Finalement, la météo nous offre une opportunité de nous rendre vers les îles du groupe Lau. Ce sont des atolls isolés, situés entre les îles Tonga et Fiji. Avec des Alizés de secteur Est soufflant la majorité du temps, il est donc difficile de s’y rendre. La pause de vent que nous avons est la première opportunité depuis un moment et nous nous résolvons à nous rendre jusqu’à Vanua Balavu au moteur. Nous ferons ce trajet en compagnie des deux bateaux que nous avons récemment rencontrés à Qamea, Renegade, famille californienne et Alicat, bateau de retraités/surfeurs/kitesurfeurs Néo-Zélandais. Après une nuit de moteur et de calme plat, nous atteignons Vanua Balavu au petit matin et devons attendre une petite heure que le soleil soit assez haut afin d’emprunter l’étroite passe. Pendant ce temps-là, les équipages des 3 bateaux s’emploient à pêcher à la traîne le long de la barrière de corail. C’est Alicat qui aura le plus de succès en remontant un beau thon à queue jaune que nous dégusterons tous ensemble le soir-même en sashimis. Nous ne pouvons aller directement dans la fameuse baie des îles (voir photo en entête de cet article) car nous devons tout d’abord aller faire le sevu sevu au village de Daliconi : Le sevu sevu est cette courte cérémonie traditionnelle fidjienne qui consiste à nous présenter auprès du chef du village, lui faire une petite offrande de kava afin d’être officiellement admis au sein de la communauté locale. Cette rencontre permet aussi de savoir ce qui est autorisé ou tabu, et avoir une certaine légitimité à se balader dans ces villages très isolés. Une fois la formalité accomplie, nous rejoignons directement la magnifique baie des îles. Il s’agit en fait d’un labyrinthe de petites baies, îles et îlots, rochers hérissés d’arbustes ou pandanus, baignés dans une eau d’un turquoise surréaliste. Ces méandres recèlent de surprises comme des ponts de roches, des piscines naturelles que nous découvrons au fil des explorations en annexe ou SUP. Ces méandres créent des mouillages très abrités, parfait pour que les enfants s’adonnent au wakeboard, alors que les adultes s’essayent au foil tracté que possède Alicat. J’aurai aussi l’occasion d’aller chasser avec Robin et Brian de Renegade, qui sont tous deux passionnés de chasse sous-marine. Alors que je m’apprête à revenir bredouille de cette première sortie en leur compagnie, je remonte finalement avec une énorme langouste. Elle fera notre régal le soir, grillée et servie avec un beurre à la vanille de Polynésie. Nous ne passerons que deux jours dans ce décor paradisiaque car les alizés reprennent rapidement et nous souhaitons kiter de l’autre côté de l’île, exposée aux Alizés. Nous quittons temporairement les deux autres bateaux, qui nous rejoignent quelques jours plus tard à Little Bay. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une petite baie quasiment fermée par des montagnes et une étroite passe. Si cette baie est étroite, elle se continue à l’intérieur des terres en se rétrécissant au point de se transformer en une étroite rivière coincée entre deux montagnes. Celle-ci débouche sur une grande étendue qui forme une sorte de lac. On en serait presque étonné d’être toujours dans de l’eau salée. Le terrain adjacent à la baie est sous la surveillance de Tui, un homme du village voisin chargé de s’occuper du terrain. Ce dernier est très content d’avoir de la visite et nous accueille les bras ouverts, une fois que nous lui avons confié le kava pour qu’il l’amène au chef du village voisin en guise de sevu sevu. Il faut en effet répéter le rituel à chaque fois que l’on se retrouve sur le territoire d’un autre village. Pendant les quelques jours que nous resterons là, nous ferons la navette avec Korrigan entre Little Bay et la petite barrière de corail située à quelques centaines de mètres de là et derrière laquelle nous pouvons kiter. Notre hôte est béat de surprise car n’a jamais vu personne pratiquer ce sport. Il est aussi très fier que tout cela se déroule devant chez lui et ne manque pas de partager la nouvelle avec les pécheurs du village voisin qui font un petit détour en rentrant le soir pour voir le spectacle. Malheureusement pour nous, ce n’est pas le meilleur spot car le vent y est plutôt rafaleux. Lorsque je ne kite pas, je ne manque d’aller faire un tour sous l’eau pour chasser. Si la visibilité est plutôt mauvaise, le récif regorge de poissons. Outre les traditionnels poissons perroquets qui sont ici ma proie favorite, je remonterai un beau Trevally que j’offrirai à Tui en échange de tout ce qu’il nous donne : Bananes, cocos, papayes, etc. En ces lieux isolés nous adoptons rapidement le régime local : Poisson grillé miti (lait de coco épicé) avec du fruit à pain ou des bananes bouillies. Les filles et leurs amies Malia et Isla de Renegade se régaleront à faire des tours de cheval avec Tui sur la plage. Pas de route pour se rendre jusqu’ici et le cheval reste le seul moyen de transport pour lui. Les filles sont ravies et notre hôte est plutôt fier de côtoyer du monde venu d’ailleurs et surtout de visiter nos bateaux.
Les Photos
Une fois encore, dès que le vent nous offre une trêve en n’étant pas directement dans l’axe de notre prochaine destination, nous quittons notre mouillage pour nous rendre au village principal de Vanua Balavu, Lomaloma. Nous sommes chanceux car le bateau ravitailleur y est arrivé le jour-même : Il ne passe qu’une fois par mois et sa cargaison est insuffisante pour la population de l’île. Nous nous pressions vers la seule épicerie du village alors que le ravitaillement est encore en train d’y être débarquée. L’expérience de « magasinage » est bien différente de celle que l’on peut connaître dans nos pays occidentaux de nos jours dans ces petites épiceries où tout s’achète au comptoir et non en rayon. Nous trouvons l’essentiel même si les denrées fraîches sont plutôt rares et repartons aussitôt pour notre prochaine escale, le petit village de Susui, situé à l’extrême Sud de l’île.
Nous sommes très bien accueillis à Susui lors du Sevu sevu et nous nous sentons à l’aise à nous promener dans ce village isolé, toujours escorté par une cohorte d’enfants. Celui-ci tient sa réputation aux lagons cachés situés sur son territoire. Une fois encore, la géographie de cet atoll n’arrête pas de nous étonner : 3 lagons quasiment complètement fermés sont cachés derrière de hautes et étroites montagnes. Nous les explorons en annexe en essayant de faire quelques prises de vue avec le drone dont l’opération au-dessus de l’eau nous cause beaucoup de stress ! Ces étonnantes plans d’eau sont quasiment fermés et invisibles pour celui qui ignore son existence. On découvre aussi à Susui un petit spot de kite qui nécessite de traverser le village à pied ainsi qu’une petite bande de forêt. Notre manège est vite repéré et à chacune de nos expéditions, les spectateurs sont de plus en plus nombreux. Adultes comme enfants viennent en nombre voir l’étonnant spectacle de ces étrangers qui filent sur l’eau et s’envolent accrochés à un grand cerf-volant! S’ils sont épatés par les habiletés de Phoebé, assurément la première ado qu’ils voient pratiquer ce sport, ils ne manquent pas de rire à chacune de nos gamelles! Même les chiens du village sont de la partie et nous poursuivent dans l’eau à marée basse. Ici non plus, le spot n’est pas idéal, mais le contexte est pour le moins unique. Lorsque le vent n’est pas de la partie, notre petit groupe de chasseurs sous-marins se régale sur les récifs alentours. Le lagon regorge de poissons et les récifs sont vraiment beaux avec un corail bien vivant. Une preuve encore qu’offrent ces endroits isolés de l’impact de l’homme sur ces fabuleux écosystèmes marins. Les lagons cachés et la mangrove qui borde leur pourtour recèlent aussi de vie : crabes et surtout des huîtres que nous aurons l’occasion de goûter lors d’une activité organisée par les villageois pour récolter quelques dollars auprès des cruisers de passage : Ils nous emmènent avec la barque du village vers une belle petite plage dans le lagon voisin où ils allument un feu. Une fois les huîtres récoltées, elles sont ouvertes sur les braises sur lesquelles cuit aussi le fruit à pain. Servies avec un jus de citron, ces huîtres sont excellentes. Avec Alicat et Renegade, nous goûtons à nouveau aux plaisirs de voyager à plusieurs bateaux. Les filles retrouvent deux amies de leur âge avec qui elles s’entendent très bien et nous passons de belles soirées ensemble, comme celle soirée cinéma sur Alicat, avec projection du film sur le génois. Vive le luxe du catamaran ! Après une dizaine de jours dans cet agréable village où la gentillesse et la générosité des fidjiens était encore à la hauteur de sa réputation, nous levons l’ancre pour découvrir une autre île du groupe Lau, Namuka.
Waouhhhh ! Super sympa de voyager avec vous…
Je n’avais pas vu que vous étiez à Nouméa depuis a fin Août… Avez vous pris contact avec Matthieu Junker ?
Quel magnifique voyage vous avez fait !!! On dévore vos photos des yeux !
Isabelle
Rebel6