme les OVNIs sont faits pour prendre une charge conséquente, il faut quasiment vider le bateau afin de gagner les quelques centimètres qui nous permettront de calfeutrer la fuite. C’est finalement en bourrant le puits de dérive de morceau de mousse et grâce à l’expérience et la dextérité de Laurent que nous arriverons à rendre le bateau à nouveau étanche. Une fois la réparation terminée, nous devons rembarquer à toute vitesse toutes nos affaires avant qu’un grain ne vienne tout détremper. Drôle d’épilogue à notre chantier à sec! Une fois ce stress passé, nous voilà prêt à accueillir nos nouveaux invités à bord, Catherine, la maman de Daphné et Bertrand son conjoint qui arrivent prochainement.
Superbes photos comme d’habitude … mais je crois que tu as oublié de publier la photo des paréos … tu sais celle ou tu t’étais fait un string avec ! 😉