Kadavu (1er au 10 Août)
Nous avons environ 200 miles nautiques à parcourir entre Folaga et Kadavu, la première grosse île qui offre des mouillages de qualité sur notre route vers Viti Levu. Cette fois-ci, nous choisissons notre horaire de sortie en fonction de la marée et la passe sera franchie sans encombre mais avec un peu d’émotions de ma part en pensant aux merveilles qui se trouvent en dessous. Peu après notre départ, nous sommes contactés à la VHF par un navire de la marine fidjienne qui patrouille dans les environs. Il appelle ainsi tous les bateaux visibles sur l’AIS. En effet, on a entendu parler à plusieurs reprises de saisie de drogue sur des voiliers de passage. La proximité (relative) de l’Australie et la Nouvelle-Zélande font de Fiji un endroit stratégique pour les trafiquants. Les alizés sont présents pour cette traversée, mais assez irréguliers, tant et si bien que nous aurons un vent léger au début, encore une fois, plus de vent du tout pendant une partie de la nuit puis un vent assez fort et un temps bien couvert pour terminer. Une fois n’est pas coutume, nous arrivons aux abords de la passe de Kadavu peu avant la nuit. Malgré tous nos efforts pour planifier au mieux les navigations, le vent reste roi pour les temps de trajet et nous nous retrouvons trop souvent dans cette situation. Grâce aux images satellite, la passe est franchie sans encombre surtout qu’elle est bien protégée de la houle. Il nous reste encore à naviguer quelques miles dans le lagon pour rejoindre notre mouillage situé derrière l’île de Galoa. Cette portion est un peu plus stressante car le chenal est très étroit entre les récifs et le balisage des hauts fonds ne sont pas très orthodoxes. Encore une fois, la navigation moderne facilite le tout grâce au GPS, les cartes électroniques et les images satellites. Depuis notre arrivée à Fiji, nous utilisons l’application chinoise Ovitalmap sur ma tablette. Même si celle-ci n’est pas très conviviale, elle présente l’avantage de télécharger très efficacement les images satellites de Google Map en choisissant le niveau de zoom. En utilisant le GPS intégré de la tablette, on a une idée parfaite de notre position vis-à-vis des récifs. Lorsque nous n’avons pas de connexion internet, on peut télécharger à l’avance les images d’une zone prédéfinie, au niveau de zoom souhaité.
Après une nuit for calme dans ce mouillage qui pourrait être un parfait abri cyclonique tant il est protégé de toutes les directions, nous partons en annexe vers une baie située à 2 miles nautiques environ afin de rejoindre le village pour y faire quelques emplettes. Après un mois dans le groupe Lau, les vivres et les réserves d’essence pour l’annexe sont au plus bas sur Korrigan et surtout, nous aspirons à manger autre chose que de la papaye verte! Nous laissons l’annexe au fond d’une petite baie, un peu sale et vaseuse où accostent les nombreuses barques-taxi qui viennent des autres villages côtiers. Ici, vu le peu d’infrastructures, les barques munies de moteur hors-bord sont le moyen de transport le plus efficace, et souvent le seul! Après une dizaine de minutes de marche à pied et une solide côte à monter, nous atteignons le petit village de Vunisea. Une fois encore, nous sommes surpris à quel point tout est rustique, malgré la proximité d’un aéroport et, a priori, la présence de quelques hôtels touristiques dans les environs. Les magasins sont des cabanes de tôles un peu plus grandes que les quelques habitations du village. Malgré tout, les magasins sont correctement achalandés, ainsi que le marché et nous trouverons à peu près tout ce dont nous avons besoin (selon des standards du Pacifique Sud…). La station-service est étonnante : Un abri de tôle avec des fûts couchés sur des palettes. Selon la quantité demandée, le « pompiste » remplit des grands brocs d’étain du carburant demandé. Lorsque le fût est vide, il roule un autre fût de 250 litres à proximité et en pompe le contenu avec une petite pompe à manivelle. Simple et efficace, ça ne tombe jamais en panne! Chargés de victuailles et de bidons d’essence, nous embarquons dans un pickup pour rejoindre l’annexe. La marée ayant bien baissé, un groupe d’étudiants qui attendent une barque pour rejoindre leur village nous prête main-forte pour traîner l’annexe dans la vase où nous nous enfonçons jusqu’à mi mollet. Une fois le bateau chargé, nous entamons le long retour vers Korrigan contre le vent qui souffle encore à plus de vingt nœuds, levant des vagues courtes qui ne manquent pas de nous arroser copieusement : Depuis le temps, nous sommes habitués : on ne met plus d’habits propres pour aller à terre, mais au retour, quand on revient complètement salé! Décidément, en bateau, faire les courses est souvent une mission longue et fatigante qui n’a rien à voir avec un aller-retour rapide en voiture au supermarché du coin! Nous voilà à nouveau autonomes pour quelques temps et nous quittons sans plus tarder notre mouillage pour un autre, plutôt insolite: Nous sommes tous en manque de kite et cette côte Sud-Est de Kadavu reçoit directement les alizés. Encore une fois grâce aux images satellites, je déniche une belle étendue de sable derrière la barrière de corail. Nous y mouillons sur 3 ou 4 mètres d’eau. La proximité immédiate de la barrière de corail offre un plan d’eau parfaitement plat, tout au moins à marée basse. Tout ce qu’on veut pour le kite. Vu de l’extérieur, nous donnons l’impression d’être ancrés au milieu de rien, surtout à marée haute. Nous resterons presqu’une semaine dans ce parfait isolement, avec de belles sessions de kite à la clé tous les jours malgré un temps très maussade. En réalité, le haut relief de Kadavu favorise l’accumulation des nuages et nous sommes quasiment en permanence dans la grisaille ou sous la pluie. Nous nous languissons de retrouver le temps sec du sud de Viti Levu que nous avons tant apprécié au début de notre séjour aux Fiji. Éléa fera ici ses premiers essais de maniement de kite, malgré les conditions peu propices à l’apprentissage du fait de l’absence de terre ferme: Le kite est attaché à une longue corde à l’arrière de Korrigan et nous sommes tous deux dans l’eau, moi lui donnant des instructions et la tenant par le harnais. Elle fera quelques beaux vols planés en apprenant à maîtriser la puissance du kite. Avec ses trente et quelques kilos, elle a vite fait de décoller! Nous continuerons l’apprentissage dans les semaines suivantes sur le banc de sable de Musket Cove, plus propice.
Le temps passe et la mi-Août, date à laquelle nos amis de El Caracol repartent définitivement vers le Portugal, approche. Nous entamons donc notre remontée vers le Nord de Kadavu où nous passerons quelques jours seulement. Au terme d’une longue journée de navigation au près, nous retrouvons brièvement nos amis de Renegade au grand bonheur des filles des deux équipages. Nous ferons une belle exploration ensemble dans une passe très vivante (Passe de Naigoro), aussi bien en coraux qu’en poissons. En effet, cette immense barrière de corail, surnommée Astrolabe Reef, d’après le nom du bateau du navigateur français La Pérouse, est un autre trésor sous-marin des Fiji. Nous ne pourrons cependant pas vraiment profiter des nombreuses îles du lagon car plusieurs d’entre elles sont utilisées pour la production de la téléréalité « Survivor ». C’est le troisième endroit aux Fiji où nous nous sommes confrontés à cela. Le samedi 10 Août, dans l’après-midi, nous anticipons notre départ en vue du vent qui va tomber dans les prochains jours. Le début de navigation, au plein vent arrière sans houle avec la belle silhouette de Kadavu qui se découpe sur le soleil couchant est magnifique, avec même un petit groupe de dauphins qui viennent nous rendre visite.
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Retour à Musket Cove avec El Caracol (11 au 18 Août)
Le 11 Août, nous voilà revenu à Musket Cove où nous avions commencé notre séjour aux Fiji. La haute saison de croisière bat son plein et il y a énormément de bateau dans le mouillage. Nous restons un peu à l’écart avec El Caracol, à côté du banc de sable. En l’absence de vent ces jours-ci, les enfants font du wakeboard, activité où tous commencent à très bien se débrouiller. Nos amis commencent à être très occupés à vider le bateau et préparer le grand retour chez eux, au Portugal prévu pour la semaine prochaine. Sous prétexte de faire de belles photos de leur bateau avec le drone, nous irons passer 2 jours à Cloud 9, un mouillage le long de la barrière de corail (voir photo d’entête et ci-contre) où se trouve un bar flottant. C’est une attraction à succès pour les touristes en vacances dans les hôtels sur l’île principale. Pour notre part, les tarifs des consommations sont inaccessibles et nous préférons passer du temps dans l’eau, qui est si claire et chaude. Par contre, la vie sous-marine est évidemment beaucoup moins riche que dans le groupe Lau et les poissons sont rares. Je ramènerai quand même quelques petits poissons perroquets pour le souper.
Après ces quelques jours de farniente, le vent revient et nous pouvons nous offrir quelques belles dernières sessions de kite avec Jorge. Il est d’une motivation et endurance sur l’eau sans nom et cela crée une belle émulation pour essayer de nouvelles figures ensemble. Les gamelles font moins mal quand l’autre tombe aussi solidement! À mi marée, nous profitons du grand espace du banc de sable recouvert de moins d’un mètre d’eau pour faire pratiquer le kite à Éléa. L’exercice principal consiste à la laisser se faire tirer dans l’eau grâce à la puissance du kite. C’est l’exercice essentiel à maîtriser pour ensuite pouvoir sortir de l’eau sur la planche. Elle est très fière d’elle et avide de continuer l’apprentissage. Maintenant, ce sera certainement en Nouvelle-Calédonie car il est temps de se préparer au départ. Le 18, nous rejoignons Denarau en compagnie d’El Caracol car toute la famille, sauf Jorge et Rodrigo, prennent l’avion le lendemain matin. Nous sommes bien contents de ne pas avoir fait ce trajet seuls, car une fois de plus, le vent nous manque… et le gazole aussi! Nous tombons en panne sèche pour la première fois. El Caracol nous rejoint, passe un bidon de gazole et nous voilà repartis. Après un bon dernier repas ensemble au restaurant de la marina, c’est l’heure, toujours émouvante des au-revoir. Voilà maintenant 3 ans que nous naviguons en pointillé ensemble. Encore une autre séparation dans notre sillage.
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Travaux à Denarau et Vuda marina… et départ (18 au 26 Août)
Avant de partir vers la Nouvelle-Calédonie, nous avons quelques travaux à faire sur le bateau, en particulier sur le moteur. En particulier, il me faut changer le joint d’étanchéité de l’arbre d’hélice qui fuit de plus en plus. Comme cette opération doit évidemment se faire à sec, nous choisissons d’échouer le bateau sur un banc de sable à Denarau. Situé dans le grand bassin où se trouve la marina, ce grand banc de sable devrait nous offrir au moins 4 heures à sec pour changer la pièce. Sur le papier, l’opération semble simple : Il « suffit de désaccoupler l’arbre d’hélice et de le faire glisser vers l’extérieur afin de changer le joint. Malheureusement, l’arbre refuse de glisser. Je passerai des heures et des heures à taper dessus de l’extérieur, de l’intérieur, à faire levier avant de pouvoir mettre en place le nouveau joint. Il va sans dire que l’opération, implacablement minutée par la montée de l’eau est quelque peu stressante. Nous manquerons cependant de temps pour remonter l’hélice (notre hélice à pas variable est un véritable casse-tête à remonter). Avec Daphné, nous pataugeons déjà dans l’eau en essayant de la remonter pendant que Phoebé s’affaire à sauver les outils. Finalement, nous la remonterons de nuit, à 3 heures du matin, à la prochaine marée basse. Malheureusement, un autre challenge nous attend encore : Le vent a tourné depuis 24 heures et nous a poussés plus loin sur le banc de sable, si bien que, à pleine marée haute, Korrigan flotte à peine! Nous arriverons à regagner les eaux libres en allant porter l’ancre plus loin en annexe et en tirant dessus, aidés du moteur. C’est évidemment à ce moment que la chaîne de l’ancre choisi de se bloquer complètement dans le guindeau. Je n’ai d’autre solution que le démonter en quatrième vitesse pour dégager la chaîne et finir à la main. Quelle aventure! La bonne nouvelle, c’est que nous n’avons plus d’entrée d’eau dans le compartiment moteur. Nous prenons aussitôt la direction de Vuda marina où nous resterons quelques jours… pour d’autres travaux.
Comme si tout cela n’était pas assez, le vent se lève et souffle désormais à 20-25 nœuds lorsque la marina nous informe qu’elle est pleine. Ils nous acceptent cependant si nous pouvons nous placer le long d’un mur, dans l’entrée du bassin. Pas moins de 3 ou 4 tentatives seront nécessaires pour nous mettre à quai dans ce petit espace où notre bateau peine à tourner avec le vent qui s’y engouffre. De plus, les braves employés de la marina ne sont pas très habiles avec les amarres que nous leur lançons. L’après-midi même, je m’attaque à notre deuxième et plus importante voie d’eau dans le compartiment moteur : La pompe d’eau de mer du moteur (qui sert à son refroidissement) fuit copieusement. Je la démonte mais je choisis, pour une fois, de confier la réparation à un mécanicien. Il y a en effet ici un bon mécanicien qui me fera le travail pour à peine plus que le prix des pièces. Tout comme celui qui nous avait modifié notre frigo il y a 2 mois, c’est un jeune indien très débrouillard et travailleur. Le temps que la réparation se fasse, nous prenons le temps d’aller en taxi à Lautoka, la ville principale, où nous faisons nos courses d’avant départ sous une chaleur écrasante. Pendant que les filles profitent de la marina (Et de ses fabuleuses douches!), Daphné nous fabrique de superbes draps avec de beaux tissus achetés en ville. Il y a un choix énorme ici. Quant à moi, je continue les petits travaux sur Korrigan. Si je n’arrive toujours pas à refaire fonctionner notre radar après avoir changé un câble suspect, je pense cependant avoir trouvé la cause de nos problèmes de dessalinisateur des derniers mois : Celui-ci semble fonctionner correctement mais uniquement lorsque le moteur ne tourne pas trop vite (le moteur du bateau entraîne la pompe haute pression du dessalinisateur) : La courroie semble tout simplement détendue. Simple, non ? Encore une fois, en théorie, il suffit de desserrer quelques boulons, faire coulisser la pompe pour tendre la courroie et le tour est joué. Seulement, ces boulons sont très inaccessibles et rouillés. Un d’entre eux, le plus inaccessible, ne capitulera jamais et me forcera à passer des heures et des heures à le scier au Multi Dremel, en ne voyant qu’à travers un minuscule miroir. Ce n’est qu’après 6 ou 7 heures que je parviendrai à bout de cette épreuve, les mains en sang, blessées par les angles agressifs des multiples colliers, tuyaux, boulons ou autres morceaux de métal au milieu desquels je dois glisser les mains à l’aveuglette pour combattre cet affreux boulon. Je ne manquerai pas de jurer contre la décision d’installer cette pompe dans un espace si restreint. Pour mettre à l’épreuve un peu plus mes nerfs, je referai deux fois le remontage car une autre courroie a été endommagée pendant la bataille. Un de ces moments où l’on haït le bateau et le paquet d’emmerdes qui viennent avec. Heureusement, le cadre de la marina est agréable et nous pouvons profiter le soir de l’excellent restaurant et bar et des « luxueuses » salles de bains ou encore nous faire chouchouter par les filles qui nous préparent, un soir, un excellent « Restaurant Corail ».
Finalement, après 6 jours de préparatifs, nous voilà prêts à quitter Fiji le lundi 26 Août. Le vent et la mer sont encore forts pour notre départ, mais partir maintenant nous permettra a priori d’éviter du mauvais temps à l’arrivée. La matinée du lundi est employée à faire les formalités de départ avec les agents des douanes et immigration qui ne sont pas très ponctuels ni rapides. Cependant, ils sont aussi gentils et souriants que la majorité des Fidjiens et nous baignerons dans cette bonne humeur jusqu’à dernière minute : En effet, sachant que nous partons, les employés de la marina se sont tous réunis sur la terrasse du restaurant et nous font une belle chanson de départ qui témoigne une dernière fois de l’hospitalité exceptionnelle des Fidjiens. Encore un endroit que nous quittons en nous promettant de revenir… un jour.
Nice to hear from you and to follow your journey.
Suddenly it is winter here.
-11 yesterday and to warmup to a balmy -1 later today. Yikes!
So feels warmer when reading your blog.