Escale à Tahaa (14 au 20 Mars)
Si les conditions sont sereines lorsque nous quittons Maupiti au petit matin, le scénario change rapidement : Alors que nous naviguons au près, dans un vent léger de Sud-Est, un énorme nuage noir et hérissé d’éclairs nous rattrape une heure après notre départ et nous envoie un fort vent de Nord-Ouest soufflant entre 25 et 30 nœuds et accompagné d’une forte pluie. Il vaut mieux être vigilant dans ce genre de conditions où le vent tourne à 180 degrés et double de force en l’espace de quelques minutes. Lorsque le monstre nous dépasse, il nous abandonne dans une mer agitée et sans grand vent. Dans ces conditions, les extrêmes se côtoient souvent et nous finirons au moteur pour arriver à Tahaa vers 17 heures. Comme le jour commence à tomber, nous mouillons sur un banc de sable à proximité de la passe. Ainsi, nous sommes protégés et pourrons facilement continuer notre route vers la côte opposée dès le lendemain. En effet, les filles ont oublié à la pension Hibiscus leurs manteaux d’hiver tout neufs qui seront bien précieux lorsque nous atteindrons la Nouvelle Zélande l’an prochain! En attendant, nous profitons d’un beau coucher de soleil et de l’étonnant spectacle de voir le paquebot Paul Gauguin contourner Tahaa. Il semble tellement démesuré à côté du petit village et de son église!
Le lendemain, nous contournons Tahaa afin de rejoindre l’entrée de la baie Haamene où nous nous étions abrités du mauvais temps quelques semaines auparavant. Maintenant que nous avons récupéré les manteaux, il ne nous reste plus qu’à attendre une météo favorable pour rejoindre Tahiti ou Moorea. En effet, ces îles sont situées au Sud-Est de Tahaa et le vent vient souvent de cette direction, nous bloquant la route. Pour patienter, nous allons nous ancrer dans le grand lagon qui entoure Tahaa et Raiatea. Nous nous installons dans une zone peu profonde, juste derrière la barrière de corail afin de recevoir du vent clair et pouvoir kiter en attendant que le vent tourne en notre faveur. Seule Daphné pourra kiter car je souffre d’une otite qui ne fait qu’empirer depuis notre départ de Maupiti : J’y avais gratté la coque qui commençait à nouveau à arborer une longue barbe verte le long de sa ligne de flottaison. Lorsqu’il y a peu de mouvements d’eau, on nage alors dans une eau pleine d’algues et mini-crevettes qui peuvent pénétrer le conduit de l’oreille et y développer une infection. Pour le prévenir, une bonne solution est d’utiliser un mélange 1/1 d’alcool et de vinaigre qui permet d’assécher et désinfecter le conduit auditif. J’aurai dû le faire!!
Pendant cette période d’attente, les filles renoueront avec la tradition du « restaurant Corail » où Phoebé est la cuisinière, Éléa, la serveuse… et nous, les clients qui nous faisons servir. Nous avons droit à un menu avec des cases à cocher, un apéritif, une entrée, un plat et un dessert. Si l’expérience est relaxante pour nous, ce n’est pas forcément le cas en cuisine où la Chef peste souvent face à la désinvolture de la serveuse!
Après 5 jours, le vent tourne finalement en notre faveur et nous décidons de lever l’ancre dès le lever du soleil, le mardi 20 Mars. Nous extirper de notre mouillage est quelque peu scabreux car nous devons passer derrière un petit motu, en passant à environ 5 mètres de ce dernier pour avoir une profondeur suffisante, malgré notre tirant d’eau très faible. Après quelques minutes un peu stressantes, nous rejoignons le chenal principal et peu après, nous voilà en mer, au près dans une mer quelque peu perturbée par Huahine qui se situe à quelques dizaines de miles.
Une fois en route, j’allume notre Iridium pour reprendre une météo. Nous avons la bonne surprise d’avoir un message de « Let It Be », nos amis Québécois. Ils nous annoncent qu’ils sont à Moorea pour 2 jours encore, avant de se diriger vers les Tuamotus où ils passeront la prochaine saison d’Alizés. C’est donc la dernière occasion de les revoir et nous nous dirigeons désormais vers Moorea que nous atteignons le lendemain matin peu après le lever du soleil.
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Passage à Moorea et Tahiti (21 au 28 Mars)
Nous voilà à nouveau au mouillage d’Opunohu à Moorea où nous ne comptons plus le nombre de passages que nous y avons effectués, pensant à chaque fois que ce serait le dernier! On y retrouve comme prévu Let It Be : La météo étant maîtresse dans la vie de bateau, nos amis resteront en attente à Moorea un peu plus longtemps qu’ils n’avaient prévu et nous passeront 3 belles journées ensemble. Comme toujours, ils nous accueillent comme des rois sur leur immense bateau où les filles sont particulièrement chouchoutées par Sylvain. Après un premier souper à leur bord, le lendemain, ce sera à nouveau « Restaurant Corail » avec Phoebé qui est décidément à fond dans la cuisine en ce moment. Elle redouble d’efforts avec des invités supplémentaires. Même Éléa prend sa tâche au sérieux cette fois-ci et prépare un petit livre d’or où nous noterons tous nos commentaires. Pour occuper les journées sans vent où la chaleur est écrasante, Phoebé ira encore cuisiner à bord de Let It Be (climatisé), pour apprendre à Sylvain à faire des cookies au chocolat. C’est toujours chouette de voir les interactions de nos enfants avec d’autres adultes. Elles sont tellement à l’aise!
Comme la vie de bateau réserve toujours des surprises : Ces quelques jours devaient être ceux des adieux à nos amis qui restent encore 2 saisons en Polynésie alors que nous continuons notre route vers le Pacifique Ouest. Il en sera finalement autrement : Les Maïa, toujours à Tahiti depuis que Maya leur fille suit les entraînements pour les championnats du monde Junior de Nacra (catamaran de sport), nous proposent une petite virée dans les Tuamotus pour les vacances de Pâques pendant lesquelles les entraînements sont suspendus. En allant à Tikehau, atteignable sur un seul bord depuis Tahiti avec le vent prévu dans les prochains jours, nous retrouveront Let It Be là-bas. Nous voilà cependant en proie à un dilemme car nous pensions descendre aux îles Australes où nos amis de « El Caracol » sont en ce moment. Étant incertains de la durée du séjour de ces derniers dans ces îles situées à plus de 400 miles nautiques de Tahiti, nous opterons pour un retour dans les Tuamotus avec Maïa et Let It Be. Le samedi 24 Mars, nous rentrons sur Tahiti afin d’y faire un avitaillement et partir dès que possible vers Tikehau.
Après plusieurs navigations entre Moorea et Tahiti, nous finissons par bien connaître les pièges du coin et commençons par tirer un long bord vers le large afin de ne pas nous faire prendre dans les contre-courants de Moorea, avant de descendre le canal de Moorea vers la marina de Taina. Du coup, la navigation se fait sans encombre, au près et nous arrivons à Taina à la mi-journée dans un joyeux bazar (voie la photo ci-contre) : En ce samedi se déroule une grande course de Va’a (pirogues polynésiennes à balancier). Dès la passe, le plan d’eau est encombré de dizaines de bateaux d’assistance aux coureurs mais surtout de spectateurs, profitant aussi de l’occasion pour passer une journée sur l’eau sur le grand banc de sable situé à l’entrée du lagon. Nous redoublons de prudence car les bateaux passent à toute vitesse en faisant de grosses vagues, ne respectant aucune limitation ni règle de route!
Nous retrouvons aussitôt les Maïa et les habitudes se reprennent rapidement aussi bien pour les enfants qui organisent un « sleep over » le soir-même alors que les parents se retrouvent pour jouer ensemble de la musique. 3 ou 4 jours seront suffisants pour que nous nous réapprovisionnions au sacro-saint Carrefour et en fuel. Nous restons cependant légers dans notre approvisionnement car la navigation qui s’en vient sent la régate entre Maïa et Korrigan, désormais à la hauteur avec son nouveau génois.
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Tikehau (29 Mars au 21 Avril)
La météo nous annonce une bonne brise de Sud-Est, environ 15 nœuds, nous permettant de nous rendre en un seul bord à Tikehau. Afin d’arriver de jour et rentrer dans la passe dans de bonnes conditions de visibilité, nous partons mercredi 28 au matin de Taina. Nous devons tout d’abord naviguer au moteur dans le lagon, en longeant l’aéroport. Il faut donc prévenir la vigie sur la radio afin de s’assurer qu’aucun avion ne décolle ou n’atterrit au moment où nous franchissons l’axe des pistes. Nous sommes un peu moins chanceux que Maïa et devons patienter un bon quart d’heure que la voie soit libre. On sort ensuite en mer par la passe de Papeete et nous pointons directement notre étrave vers Tikehau, située à 175 miles nautiques de Tahiti. La mer est calme, le vent à peu près tel qu’annoncé et Korrigan file entre 6 et 7 nœuds, au bon plein. Certes, nous gîtons, mais c’est confortable, assez pour que Daphné passe une bonne partie de ses quarts à préparer le scénario de la chasse au trésor de Pâques qui est dans 3 jours. Avec nos nouvelles voiles et notre carène propre, nous avons désormais une vitesse similaire à celle de nos amis et resterons au bord à bord jusqu’au lendemain après-midi lorsque nous arrivons devant la passe de Tikehau. Celle-ci est étroite mais complètement protégée de la houle. On y rentre donc facilement et nous nous ancrons juste derrière l’entrée, dans une sorte de petit bassin fermé par un long récif de corail. C’est aujourd’hui l’anniversaire de Laurent mais l’heure est plutôt au repos après une nuit en mer.
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Le lendemain, nous nous déplaçons dès le matin vers un petit motu situé au milieu du lagon. Tikehau présente en effet la particularité d’avoir plusieurs petites îles au milieu du lagon. Celle-ci était jadis occupée par une ferme perlière mais il ne reste aujourd’hui que des ruines en béton. Nous repérons les lieux en vue de la chasse aux œufs de Pâques, alors que Phoebé et Maya préparent un bon brownie au chocolat pour l’anniversaire de Laurent que nous fêtons le soir sur Maïa. Le lendemain, Let It Be nous rejoint, ils étaient finalement partis après nous de Moorea. Je pars chasser avec Sylvain le matin sur un récif avoisinant, situé dans l’axe de la passe. Nous avons l’agréable surprise d’y trouver des poissons perroquets en nombre, beaucoup moins farouches que ceux de Fakarava. Cela convient parfaitement à mes habiletés de chasseur sous-marin… et mon fusil un peu court. Nous en attrapons un bon nombre qui seront aussitôt grillés puis transformés en fish-cakes, cette délicieuse recette qui fait le régal de tous. Pendant ce temps, Daphné s’affaire à finaliser le scénario de la chasse aux œufs. Tous les adultes sont alors mis à contribution pour imaginer des énigmes, plus ou moins difficiles, selon les équipes. En effet, le scénario implique deux équipes, celle des grandes, Phoebé et Maya, et celle des 2 cadettes, Émilie et Éléa. Nous nous cassons tous pas mal la tête et, le soir venu, tout est prêt sur les bateaux, avec les indices cachés ici et là sur Korrigan et Maïa. La chasse commencera sur Maïa car ce soir, les 4 filles font un sleep over.
Le matin de Pâques, la journée commence dès le lever du soleil pour Daphné et moi qui partons enterrer le trésor de Pâques sur le motu avant que les enfants ne se réveillent. Nous tâchons de le cacher assez profond et dans un sac isotherme afin que les chocolats ne fondent pas avant la fin de la chasse au trésor qui prendra une bonne partie de la journée. Avant de rentrer à bord, Daphné va cacher un dernier indice sous l’eau. Tout est désormais prêt pour la légende du Miritoefara’a. La résolution des énigmes les occupera toute la matinée alors que l’après-midi, les grandes fabriquent un Tiki à l’effigie du Miritoefara’a, mi-requin, mi-lapin pendant que les petites font un gâteau et vont préparer une potion à bord de Let It Be. Tout cela sera utile pour la « cérémonie » qui se tiendra à terre. Armés d’une boussole et d’un ruban à mesurer, les enfants trouvent l’emplacement du trésor où la statue est ensuite déposée pour la cérémonie. Après quelques incantations et une danse autour du Tiki, le trésor est enfin dévoilé. On peut finalement déguster les chocolats et l’apéro, au son de la guitare de Laurent qui a composé pour l’occasion une petite chanson en l’honneur du Mititoefara’a. Une bien belle journée qui se termine par une gros fou-rire en rentrant en annexe, utilisant des paréos comme voiles.
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Le lundi de Pâques, nous nous déplaçons vers le Pearl Beach Hotel, joli hôtel avec des bungalows sur pilotis où des amis des Maïa, Jacques et Iris, vivant à Tahiti, viennent passer quelques jours pendant les congés de Pâques. Les quelques jours que nous passons là sont assez tranquilles, occupés de nos activités habituelles, musique, macramé et backgammon, pendant que les enfants profitent du confort des bungalows pour faire des jeux vidéo et autres activités terriennes. Moi aussi, je succomberai aux activités terrestres en allant disputer quelques parties de billard à l’hôtel. C’est drôle car pour moi, le billard est vraiment une activité de citadin à laquelle je m’adonnais à Paris ou Montréal.
Le vendredi 6 Avril, la petite caravane composée de nos 3 bateaux continuent sa route un peu plus loin dans l’atoll et nous nous ancrons à proximité du motu Maharatiatae (à prononcer 3 fois à voix haute). Nous passerons 5 belles journées dans cet endroit magnifique. Ce motu, qui appartient à une famille qui y amène des touristes ou des familles locales pour le weekend est un petit paradis. Comme tous les autres motus sur ce côté de l’atoll, il est cerné par de grands Oa, ces grandes entrées d’eau océanique. Le platier est submergé à de nombreux endroits, créant de belles lagunes d’eau cristalline dans lesquelles on trouve des pouponnières de poissons de récif et leur inévitable prédateur, le requin à pointe noire. Côté lagon, il est longé d’une belle langue de corail qui abrite de nombreux poissons que j’irai régulièrement traumatiser avec mon fusil et mes 2 compères, Sylvain et Laurent. Encore une fois, les poissons perroquets se retrouveront transformés en délicieux fish-cakes dont les 3 bateaux se régaleront. Je profiterai aussi du temps très calme que nous avons les premiers jours pour aller snorkeler le long de la barrière de corail, côté océan. L’expérience est assez impressionnante ne serait-ce que pour se mettre à l’eau et en sortir sans se faire démolir contre le corail. En effet, même si la houle est faible, elle est suffisante pour nous aspirer et se faire fracasser contre le corail. Une fois à l’eau, l’expérience est saisissante : On avance et on recule au gré de la respiration de l’océan, en même temps que les poissons qui peuplent les parages, petits comme gros tels le Napoléon ou requin. La mer a creusé des sortes de canyons dans la barrière de corail où le flux et le reflux de la houle sont encore plus forts.
La Vidéo
Le vent se lève enfin et nous pouvons enfin gonfler nos kites. Le vent est léger et nous devons partir du bateau car la plage est déventée. C’est l’occasion d’apprendre cette technique à nos amis et aussi d’essayer de nouvelles manœuvres dans des conditions clémentes. Nous sommes dans les derniers jours tous ensemble alors les potlucks se multiplient sur les bateaux et Phoebé souhaite absolument faire le « Restaurant Corail » pour tout le monde. Elle réussira à faire un repas pour 10 personnes sans aide d’aucun adulte. Chapeau! Éléa et Émilie font les serveuses alors que Maya s’occupe du dessert.
Les Photos
Le 11 Avril, les Maïa doivent quitter pour retourner sur Tahiti car Laurent doit retourner travailler en Europe pour quelques semaines. Le pauvre est quelque peu déçu car le vent se renforce et promet de belles sessions de kite. Nous en profiterons avec les Let It Be en nous déplaçant sur un petit motu situé au milieu du lagon, le motu Tohuarei. Nous kiterons là pendant 3 jours, profitant des conditions pour faire pratiquer Phoebé. Le petit motu présente une petite langue de sable parfaitement orientée pour démarrer un kite. Elle tire ensuite des bords alors que nous faisons la sécurité dans l’annexe car elle n’arrive pas encore à remonter au vent régulièrement. Ça vient cependant et elle commence à faire des transitions (virements de bord). On la sent motivée, peut-être surtout motivée à être indépendante et se débarrasser des parents qui doivent faire le « remonte-pente » avec l’annexe! Cet endroit offre aussi de beaux récifs coralliens propices à la chasse sous-marine. Lorsque Let It Be part, ils nous laissent la tâche de retrouver un de leurs fusils qui est tombé à l’eau peu de temps avant qu’ils ne quittent pour Rangiroa. Avec une bouteille, Daphné le retrouve facilement et je ne peux résister à la tentation de l’essayer, même si je suis désormais seul pour chasser. Je me rends sur une belle patate de corail située à environ 1.5 mile nautique sous le vent de Korrigan. L’endroit est magnifique avec des arches de corail et une énorme murène qui semble chasser en même temps que moi. Tout se passe bien jusqu’à ce que je réalise qu’il n’y a plus d’annexe dans le bout de l’ancre. Évidemment, l’après-midi est bien avancée et le vent s’est relevé. En me hissant sur un corail, j’aperçois l’annexe qui s’éloigne rapidement. J’attache en vitesse mon fusil et ma ceinture de plomb à l’ancre et, confiant dans mes capacités, me mets à crawler de toutes mes forces vers l’annexe. Rien à faire, elle dérive trop vite et me voilà bientôt essoufflé au milieu du lagon, incapable de retrouver le récif où je chassais. Entre temps, Daphné s’est rendue compte de la situation aux jumelles et tente avec Phoebé de relever l’ancre. Quant à moi, je n’ai plus qu’une solution, revenir à la nage sur Korrigan, contre les vagues et le vent. Daphné et Phoebé, non entraînées à remonter seules l’ancre ne semblent pas y arriver pendant que je nage, avalant de plus en plus d’eau à travers mon tuba. J’arriverai finalement sur Korrigan, complètement épuisé avant qu’elles n’aient fini de remonter l’ancre. Nous finissons la manœuvre ensemble et lançons le bateau à pleine vitesse à la poursuite de l’annexe, rendue maintenant plus proche de la passe que de nous. La manœuvre est scabreuse car la visibilité a beaucoup diminué et nous ne permet de voir les patates de corail qu’au dernier moment. Nous finirons par récupérer notre précieux dinghy et cette mésaventure se finira bien. Elle me mettra un peu de plomb dans la cervelle quant au fait d’aller chasser seul, sous le vent du bateau et nous prendrons action immédiatement en nous assurant que les filles sont capables de remonter l’ancre sans moi. Le lendemain, nous irons tous en famille snorkeler sur cette superbe patate de corail afin de récupérer l’ancre et le matériel laissé sur place la veille. Nous retrouvons la murène et les arches sous lesquelles les filles s’amusent à passer.
Nous devons nous aussi penser à retourner sur Tahiti. Le 17, nous partons nous ancrer devant le village de Tikehau. Celui-ci devient vite inconfortable avec un vent qui balaye tout le lagon et lève une vague courte qui secoue Korrigan de façon fort désagréable. Nous passerons donc le reste de la journée à terre faisant quelques courses, une promenade au cours de laquelle nous rencontrons un local, parti dans l’armée Française pendant de longues années et étant revenu depuis peu sur son île natale. C’est très intéressant de l’entendre. Nous finirons la journée autour d’un excellent repas dans un snack du village, ouvert le soir, fait rare dans ces îles éloignées. Le lendemain, nous retournons nous ancrer vers la passe afin de pouvoir partir directement dès le lendemain matin. Nous ferons notre dernière promenade sur le platier d’un atoll des Tuamotus. J’ai le cœur gros de quitter ces merveilleux atolls qui nous ont tant plu. Malheureusement, la navigation vers Tahiti sera beaucoup moins facile et plaisante qu’à l’aller. Nous avons des conditions de vent très changeantes qui rallongent la route et nous font multiplier les manœuvres. Notre spi nous sauvera la mise, même si il faut surveiller de près les nuages de grains que l’on essaye de longer pour conserver du vent. Le vent ne se renforcera qu’aux abords de Tahiti, c’est un peu tard pour éviter une arrivée de nuit. Heureusement, nous sommes passés si souvent à travers la passe de Taina que nous pouvons nous permettre cette fantaisie. Le plus dangereux reste les barques de pécheurs non éclairées qui pêchent dans les eaux poissonneuses de la passe. Une fois ces obstacles évités, il nous reste à trouver un mouillage. En cette période de l’année où les retardataires comme nous côtoient les premiers arrivants de la saison, la zone d’ancrage est surpeuplée. Heureusement, nous trouvons une bouée de corps-mort libre à proximité de Maïa et décidons de la prendre pour la nuit. Le plus surprenant est que celle-ci est marquée du nom de son locataire « SDF », ou encore « Saltimbanques des Flots », un bateau que nous avions rencontré à New York il y a 8 ans alors que nous ramenions notre précédent bateau, Kaya, vers le lac Champlain. Nous sommes bien curieux de voir dans les prochains jours si les locataires de ce mouillage sont bien les gens que nous avions rencontré. En attendant, nous nous écrasons dans nos couchettes pour une bonne demi-nuit de sommeil bien méritée après ces 42 heures en mer.
Bonjour,
Je vois que vous faites résolument cap à l’ouest et que vous approchez de la Nouvelle Calédonie… Je vous rappelle que j’ai un copain la-bas qui connait très bien le pays et la mer… http://www.matthieujuncker.com/misc2.html