Remontée vers Vanua Levu (du 10 au 15 Juin 2019)
Après un mois aux Fidji, dans l’environnement agréable de Musket Cove et ses environs, il est temps de partir découvrir un peu plus cet immense archipel, en quête d’authentisme et un peu plus de contact avec la population locale. Notre plan est le suivant : Nous souhaitons remonter vers la deuxième île principale des Fidji, Vanua Levu, et se positionner le plus au Nord possible afin d’aller rejoindre les îles Lau, situées dans l’Est de Fidji. En effet, avec des Alizés soufflant du Sud-Est, ce n’est pas une destination facile à atteindre si on ne veut pas faire du moteur, le vent dans le nez. Nous sommes supposés y aller avec El Caracol que nous avons retrouver aux Fidji, après un an passé sur des routes différentes. Cependant, ils ont beaucoup de visiteurs qui se succèdent à bord et donc un rythme de déplacement assez soutenu. Nous peinons à les suivre tout en respectant notre propre allure, surtout que nous avons, encore, des problèmes techniques à règler. En effet, notre frigo, qui avait fait des siennes peu après notre départ de Nouvelle-Zélande va de mal en pis. Depuis que nous sommes aux Fidji, nous devons le faire fonctionner manuellement, sans thermostat, avec un interrupteur que j’ai installé. Récemment, d’autres problèmes se sont ajoutés, me forçant à mettre en place plusieurs bypass des sécurités du compresseur, ajouter un ventilateur, une LED qui nous indique les codes d’erreurs de la carte électronique. Bref, avoir du froid à bord est devenu quasiment une job à temps plein! Heureusement, entre ma débrouillardise et celle des fidjiens, habitués à bricoler avec peu, nous règlerons le problème à moindre coût : Je trouve à la marina de Vuda Point un électricien/frigoriste indien (tous les artisans faisant du Yacht Service ici sont indiens) qui remplace le thermostat et change le système de refroidssement à eau par un système à air, plus classique. Ces petits travaux nous immobiliserons à cette marina à deux reprises, nous éloignant un peu plus de nos amis, déjà partis vers le Nord.
Dès que nous sommes sûrs que le frigo fonctionne correctement, nous commençons notre remontée vers le Nord. Le plus aisé est de remonter au moteur le long de la côte sous le vent, derrière la barrière de corail. Cela évite de faire face à une mer souvent agitée dans l’Est des Fidji. Après un bref arrêt à Lautoka pour refaire le plein de produits frais au marché, nous passons deux ou trois jours à subir la symphonie Yanmar, sous une chaleur lourde. Pendant ce temps, je finis les petits travaux reliés au frigo : Habillage du nouveau thermostat et ajout d’un interrupteur, réutilisation de l’arrivée d’eau pour le dessalinisateur, etc. Nous n’avons pas trop de raisons de traîner dans cette partie-là de Fidji, quasi-déserte. Toute la portion Sud et Ouest de Viti Levu est très sèche, peu habitée et sans grand intérêt. Plusieurs options s’offrent à nous pour rallier Vanua Levu, l’autre île principale : La première option consiste à continuer de contourner Viti Levu, sortir en pleine mer et rejoindre la baie de Savu Savu en faisant des sauts de puce d’île en île. La seconde et la plus courte consiste à rester derrière l’immense barrière de corail reliant les deux îles (non visibles sur la carte satellite) puis rejoindre Savu Savu par une courte navigation en pleine mer. Nous choisirons la seconde option (trajets 6 et 7 sur la carte) tout simplement car le vent nous l’impose si nous ne souhaitons pas passer une autre journée au moteur, mais cette fois avec un vent soutenu dans le nez. Le 14 Juin, nous quittons donc le mouillage de Rakiraki pour une belle navigation rapide, au près pas trop serré derrière la barrière de corail. Celle-ci étant constamment submergée, on n’a pas vraiment l’impression de naviguer dans un lagon, les vagues étant bien présentes et courtes, du fait de la faible profondeur. Heureusement, nos cartes s’avèrent exactes et nous n’aurons pas de mauvaises surprises. Peu avant l’arrivée, nous attrapons un gros poisson, un « Giant Trevally », c’est-à-dire une très grosse carangue. C’est le plus gros prédateur de lagon dans la région et, de peur de la ciguatera, nous le relâcherons. Avec du recul, nous regrettons de ne pas l’avoir gardée car personne ici ne sait de quoi on parle lorsqu’on mentionne la ciguatera et ils mangent tous types de poissons. Nous ferons une pause pour la nuit dans la baie de Nasonisoni, inhabitée et peu hospitalière pour les bateaux : Les fonds sont profonds et, comme souvent aux Fidji, encombrés de corail. Nous aurons un mal fou à trouver un endroit où notre ancre acrochera. Par conséquent, nous ne traînons pas dans les environs et partons dès le lendemain matin vers la baie de Savu Savu où nos amis d’El Caracol nous attendent : Suite à une incompréhension avec leurs prochains visiteurs sur l’aéroport où arriver, ils ne pourront venir avec nous dans les îles du groupe Lau et ont maintenant du temps devant eux pour nous attendre. Ouf! Pour rejoindre Savu Savu, nous empruntons une étroite passe et continuons un peu au moteur pour nous éloigner suffisamment de la barrière coralienne. Nous pouvons ensuite mettre les voiles et, une fois encore, c’est au près que nous rejoignons l’immense baie de Savu Savu au fond de laquelle, nous voyons les nuages s’accumuler. Le climat sur cette côte est très différent du temps très sec que nous avions dans le Sud de Viti Levu, protégé des nuages par les hauts reliefs de l’île. Ici, nous sommes au vent des montagnes et les nuages s’y accumulent, déchargeant inlassablement une petite pluie persistante. Heureusement, en restant juste derrière la barrière de corail à l’entrée de la baie de Savu Savu, nous échappons à la pluie. Mieux encore, nous y trouvons un mouillage peu profond, sur du sable et surtout, un excellent spot de kite à marée basse : Derrière la barrière de corail, le plan d’eau est parfaitement plat et le vent y rentre sans perturbation.
Savu Savu (du 15 au 24 Juin 2019)
Nous qui n’avions pas d’attentes particulières vis-à-vis de cet endroit, nous adorons ce spot car il nous offre les meilleures conditions de kite pour pratiquer le freestyle que nous avons eues depuis notre arrivée aux Fidji. De plus, les marées basses sont en fin de matinée à notre arrivée, nous garantissant de belles conditions en mi-journée puis l’après-midi tout au long de notre séjour. Évidemment, il n’y a pas de plage ici pour partir et le départ du bateau est obligatoire. Tous les jours, Korrigan se transforme en porte-avion avec le lancement successifs de 3 kites . On laisse à l’eau deux cordages munis de bouées pour les atterrissages. Nous devenons très rôdés à cette technique que nous nous promettons de documenter sur une vidéo depuis longtemps maintenant… Avec 4 kiteurs motivés sur l’eau, Phoebé, Daphné, Jorge et moi, un photographe sur El Caracol, Cat, tout le monde se lâche dans le sauts, les figures et nous progresserons bien pendant cette semaine. Dès sa session terminée, Phoebé va rejoindre son amie Lia sur El Caracol, alors que Éléa joue avec Rodrigo : Pas de mauvaise conscience pour nous de la laisser à bord pendant que nous sommes sur l’eau. Quant à nous, nous retrouvons nos habitudes Tuaomutiennes avec des séances de macramé ou de backgammon le soir. C’est la belle vie! Quand le vent tombe, nous nous approchons de l’hôtel Cousteau, situé juste à côté, à proximité duquel nous pouvons ancrer et profiter des alentours, à terre. Ça fait du bien de se dégourdir les jambes sur le plancher des vaches de temps en temps. Cependant, les promenades sont plus agréables sur la plage ou la route que dans les cocoteraies ou la forêt où les moustiques sont extrêmement virulents. Ces escapades à terre nous rapellent souvent à quel point nous sommes chanceux sur nos bateaux d’échapper aux intraitables insectes tropicaux en tous genres.
Les Photos
Comme le vent semble se calmer et nous permettre de continuer à grimper vers le Nord, nous allons passer le week end à Savu Savu et ainsi profiter du marché du samedi pour faire quelques provisions. Cette petite ville est la principale (ou la seule?) sur le côté Est de Vanua Levu. Même si elle n’est pas bien grande, la rue principale grouille de monde, venu de tous les villages alentours, en bus ou en barque, pour vendre leurs productions maraîchères ou acheter des victuailles. Pour nous, qui nous déplaçons à pied, cette petite ville a une taille parfaite: On peut y trouver à peu près tout ce que l’on cherche en ne marchant pas plus de 10 minutes de part et d’autres de la marina où nous sommes ancrés. À part le seul petit supermarché qui arbore les logos Québécois et Néo-Zélandais de IGA et New World (!!??!!), le reste est très simple, voire rustique, comme partout à Fiji. Le marché, situé en plein centre le long du bord de l’eau est très rudimentaire mais, une fois encore, plein de beaux fruits et légumes locaux, d’épices et d’artisanat. Nous y achèterons aussi quelques paquets de kava pour faire le sevu sevu dans les villages que nous visiterons : Le Kava est une plante du Pacifique Ouest dont on fait la boisson traditionelle du même nom en broyant les racines et en faisant infuser cette poudre couleur cacao dans l’eau. La tradition fidjienne veut que nous fassions offrande d’un paquet de kava au chef de chaque village que nous visitons.
Accolés au marché, nous trouvons quelques minuscules restaurants, abrités sous quelques tôles ondulées, où nous découvrons pour un prix ridicule un des plats traditionnels fidjiens, le poisson miti. Le miti est en fait du lait de coco préparé en râpant et pressant l’intérieur d’une coco sêche auquel on ajoute du piment, citron et ail.
Le poisson est grillé ou frit, servi avec de la cassave bouillie et le tout est recouvert de cette délicieuse sauce. C’est un vrai délice, simple à préparer. Pendant que les parents vaquent d’une échope à l’autre pour complêter l’approvisionnement, les enfants de Korrigan et El Caracol profitent de la grande liberté d’être en ville. L’environnement semble très sécuritaire et nous sommes à l’aise de les laisser seuls. Les plus jeunes font du skateboard (Éléa découvre ce sport et adore ça) pendant que Phoebé et Lia s’installent sur une pelouse et vendent des créations en macramé de leurs mamans. Elles auront un certain succès et beaucoup de plaisir.
IGA, bannière américaine la Independent Grocers Association semble devenue vraiment internationale
Bert
MERCI..pour vos bons reportages..bien documentés et avec de belles photos
Bisous
MErci Edwige de tes encouragements !
Bises, Olivier