L’objectif de cet article est de partager notre expérience du Panama sur les aspects pratiques et logistiques. En effet, entre le passage du canal et le statut de dernière étape avant le Pacifique, les casse-têtes peuvent être nombreux.
Nous étions au Panama au premier trimestre 2017 et nous avons pu constater que les règles concernant le canal et les formalités évoluent vite (ou changent fréquemment ?) en comparant notre expérience à celle de bateaux-amis passés par là pendant l’année 2016.
Les formalités
L’entrée
Pour la majorité des plaisanciers, l’attrait principal du Panama est l’archipel des San Blas. Aussi, nous sommes nombreux à passer du temps dans ces îles avant d’arriver sur le Panama continental. Pour autant, on peut se permettre de ne faire les formalités d’entrée au pays qu’en quittant les San Blas en prenant quelques précautions. Ceci est particulièrement intéressant pour les plaisanciers qui, comme nous, souhaitent découvrir les îles des San Blas les plus à l’Est. En effet, il n’existe pas de bureaux de douanes dans la région, à part dans un obscur petit port de commerce situé à la frontière Colombienne. En fait, il n’y a même pas de route pour s’y rendre par la terre à l’Est de Nargana. En ajoutant à cela que les San Blas sont un territoire autochtone qui jouit d’une certaine indépendance vis-à-vis du Panama., il est assez improbable de voir les autorités Panaméennes patrouiller ces eaux confiées au peuple indigène Kuna. On ne risque donc pas grand-chose si l’on reste sur les îles, en particulier dans la portion orientale de l’archipel. Par contre, si l’on décide d’aller à terre sur le continent, on pourrait avoir la malchance de se faire contrôler par les autorités et risquer un petit séjour en prison et une lourde amende. Nous sommes restés sur les îles tout le long de notre séjour aux San Blas, ravitaillés de temps en temps par les veggie boats. C’est tout à fait faisable.
Une fois sortis des San Blas, nous avons fait nos formalités d’entrée à Linton Bay Marina et à Portobello :
On obtient le dispendieux cruising permit (200$) à Linton Bay Marina : Les autorités maritimes panaméennes ont un petit bureau situé dans un préfabriqué situé à l’entrée de la marina. De là, cruising permit en main, on peut prendre un bus qui amène à Portobello où se trouve le bureau de l’immigration. Le visa ne coûte que quelques dollars (changement récent car jusqu’en Décembre 2016, il coûtait 100$ par personne).
Dernier point, se méfier des agents comme Tito que certains engagent pour le passage du canal et qui promettent de faire économiser le prix du cruising permit en s’arrangeant pour faire tamponner les passeports sans avoir à montrer le document. En effet, pour faire la sortie du territoire, n’ayant pas de cruising permit, on doit à nouveau faire affaire avec le dit-agent et ses méthodes douteuses pour avoir le tampon de sortie. Certains plaisanciers ont alors vu le tarif de cette prestation passer de 20 à 100$ ou ont dû quitter le Panama sans Zarpe de sortie.
La sortie (Zarpe)
Les formalités de sortie se font à la Marina Flamenco, à Panama City. Les bureaux sont situés au premier étage du bâtiment abritant le magasin Duty Free. On passe d’abord par le bureau des autorités maritimes, puis par celui de l’immigration, tous deux situés au même endroit. Les 2 étapes demandent plusieurs photocopies des passeports et immatriculation du bateau. Il est donc judicieux de se munir de monnaie pour les faire.
Le passage du canal
Le canal de Panama, étant conçu pour des navires commerciaux d’une taille toute autre que nos petits voiliers, ses formalités impressionnent (et insécurisent) de nombreux plaisanciers qui, pour se rassurer prennent un agent. Je pense sincèrement que c’est une erreur pour les raisons suivantes :
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Les démarches, dont la séquence est expliquée ci-dessous, sont très simples. De plus, tous les interlocuteurs de la Compagnie du Canal parlent Anglais.
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Un agent ne vous évitera pas les deux seules étapes où vous devez être présents physiquement.
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Nos amis qui ont eu recours à un agent ont dépensé plus de temps et d’énergie à courir après lui qu’à faire les démarches.
Séquence des démarches
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L’enregistrement pour la mesure et inspection du bateau : Il se fait par email en envoyant un simple formulaire pdf (lien ici) à renvoyer à l’adresse suivante : optc-ara@pancanal.com. Il suffit ensuite d’appeler au numéro indiqué en bas du formulaire pour obtenir une date d’inspection.
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L’inspection : Celle-ci se fait soit à Shelter Bay Marina, soit au Flat, la zone de mouillage située à proximité de Colon. Celle-ci étant particulièrement inconfortable au mouillage, nous avons choisi d’aller à Shelter Bay Marina où l’on trouvera facilement des handliners parmi les plaisanciers voulant faire un passage avant de transiter avec leur propre bateau. L’inspection prend environ 1 heure. On obtient un numéro d’identification et une fiche de mesurage qui permet d’aller payer son droit de passage.
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Le Paiement : Il se fait à la Citi Bank de Colon. On doit payer le passage et une caution qui sera remise par virement quelques semaines après le passage. Attention, le paiement doit se faire en espèces. La manière la plus simple et économique de se rendre à la banque est d’utiliser la navette gratuite de Shelter Bay Marina jusqu’au Centre Commercial « Quatro Alto » puis de prendre un taxi (4$) jusqu’à la banque.
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Obtention de la date de passage : Il suffit d’appeler au numéro indiqué par l’inspecteur une fois le paiement effectué (attendre le soir après 18 heures ou le lendemain). Nous avons tout d’abord obtenu une date assez lointaine (18 jours plus tard). En rappelant le lendemain, on a eu une date dans la semaine. Il suffit ensuite de rappeler la veille du passage pour obtenir l’horaire. Lorsque nous sommes passés, le transit se faisait sur 2 jours car le passage de l’écluse de Gatun se fait en fin de journée.
Location d’amarres et de pare-battages
Nous avons fait affaire avec Rick, qui s’est avéré être fiable et professionnel. Ici aussi, nos voisins de ponton qui ont fait affaire avec Tito ont dû lui courir après jusqu’à la dernière minute pour obtenir leurs amarres. Disposant de 8 pare-battages, nous n’avons pas loué de pneus. Le kit complet, amarres et pneus, coûte 100$, les amarres seules coûtent 80$.
Approvisionnement
Colon :
Tel que mentionné précédemment, la marina de Shelter Bay offre une navette gratuite 2 fois par jour jusqu’au centre commercial Quatro Altos, situé en périphérie de Colon. On y trouve un grand supermarché « Rey »où l’on trouve la majeure partie des produits pour un approvisionnement de longue durée. Si l’on effectue des achats pour un montant supérieur à 400$, le supermarché nous offre le trajet retour vers Shelter Bay avec nos victuailles. Nous avons ainsi pu faire le plus gros de notre approvisionnement sans payer aucun frais de transport et en bénéficiant du confort d’être à quai pour ramener le tout au bateau.
En outre, on trouve au centre commercial Quatro Altos d’autres types de commerce comme des magasins pour automobile ou poids lourds où l’on peut se procurer à bon prix huile, filtres, etc. pour le moteur.
Panama City :
Hormis les marinas de La Playita et Flamenco dont les tarifs sont exorbitants, la quasi-totalité des bateaux se retrouvent au mouillage devant La Playita. On peut débarquer et laisser en toute sécurité son annexe à la marina, à condition de s’acquitter d’un outrageux 53$ par semaine pour stationner son annexe, sans aucun autre service si ce n’est la collecte des ordures. De là, on peut se rendre au gigantesque centre commercial Albrook en utilisant l’autobus (0.25$), un taxi (8$) ou faire appel à Uber, implanté à Panama City. On trouvera à peu près tout dans cet immense centre d’achat mais aucun service de transport n’est offert par le supermarché « Super 99 » que l’on y trouve. Il fait donc payer à nouveau le taxi pour le retour. Il faut ensuite évidemment transférer l’approvisionnement à pied jusqu’au quai puis au bateau en annexe. Bref, pas très pratique et plus coûteux, nous n’avons pas regretté d’avoir fait une bonne partie de l’approvisionnement à Colon, en attendant notre passage.
À noter qu’il y a dans le centre de Panama City un supermarché casher, le « Super Kosher » où l’on trouve de nombreux produits européens ou méditerranéens, introuvables autre part.
Shipchandlers
On trouve très peu de fournitures pour bateau. Il y a plusieurs magasins autour de la marina Flamenco et La Playita, mais orienté vers les bateaux à moteur et la pêche. Il ne faut pas attendre grand-chose de ces commerces. Certains comme « Abernaty » ont d’autres magasins dans Panama City ou en périphérie mais on y trouve exactement la même chose qu’à celui de La Playita.
Il y a donc deux autres alternatives :
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Marine Warehouse, qui importe sur commande des USA tout ce que l’on peut trouver sur le catalogue « West Marine » et, éventuellement, d’autres types de matériel (membrane de dessalinisateur, par exemple). Par contre, il faut s’attendre à un surcoût important et à une fiabilité discutable : Délais non respectés, commandes annulées sans le consentement du client, etc…
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Importer soi-même des USA : Nous avions besoin d’une nouvelle membrane de dessalinisateur, entre autres, et celle-ci m’était proposée par Marine Warehouse avec un tel surcoût vis-à-vis d’un détaillant américain sur internet, que cela payait presque intégralement pour le transport et le dédouanement. J’ai donc acheté tout ce dont j’avais besoin sur Amazon ou des shipchanders américains en ligne (Defender, Fisheries Supply, Hamilton Marine, etc.) et fait livrer le tout chez un expéditeur maritime à Miami. J’ai fait affaire avec Bestway Logistics dont les services se sont avérés être abordables et fiables et l’équipe très professionnelle.
Il faut ensuite faire appel aux services d’un courtier en douanes au Panama pour le dédouanement du colis et bénéficier de l’exonération de taxes avec le statut de « Yacht in Transit ». J’ai fait affaire avec Heidy Kam (Kam Aduanero Grupo) dont j’ai été moyennement satisfait des services. En effet, nous avons terminé avec une facture 60% plus élevée que les coûts annoncés initialement. Il faut en outre savoir que le colis doit être réceptionné dans une marina accréditée pour l’exonération de taxes, à savoir Shelter Bay Marina du côté Caraïbes et le Balboa Yacht Club, côté Pacifique. Malgré les surcoûts à l’import, cela est resté très rentable car j’ai pu bénéficier des prix planchers d’Amazon et des Shipchandlers en ligne américain qui, de surcroît, offrent tous l’expédition gratuite sur le territoire américain. Nous en avons aussi profité pour acheter une foule de choses qui seront chères ou indisponibles en Polynésie.
Merci pour votre article clair et précis.
Nous sommes actuellement à Cartagena et partons bientôt pour le Panama.