19 Décembre, arrivée à Sainte-Anne
Après notre sortie sportive de Petite-Terre, nous voilà en route pour Sainte-Anne, le réel objectif de notre transat. En effet, arriver en Guadeloupe à Sainte-Anne où Daphné a habité pendant 3 ans est hautement symbolique pour elle mais c’est aussi là-bas que toute la famille doit nous rejoindre. Une grosse délégation vient du Québec (Catherine, la maman de Daphné, Bertrand, sa fille Annabelle, Océane, sa sœur, Olivier et Maïa la petite dernière de la famille qui n’a que 7 mois) et de France (Josiane ma mère, Stéphanie ma sœur, Benoît et leurs 2 enfants Ella et Noé). Nous arrivons en vue de Sainte-Anne après avoir essuyé 2 bons grains et péché un petit barracuda que nous avons malheureusement dû relâcher: En effet, dans les eaux guadeloupéennes comme plus au Nord des Antilles, ils peuvent être porteurs de la ciguaterra (maladie qui affecte le système nerveux). La houle s’étant fortement levé depuis la veille, jusqu’au dernier moment, nous ne sommes pas sûrs de pouvoir rentrer dans le lagon de Sainte-Anne et surtout de pouvoir y rester au mouillage. Espérons que oui car Océane nous y attend depuis plusieurs jours et à lire ses messages sur l’Iridium, elle n’en peut plus d’attendre! C’est surprenant à quel point il est difficile de reconnaître les lieux en arrivant par la mer. La côte semble très longiligne et seule l’écume des vagues qui déferlent sur la barrière de corail indique la présence du lagon. Finalement, nous rentrerons sans encombre dans la passe et venons nous ancrer à proximité du village, seul endroit du lagon où il y a du fond. L’emplacement, dans l’axe de la passe est loin d’être idéal car la houle s’y engouffre généreusement et secoue fort. Cependant, l’heure est aux retrouvailles, nous trouverons éventuellement un meilleur mouillage plus tard. D’ailleurs, Océane qui n’en pouvait plus de nous attendre à terre (nous arrivions à pas de tortue après nos 2 grains), a emprunté un kayak au club de voile et vient nous rejoindre. Elle emmène avec elle Phoebé, qui ne remettra pas les pieds à bord avant plusieurs semaines!
À terre, même si le reste de la famille n’est pas encore arrivé, nous avons quand même un petit comité d’accueil qui nous attend : Océane, Maïa, Alizé, la meilleure amie d’Océane qui vit ici, ainsi que Jacqueline, meilleure amie de Daphné quand elle habitait en Guadeloupe et son mari Christophe, venus en vacances pour les fêtes. Nous célébrons dignement notre arrivée à terre avec accras et Ti-punch dans un resto de plage à côté de la plage municipale de Sainte-Anne.
Les Photos – Guadeloupe en famille
20 Décembre au 2 Janvier 2016, fête, famille et kite à Sainte-Anne
Les 2 semaines suivantes sont d’un contraste saisissant après avoir joué pendant quinze jours aux ascètes de haute mer. Au sain régime hauturier – poisson, pas d’alcool et activité physique – que nous avions adopté se succèdent apéros à rallonge et grosses bouffes en famille. Nous nous partageons entre l’appartement de Catherine, juste devant la plage de Sainte-Anne et le gros appartement que mes parents et ma sœur ont loué à quelques kilomètres d’ici. Les filles veulent profiter un maximum de leurs cousins-cousines et grands-parents. Elles ne veulent plus entendre parler de bateau et se baladeront pendant 2 semaines entre les 2 appartements, avec pour seuls bagage une robe, un maillot de bain et une culotte! Nous les laissons se gérer seules et décider où elles veulent aller. Elles se partageront très bien entre les 2 familles et profiteront un maximum de leurs cousin(e)s. Nous réalisons aussi à quel point elles ont grandi pendant ces 6 premiers mois de voyage. Nous sommes aussi bien contents d’avoir des petites vacances sans enfants et restons tous 2 seuls à bord, sauf quand Charles se joint à nous. Lui aussi alterne entre l’appartement et le bateau jusqu’à son départ. Nous sommes chanceux car, à la panne d’alizés que nous avons connue sur la fin de la transat, succède une belle période d’alizés soutenus qui nous permettront de faire du kite surf tous les jours où nous le désirons. Après une première nuit très mouvementée par la houle, nous avons déplacé le bateau vers le fond du lagon, entre le petit port de pêche de Galbas et la pointe de la Caravelle où se situe le Club Med. Ici la houle rentre beaucoup moins et lorsqu’elle le fait, elle est orientée dans le même sens que le vent. Le bateau ne roule plus d’un bord sur l’autre de façon insupportable. Malheureusement pour les quillards, l’endroit est peu profond (entre 1.5 et 2.5 mètres d’eau). Pour nous, c’est idéal car
nous sommes tranquilles, tous seuls, à 5 minutes en annexe de la pointe de la Caravelle d’où nous pouvons partir en kite (à la pointe s’est installée une petite école de kite). Sur cette petite plage, lever le kite est un peu chaud entre les cocotiers et le corail hyper tranchant de la barrière, mais une fois le kite en l’air, nous avons un spot idéal. Avec ce rythme de pratique, nous faisons tous deux des progrès fulgurants. Notre routine s’établit : Kite le matin, lunch sur la plage municipale de Sainte Anne où nous nous régalons des excellents bokits (sandwiches dans des pains-beignets) et accras, suivi de jeux et baignade en famille sur la plage où nous nous retrouvons tous l’après-midi. Nous passons ensuite la soirée soit à l’appartement de Catherine, soit chez mes parents. L’ambiance de la plage de Sainte-Anne n’a pas trop changé en 10 ans : Toujours les « Madames coco » qui font du sorbet coco traditionnel dans leurs sorbetières manuelles, les camions au bout de la plage avec leurs bons plats antillais à prix raisonnable. Seule déception, la plage a considérablement réduit et la population qui la fréquente a fortement augmenté. Au final, on y est pas mal entassé.
Pendant ces 2 belles semaines parfumées au rhum sous toutes ces formes (!), pour varier les activités, nous ferons 2 sorties en Basse-Terre en groupe : La première nous a emmenés au saut de la Lézarde (chute d’eau au milieu de la forêt, avec un beau bassin pour la baignade) et la seconde à Malendure, la réserve marine où nous sommes allés plonger. Notre excursion au saut de la Lézarde s’est transformée en glissades dans la boue : Le chemin pour descendre dans la forêt était complètement défoncé par les fortes pluies et nous avons eu un mal fou, en particulier avec les enfants, pour nous rendre en bas et pour remonter, au terme de nombreuses glissades et escalades dans la boue, accrochés à des lianes! Heureusement, l’endroit est toujours aussi beau, rafraîchissant par rapport à la chaleur de la plage. Tout le monde, grands comme petits s’amuse à nager ou sauter dans l’eau.
La sortie à la réserve sous-marine de Malendure fut l’occasion à plusieurs de faire ou refaire un baptème de plongée, alors que Daphné, Charles et moi-même pouvions renouer avec la plongée après plusieurs années sans plonger. Nous avions offert à Phoebé un baptême de plongée pour Noël. Elle a adoré ça et rêve déjà de plonger à nouveau. Ça tombe bien car les occasions ne devraient pas manquer dans les prochaines années! Océane et Olivier, dont c’était le premier baptême, ainsi que Claude et Benoît dont c’était la seconde expérience ont aussi adoré leur excursions sous-marine. Il faut dire que malgré la forte fréquentation du site, les fonds sont magnifiques aussi bien au niveau du corail que de la faune. C’est forcément plus passionnant comme baptême que de regarder la mosaïque blanche et bleue de la piscine municipale….
Au chapitre des anecdotes, je passerai un Noël particulièrement malchanceux : Nouvelle blessure en kite le 24 décembre, exactement au même endroit sur le tibia gauche qu’au Cap-Vdert…en beaucoup plus gros. Elle mettra plus d’un mois et demi à guérir. Au moins, la source du problème, mes footstraps, est identifiée et réglée. Le lendemain, alors que je gonfle mon kite sur la petite plage des Salines, celui-ci se fait éventrer sur un objet coupant : Le bord d’attaque est foutu et doit être remplacé. Outre les délais pour le faire venir de métropole, la facture est salée. Joyeux Noël!
Les Photos – Kite à Sainte-Anne
Sortie en famille à Marie-Galante (2 et 3 Janvier 2016)
Avec le mouillage peu agréable du lagon de Sainte-Anne, Korrigan est quelque peu à l’écart de la fête depuis 2 semaines. Il faut dire que se rendre au mouillage du village prend un bon 15 minutes en annexe dégonflée et qui prend l’eau de plus en plus. Pas évident pour organiser des apéros ou autre à bord avec la famille. Nous décidons donc d’emmener les « jeunes » pour 2 petites journées à Marie-Galante : Départ le samedi matin pour un retour dimanche midi car Stéphanie et Benoît reprennent l’avion pour Paris le soir. La distance à parcourir peut être couverte en 2 ou 3 heures et le dépaysement est garanti avec les plages tranquilles de cette île restée très isolée. Nous laissons donc les enfants aux grands-parents pour une nuit et Océane, Olivier, Stéphanie, Benoît, Annabelle et Alizé embarquent samedi matin sur Korrigan. Seule contrainte, nous devons faire de multiples voyages d’eau car l’eau du lagon est tellement trouble et pleine d’algues que nous ne pouvons utiliser le dessalinisateur. Dès la sortie du lagon, la houle est plus présente que nous l’aurions imaginé et aura raison des estomacs non amarinés de plusieurs de nos invités. Les autres feront leur possible pour rester propres! Heureusement, nous avons du bon vent et la navigation ne durera que 2 bonnes heures pour atteindre Anse Canot, située au Nord de Marie-Galante. Nous passerons un excellent moment tous ensemble, en particulier la soirée du samedi soir, passée sous les étoiles à chanter accompagnés d’Olivier et de son Ukulélé. Le retour sera plus confortable pour tout le monde grâce aux médicaments anti mal de mer et un angle vis à vis des vagues un peu meilleur : En effet, nous profitons de cette petite navigation pour changer de mouillage et aller mouiller dans le lagon de Saint-François où nous espérons trouver une eau de meilleure qualité pour faire de l’eau douce. Le mouillage du lagon de Saint-François est assez surpeuplé et nous mouillerons encore une fois dans très peu d’eau (1.5 mètre). Comme ma sœur repart pour Paris, mes parents rendent l’appartement et viendront habiter sur le bateau avec nous pour les 4 prochains jours avant de repartir à leur tour vers la métropole.
Les Photos – Les sorties en Guadeloupe
Saint-François (3 au 8 Janvier 2016)
Avec le changement de mouillage et le départ de ma sœur vient un changement de rythme : Les filles établissent leurs quartiers à l’appartement de Catherine à Sainte-Anne et nous sommes désormais 4 à bord. Je profite aussi du retour de mon père à bord pour entamer les quelques travaux que nous devons faire sur Korrigan : Changement de la fixation du halebas de bôme, réparations sur le support du dessalinisateur, vérification du secteur de barre et réparation de la fuite d’eau sur l’évacuation de l’évier. Cette dernière nous prendra une bonne demi-journée car nécessite que nous démontions une bonne partie du meuble de la cuisine… les joies du bateau! Pour changer la fixation du halebas, nous devons complètement démonter la bôme. Tout cela se fait très bien sauf que nous avons une mauvaise surprise : Cette pièce, en inox, a réagi pendant quinze ans à l’aluminium de la bôme et a complètement rongé le fond de la gorge dans laquelle elle s’insère. À terme, dans du gros temps, cela signifie que l’on peut plier la bôme, perspective peu attractive quand on plus de 30 000 miles à parcourir dans les prochaines années! Il faudra fabriquer une nouvelle pièce plus longue qui reprendra les efforts et isolée électriquement afin d’éviter l’électrolyse. La réinstallation de la pompe haute-pression du dessalinisateur dont une fixation avait cassé dans les mois derniers pose aussi quelques problèmes car Claude a beaucoup de mal a réisoler électriquement le support. C’est une des contraintes fortes des bateaux en aluminium : aucun courant ne doit revenir sur le moteur ou la coque sous peine d’électrolyse majeure. Pendant ce temps, je me retape une nouvelle corvée de toilettes avec démontage et nettoyage intégral du système. Malheureusement, nous ne pourrons pas faire plus d’eau douce à Sainte-François qu’à Sainte-Anne : Il y a tellement d’algues que celles-ci bouchent le passe-coque d’admission d’eau. J’en profiterai au moins pour aller nettoyer la dizaine de passe-coques qui commencent à s’encombrer de petits coquillages. C’est fou comment 2 semaines stationnaires dans de l’eau à 28 degrés profitent à la vie marine qui se développe sur la coque d’un bateau. Passe-coques obstrués, coque poilue, nous avons pas mal de travail de nettoyage à faire! Pendant que nous nous affairons sur les réparations, Daphné fera un bon avitaillement en profitant de la voiture de location de mes parents en prévision des îles moins bien achalandées ou plus chères que nous allons visiter dans les prochains mois.
Outre ces tâches utilitaires, nous profiterons des derniers jours de vacances de mes parents pour aller déguster de délicieuses langoustes dans un petit resto antillais de Saint-François ou encore faire une sortie tous ensemble à Port-Louis, tout au Nord de Grande-Terre. Ces endroits reculés de la Guadeloupe ne subissent pas le même assaut touristique et l’ambiance y est très authentique, les plages désertes. Nous fêterons l’anniversaire d’Annabelle dans un excellent restaurant dans le centre du village, le poisson d’Or. Seule ombre au tableau, depuis 3 jours, Éléa est malade. Vomissement, fièvre de cheval, elle ne va pas fort. La visite chez le médecin et les analyses de sang et d’urine concluront qu’il s’agit d’une infection bactériologique qui sera vite guérie une fois la prescription d’antibiotiques obtenue. De nombreuses personnes autour de nous sont malades en ce moment : Ce phénomène est fréquent aux Antilles pendant la période des fêtes avec tout le mouvement de touristes venus d’Europe, en proie à l’hiver et à ses affreux microbes galvanisés par un petit séjour climatisé en avion.
Jeudi, c’est le temps des aux-revoirs avec les parents. Je pense que, malgré tout, ils seront contents de retrouver leurs pénates après ces semaines assez éprouvantes avec les petits enfants …et sans lave-vaisselle (!!). Le prochain rendez-vous n’est pas fixé car nous connaissons désormais la difficulté de se fixer des points de rencontre en bateau. Mes parents étant à la retraite et voyageurs, j’ai peu de doutes sur leur capacité à nous rejoindre avec quelques semaines de préavis.
Retour à Sainte-Anne (8 au 13 Janvier 2016)
Il ne reste plus que Catherine, Bertrand, Océane, Olivier, Maïa et Annabelle qui repart prochainement. Nous revenons donc à Sainte-Anne car nous n’avons aucun avantage à rester à Saint-François où nous sommes isolés sans moyens de locomotion. Catherine nous accompagne pour ramener le voilier. Ces quelques miles de navigation satisferont néanmoins son envie de naviguer un peu sur le bateau.
Nous reprenons notre rythme Saintannais, sans le kite. En effet, le vent est tombé depuis plusieurs jours. Notre annexe redevient un élément du mobilier de la plage de Sainte-Anne dont profites plusieurs locaux pour s’y reposer, jouer de la musique ou y fumer de la ganja. Malgré tout, aucun objet qui traîne dans le fond de notre annexe ne disparaîtra pendant ces quelques semaines où l’annexe passera le plus clair de son temps sur la plage, dont certaines nuits. Nous sommes désormais connus des vendeurs d’épices et de légumes et faisons aussi connaissance de Philippe qui tient un petit lolo (petit resto antillais) proche de la plage où nous passerons plusieurs soirées animées autour de Ti-Punchs. Entre les soirées avec les amis de Catherine ou ceux d’Océane, celles-ci sont toujours aussi arrosées et festives. Il nous semble de plus en plus difficile de redécoller d’ici. Nous avons pris un rythme antillais dans lequel nous nous plaisons beaucoup. Notre vie de vagabondage est mise entre parenthèses, en particulier pour les filles, en amour avec leur petite cousine Maïa. Tout le monde est unanime à propos des filles : Elles sont gentilles, agréables et faciles à vivre. Elles se débrouillent beaucoup seules et Phoebé s’occupe à merveille des petits, avec beaucoup de patience et de dévouement. Elle profite aussi de la présence d’Olivier pour reprendre goût à la guitare. Il faut dire que ce dernier a décelé plusieurs problèmes sur la guitare de Phoebé, principalement liés à l’environnement très humide du bateau : Cordes rouillées, manche voilé. Heureusement, nous ferons la rencontre à Pointe-à-Pitre de Raymon, guitariste émérite qui travaille dans un magasin de musique. Il nous remettra d’aplomb la guitare le temps d’une pause lunch et Olivier offrira de nouvelles cordes à Phoebé. J’en profite pour décider de me mettre moi aussi à la guitare. En 5 ans, je devrais avoir le temps de progresser. En tout cas, si je ne prends pas le temps maintenant de me remettre à la musique, je pense que je ne le ferai jamais.
Pendant cette dernière semaine à Sainte-Anne, Phoebé en profitera pour renouer avec l’Optimist. Elle avait fait un stage à Beaconsfield pendant l’été 2014 et a beaucoup envie de refaire de la voile légère. Gustave, le sympathique gérant de la base de voile, nous permet de louer un Optimist et me laisse faire l’instructeur pour Phoebé en me prêtant un kayak. Nous ferons ainsi 2 sorties pendant lesquelles elle se débrouillera super bien, fière de diriger seule son bateau. Finalement, le 13, nous nous décidons à quitter Sainte-Anne avec Daphné pour aller passer quelques jours à Marie-Galante avant que Catherine, Bertrand, Océane et les 3 petites filles viennent nous rejoindre aux Saintes pour quelques jours, avant de se quitter.
Nous recevons les images de noël en février .
Je très content pour Daphné qui a fait son Come back aux Antilles accompagnée par sa mère .Elle a maintenant une famille solidement soudée par ce périple en mer
Nous vous embrassons tous tendrement
Papa et Domi
Désolé pour le retard dans les post, mais on a été bien occupé par la famille à Noel, et depuis, les connections internet ont été assez rares.
Gros bisous a vous!
Daphné